09/08/2015
Le Pentacon Six
Appareil reflex de moyen format produisant des clichés de 6cm de côté, d'où son appellation « Six ». La taille réelle des négatifs est de 5,6x5,6cm. L'espace nécessaire au mouvement du miroir rend le boîtier volumineux et lourd. Il est cependant agréable à manipuler grâce à sa forme comparable à celle d'un reflex 24x36. Il tient bien en mains, l'armement se fait par levier à droite, le déclencheur sur le haut de la face avant tombe juste sous l'index. Une couronne crantée le condamne, évitant les déclenchements inopinés.
cliché M.Pourny
On a le choix entre plusieurs types de visée. Un viseur à prisme avec posemètre TTL (1) intégré permet la prise de vue à hauteur d'œil. Je n'ai jamais pu expérimenter celui-ci. Mon expérience avec d'autres viseurs à prisme en moyen format me permettent de douter de la qualité de l'image redressée, clarté et netteté dans les angles et surtout image plus petite que celle reproduite sur le film. Mais pour éliminer ces défauts dans le cas d'un 6x6 ou 6x7 le viseur devrait être d'un poids et d'un encombrement qui dissuaderaient les amateurs de randonnées en pleine nature. Regrettable, car la visée à hauteur d'œil est bien pratique. Pour ma part, je ne dispose que d'un viseur de poitrine des plus classique dont le capuchon se soulève grâce à un bouton poussoir situé à l'arrière. Une loupe (escamotable) est bien utile pour contrôler la mise au point au centre de l'image. Celle-ci est renvoyée (inversée bien sûr gauche-droite) sur un dépoli assez fin pour assurer cadrage et netteté. Après avoir escamoté la loupe, sur le capuchon un petit volet peut être ouvert dégageant une ouverture carrée de 32mm de côté, et sur l'arrière du viseur un petit cadre d'1cm une fois déployé permet la visée à hauteur d'œil. Il suffit pour cela de faire coïncider les deux cadres, la précision n'est pas extraordinaire, mais vu ce que je disais des viseurs à prisme...
cliché M.Pourny
Sur le capot, à droite du viseur, le levier d'armement et sa butée: ne laissez pas ce dernier revenir de lui-même, accompagnez-le. Au centre de celui-ci, le compteur de vues, remise à zéro par ouverture du dos. A gauche du viseur un large disque rotatif permet de sélectionner la vitesse d'obturation de une seconde au millième de seconde plus la pose B et une vitesse de synchronisation du flash électronique (entre 1/15 et 1/30 pour cause d'obturateur à rideau). Au centre du disque sont gravées les sensibilités de films en din et en iso autour d'une petite couronne. Il suffit de mettre en rapport la sensibilité choisie avec l'un des deux index 12 ou 24 correspondants au nombre de vues de la pellicule chargée. Toujours à gauche sur le capot, en pressant un petit bouton, on peut faire glisser le viseur vers l'arrière et l'ôter. A ne faire que dans un lieu non poussiéreux, c'est un maniaque qui vous parle. Et puis quel besoin d'ôter le viseur quand on n'en dispose pas d'autre ? En plus de cela, il n'est pas aisé de le remettre en place, il faut vraiment appuyer fort et prendre mille précautions pour le faire glisser à nouveau dans son logement.
Le miroir se relève bien sûr au déclenchement de l'obturateur mais ne revient en place qu'au réarmement. D'où un inconvénient: pour obtenir une image de visée, il faut laisser l'appareil armé. Je n'aime pas. Car bien souvent, si l'on n'a pas l'occasion de prendre un nouveau cliché, l'obturateur risque de rester en tension... Un avantage cependant: le miroir ne retombant pas, le déclenchement est peu bruyant. Remarquable pour un appareil reflex de ce format.
Sur la face avant de l'appareil, de chaque côté de la chambre reflex, deux picots pour courroie spéciale Pentacon... A droite le retardateur à levier à pivoter d'un quart de tour pour une durée de 8 secondes après pression sur le déclencheur.
L'ouverture du dos se fait par charnière. Rails guides, presse-film, deux gros boutons aux extrémités de la semelle pour extraire ou insérer les bobines, tout y est, rien à dire sauf que... le chargement du film est délicat. S'il n'est pas effectué dans les règles, les vues ne seront pas espacées régulièrement, elles risquent même de se chevaucher. Je vous renvoie au site britannique http://www.pentaconsix.com de bon conseil sur le sujet. J'ai traduit ce texte, en y ajoutant quelques modifications suite à ma (douloureuse) expérience, je pourrai le mettre à la disposition des utilisateurs de cet appareil.
Les objectifs sont interchangeables sur monture à baïonnette. Une grande bague crénelée est fixée à demeure sur le devant de la chambre reflex. Par une rotation d'un quart de tour, elle enclenche l'objectif que vous lui présentez: serrage dans le sens des aiguilles d'une montre. Conseil surtout pour le desserrage: avoir de la poigne!
Les objectifs estampillés Zeiss-Iena DDR nous rappellent que le Pentacon Six nous vient de République démocratique allemande (RDA). Celui que j'ai sous les yeux est le Biométar multi-couches 2,8:80mm. Mise au point de 1m à l'infini. Il couvre parfaitement le champ, la netteté est bien présente jusque dans les angles. Liste des objectifs:
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à fermeture automatique du diaphragme: Jena Flektogon 4:50mm et 2,8:65mm; Jena Biometar 2,8:80mm et 2,8:120mm; Jena S 2,8:180mm et 4:300mm;
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à présélection manuelle du diaphragme: Meyer Orestegor 4:300mm et 5,6:500mm;
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un objectif catadioptrique 5,6:1000mm
En 1970 l'entreprise ukrainienne Kiev s'inspira du Pentacon Six et produisit un appareil reflex mono-objectif pour clichés 6x6. Le Kiev 6C, si l'on excepte des extrémités moins arrondies et son déclencheur situé à gauche de l'objectif est semblable à son modèle allemand.
Le Kiev 6C (présenté en 1972) archives M.Pourny
La monture à baïonnette est identique et permet le montage des objectifs d'origine Zeiss-Iena. Dans les années 80 le Kiev 60 voyait passer son déclencheur à droite devenant presque la copie conforme du Pentacon Six.
Les précurseurs
Dans les années soixante fut présenté un appareil reflex mono-objectif 6x6: le Praktisix. Conçu et fabriqué en RDA par la firme VEB-Pentacon. C'est l'ancêtre direct du Pentacon Six. Armement, obturateur, système de visée, gamme d'objectifs: les deux appareils sont identiques, seule l'appellation a changé, peut-être pour rendre le nom de la firme plus audible.
On peut remonter plus loin dans le passé et découvrir, encore en Allemagne mais avant-guerre un Korelle 6x6, sorte de gros 24x36 avec viseur à capuchon, obturateur à rideau et objectif Schneider de 80mm. A Londres dans les années 70 j'avais pu me procurer cet appareil avec lequel j'avais photographié mes enfants. Rendu un peu doux, enveloppé, agréable comparé à celui des clichés de petit format nets et durs. Bon, les spécialistes me diront que le côté « enveloppé » résulte de défauts optiques. Ils me diront aussi que les peintres impressionnistes souffraient d'un défaut de vision... Le Korelle était fragile, il fallait armer avec précaution, sous peine d'endommager le défilement du rideau. La distance entre les vues n'était pas régulière et l'étalonnage des vitesses laissait à désirer, d'ailleurs autant que je m'en souvienne, quelle que soit la vitesse sélectionnée, on en restait immanquablement aux environs du 1/30° de seconde. Il suffisait d'adapter l'ouverture pour la bonne exposition. Je me suis séparé de mon Korelle, combien je le regrette! Pourtant, comparé à ce dernier, le Pentacon que j'ai sous les yeux est un appareil beaucoup plus fiable et perfectionné. Mais son aspect extérieur ne trompe pas, il avait un ancêtre, peut-être même avant guerre du nom de Korelle.
Le Korelle présenté dans le catalogue Photo-Plait en 1938
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(1) TTL, through the lens: le posemètre tient compte de la quantité de lumière qui traverse l'objectif, donc qui insolera réellement le film.
10:37 Publié dans Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pentacon, praktica, praktisix, korelle, kiev
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