08/11/2012
La beauté du monde
Tout à coup là-haut tout se déchire, des nuages tournent, noirs, s’éclatent, laissant le champ au bleu céleste. Les montagnes sont là et la mer. Il y a des millions de choses à voir tout autour, et cet homme, le visage pénétré, n’est-il pas magnifique dans sa robe de nuit, son regard passe, qui était-il avant qui était-il, les palmiers font des pousses comme des fruits et les boutons de rose vont s’ouvrir. Il y a des millions de choses autour à regarder, des millions. Comme tout cela est beau, et ces gens qui marchent où vont-ils on se demande la vie est un mystère.
Encore un long moment sur la terrasse, dos au soleil pour soulager les yeux, les autres sont sortis aussi, poussés dans leurs fauteuils par un jeune homme, une fille l’infirmière, ils sont heureux de prendre la bouffée d’air dans la dernière chaleur de l’automne. D’autres ronchonnent encore une façon à eux de cacher leur joie. Je ne peux détacher mes yeux de visages que l’âge a taillés à la Serpe, à la Bruegel, à la Bosch. Tout est admirable, ah ça il n’y a pas à s’ennuyer pour le visiteur que je suis. Que je suis. Même si, au tréfonds de l’intérieur, mais vraiment tout au-dedans de moi, là où pour longtemps encore un cœur bat, j’ai de la peine, infiniment de peine. Car bientôt je vais partir.
Je vais partir prendre congé m’évaporer laisser là dans une chaise roulante ce que j’ai de plus cher. Mes pensées s’échappent à nouveau je pourrais bien pleurer sur la beauté du monde, ce temple de Ségeste et le théâtre en haut sur l’acropole, jaune de soleil et du chant des cigales je les entends encore les entends-tu ?
Les Highlands et le vent en furie sur l’Ecosse, la mer partout, homme et femme fourche sur l’épaule reviennent après les travaux des champs. Je vois et revois toutes ces belles choses.
Oui le monde est plein à déborder de merveilles, elles sont des millions et même quand on ne les voit pas elles sont là. Mais toi, j’ai beau m’exciter sur ma chaise, montrer le bleu du ciel, les roses, les palmiers, parler des montagnes et de la mer, inventer même un naufrage un cataclysme un tsunami, toi tu n’a d’yeux que pour moi, maman.
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