25/02/2017
Rêvons ensemble
Deux mille dix-sept. Rêvons un peu. On commence par donner du travail aux chômeurs longue durée, après tant d’années d’un travail souvent ingrat et peu récompensé, ils ont bien mérité de reprendre goût à la vie. Pour les jeunes ? Des études longues, enrichissantes, conclues par un diplôme un vrai, avec un emploi au bout, dans la recherche, allez, on va mettre la jeunesse du pays à la recherche, toutes les disciplines sont conviées, à commencer par la médecine, l’écologie, l’éducation des enfants, la conquête spatiale, la philosophie, la littérature et les mathématiques. J’oubliais l’essentiel : les beaux-arts. Voilà ce qui manque à nos jeunes : le sens du beau, de l’élégance, de la belle ouvrage. Qu’ils posent leur téléphone comme on pose une cigarette pour aller faire autre chose. Qu’ils aillent à l’essentiel, qu’ils creusent, qu’ils dressent, qu’ils sculptent, qu’ils peignent, qu’ils composent, qu’ils écrivent, qu’ils s’interrogent, qu’ils doutent, qu’ils pensent.
Rêvons un peu. Tout le monde mange à sa faim. Tous les petits enfants qui souffrent dans les hôpitaux sont entourés, choyés et guéris. Tous les enfants filles et garçons se rendent à l’école. Et puis…
…mais que se passe-t-il ? Toutes les télés du monde s’éteignent. Silence pesant dans les maisons. Mais une voix rassurante se fait entendre. Assis tranquillement dans tous les canapés du monde, un père et une mère appellent leurs petits enfants. Ceux-ci arrivent, mais pas tout de suite car ils sont désobéissants. Ils arrivent les petits, tout étonnés car c’est l’heure du match, et quand c’est le match, de papa dans la maison il ne reste que le corps. De maman, pendant le match, d’habitude on ne sait rien, en errance entre la cuisine, la lessive, les courses, le biberon du bébé, en tout cas une chose est certaine, elle n’est pas à la lecture, ni à l’écriture ni au piano. Donc on éteint les télés, on en finit avec ces nuisances qui nous séparent les uns les autres : écouteurs, téléphones, ordinateurs, moteurs, vaisselle, lessive et Pampers. Ils arrivent les petits, debout face aux parents assis tranquillement dans le canapé. On vous écoute les enfants. On vous écoute.
Des moments délicieux s’annoncent. Sur Internet, les sites antisémites, nazis et islamistes ont disparu. L’humanisme inexorablement tisse sa toile et se répand sur les ondes. On apprend que sur les sept continents (des approximations se glissent parfois dans les rêves) pas une seule personne, vous m’entendez, pas une seule personne n’est inquiétée pour ses idées politiques, philosophiques ou religieuses. Les chrétiens d’Orient se rendent à la messe en famille, saluant au passage les musulmans venus les acclamer. Sur les ondes courtes moyennes et longues les athées et libres penseurs s’expriment sans être censurés ni menacés par quiconque. Les personnes gays ou lesbiennes se promènent tranquillement dans les rues de La Havane et du Caire. En Perse un dictateur fou presse désespérément sur le bouton rouge qui doit déclencher l’offensive atomique, et rien ne se passe. L’annonce de son suicide est accueillie par un grand éclat de rire dans les rues, sur la place de la révolution, où sur un énorme bûcher constitué de cordes, de fouets, de matraques et de potences on brûle les livres sacrés et les journaux de la dictature. Des femmes s’amusent à se dévêtir et lancent leur tchador dans les flammes.
Les terroristes déposent les armes. Des partis hier encore ivres de conquête sur les terres et les âmes reconnaissent l’existence de l’état d’Israël. De l’autre côté la colonisation s’arrête. Un philosophe, là-haut dans les nuages –un philosophe, pas un dieu, car s’il y avait un dieu, il ne serait pas dans les nuages, et tous les problèmes seraient depuis longtemps résolus- un philosophe, là-haut dans les nuages se dit que la terre est à tout le monde, qu’il faut la partager. Dans les rêves il y a encore des philosophes.
Dans mon rêve tout ira bien pour les miens, mes petits enfants. Il y a vous aussi, à qui je souhaite que tout se passe comme dans un rêve, en famille, en santé, en joie de vivre, en bonheur.
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13:46 Publié dans étrange | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : rêve, bonheur, 2017
Commentaires
"Qu’ils posent leur téléphone comme on pose une cigarette pour aller faire autre chose." J'ai fermé les yeux et j'ai imaginé l'élégance de ce geste, cher Michel, et puis j'ai continué de rêver un peu avec toi, surtout qu'il fait beau ce matin et que le soleil se reflète sur la colline d'en face. "Il y a une fêlure dans toute chose, c'est ainsi que pénètre la lumière" chantait mon bien aimé Leonard Cohen. Ce sont les mots qui maintenant me servent de guide et je te les offre avec sa majestueuse, élégance et digne interprétation. "Every heart, every heart to love will come but like a refugee." Je t'embrasse, à bientôt dans la BAL! Je continuerai de rêver éveillée :-)
https://www.youtube.com/watch?v=6wRYjtvIYK0
Écrit par : Dana | 26/02/2017
merci Dana pour ces quelques mots et cette belle chanson, mais dis-moi qu'est-ce que la BAL?
Écrit par : Pourny | 26/02/2017
Sourire, ça m'apprendra à utiliser des abréviations "pop culture" : boîte aux lettres électronique (BAL ou boîte de réception). A très bientôt donc. P.S.- Message reçu.
Écrit par : Dana | 28/02/2017
Merci Dana, il faut avouer que dire: à bientôt dans la boîte à lettres électronique, ce n'est pas très poétique. Par contre: à bientôt dans la Bal, ça laisse à penser. Au pire: endroit louche, lieu de rencontres discrètes, ou là-bas, au-delà des mers sur des hauteurs non encore défrichées, ou dans les tréfonds du monde sur la paroi sacrée d'une grotte ornée. Je note et je retiens. J'en connais un qui va surprendre ses petits enfants, garnements qui ricanent en voyant leur grand père entrer un peu las dans la modernité. A bientôt!
Écrit par : Pourny | 28/02/2017
Quoi qu'il en soit, j'ai adoré les envolées que cette BAL a données à ton imagination. Quant aux garnements, si tu veux continuer de les surprendre, sache que j'ai coordonné un dictionnaire de pop culture, alors ils seraient ébaudis si tu leur sortaient un AFK (=away from keyboard) , BAE (=before anyone else), etc.
http://popculture.ro/pdf/dictionary.pdf
A quoi cela sert, me demanderais-tu? Pour ceux qui côtoyent les jeunes, à comprendre leurs "codes." Et puis, je m'en suis bien amusée.
Ceci dit, continuons de rêver et de nous recentrer sur l'essentiel. Dé-compliquons nous! A bientôt!
Écrit par : Dana | 03/03/2017
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