07/06/2012
Contre la suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs
Est-ce vraiment le moment de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs, qui ont été créés en 2011 pour apporter davantage de fermeté vis-à-vis des récidivistes de 16 à 18 ans ?
Faut-il considérer, comme semble le faire la nouvelle ministre de la Justice Christiane Taubira, que ces jeunes ne sont après tout que de « grands enfants », qu'il ne faut surtout pas les juger dans des tribunaux qui risqueraient de les sanctionner à la mesure de la gravité de leurs actes ?
Auriez-vous le sentiment que la situation actuelle est encore trop « ferme » vis-à-vis d'eux, et que réduire encore (si c'est possible) les possibilités de sanctionner les mineurs délinquants serait un service à leur rendre ?
aller sur le site:
petitions.institutpourlajustice.com/mineurs_recidivistes
11:29 Publié dans annonces | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : délinquance, mineurs, récidivistes
24/02/2012
C'est la faute à qui ?
Ce vieux slogan de mai 68 « Il est interdit d’interdire » a fait des ravages dans les familles et dans la société tout entière. Animé de bons sentiments, on est toujours tenté par ces belles idées que sont la liberté, la tolérance et on a raison. Malheureusement bien souvent dans la réalité ces belles idées deviennent licence et permissivité. Les parents savent bien que les enfants ont besoin d’une autorité. Sans le dire les enfants la réclament. Le pire serait de leur laisser croire que la vie suivra son cours sans obstacles.
Je crois que ces considérations valent pour les adultes. Si nous étions des anges, les lois seraient inutiles, car nous ferions passer le bien commun avant nos intérêts. Seulement voilà, nous ne sommes pas des anges. Et pour éviter que nous soyons des bêtes, des lois se sont imposées, définissant les contours d’une démocratie, un idéal pour l’humanité, un idéal. Car cette belle idée implique un combat de tous les jours, des sanctions aussi, non seulement contre ceux qui ne respectent pas la loi, mais aussi pour se garantir des appétits individuels, des tendances de chacun d’entre nous à s’accorder la meilleure part du gâteau, tendances bien compréhensibles, mais qui –étendues à la société toute entière- représentent pour elle un danger. L’idéal démocratique est à cent lieues de la permissivité et du laisser-faire qui conduisent au désordre, au chaos. Ce sont là des situations propices aux dictatures. Et là, les sanctions frappent les innocents.
Un des fléaux qui menacent nos sociétés est cette tendance à déresponsabiliser l’individu. Les responsables ne sont plus les hommes en chair et en os, mais l’histoire, la psychologie, la misère, les quartiers défavorisés, l’illettrisme, l’immigration, la pluie, le verglas, l’alcool, le tabac, les pulsions, le père, le ça, le sexe, l’argent, le capitalisme, la première femme, l’esprit du mal, le diable…Chercher par tous les bouts une justification au délit a deux conséquences. D’abord on encourage le crime, car les délinquants savent que leurs avocats auront du grain à moudre. Ensuite, on pénalise les victimes, en prenant cet air désolé qui veut dire : on n’y peut rien, c’est la société qui est responsable. On s’en prend alors à ses représentants, à commencer par les forces de l’ordre. Un « jeune homme de 25 ans » est interpellé, et meurt en garde à vue. Les premiers soupçons se portent sur la police. L’armée des associations, médias, commentateurs, angelots et bourgeois parisiens montent au créneau. Le tohu-bohu dure plusieurs jours, avec défilés dans les quartiers devant les caméras de télé : bavure de la police.
On apprend quelques jours plus tard que la personne décédée était un délinquant, qu’il souffrait d’une maladie cardiaque et n’était pas soigné. De ce jour, sur les ondes plus un mot.
S’il est interdit d’interdire, tous les délits sont permis. Oui, j’exagère. Disons : tous les petits délits. D’ailleurs ce ne sont plus des délits mais des incivilités. Un mot à la mode, un euphémisme parmi d’autres, une feuille de vigne pour cacher la misère. La vraie. Celle des gens qui essuient des crachats, qui ne montent au logement qu’en baissant les yeux et en s’excusant, ceux qui se lèvent tôt quand ils ont du travail, ceux qui n’ont plus de bus faute de chauffeurs audacieux, bref les gens qui ne sont pas comme moi. Moi qui habite un pavillon tranquille à cent lieues du front, et les nouvelles qui nous en parviennent sont annoncées par des gens qui habitent un pavillon tranquille à cent lieues du front. Ces nouvelles ? Un professeur a été un peu poignardé par un élève, mais il est hors de danger, une marche silencieuse contre la violence est organisée ce matin dans ce quartier habituellement pourtant néanmoins toujours très calme. On passe au sport.
Ce qui est à craindre, c’est qu’un jour l’ordre soit rétabli par des hors-la-loi, des gens à qui l’on n’a rien interdit, et qui en toute liberté supprimeront celle des autres. On l’a vu dans le passé.
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10:47 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : délit, délinquance, loi, justice
17/11/2010
Fatima, Pierre Emmanuel, Ange Gabrielle et Mourad
J’ai été étonné d’apprendre que des jeunes en mal d’école, déscolarisés comme on dit, en un mot des délinquants, mais ce mot n’a plus cours, il faut dire : des jeunes vivant leur mal-être dans les quartiers défavorisés, j’ai donc été étonné d’apprendre que certains d’entre eux avaient été envoyés en Mayenne et en Bretagne pour une tentative de réinsertion scolaire. Apparemment l’expérience a mal tourné, je n’entre pas dans les détails, les gens du pays se sont plaint de leurs agissements. Il faut dire aussi que leurs camarades de classe, enfants de gens du cru, n’ont pas été tendres avec eux, se demandant ce que la racaille du 93 venait bien faire ici. Bref, outrages, insultes, échauffourées (1).
Quand je dis que j’ai été étonné, ce ne fut pas d’apprendre l’expérience elle-même somme toute louable. Qui refuserait que l’on donne une deuxième chance à des enfants dont les parents n’ont su faire qu’une chose : les mettre au monde ? Non, ce qui m’étonne, c’et que cette expérience a été tentée en province. Pourquoi envoyer ces enfants si loin ? D’abord cela coûte cher, mais il y a autre chose.
Sans mettre en doute la compétence des enseignants mayennais et bretons, il y a à quelques kilomètres du département 93 une cité détentrice de toutes les richesses matérielles certes, mais surtout spirituelles et morales : Paris. La capitale de la France compte elle aussi de très bons professeurs qui enseignent dans d’excellentes écoles, de très bons collèges et des lycées réputés. A tel point que les gens de la bonne société y placent leurs enfants. Et comme ces gens appartiennent souvent au monde politique, on sait à quel point ces personnes ont le sens de la fraternité, qui pourrait croire qu’elles n’accueillent pas favorablement l’idée que leurs filles et leurs fils s’acoquinent avec des jeunes vivant leur mal-être dans les quartiers défavorisés ?
Et là, loin du peuple intolérant, xénophobe et raciste de nos provinces, le « vivre ensemble » prendrait tout son sens, et qui sait ? Porte-drapeau de la diversité culturelle à la française, Fatima et Pierre Emmanuel apprendraient à se connaître, avant peut-être de s’engager pour la vie. Quant à Ange Gabrielle et Mourad, loin du tohu-bohu (2) des banlieues, enlacés à l’abri des grands arbres d’un jardin de Neuilly, ils choisiraient le prénom de leur premier bébé.
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(1) échauffourée n. f. Affrontement inopiné qui met aux prises de façon plus ou moins violente et confuse deux groupes d’adversaires. . MILIT Petit engagement de groupes isolés. © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001
(2) tohu-bohu [tyby] n. m. Confusion, désordre bruyant. La séance s’acheva dans le tohu-bohu. Des tohu-bohu(s). © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001
19:03 Publié dans L'école | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : échec scolaire, éducation nationale, réinsertion, délinquance