06/11/2015
Il n'y a plus que les fous pour brandir un étendard
Si vous cherchez les révolutionnaires, soulevez les tapis, fouillez les poubelles, suivez les caniveaux, mais si vous pensez que je dis cela parce que je les méprise à cause du score lamentable qui est le leur lors des consultations électorales, vous faîtes fausse route. Qu’un parti politique ne soulève l’enthousiasme que de deux ou trois pour cent des français n’est pas une preuve d’erreur ni de faiblesse. Il faut examiner aussi qui sont les français, par respect pour eux –dont je suis- j’éviterai de rappeler ce qu’en disait De Gaulle. Et puis, et puis, on a vu dans le passé des partis frôlant et même dépassant les 99% du corps électoral sans être pour autant des exemples à suivre. On a même vu des partis tellement appréciés par les pouvoirs en place qu’on ne leur opposait pas d’adversaire.
Non, je ne me moque pas des révolutionnaires. Je dis seulement qu’ils sont tombés bien bas. Je vois, à quelques mètres de moi dans cette bibliothèque les œuvres de Marx et d’Engels. Dans toutes les éditions, celles de Moscou en langues étrangères (les yeux fermés je les reconnais à cause de l’odeur du papier, inimitable, ceux qui connaissent comprendront), Pléiade en papier bible, Editions Sociales, celles que je préfère, parce que c’est ma jeunesse, elles ont été lues et relues, annotées, soulignées, elles abritent même encore des marque-pages, simple bouts de papier que je redécouvre quarante ans après, sur lesquels j’avais inscrit des remarques, même des choses à ne pas oublier, le pain, la cartouche de gauloises bleues, l’heure et la date d’une réunion, le nombre de journaux vendus, les noms des contacts. A l’étage en dessous, il y a Lénine… bon je m’arrête là, ce n’est pas par crainte qu’un lecteur malveillant débarque chez moi une de ces nuits et me débarrasse de ces trésors. Je partage l’avis du poète qui dans les stances à un cambrioleur note avec satisfaction que le monte-en-l’air a laissé sa guitare en place. Les cambrioleurs s’en prennent rarement aux œuvres des pionniers du socialisme, ils préfèrent emporter les produits manufacturés du méchant capitalisme de monopole : bijoux, cartes de crédit…et autres babioles ayant valeur d’échange et prometteuses de plus-value.
Vois-tu, Karl, je suis profondément triste. Car non content de disparaître de la surface du globe, l’idéal communiste a emporté avec lui l’espoir que tu as fait naître en moi comme à des millions d’autres, d’un monde meilleur. Avant, nous vivions en préparant l’avenir, et même plus, si l’on était à l’Est, en le construisant. Maintenant, nous restons interdits, sur place, bras ballants, ne sachant que faire, où porter notre regard. Le seul horizon qui nous fait encore rêver est celui du passé. Je parle pour moi. L’inconscient, l’imbécile que je fus. Car pour des millions d’autres le passé ne fut pas un rêve, mais un cauchemar. Et j’ai dû, moi l’enfant gâté, me frotter longtemps les yeux en lisant L'archipel du goulag.
Ma jeunesse, te souviens-tu Jeannot, à Andrésy sur la pente de l’Hautil, sous la tente dans ton jardin, aux premières chaleurs, je revenais de Paris avec une pile de brochures des Œuvres et je mets une majuscule. L’idéologie allemande, Travail salarié et capital, Les luttes de classes en France, Le manifeste du parti communiste… Un jour, tu m’as vu débarquer avec un gros pavé (trois ans avant 68 !), en papier celui-là, on est resté à le regarder, à essayer de comprendre les premières lignes de la préface. C’était L’anti-Dühring, et le sous-titre, Monsieur Dühring bouleverse la science. Nous n’étions pas si bêtes, j’étais en terminale, tu étais en seconde mon lascar, et quand on a sérieusement mis le nez dans le texte, on a compris plein de choses, notre premier contact avec le Grand, l’Immense Matérialisme Historique. Et nous riions ! Les autres, les profanes, s’ils nous avaient vus, nous auraient pris pour des fous. Te rappelles-tu de quoi nous riions ? De la façon dont Engels tournait en ridicule le pauvre mécanisme scientiste d’un monsieur qui n’avait rien compris à la dialectique. Mais alors vraiment rien compris. Et l’époque était passionnante pour une autre raison. Tout était clair. Les choses étaient blanches ou noires. Pas de demi-mesure. Pas d’hésitation, pas de doute, pas de oui mais. La classe ouvrière internationale avait déjà libéré des millions de kilomètres carrés. Les soviétiques construisaient la société future et s’apprêtaient à dépasser les USA dans tous les domaines, agriculture, industrie, et s’envolaient avec Gagarine, Titov, Valentina Terechkova, ils entraînaient avec eux la moitié de l’Europe. La Chine en mettait un coup aussi et on soupçonnait un frémissement en Afrique, en Amérique latine et en France où les mineurs en 63 avaient montré la voie à suivre.
Où es-tu Jeannot, disparue, envolée jeunesse, veau, vache, cochon, couvée. Tout est perdu. « A pu » comme dit le tout petit en écartant les bras quand il a consommé le contenu de son bol. Le vide. Zéro. Là-bas, le communisme c’était l’enfer. Ici, une morale d’esclave a envahi les rues, les écrans et les ondes. L’angélisme chrétien le plus éculé a réduit les derniers bastions de résistance et infiltré la gauche dans ses moindres recoins. Les masses populaires des villes et des campagnes restent scotchées devant le téléton, et donnent aux pauvres le peu qui leur reste. Les riches, quand ce n’est pas sur l’or, roulent des mécaniques. Ils sont socialistes, mais contrairement à leurs prédécesseurs, au lieu de faire l’histoire, ils la caressent dans le sens du poil. Ils ne sont pas les seuls, le flot est trop fort, impétueux, impossible à remonter. Et puis les autres arrivent, hyènes en tenue de camouflage, les envoyés d’Allah, ceux d’avant, d’il y a longtemps, d’avant les Lumières, avec leurs esclaves, leurs imams, leurs cagoules, leur violence, leur bêtise. D’ici je les vois rire. A la république blessée ils montrent déjà les crocs. Elle, blessée, l’étendard en berne, appelle à son secours. Marianne, Marianne, ne vois-tu rien venir ?
10:15 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : révolutionnaires
02/11/2015
France, terre d'accueil
En accord avec la belle formule de Kant :
« Agis toujours de telle façon que la maxime de ton action puisse être érigée en règle universelle »
les dirigeants des partis politiques de gauche ont fait un geste qui s’inscrira en lettres d’or dans les annales du pays des droits de l’homme :
Ils ouvrent chaleureusement les portes de leurs résidences principales et secondaires aux familles d’immigrés syriens, libyens et africains et cela jusqu’au jour où l’intégration de ces gens dans la république française sera accomplie.
Français, faites-en autant !
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09:42 Publié dans portraits | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : accueil, réfugiés, solidarité, exemple, modèle