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31/12/2017

Changer le monde, sans forcer

 

 


 Les grands penseurs ont procédé par étapes, tenté l’installation d’une société idéale à Genève, associé le capital et le travail dans une même entreprise. J’admire l’œuvre de Jean-Baptiste André Godin et son familistère : plus d’un siècle d’existence, des ouvriers et ouvrières heureux. Un véritable palais social. Avec la contrainte toutefois de vivre entre quatre murs, coupés du monde extérieur. Allez-y quand même, c’est à découvrir à Guise. Un détail à méditer : Godin vivait dans son familistère dans les mêmes conditions que ses ouvriers.

 On a instauré la démocratie il y a deux mille cinq cent ans à l’échelle d’une cité : Athènes. Mais seuls les citoyens jouissaient de l’égalité et de la liberté. Ces avantages leur étaient accordés grâce à l’exploitation de milliers de métèques et d’esclaves qui produisaient les richesses dans des conditions inhumaines. La démocratie pour quelques uns n’est pas la démocratie. Mais l’idée était là. Elle pouvait suivre son bonhomme de chemin. Sans s’affoler, c’est le moins qu’on puisse dire.

 1789 plus 400 ans après (la démocratie athénienne n’ayant vécu que quelques années) à l’extrême bout de l’Europe, au bord de l’océan, un pays connu pour le jugement éclairé de ses philosophes tenta de franchir le pas : en finir avec les privilèges accordés à une minorité d’individus au détriment d’un peuple plongé dans la misère. La colère refoulée au cours des siècles des siècles déferla sur le pavé. Et la joie, le délire. Et la terreur. Bon, on n’a rien sans rien, et la terreur il ne faut pas en parler, c’est blasphémer. La RRRRRévolution FFFFFrançaise, c’est du sacré. D’ailleurs mises à part l’Amérique, la Russie, la Chine, et d’autres encore mais insignifiantes, la Révolution est avant tout principalement d’abord française.

 Ailleurs ils ont tenté le coup. Sans succès. En Amérique, l’inégalité sociale est un fléau national. En Russie, les barbelés rouillent dans l’archipel sibérien mais les policiers des soviets sont encore au sommet de l’état. En Chine, on déporte des millions de paysans pour le bien de tous, à la stalinienne.

 Chez nous les nuits sont calmes. On fait un gros dodo. Les capitalistes ont gardé le pouvoir. Mais les masses populaires des villes et des campagnes, on ne les prend plus à rebrousse-poil. On les caresse doucement, on les endort. Le chômage est égal à lui-même, tout va mal, mais c’est pour la bonne cause : changer le monde. Ici aussi on procède par étapes. D’abord, le redressement productif du pays. Pour cela, on licencie encore un peu, mais pas violemment On agrémente les plans sociaux de discours empreints de compassion.

 Attention toutefois à ne pas laisser la justice sociale sur le bord de la route. Donner un coup de fouet à l’économie du pays, c’est bien, mais allons-y mollo. On a vu des cas où les masses populaires des villes et des campagnes, incultes et dépourvues du sens de la mesure, trop longtemps privées de tout et de pain, s’en prirent violemment aux biens et aux personnes.

 Allez à Guise, c’est dans l’Aisne (02) au nord-est de St-Quentin, visitez le familistère de Godin. Je sais que ça ne va pas plaire aux révolutionnaires professionnels de passage, qui vont hurler à l’utopie. On leur répondra que la société future qu’ils nous proposent depuis un siècle et demi à grands renforts de dictatures, de Staline et de Che Guevara, de polices politiques et de camps de rééducation, n’est malheureusement pas une utopie.

 

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