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04/09/2018

Le téléphone portable à l’école ?


 Il y a aujourd’hui une multitude de sujets d’inquiétude. Réchauffement et catastrophes naturelles, risques de guerres, crises économiques, chômage persistant, misère jusque dans l’hémisphère nord, démographie incontrôlée au sud, maltraitance des femmes, développement de l’obscurantisme religieux, terrorisme, impuissance des démocraties, dictatures bientôt en possession de l’arme nucléaire : Pour le réalisateur de films catastrophes, l’époque est dorée.

 Plus près de nous, un autre sujet d’inquiétude : la technologie. Disons plutôt, la technologie considérée comme un but en soi. Elle est tellement omniprésente qu’elle devient l’alpha et l’oméga de notre vie quotidienne. Jusqu’à ces dernières années le téléphone fut un moyen de communication efficace vite devenu irremplaçable. Maintenant il n’est plus un moyen mais une façon de vivre. Les amis d’aujourd’hui se rejoignent sur Facebook, les voyageurs pianotent leur itinéraire sur Mappy, et quand ils sont aux antipodes c’est grâce à Trivago. Les merveilles du monde, ils les contemplent sur un écran de quarante centimètres carrés.

 Collé à l’oreille à la moindre occasion, même au volant et dans les situations périlleuses, ou quand il interrompt une conversation, que son usage dans certains lieux est une incivilité, de moyen de communication le téléphone devient trop souvent un moyen de l’empêcher. Avant il permettait de parler et d’écouter, de prévenir, d’alerter, d’inviter, d’informer et de rassurer. Comme il s’est adjoint des applications diverses, photographie, cinéma, dictionnaire, recherche documentaire, infos en temps réel, heures d’ouverture des magasins, comparaison des tarifs de tout et n’importe quoi, sans oublier les jeux, il a pris la place d’autres outils moins facilement accessibles, journal quotidien, téléviseur, appareil photo, encyclopédie, valise de jeux, même si dans certains domaines il n’offre pas les mêmes potentialités.

 On peut se demander dans la société d’aujourd’hui quel intérêt il y a encore à lire le journal du matin, à consulter l’Encyclopédia Universalis, à réaliser des tirages photographiques, à prendre le temps de distribuer des cartes à jouer, à lire un poème imprimé sur du papier, à se rendre au musée pour admirer des chefs d’oeuvre, à écouter (au calme) une symphonie ? Aucun. Sauf pour un attardé, un grand-père nostalgique, un ermite, un asocial, un fou.

 C’est pourquoi je dis mille fois bravo au ministre de l’éducation qui interdit (qui veut interdire…) le téléphone portable à l’école. Une décision courageuse, non pas seulement à cause du dérangement que cet appareil occasionne pendant les cours, mais surtout, et j’espère que c’est l’idée du ministre : parce que cet instrument est en rapport constant et en temps réel avec le monde et que le rôle de l’école est de couper pour un temps cette relation, marquer une distance avec les rumeurs, les préjugés, les croyances et les réclames de l’univers marchand qui encombrent notre vie quotidienne.

 Et puis, les enfants ont-ils besoin à l’école d’un appareil qui (paraît-il) a réponse à tout alors que l’enseignant doit leur apprendre à poser les bonnes questions et penser par eux-mêmes ?


§

 

10/06/2015

Idées pour le collège

 

 

 

 Plutôt que renforcer l'enseignement du "fait religieux" à l'école, ne vaudrait-il pas mieux aider les enfants à penser par eux-mêmes ?  

 Pourquoi ne pas s'arrêter sur quelques pensées des Anciens, sans les apprendre par cœur certes, quoique... les prières sont bien récitées! En les proposant en fonction des besoins ou de l'intérêt des élèves, ou tout simplement dans leur rapport avec l'actualité, ces courtes leçons pleines de sagesse pourraient être l'occasion d'un débat, ou même d'un devoir écrit:

 

  • La mesure est la meilleure des choses;

  • Il convient de savoir beaucoup, non d'ignorer;

  • Ne fais rien avec violence;

  • Eduque tes enfants;

  • Mets un terme à tes haines;

    (Cléobule de Lindos)

 

  • Connais-toi toi-même;

  • Que ta langue ne devance pas ta raison;

  • Respecte tes aînés;

  • Obéis aux lois;

    (Chilon le Lacédémonien)

 

  • Ce que tu reproches à autrui, ne le fais pas toi-même;

    (Pittacos de Mitylène)

 

  • Fais des promesses, la faute n'est pas loin;

  • N'embellis pas ton extérieur, c'est par ton genre de vie qu'il faut t'embellir;

  • Les bons offices que tu auras accordés à tes parents, attends-toi à les recevoir dans ta vieillesse de tes enfants;

  • L'ignorance est un lourd fardeau;

  • Fais en sorte de ne pas susciter la compassion;

  • Si tu commandes, gouverne-toi toi-même;

    (Thalès de Milet)

 

  • Déteste la précipitation et le bavardage, tu éviteras ainsi des fautes...

  • Prends les gens par la persuasion, non par la violence;

  • Quand tu fais une bonne action, rapportes-en la cause aux dieux, non à toi;

    (Bias de Priène)

 

  • La démocratie est préférable à la tyrannie;

  • Montre-toi digne de tes parents;

  • Sois le même pour tes amis heureux ou malheureux;

    (Périandre, Corinthien)

 

 

§  

29/05/2015

A force de dénigrer le passé, saura-t-on conjuguer au futur ?

 

 Vous pouvez aligner tous les arguments (du verbe latin arguere, supin argutum au sens primitif de: indiquer, expliquer; dérivés: arguments, arguties) de la ministre (se rattache au latin minor, minus et au substantif ministrum dont le sens primitif est: inférieur, serviteur, qui agit sous les ordres d'un maître) en faveur de la suppression de ces options, ils ne valent rien en comparaison de ce constat : dans l'esprit (du latin spiritum, souffle et âme, rattaché au verbe spirare, souffler, d'où viennent les composés aspirer, respirer, soupirer, expirer, inspirer, transpirer, conspirer = respirer ensemble) de la plupart d'entre nous les langues anciennes sont mortes et bien mortes, elles n'ont même pas l'intérêt (du latin esse, interesse = être au milieu de, participer à, d'où le substantif français = part prise à un fait dommageable ou profitable) que peuvent offrir les tablettes mésopotamiennes ou les hiéroglyphes (du grec hieron, sacré, et gluphê, gravure) égyptiens qui sont beaux à regarder le dimanche au musée ou les peintures rupestres (du latin rupes, rocher) qui font la richesse du patrimoine (du latin pater, père, d'où viennent paternité, paternel et patrimoine = bien des pères, comme patrie qui est le pays des pères, d'où patriote, compatriote...) artistique national. Nos enfants ont déjà du mal à apprendre le français et quelques rudiments (du latin rudem = grossier, novice, d'où rudesse, rudoyer; le dérivé rudimentum a le sens d'apprentissage, d'où rudimentaire; au contraire l'é-rudit est celui qui est dégrossi, instruit) d'anglais, à quoi bon aller les em... (du latin in = préfixe qui marque situation et pénétration et merda = matière fécale, au sens figuré = chose méprisable; s'emmerder revient à s'ennuyer, s'embêter. Le Robert cite Maurois: "On s'emmerde ici. Si on allait dans une autre crèmerie ?) à baragouiner (origine douteuse peut-être bretonne, de baragouin = langage peu intelligible) dans des langues qu'on ne parle plus en Grèce ni même dans les églises françaises! A l'heure où le short message service se substitue peu à peu à la langue de Molière, il faut se rendre à l'évidence : la prime est à l'efficacité. Nous vivons dans la société de communication, nous devons nous faire comprendre vite et bien. Il est plus convenant de taper: je suit las dans 5 munite (du verbe latin minuere d'où minutum, subdivision de l'heure) que d'écrire: Quand pourrai-je passer un moment avec toi? Imaginez la même phrase interrogative rédigée sur papier, plié dans une enveloppe timbrée au plus cher, ce n'est pas dans les 5 munite que le texte parviendra à votre interlocutrice, mais quarante huit heures après votre arrivée chez elle. 

 Nous avons changé d'époque c'est un fait. Mais ce qui est insupportable, c'est qu'à la moindre occasion on vous le fait comprendre. Si vous ne courez pas dans tous les sens, si vous ne sautez pas sur tout ce qui brille, tout ce qui sort, tout ce qui twitte, si vous n'avez pas votre tronche sur facebook, certes on ne vous fera aucun mal. Vous aurez droit à un sourire, allez vieux, il faut vivre avec son temps. 

 Mépris du passé. Qui ira aujourd'hui se plonger dans la lecture des grands auteurs? Par contre, on va faire des recherches généalogiques laborieuses pour savoir si l'aïeulle était mariée à un marchand de vin qui a encore son nom sur les bouteilles mais ce n'est pas la même orthographe, sujet controversé dans les réunions de famille. On commémore de plus en plus avec lassitude. Les mêmes qui au siècle dernier encore soutenaient que la vie avait commencé six mille ans avant nous et célébraient et célèbrent encore la naissance, la souffrance, la mort et la résurrection d'un homme dont on ignore s'il a existé un jour, les mêmes se lassent de commémorer l'armistice, le débarquement en Normandie, l'un d'entre eux avait même osé: il faudra bien qu'un jour on cesse de montrer en boucle à chaque occasion toutes ces horreurs. Il parlait de la Shoah (de l'hébreu : catastrophe). Ces horreurs! Massacre voulu, programmé d'un peuple. Classé avec d'autres mauvais souvenirs dans la poubelle de l'histoire. Horreurs, aussi horribles que les victimes de la faim dans le monde, du dernier tremblement de terre, des tués de la route. Horreurs! Euphémisme terrible. Du préfixe grec eu (= bien) et du verbe grec phanai (= parler), bonne parole, qu'on peut traduire par "parole de convenance", c'est très à la mode aujourd'hui de dire non ce qui est, mais ce qui convient. 

 Et voilà ce qui me met en rogne (origine inconnue): avec notre histoire, on met de côté les principes, la justice, le droit, les politesses, le respect, la grammaire, le grec ancien, le latin, la langue française. Bientôt peut-être aussi les Lumières. On ne pense plus. A quoi ça sert ? La philosophie ? Non mais regardez un peu ces coupeurs de cheveux en quatre ! 

 Pauvre enfant, s'ils n'avaient pas existé les philosophes, ces intellos comme tu les nommes, tu ne serais pas là aujourd'hui à couvrir le monde du manteau de tes préjugés, mais peut-être marchand d'esclaves sur le quai d'un grand port, à Nantes ou à Liverpool. Ou esclave toi-même. 

 Toi que cela fait sourire de me voir introduire à deux mains et avec difficulté une pellicule (latin pellicula, de pellis = peau) dans mon appareil photo (du grec phôs = lumière et graphein = écrire et dessiner, la photographie est l'art d'écrire avec la lumière) toi qui mitrailles à tout va, l'oeil sur écran, toi qui pixelles (origine inconnue) jusque dans les moindres détails, toi qui mets le monde entier dans une boîte, as-tu encore une idée de son existence ? Du rôle qui est le tien, de ce que tu as le pouvoir de faire pour que cela change, pour sauver ce qui peut l'être encore? Ad honores.

 

ENVOI (hier en commentaire sur page d'accueil au rayon actualités, ce n'est qu'un extrait):

 

"Arête de faire le pandi panda parlé Français te pas 1 ministre de la France au moins en apparence e commence a nettoyer a lintérieur de la France tu fait qua a la place de faire de crise de névrose on est pas des chiens et se normal de pas être pour ta politiques des nul (...)"

 

J'ai remarqué que la France avait droit à une majuscule. Tout n'est pas perdu. 

 

§