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22/03/2009

L'appel désespéré du franchouillard de base

 L'invasion

 

 

 Violant les frontières qui protégeaient ce que le monde terrestre comptait encore de bonheur, d’art de vivre, de bon vin et bonne chère, d’intelligence, d’exquis parfums, de jolies femmes, de héros de la Résistance, de vaches qui paissent dans de beaux paysages, de sportifs et d’intellectuels sains de corps,

 

 Profanant ce verger d’Eden où le Créateur, dans un souffle, avait dit : « C’est la France. Et pour ne pas qu’elle s’ennuie, je ferai naître sur son sol les plus grands génies », Il pensait aux créatures de sexe masculin principalement, car à l’époque la femme n’existait pas encore vraiment tout à fait, disons qu’elle était encore dans les cartons, les premiers essais sur le terrain (en Afrique pour ne pas effrayer nos compatriotes) n’ayant pas été vraiment concluants : petite taille, prognathisme prononcé, tendance à grimper aux arbres…. on savait le Très-Haut parfait en plus il est perfectionniste, il ne faut donc pas s’étonner si Marie Curie n’arrive qu’au vingtième siècle, trois millions d’années après Lucy, deux millénaires et des poussières après Archimède, qui reste au stade actuel des recherches généalogiques le premier chercheur de haut niveau de souche française,

 

 Franchissant des frontières qui avaient su arrêter tous les nuages,

 

 Piétinant, rasant, saccageant le sol du pays des droits de l’homme, un état dont les Grecs Anciens nous envient encore la démocratie, République la plus républicaine du monde, petit Paradis au climat ni trop chaud ni trop froid irrigué de rus, torrents, rivières ou fleuves gigantesques qui courent, tout fous au pied des coteaux où le pampre chauffé par l’astre de feu délivre, goutte à goutte le Breuvage des dieux,

 

 Souillant un espace parcouru en quelques minutes par une Merveille technologique aussi rapide que jalousée par le monde entier, un territoire chèrement conquis, aujourd’hui sillonné de Voies qui, des Champs Sacrés Elyséens, plus belle Avenue du monde, par les surprenants et magnifiques Ponts jetés sur le vide par les plus grands artistes, défis à la pesanteur et aux vents, vous déposent aux Portes de la mer, au Pied des montagnes, vous perdent sur les Landes étranges, vous rassurent au Cœur des terroirs,

 

 Outrageant un peuple, une communauté, association de tous les possibles, conjonction de la civilité et du bien-vivre, un peuple dont la modestie légendaire, entravant une fierté légitime, ferme la porte à  l’arrogance,

 

 Humiliant un peuple jusqu’alors admiré, aimé, chéri de tous, dont le rationalisme le dispute à l’intelligence, un peuple dont le premier venu esquisse un sourire quand on lui annonce qu’il n’y aura bientôt plus de pétrole, car il sait assuré autant que radieux son avenir énergétique par la grâce hyper-sophistiquée des centrales nucléaires les plus sûres de toutes, quand les grosses brutes étrangères en sont encore à la tour à hélice,

 

 Affligeant une nation où la diffusion par radio des conseils de ralentissement pour éviter les pics de pollution sont complètement inutiles puisque les automobilistes les anticipent et roulent au pas ou marchent à pied dès qu’ils détectent un micro milligramme d’oxyde de carbone dans l’atmosphère, un pays où l’expression « respirer l’oxygène à pleins poumons à Paris, Lyon ou Marseille aux heures de grand trafic » a encore un sens, et pourquoi cette expression a-t-elle encore un sens ? Par un tout bête esprit de discipline qui consisterait à se soumettre aux ordres et aux lois ? Allons allons, laissons l’obéissance aux peuplades qui sollicitent l’entrée en civilisation. Ici il nous faut évoquer la belle idée de Responsabilité,

 

 Bravant toutes les règles internationales,

 

 Défiant le Droit du Peuple à disposer de lui-même,

 

 Bafouant la Déclaration Universelle des Droits de l’homme,

 

 Feignant d’ignorer l’œuvre du Chef Franc Clovis vainqueur des Romains, des Alamans, des Burgondes et des Wisigoths, ainsi que la Victoire de Charles Martel sur les Arabes à Poitiers, l’Annexion de la Normandie, de l’Amiénois, de l’Auvergne et de la Champagne par Philippe II Auguste,

 

 Pilonnant une Nation édifiée en mille ans, pierre par pierre, dans la souffrance,

 

 Reniant les acquis de la Grande, la très Grande Révolution Française, et ses Héros Jean-Baptiste Kléber vainqueur des Vendéens et Lazare Hoche qui sauva Dunkerque et repoussa Autrichiens et Prussiens,

 

  Feignant d’oublier les exploits de la Grande, la Très Grande Armée quand

 

            Leur bouche, d’un seul cri, dit : vive l’empereur !

            Puis, à pas lents, musique en tête, sans fureur,

            Tranquille, souriant à la mitraille anglaise,

            La garde impériale entra dans la fournaise. (2)

 

 Chassant de la Mémoire l’héroïsme des Soldats de la Reconquête (1)

 

 Maculant un Peuple, morcelant une Nation, altérant l’Histoire,  

 

 Figeant un Destin,

 

Hélées en tapinois par le chafouin parti

De l’étranger, infâme ligue de félons,

Apostats de Sainte et Souverain’ Patrie,

Après moult conciliabules, conversations

 

Les Forces Armées d’Européenne Commission

Depuis Bruxelles, avec chars, canons et blindés

Dans Paris, en fanfare et au pas, sont entrées.

 

 

§

 

 

(1) allusion probable à la restitution de l’Alsace-Lorraine à la France en 1919 ;

(2) selon Victor Hugo ;

 

 

16/03/2009

L'ennemi est anglo-saxon

Dialogue entre Jacques, Rachid et Olivier-  d’après  « à 100.000 années des Lumières »

 

 

Jacques : Je sais que je vais choquer certains d’entre nous, peut-être même tout le monde. Toi, moi, elle ou lui là-bas, bref : le citoyen français n’a jamais vraiment accepté d’avoir été libéré par un autre. La honte d’avoir été incapable de s’en sortir par soi-même s’est muée en dépit au fil des années. On est passé de la honte à la haine. On me dira «  mais cela fait soixante ans, c’est du passé ». Ah oui, vraiment ? Le passé, parlons-en : le nationalisme, c’est du passé. Jeanne d’Arc, c’est du passé, et pourtant, dans le cœur de l’extrême droite elle n’est pas oubliée, dans le cœur des Français non plus. Les Gaulois, c’est du passé, regardez le succès d’Astérix quand il résiste fièrement à l’envahisseur étranger. Le Premier Empire c’est du passé, la dictature, les guerres sanglantes aussi, et pourtant, pour notre Hugo national, même la retraite de Russie fut admirable, sondez les gens autour de vous… On retient les prouesses. On oublie les cadavres.

 

 Alors soixante ans, comparés aux siècles des siècles… Non seulement le nationalisme n’est pas mort, mais il a fait des dégâts collatéraux. Entre autres, la xénophobie sous ses formes multiples et changeantes.

 

 Imaginez un être absolument étranger à tout ce qui se passe ici-bas, non pas un dieu, n’introduisons pas la religion dans nos affaires, c’est déjà assez compliqué comme ça. Un observateur impartial. Il regarde la France. On lui dit : voilà ce qui s’est passé au vingtième siècle, en dressant la liste de tous les drames qui ont frappé le pays, les guerres en premier lieu, bien sûr. On lui demande : Quels sont les étrangers les moins aimés ? Notre juge répondra : les Allemands. Il aura tort, certes dans certains milieux on les appelle encore les boches, il s’agit là d’une petite haine tout à fait supportable entre voisins de palier. Grave erreur de jugement, car la xénophobie touche principalement l’Anglo-saxon, sous ses formes américaine et britannique. Est-ce le fait du hasard si ce sont les deux peuples à qui l’on doit la libération de la France et de l’Europe?

 

Olivier : N’oublions pas le peuple soviétique.

 

Jacques : Je corrige mes propos : les forces de l’Axe ont été vaincues grâce aux efforts des Alliés dont l’Union Soviétique faisait partie et qui, au prix d’énormes sacrifices a libéré l’est de l’Europe. Quand à la France et à l’Europe de l’ouest, la libération a été le fait des forces britanniques et américaines. C’est ce dernier point qui est au cœur de notre problème. Personne n’aime contracter une dette, surtout quand il s’agit d’une question de vie ou de mort. On peut comprendre la honte, le dépit, la jalousie, la haine même. Quand à justifier ces sentiments, non.

 

Rachid : Je remarque en passant que les Français ont la même attitude vis-à-vis de leurs libérateurs que vis-à-vis des algériens qui furent des alliés courageux de la France pendant la guerre d’indépendance. Les conditions dans lesquelles la France les a accueillis et hébergés, nous autorisent à dire que les Français méprisent les Harkis. Revenons  à l’Amérique : pour toi, Jacques, militant socialiste, est-ce que les Etats-Unis sont toujours des alliés de la France ?

 

Jacques : Oui.

 

Rachid : Est-ce que tes compagnons de lutte, est-ce que les sympathisants, les électeurs socialistes dans leur majorité, est-ce que les Français en général considèrent que les Etats-Unis sont toujours des alliés de la France ?

 

Jacques : Non.

 

Rachid : Approuves-tu l’orientation politique actuelle des autorités américaines ?

 

Jacques : Non.

 

Rachid : Est-ce que les Français –dans leur majorité- l’approuvent ?

 

Jacques : Non.

 

Rachid : Contrairement à la majorité des Français, ton jugement n’est pas le même selon qu’on t’interroge sur les Etats-Unis, ou sur les autorités de ce pays…

 

Jacques : Exact.

 

Rachid : Le mode de vie des Américains du nord, la recherche sempiternelle du profit, la consommation sous toutes ses formes et sans limites, la méconnaissance des problèmes du monde, y compris sa géographie, la malnutrition et ses ravages dans le domaine de la santé, bref la société américaine ne t’effraie pas ?

 

Jacques : Recherche du profit, consommation sans limites, méconnaissance du monde, malnutrition, ravages, voilà bien des mots qui m’effraient. Je les entends décliner chaque matin sur toutes les radios par les commentateurs, repris aussitôt avec complaisance par les humoristes, je les relève dans les quotidiens du soir et du matin, je les entends répéter avec insistance dans les réunions de famille, sur mon lieu de travail, dans les petits commerces de mon quartier, je les ai même entendus à la terrasse d’un MacDonald, jetés comme ça entre deux frites. C’est surtout cela qui m’effraie. Les mots. Les mots sans contenus. Répétés. Surtout quand c’est à la télé qu’on les entend, à l’heure de la becquée, des mots dits par un journaliste de grande audience sur un ton entendu, lui aussi. Des mots relayés par des images venues d’Amérique montrant des personnes obèses, disgracieuses, un gros cigare dans la bouche, et peut-être aussi manipulant des dollars. C’est surtout cela qui m’effraie. La manipulation calculée, préméditée des informations. Images à la Goebbels. On savait depuis longtemps tout le savoir faire de l’extrême droite dans ce domaine. Ce qui est insupportable aujourd’hui, c’est le colportage par des médias qui ont toutes les apparences de la respectabilité, le colportage et l’amplification, la mise en sons et en images des sentiments les plus primaires des individus.

 

 Un professeur me disait : avant de juger le discours, demandez-vous d’où il vient. Il faut renverser le proverbe qui dit que quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. Quand l’imbécile montre la lune, c’est l’imbécile qu’il faut regarder. Quand le journaliste tout sourire nous montre les horreurs au-delà de nos frontières, c’est sur le métier de journaliste qu’il faudrait s’interroger. Pas si bête que ça d’ailleurs, le commentateur : en tapant sur l’étranger, il loue la France, flatte l’auditeur et élargit son audience. Calomniez, en profitant de l’ignorance des gens, il en restera toujours quelque chose, d’autant plus que ce que vous assénez sur son crâne, l’auditeur en est déjà convaincu. Le pauvre ne s’est jamais rendu au Royaume-Uni, mais il sait qu’on y mange mal. On y mange forcément mal pour deux raisons. Une, il n’y a qu’en France qu’on mange bien. Deux, les anglais ont brûlé Jeanne d’Arc.(1) Aucun rapport selon vous ? Vous pensez trop. Les sentiments primaires n’ont rien à voir avec la pensée. Ils ne jugent pas, ils condamnent. Croyez-vous que le xénophobe de base juge la gastronomie britannique en analysant le contenu de l’assiette ? Le dit contenu, il ne s’est jamais mis dans la situation d’en apprécier la qualité. Pour ça, il aurait fallu poser le pied en Angleterre, chose impossible, il y pleut en permanence, on n’y voit rien à cause du brouillard, et on y parle anglais.

 Vois-tu Rachid, ce qui m’effraie, ce n’est ni la société américaine, ni le brouillard londonien, mais la rencontre -riche de tous les dangers- d’Ignorance et de Bourrage de crâne. Pour les dissocier ces deux-là, ça ne sera pas du gâteau.

 

§

 

 

(1) Il serait intéressant de savoir quelle est la part du religieux dans l’anglophobie à la française. N’oublions pas que les britanniques sont majoritairement sous l’influence de la Réforme… et le catholicisme a la dent dure.