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17/03/2012

Le 8 mars est passé, on peut se défouler

 

Savez-vous, j’en entends de bonnes à la radio. Et pas dans la radio locale où de jeunes journalistes enthousiastes s’adressent à quelques centaines d’habitués, non. Des radios à large spectre, des radios qui font l’opinion. Oui, j’en entends de bonnes.  

 Ah pour ça, ce sont de bons démocrates, cultivés, éclairés, à l’antiracisme irréprochable. Ils parlent de Madame Merkel, en ricanant. Un dessinateur de mode (un homme, les petites mains sont des femmes, c’est comme en cuisine que dis-je en gastronomie, les chefs sont des hommes, la popote quotidienne est réservée aux femmes, passons), un artiste de l’habillement est invité sur le plateau, et nos journalistes au micro de s’esclaffer en lui demandant s’il lui serait facile d’habiller la chancelière allemande. Voilà, c’est tout. C’était quelques jours après le 8 mars, journée de la femme. Est-il besoin de développer ? 

 Oui, quand même un peu. Certes derrière ces ricanements, il y a probablement un résidu de germanophobie, mais quand s’ajoute à la bêtise la suffisance de ces mâles (une femme aussi riait ah Julie je t’aimais bien pourtant quelle déception)) qui font à l’antenne la pluie et le beau temps cela devient insupportable. Car ce sont les mêmes qui vont condamner le délit de faciès, les discriminations, qui vont joindre leurs voix aux bourgeois parisiens pour lesquels tout le monde est beau. Quand il s’agit d’une femme, allemande et de droite en plus, on peut se moquer de son physique, de son allure, pourquoi pas de son accent, que dis-je, elle ne parle même pas notre langue ! Bien que je ne partage pratiquement aucune de ses propositions, les critiques qui ont été adressées à Eva Joly et qui n’ont rien à voir avec son programme sont aussi insupportables. 

 Et je me souviens d’une femme, premier ministre qui ne fut pas épargnée, même par ses amis politiques. Edith Cresson. Oui, c’était en France dans un gouvernement dirigé par la gauche pour laquelle toute discrimination basée sur le sexe ou l’origine est une horreur. 

 Mais où sont le MRAP, la LICRA, SOS racisme ? Je ne demande pas où sont les féministes. S’il en existe encore, elles ne parlent pas dans le poste. 

 

§

 

 

06/03/2012

Une communauté de destin? Avec qui?

 

 

 Une pétition signée par quasiment tous les laïques de ce pays évoque la société multiculturelle, la diversité qui doit être richesse et non source de conflit, l’expression du pluralisme des convictions et la recherche de valeurs communes pour construire une communauté de destin. On s’en prend au Vatican et à son complice le président de la république, mais aucune allusion n’est faite à l’islam. 

 Ce sont parfois les menteurs qui parlent le mieux. Il serait injuste de jeter la pierre aux « laïques » quand on sait que cette façon de taire les problèmes posés par la religion musulmane est partagée par les politiques de tous bords et les médias qui les accompagnent.

  La situation créée par des silences qui s’apparentent à des mensonges franchit un seuil critique. Tout ce que le pays compte d’humanistes, de penseurs, de philosophes, d’artistes, de professeurs, dans le meilleur des cas se tait, sinon s’offusque en écoutant les seuls qui réagissent : les crypto fascistes de l’extrême droite. En résumé, les seuls que la mouvance politico-religieuse totalitaire trouve en face d’elle, ce sont les promoteurs d’un autre totalitarisme, qui ressemble à celui qui a fait tant de mal au siècle dernier.  

 Dans cette joute entre frères ennemis, c’est l’islam qui est gagnant, non pas contre l’extrême droite, mais contre la démocratie et bien sûr la laïcité. Car il est difficile de faire comprendre que si l’on refuse l’islamisation du pays, c’est qu’on est attaché aux valeurs républicaines. La résistance face à l’implantation du mode de pensée et du mode de vie islamique n’a rien à voir avec quelque forme de racisme que ce soit. L’islam est une religion, peut-être même une politique, comme il y a des chrétiens égyptiens, russes ou français, il y a des musulmans français, indonésiens ou pakistanais. Et puisque l’islam n’est pas une race, je ne vois pas au nom de quoi je m’interdirais de caricaturer, de critiquer ou de combattre cette idéologie qui fait tant de mal partout où elle passe. Nous accuserait-on d’être anti-français si l’on condamnait le comportement criminel de certains prélats de l’église catholique ?  

 Oui, les islamistes sont de fins politiques. L’offensive qu’ils mènent en occident, plutôt que par la méthode explosive des voitures piégées, prend la forme du cheval de Troie. On s’introduit en douce. Et pendant que les bons républicains sont encore endormis, la troupe des soldats d’Allah occupe la rue, prie en public, discute les programmes scolaires, méprise les femmes, tient des discours de guerre contre le monde occidental et les mécréants dans des caves transformées en mosquées. Mais car il y a un mais, aux infos du matin quand la république se réveille, ce sont des sermons qui sont prononcés, prônant la paix, le ralliement inconditionnel à la démocratie et aux valeurs de la nation. Alors, la main sur le cœur, les représentants de gauche de droite et de partout entonnent le refrain bien connu du vivre ensemble, de la société multiculturelle, de la diversité qui doit être richesse et non source de conflit, de l’expression du pluralisme des convictions et de la recherche de valeurs communes pour construire une communauté de destin. 

 Le Français bien réveillé se demande alors s’il ne rêve pas encore, si la diversité qui doit être richesse inclut la tolérance à l’égard de gens qui voilent la moitié de l’humanité, quelle communauté de destin il pourra construire avec des gens pour qui l’islam est la religion de TOUS les êtres humains, quel qu’en soit le prix (1). 

 Il se demande si, au lieu de produire des chefs d’état, la république fatiguée n’engendre plus que des fonctionnaires seulement capables –et encore- d’expédier les affaires courantes. 

§ 

 

(1) S’il en était besoin, et pour ceux qui pensent encore que l’islam est compatible avec la démocratie, voici un extrait d’un manuel scolaire à destination des classes de première (17 ans) et autorisé par l’Autorité palestinienne (in Christian Delacampagne, Islam et Occident, les raisons d’un conflit, p 208): 

« L’Islam est la religion d’Allah pour tous les êtres humains. Elle doit être proclamée et elle doit inviter (les gens) à l’adopter de manière avisée au moyen de sermons adaptés et de débats amicaux. Ces méthodes sont toutefois susceptibles de se heurter à une certaine résistance et les prédicateurs peuvent se voir empêchés d’accomplir leur devoir (…). Alors, le djihad et le recours à la force physique contre les ennemis deviennent inévitables (…). »

 

  

01/03/2012

L'objectivité, une illusion

 

On va se creuser le ciboulot pour accorder dans les médias un temps de parole égal pour chaque candidat à l’élection présidentielle. Que de bruit pour rien ! Tâche impossible. Et puis même, imaginons qu’on y parvienne, il y a selon les heures plus ou moins d’écoute, il faudrait réajuster, laisser parler plus longtemps celui qui présenterait son programme à 3h00 du matin, et beaucoup plus longtemps. A cette heure-là, sur 65 millions de français il y en a 60 millions qui dorment. Les autres, soit ils bossent la nuit, donc loin des écrans sauf les gardiens de parking, soit ils sont insomniaques, et je connais suffisamment le problème pour vous dire qu’ils n’auront pas le cœur à supporter les longs discours, encore que pour s’endormir…  

 J’ai fait les calculs : pour qu’un candidat nocturne (A) soit traité d’égal à égal avec un qui parlerait au journal de 20h00. Commençons par ce dernier (B), il a 30 millions d’auditeurs. L’autre s’adresse sur le sol national (à 3h00 du matin) à 3000 personnes. Pendant combien de temps devra-t-il présenter son programme pour bénéficier d’un traitement égal ? 

 Prenez une feuille. Vous avez 4 heures.  

 Il fallait faire une division. J’explique, pour les littéraires. On veut arriver à ce que A soit entendu par 30 millions d’électeurs. Je fais : 30 000 000 : 3000 = 10000. Si B parle à 20h00, A devra tenir le micro (à 3h00) pendant 10000 nuits. C’est trop long, déjà qu’ils ne sont pas nombreux, les gens vont se lasser. Je sais ce que vous allez me dire : le choix des heures n’est pas judicieux. Il faudrait limiter la campagne entre 18 et 22h00. Et vous pensez que les journalistes, bavards comme ils sont (pas toujours et pas sur tous les sujets) vont se taire de 22h00 à 18h00 le lendemain ? Je ne crois pas en leur objectivité. Je ne crois en l’objectivité de personne. C’est trop difficile, hors de portée des humains que nous sommes. Nous avons tous un point de vue. Comme en photographie, le point de vue dépend de la position de nos pieds (un grand photographe avait dit cela, je ne me souviens plus qui). Si vous êtes à 10 mètres de la cathédrale, de l’édifice vous ne voyez qu’une partie de la façade. Si vous tentez la photo en dirigeant l’appareil vers le haut, les flèches convergent. A cent mètres, le détail de la frise et des sculptures du porche deviennent invisibles, mais les flèches se redressent et les proportions du bâtiment sont respectées.  

 La distance qui nous sépare de l’objet n’est pas tout. Limités que nous sommes par la position de nos pieds, nous ne pouvons pas voir ce qui est devant et ce qui est derrière en même temps. Les oiseaux strigiformes (rapaces nocturnes) le peuvent, et encore pas simultanément.  Argus le pouvait, parce qu’il avait cent yeux tout autour de la tête, et le jour comme la nuit, car cinquante étaient toujours ouverts. Mais qu’on ne nous dise pas qu’il voyait tout. Ce roi d’Argos avait –hormis ses yeux- forme humaine, et ses pieds au nombre de deux lui interdisaient d’être ici et là-bas en même temps. Ce que nous percevons d’où nous sommes n’est qu’une partie de l’objet, infime. Une dizaine de personnes sont disposées en cercle autour d’une table sur laquelle est posée une pomme : personne ne voit la pomme en totalité. Certains la verront tachée, d’autres auront compris la tromperie : il n’y en avait qu’une moitié. L’objet pour nous, c’est trop. Nous ne pouvons pas l’atteindre. Ce n’est pas faute de faire des efforts pour y parvenir : cinéma, stéréoscopie, holographie ne sont que des petits progrès. Pas plus que toutes les activités humaines, la photographie n’est objective. Je me souviens des photos présentées à la une des quotidiens parisiens en mai 68. Le même CRS, le même étudiant. Sur l’une, le CRS frappe le jeune à terre. Sur l’autre, l’étudiant se rebiffe et le CRS bascule. Où était la vérité ? Et le titre, étalé sous la photo, était-il objectif ? 

 En politique, on a tenté le face à face. Ce n’est qu’un pis aller. S’il y a dix-sept candidats, on ne pourra jamais les opposer, sinon dans un brouhaha indescriptible. Il suffit parfois de n’en entendre qu’un pour se faire une idée. Mais il en reste seize. 

 Etant un auditeur assidu de la radio depuis des années, j’ai eu le temps de me faire une opinion sur ce beau métier qui consiste à informer les gens. Ne sont-ils pas admirables ces femmes et ces hommes qui dès potron-minet vous donnent les nouvelles du monde ? Ils sont moins admirables quand ils ne vous les donnent pas. Car le mensonge le plus courant qui plane sur les ondes est le mensonge par omission.  Pour ce faire, ils ont de l’expérience et du doigté nos journalistes. Ils vont nous faire tout un pataquès d’une petite phrase d’une nullité exemplaire lâchée par un homme politique, et se taire sur des événements d’importance. Au point que si on savait tout ce qu’on nous cache, on serait plus savant qu’en écoutant ce qu’on nous dit. 

 L’objectivité ! Un monstre fabuleux à tête de lion, corps de chèvre et queue de dragon qui vomit des flammes (1). Personne ne peut avoir une vision objective de la situation, sauf un dieu qui serait partout à la fois, qui verrait tout, qui saurait tout. Je me demande bien à qui il accorderait son suffrage. 

 Déjà qu’un homme n’a pas les mêmes pensées selon qu’il est en pyjama ou en costume de ville, comment voulez-vous que deux personnes différentes aient la même vision du monde ?

La pomme, l’objet si vous préférez, en politique, serait de savoir ce que le prochain président va faire dans les cinq ans qui viennent. Las, nous ne savons que ce qu’ils nous disent qu’ils vont faire. Chacun est renvoyé à lui-même, à la position de ses pieds, à sa condition sociale, à ses convictions, et parfois aussi à son désenchantement. 

 Comment voulez-vous qu’un petit exploitant agricole qui parvient à peine à nourrir sa famille, comment voulez-vous qu’un chômeur ou un travailleur en situation précaire se dérangent un dimanche matin pour donner leur voix à un président candidat qui revient d’Europe en disant que tout va bien se passer ?

 Comment voulez-vous que le patron milliardaire d’une firme multinationale accorde son suffrage à un candidat socialiste qui, comme son nom l’indique, va exproprier les capitalistes,  redonner du travail à trois millions de chômeurs, et redistribuer à 65 millions de français  les richesses éparpillées à Monaco, au Luxembourg et dans les paradis fiscaux ? 

 

§ 

(1) chimère ; © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001