Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/10/2024

Tergiversations

 

 

 Dans ses Essais (livre II, 12) Michel de Montaigne évoque l’instabilité de nos jugements. Ceux-ci varient selon nos affections, nos plaisirs et nos souffrances. Avec courage, il avoue :

« En mes écrits mêmes, je ne retrouve pas toujours le sens de ma première pensée ; je ne sais ce que j’ai voulu dire et m’échaude souvent à corriger et y mettre un nouveau sens, pour avoir perdu le premier, qui valait mieux. Je ne fais qu’aller et venir : mon jugement ne va pas toujours en avant ; il flotte, il vague,

…comme une frêle barque surprise sur la vaste mer par un vent furieux. (Catulle, XXV, 12) »

L’instabilité des jugements est un mal qui touche malheureusement un homme que vous connaissez bien. Capable d’affirmer un jour le contraire de ce qu’il avait dit la veille, c’est bien ce que relevait Montaigne pour lui-même. Le philosophe en avait conscience. Mais l’homme dont je parle a une particularité : il est homme d’état, en charge du pays. Si ses jugements varient selon ses affections, ses plaisirs et ses souffrances, qu’il prenne sa liberté, qu’il peigne, qu’il sculpte, qu’il chante ou anime des spectacles, pour un succès assuré et surtout sans promesses à tenir à des millions de français qui ne sont pas assez intelligents pour comprendre ses tergiversations.