Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/07/2014

Le Voigtländer Bessa

 

 

 C’est un appareil pliant à soufflet de format 6x9, fermé il mesure (Lxlxp) 165 x 93 x 42mm. Il fournit 8 clichés de 57 x 87mm sur film 120, d’où son intérêt aujourd’hui car ces pellicules existant encore (pour combien de temps ?) le Voigtländer 6x9 est opérationnel. Et quel plaisir de regarder ces clichés, de les agrandir sur un beau papier ! A l’époque, années 40 et 50, on les tirait le plus souvent par contact, ce sont ces petites photos qui pullulent dans les vieux albums de nos parents et grands parents. A la condition d’avoir été bien prises et surtout fixées, elles ont gardé leur netteté et leur contraste. Nos petits enfants en diront-ils autant dans soixante ans quand sur leur ordinateur ils glisseront un CD de leurs photos de famille ? Restons photographiquement correct et revenons à notre sujet.

voigtländer,bessa,appareils à soufflet 6x9

cliché M.Pourny 

Je l’ai posé ouvert près de moi. Le soufflet est impeccable, je sais qu’il n’est pas percé, j’ai pris des photos avec. Qualité et précision mécaniques impressionnantes, les ciseaux s’ouvrent et se ferment sans aucun jeu, après 70 ans d’existence. Aucun jeu non plus dans la rotation de l’objectif. Les lamelles du diaphragme décrivent un cercle parfait. 

Outre le nom de la marque, je lis sur la monture de l’objectif : 

Compur Rapid, vitesses d’obturation : de 1 seconde à 1/400°, plus les poses B et T. Au-dessous, les ouvertures de 1 :4,5 à 22. L’objectif est un anastigmat (1) Voigtar de 11cm de focale. C’était l’objectif standard bon marché. Il a été fabriqué à Braunschweig et porte le numéro 2065687. 

L’armement se fait en actionnant un levier situé au-dessus de la platine porte objectif. Le déclencheur se trouve sous le volet abattant, il est escamoté quand l’appareil est replié, il n’y a donc aucun risque de déclenchement lorsque l’appareil est dans la poche. Par contre, et ceci est valable pour nombre d’appareils anciens à obturateur central (sauf perfectionnés type Rolleiflex), l’armement et l’avancement du film ne sont pas couplés, afin d’éviter les doubles expositions (ou les clichés non exposés) je n’avance le film qu’au moment de la prise de vue. Sur le dos du boîtier, les numéros des vues apparaissent à travers deux fenêtres protégées par des filtres rouges. Ces filtres étaient inactiniques pour les films orthochromatiques, aujourd’hui le papier protecteur protège nos pellicules sensibles à toutes les couleurs. Pourquoi deux fenêtres ? On pouvait obtenir 8 vues 6x9 ou 16 vues 4,5x6. 

La visée se fait à hauteur d’œil de préférence, car le petit viseur à miroir qui pivote pour vues verticales ou horizontales à hauteur de poitrine est vraiment minuscule, rendant impossible un cadrage précis. L’autre viseur placé sur le flanc du boîtier se déplie automatiquement lorsqu’on déploie le soufflet pour la prise de vue. Comme dans la plupart des 6x9 pliant d’amateurs, il faut faire coïncider deux ouvertures rectangulaires pour déterminer le cadrage, c’est de l’à peu près, mais on n’est gêné ni par un miroir ni par une lentille à la transparence douteuse. La distance séparant le centre de ce viseur et le centre optique est de 50mm. Autant dire que la parallaxe est importante : prendre soin –après avoir cadré- d’incliner l’appareil vers le haut (prise de vue horizontale) ou vers la gauche (prise de vue verticale) avant de déclencher ! Toutes ces précautions peuvent paraître laborieuses, mais avec un peu d’habitude… Et puis le résultat en vaut la peine. 

C’est pour cela que je tenais à présenter cet appareil. Les images obtenues sont irréprochables. A plusieurs conditions que voici. D’abord, éviter les contre-jours et la lumière frappant directement la lentille frontale. Si vous avez la chance de trouver un pare-soleil pouvant se fixer sur l’objectif, très bien. Mais ils sont rares. Je m’arrange pour me placer à l’ombre d’un mur, d’un arbre, d’une personne complaisante. Les objectifs de l’époque n’étaient pas traités, ce qui explique aussi le faible contraste des clichés obtenus. En noir et blanc, ce défaut est corrigé par l’allongement de la durée du traitement, je préfère agiter énergiquement pendant le développement, le révélateur est plus actif. Pour le tirage et l’agrandissement, on peut choisir un papier plus dur, dans le cas du papier à contraste variable, il suffit d’interposer des filtres. 

Une fois énoncées ces réserves, la netteté des clichés obtenus permet des agrandissements importants. Le coût du papier étant ce qu’il est, je me suis contenté du 20x30 (homothétique au 6x9, donc sans perte d’image), ce sont ces tirages que je présenterai ici prochainement. A bientôt chers lecteurs, et surtout amoureux de la photographie, la vraie ! 

 

§ 

 

(1) L’astigmatisme est une aberration optique. Les rayons lumineux frappant l’objectif selon un angle ne rencontrent pas en un même point ceux qui se présentent dans l’axe optique, d’où un manque de netteté sur les bords de l’image. Par la combinaison de plusieurs lentilles et la composition de verres spéciaux (appelés verres d’Iéna à l’époque), ces défauts furent en grande partie corrigés. Ces objectifs sont appelés anastigmats ou anastigmatiques.

Les commentaires sont fermés.