12/05/2020
Vérité toute nue
Il s’est passé quelque chose d’étonnant sur le petit écran. Un homme politique de premier plan s’exprime, comme tous les français pendant l’épidémie, il est confiné chez lui, la caméra de son ordinateur le montre en buste. Et soudain, au beau milieu de l’interview, un enfant apparaît à son côté, l’enlace et lui fait un câlin. L’homme, encore absorbé par ses explications, tente de raisonner son fils, par un geste amical on devine qu’il lui demande de ne pas le déranger pendant son travail. Mais le jeune garçon insiste, intéressé qu’il est aussi par ce qui se passe sur l’écran. Il est adorable ce petit, et tout dans son attitude montre combien il doit être aimé dans cette maison.
Je ne me rappelle plus le contenu des paroles de ce responsable d’un grand parti politique, il devait probablement donner son avis sur la terrible crise sanitaire qui frappe notre pays et le monde. Mais peu importe. Ce qui reste en mémoire, c’est l’image simple, dépouillée, d’un père et d’un enfant. Comme si subitement, sur les mots, les convictions et les argumentations, l’amour et la sincérité avaient pris le dessus.
Image formidable, car étonnante en cette époque difficile où les rapports humains sont perpétuellement tendus, les nerfs à fleur de peau. Et peut-être que s’il m’avait fallu exprimer un choix en période électorale, j’aurais voté pour cet homme. Comment pourrait-il être mauvais s’il est aimé par son fils ?
Cela me ramène aussi à la faiblesse humaine. A commencer par la mienne. Car si j’ai été ému par cette image, j’aurais pu l’être par une autre présentant le pire des dictateurs enlacé par son enfant. Ce n’est pas impossible après tout. On sait maintenant que des criminels de guerre peuvent être des modèles au sein de leur foyer, de bons maris, de gentils papas. Mais je ne voudrais pas rester sur cette note pessimiste. Chassons ces idées sombres et gardons cette belle image en mémoire, car pendant une minute ou deux, sur des millions d’écrans dans tout le pays, c’est la vérité toute nue qui s’est imposée, au moment où on ne l’attendait pas.
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19:52 Publié dans Autour d'un mot | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : père, enfant, amour