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01/12/2022

Fiction

 Selon quelques alarmistes toujours prêts à envisager le pire, le pays était menacé par des envahisseurs dont les oreilles ressemblaient à celles de la petite souris rendue célèbre par Walt Disney. Quel danger menaçait donc la nation ? Des rongeurs allaient-ils s’emparer des administrations, des bureaux de poste, des écoles, et fouler aux pieds une nation? Ils faisaient peur. Leur accoutrement n’avait pourtant rien d’effrayant. Comment des clowns déguisés en Mickey auraient-ils menacé un trésor légué par les patriarches des origines et transmis avec mille précautions pendant des générations à nos citoyens d’aujourd’hui ? Pourquoi ? Parce que les grandes oreilles dressées sur la tête des nouveaux venus n’étaient pas mais alors pas du tout une clownerie. Le port de ce couvre-chef était une manière d’honorer Grand Mickey, selon les prescriptions gravées dans le livre qui les accompagnait partout. On y apprenait que des humains qui n’obéissaient pas à leur loi finiraient brûlés dans les flammes de l’enfer.

 L’invasion s’étendit à tout le pays, facilement et sans bruit. Facilement car, à quelques exceptions près, ces gens dont les mœurs étaient différentes de celles des indigènes, prenaient mille précautions pour ne pas porter atteinte aux règles du pays conquis. Tel César homme de guerre respectueux des coutumes locales des provinces occupées par ses légions, les centaines de milliers d’intrus qui déferlèrent sur le pays s’efforcèrent de ne pas souiller le trésor républicain : grandes oreilles oui, mais pas dans le service public. D’ailleurs les gens d’ici les en félicitaient. (…) Employés de plus en plus dans les administrations car de plus en plus nombreux, au pointage du matin, ils ôtaient leurs oreilles et les rangeaient avec précaution dans leur poche, en évitant de les froisser. Rassurés, les gens d’ici constataient alors que ceux venus d’ailleurs n’avaient rien d’effrayant, et même qu’ils leur ressemblaient. On avait craint une guerre, ces gens apportaient la paix et même plus, ils suscitaient dans la population locale jusque-là un peu endormie, un nouveau sentiment, mélange de curiosité et d’empathie interrelationnelle. Les gens les plus fidèles aux traditions rengainèrent leurs armes, les maires des plus petits villages cédèrent pour une bouchée de pain des terrains en friche où s’élevèrent bientôt des palais encore plus hauts que celui pourtant déjà magnifique de la Belle au bois dormant. Les envahisseurs ne l’étaient plus, ils étaient accueillis et...(…)

 

à lire dans “Là-bas, tout près”; recueil de nouvelles publié aux éditions Vérone.

14/11/2022

Sommes-nous tous mortels?

 

 

L’imagination des humains est sans limite. D’Ulysse à Harry Potter, sans oublier les elfes, les fées et les ogres, nous avons inventé les histoires les plus haletantes, jouées par des personnages tellement vrais qu’ils en sont presque réels. Mais certains d’entre nous sont incrédules et, comme saint Thomas, ne croient que ce qu’ils voient. Erreur, grave erreur répondit Jésus en taclant les humains : « Ils ont des yeux et ne voient pas ».

 Ainsi, dans les dernières pages du recueil de nouvelles « Là-bas, tout près », un des cosmonautes de la station spatiale doute de l’existence réelle de Wolf qu’ils ont récupéré alors qu’il flottait dans l’espace. Helen lui apprend que Wolf faisait partie de l’expédition interplanétaire préparée par le professeur Tournesol. Mais l’autre n’en croit rien. Trop jeune. Il n’existait pas encore quand Hergé conçut la première fusée spatiale qui propulsa ses personnages vers la lune. Hélène marque un temps, et laisse entendre que, quand nous serons tous morts, Tintin et Milou existeront encore.

§

 

01/11/2022

Un combat inégal

1500 gendarmes surarmés face à 250 écologistes épris de paix: le combat est inégal. D'un côté, la violence de l'état policier qui, pour défendre les intérêts des grands propriétaires terriens, n'hésite pas à employer les gaz, de l'autre des anges pétris d'idéalisme, mains nues sans autres armes que la conviction qu'il faut sauver la planète, voilà un tableau bien accablant de notre pauvre France. Je ne comprends pas comment 60 gendarmes ont pu se blesser, certains même gravement... Peut-être par maladresse, en loupant une marche à la descente du camion ou en dégoupillant une grenade?