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04/05/2017

Le Saliut-S

 


 Cet appareil 6x6 reflex mono objectif a été fabriqué en URSS dans les années 70. Il produit 12 clichés carrés de 55mm de côté sur une pellicule 120 (bobine à « gros trou »). 

saliut,appareils russes,kiev cliché M.Pourny

 Le Saliut est une copie de l’appareil suédois Hasselblad, autant par son aspect que par la technique employée : magasins interchangeables, viseur de poitrine, armement et entraînement du film par bouton latéral (manivelle sur l’Hasselblad). Une différence cependant, et de taille : l’obturateur est focal, à rideau métallique, alors que le modèle scandinave est équipé d’objectifs à obturateur central, solution qui présente l’avantage de la synchronisation au flash à toutes les vitesses, ainsi que la fiabilité et la précision dans les vitesses lentes. L’obturateur à rideau du Saliut a lui un avantage : ses objectifs sans obturateur sont plus abordables, le photographe pourra s’équiper, outre le standard de 90mm et sans dépenser des fortunes, d’un grand angle Mir de 65mm et d’un Jupiter de 250mm.

 Avec objectif de 90 et magasin, l’ensemble mesure 176mm de long, 105mm de haut et 110mm de large. Aussi lourd qu’un Pentacon six, il tient mieux en main si on utilise le viseur de poitrine, alors que le Pentacon, par sa forme de « grand » 24x36 est plus pratique en utilisant un viseur à prisme (à hauteur d’œil). L’image qui apparaît sur le dépoli –inversée gauche droite- agrandie en son centre (si nécessaire) par une loupe escamotable, est fine et lumineuse à pleine ouverture (f :2,8). Le miroir n’étant pas à retour instantané, la visée n’est possible qu’une fois l’appareil armé. En regardant le Saliut muni du dos magasin sur son flanc droit et en bas, deux minuscules fenêtres blanches indiquent que l’appareil est armé, rouges qu’il a été déclenché. Toujours veiller à ce que la couleur côté boîtier soit la même que celle côté magasin, en particulier quand celui-ci nouvellement chargé est associé au boîtier !

saliut,appareils russes,kievcliché M.Pourny

 L’armement et l’avancement du film sont couplés quand le magasin (chargé) est en place et que le volet protecteur du film est ôté. Il faut un tour complet du gros bouton moleté à droite du boîtier pour cette opération qui est moins facile qu’à l’aide d’une manivelle. En tirant ce bouton latéral vers l’extérieur (2mm) on peut régler les vitesses d’obturation de la pose B jusqu’au 1/1000° de seconde. Mais ce réglage ne doit et ne peut d’ailleurs être fait qu’après avoir armé l’obturateur ! Le bruit au déclenchement est plus sec que celui du Pentacon six, mais beaucoup plus discret que celui d’un appareil à retour instantané du miroir (type Pentax 6x7).

 La bague des diaphragmes du Vega-12B de 2,8 :90mm est crantée à chaque division de 2,8 à 22. Celle de mise au point est très douce et sans aucun jeu. La prise de vue est possible jusqu’à une distance de 60cm pour un champ photographié de 20cm de côté, à la limite de la macrophotographie sans bague ni soufflet ni optique spéciale ! L’appareil est dépourvu de testeur de profondeur de champ, mais une échelle est gravée sur l’objectif. Le diaphragme se règle automatiquement à l’ouverture sélectionnée au moment du déclenchement.

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 Pour retirer ou changer le magasin un bouton poussoir situé sur celui-ci permet de le désengager par le haut avant de le séparer de deux crochets qui le retiennent à la base. Penser à insérer le volet avant cette manipulation, au risque de voiler le film. Ce volet doit être mis en place en prenant garde que le repli de tôle qui maintient la poignée soit présenté vers l’avant (au risque de ne pouvoir séparer le porte bobine du magasin. On peut voir à l’arrière du boîtier en haut à droite la roue dentée qui, au moment de l’armement, commande une autre roue solidaire du dos pour l’avancement simultané du film. Pour ôter le porte bobine du magasin, une clé placée sur le côté gauche -en regardant vers l’avant- doit être tournée d’un quart de tour. De l’autre côté du dos une clé « papillon » gravée de deux flèches indiquant le bon sens de rotation sert à avancer le film pendant le chargement et à positionner le compteur de vue sur « 1 » avant le premier cliché.

 A l’arrière du magasin un disque mémorise la sensibilité du film de 8 à 650 iso. On peut ouvrir cette fenêtre pour amener la pellicule sur le chiffre « 1 », et seulement pour cela car le film ensuite est avancé automatiquement d’une vue à chaque armement, le contrôle du défilement pouvant être fait dans la petite fenêtre du compteur située à l’arrière droit du dos.

 Le viseur est interchangeable, mais il ne peut être remplacé qu’une fois le dos magasin ôté ! Le changement d’objectif se fait en actionnant un bouton poussoir sur la face de l’appareil du côté opposé au déclencheur. On peut alors ôter l’objectif par une rotation inverse à celle des aiguilles d’une montre. Eviter de dévisser partiellement l’objectif : il faut le séparer complètement du boîtier avant de le remettre en place, sinon la commande de fermeture du diaphragme ne serait pas réinitialisée, et le mécanisme de l’obturateur ne fonctionnerait pas.

saliut,appareils russes,kievcliché M.Pourny

 Pour ce qui est du chargement et du déchargement du film, une procédure qu’il faut envisager avec mille précautions, je vous renvoie à "www.thydelor.eu" Le site des Amoureux de la Photographie et des Appareils photographiques.

 Le Saliut se range dans une mallette en cuir rigide qui le protège, muni de l’objectif et du dos magasin, d’un magasin supplémentaire et de quelques pellicules. Un petit coucou à... voilà que j'ai rangé la mallette sans avoir mis le capuchon sur l'objectif, voilà! Oui je disais... un petit coucou à Patricia et Jean-Luc pour qui la recherche de ce joyau n'a pas été facile et encore merci!

 

§

 

 

 

09/08/2015

Le Pentacon Six

 

Appareil reflex de moyen format produisant des clichés de 6cm de côté, d'où son appellation « Six ». La taille réelle des négatifs est de 5,6x5,6cm. L'espace nécessaire au mouvement du miroir rend le boîtier volumineux et lourd. Il est cependant agréable à manipuler grâce à sa forme comparable à celle d'un reflex 24x36. Il tient bien en mains, l'armement se fait par levier à droite, le déclencheur sur le haut de la face avant tombe juste sous l'index. Une couronne crantée le condamne, évitant les déclenchements inopinés.

Pentacon Six TL.jpg

                                                                            cliché M.Pourny

 On a le choix entre plusieurs types de visée. Un viseur à prisme avec posemètre TTL (1) intégré permet la prise de vue à hauteur d'œil. Je n'ai jamais pu expérimenter celui-ci. Mon expérience avec d'autres viseurs à prisme en moyen format me permettent de douter de la qualité de l'image redressée, clarté et netteté dans les angles et surtout image plus petite que celle reproduite sur le film. Mais pour éliminer ces défauts dans le cas d'un 6x6 ou 6x7 le viseur devrait être d'un poids et d'un encombrement qui dissuaderaient les amateurs de randonnées en pleine nature. Regrettable, car la visée à hauteur d'œil est bien pratique. Pour ma part, je ne dispose que d'un viseur de poitrine des plus classique dont le capuchon se soulève grâce à un bouton poussoir situé à l'arrière. Une loupe (escamotable) est bien utile pour contrôler la mise au point au centre de l'image. Celle-ci est renvoyée (inversée bien sûr gauche-droite) sur un dépoli assez fin pour assurer cadrage et netteté. Après avoir escamoté la loupe, sur le capuchon un petit volet peut être ouvert dégageant une ouverture carrée de 32mm de côté, et sur l'arrière du viseur un petit cadre d'1cm une fois déployé permet la visée à hauteur d'œil. Il suffit pour cela de faire coïncider les deux cadres, la précision n'est pas extraordinaire, mais vu ce que je disais des viseurs à prisme...

Pent Six TL viseur.jpg

                                                                                      cliché M.Pourny

 Sur le capot, à droite du viseur, le levier d'armement et sa butée: ne laissez pas ce dernier revenir de lui-même, accompagnez-le. Au centre de celui-ci, le compteur de vues, remise à zéro par ouverture du dos. A gauche du viseur un large disque rotatif permet de sélectionner la vitesse d'obturation de une seconde au millième de seconde plus la pose B et une vitesse de synchronisation du flash électronique (entre 1/15 et 1/30 pour cause d'obturateur à rideau). Au centre du disque sont gravées les sensibilités de films en din et en iso autour d'une petite couronne. Il suffit de mettre en rapport la sensibilité choisie avec l'un des deux index 12 ou 24 correspondants au nombre de vues de la pellicule chargée. Toujours à gauche sur le capot, en pressant un petit bouton, on peut faire glisser le viseur vers l'arrière et l'ôter. A ne faire que dans un lieu non poussiéreux, c'est un maniaque qui vous parle. Et puis quel besoin d'ôter le viseur quand on n'en dispose pas d'autre ? En plus de cela, il n'est pas aisé de le remettre en place, il faut vraiment appuyer fort et prendre mille précautions pour le faire glisser à nouveau dans son logement. 

 Le miroir se relève bien sûr au déclenchement de l'obturateur mais ne revient en place qu'au réarmement. D'où un inconvénient: pour obtenir une image de visée, il faut laisser l'appareil armé. Je n'aime pas. Car bien souvent, si l'on n'a pas l'occasion de prendre un nouveau cliché, l'obturateur risque de rester en tension... Un avantage cependant: le miroir ne retombant pas, le déclenchement est peu bruyant. Remarquable pour un appareil reflex de ce format. 

 Sur la face avant de l'appareil, de chaque côté de la chambre reflex, deux picots pour courroie spéciale Pentacon... A droite le retardateur à levier à pivoter d'un quart de tour pour une durée de 8 secondes après pression sur le déclencheur. 

 L'ouverture du dos se fait par charnière. Rails guides, presse-film, deux gros boutons aux extrémités de la semelle pour extraire ou insérer les bobines, tout y est, rien à dire sauf que... le chargement du film est délicat. S'il n'est pas effectué dans les règles, les vues ne seront pas espacées régulièrement, elles risquent même de se chevaucher. Je vous renvoie au site britannique http://www.pentaconsix.com de bon conseil sur le sujet. J'ai traduit ce texte, en y ajoutant quelques modifications suite à ma (douloureuse) expérience, je pourrai le mettre à la disposition des utilisateurs de cet appareil. 

 Les objectifs sont interchangeables sur monture à baïonnette. Une grande bague crénelée est fixée à demeure sur le devant de la chambre reflex. Par une rotation d'un quart de tour, elle enclenche l'objectif que vous lui présentez: serrage dans le sens des aiguilles d'une montre. Conseil surtout pour le desserrage: avoir de la poigne! 

 Les objectifs estampillés Zeiss-Iena DDR nous rappellent que le Pentacon Six nous vient de République démocratique allemande (RDA). Celui que j'ai sous les yeux est le Biométar multi-couches 2,8:80mm. Mise au point de 1m à l'infini. Il couvre parfaitement le champ, la netteté est bien présente jusque dans les angles. Liste des objectifs: 

  • à fermeture automatique du diaphragme: Jena Flektogon 4:50mm et 2,8:65mm; Jena Biometar 2,8:80mm et 2,8:120mm; Jena S 2,8:180mm et 4:300mm;

  • à présélection manuelle du diaphragme: Meyer Orestegor 4:300mm et 5,6:500mm;

  • un objectif catadioptrique 5,6:1000mm 

 En 1970 l'entreprise ukrainienne Kiev s'inspira du Pentacon Six et produisit un appareil reflex mono-objectif pour clichés 6x6. Le Kiev 6C, si l'on excepte des extrémités moins arrondies et son déclencheur situé à gauche de l'objectif est semblable à son modèle allemand.

Kiev.jpg

Le Kiev 6C (présenté en 1972)             archives M.Pourny 

 La monture à baïonnette est identique et permet le montage des objectifs d'origine Zeiss-Iena. Dans les années 80 le Kiev 60 voyait passer son déclencheur à droite devenant presque la copie conforme du Pentacon Six.

 

Les précurseurs

 

 Dans les années soixante fut présenté un appareil reflex mono-objectif 6x6: le Praktisix. Conçu et fabriqué en RDA par la firme VEB-Pentacon. C'est l'ancêtre direct du Pentacon Six. Armement, obturateur, système de visée, gamme d'objectifs: les deux appareils sont identiques, seule l'appellation a changé, peut-être pour rendre le nom de la firme plus audible. 

 On peut remonter plus loin dans le passé et découvrir, encore en Allemagne mais avant-guerre un Korelle 6x6, sorte de gros 24x36 avec viseur à capuchon, obturateur à rideau et objectif Schneider de 80mm. A Londres dans les années 70 j'avais pu me procurer cet appareil avec lequel j'avais photographié mes enfants. Rendu un peu doux, enveloppé, agréable comparé à celui des clichés de petit format nets et durs. Bon, les spécialistes me diront que le côté « enveloppé » résulte de défauts optiques. Ils me diront aussi que les peintres impressionnistes souffraient d'un défaut de vision... Le Korelle était fragile, il fallait armer avec précaution, sous peine d'endommager le défilement du rideau. La distance entre les vues n'était pas régulière et l'étalonnage des vitesses laissait à désirer, d'ailleurs autant que je m'en souvienne, quelle que soit la vitesse sélectionnée, on en restait immanquablement aux environs du 1/30° de seconde. Il suffisait d'adapter l'ouverture pour la bonne exposition. Je me suis séparé de mon Korelle, combien je le regrette! Pourtant, comparé à ce dernier, le Pentacon que j'ai sous les yeux est un appareil beaucoup plus fiable et perfectionné. Mais son aspect extérieur ne trompe pas, il avait un ancêtre, peut-être même avant guerre du nom de Korelle.

 

Korelle 3.jpg

Le Korelle présenté dans le catalogue Photo-Plait en 1938

 

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(1) TTL, through the lens: le posemètre tient compte de la quantité de lumière qui traverse l'objectif, donc qui insolera réellement le film.