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29/05/2015

A force de dénigrer le passé, saura-t-on conjuguer au futur ?

 

 Vous pouvez aligner tous les arguments (du verbe latin arguere, supin argutum au sens primitif de: indiquer, expliquer; dérivés: arguments, arguties) de la ministre (se rattache au latin minor, minus et au substantif ministrum dont le sens primitif est: inférieur, serviteur, qui agit sous les ordres d'un maître) en faveur de la suppression de ces options, ils ne valent rien en comparaison de ce constat : dans l'esprit (du latin spiritum, souffle et âme, rattaché au verbe spirare, souffler, d'où viennent les composés aspirer, respirer, soupirer, expirer, inspirer, transpirer, conspirer = respirer ensemble) de la plupart d'entre nous les langues anciennes sont mortes et bien mortes, elles n'ont même pas l'intérêt (du latin esse, interesse = être au milieu de, participer à, d'où le substantif français = part prise à un fait dommageable ou profitable) que peuvent offrir les tablettes mésopotamiennes ou les hiéroglyphes (du grec hieron, sacré, et gluphê, gravure) égyptiens qui sont beaux à regarder le dimanche au musée ou les peintures rupestres (du latin rupes, rocher) qui font la richesse du patrimoine (du latin pater, père, d'où viennent paternité, paternel et patrimoine = bien des pères, comme patrie qui est le pays des pères, d'où patriote, compatriote...) artistique national. Nos enfants ont déjà du mal à apprendre le français et quelques rudiments (du latin rudem = grossier, novice, d'où rudesse, rudoyer; le dérivé rudimentum a le sens d'apprentissage, d'où rudimentaire; au contraire l'é-rudit est celui qui est dégrossi, instruit) d'anglais, à quoi bon aller les em... (du latin in = préfixe qui marque situation et pénétration et merda = matière fécale, au sens figuré = chose méprisable; s'emmerder revient à s'ennuyer, s'embêter. Le Robert cite Maurois: "On s'emmerde ici. Si on allait dans une autre crèmerie ?) à baragouiner (origine douteuse peut-être bretonne, de baragouin = langage peu intelligible) dans des langues qu'on ne parle plus en Grèce ni même dans les églises françaises! A l'heure où le short message service se substitue peu à peu à la langue de Molière, il faut se rendre à l'évidence : la prime est à l'efficacité. Nous vivons dans la société de communication, nous devons nous faire comprendre vite et bien. Il est plus convenant de taper: je suit las dans 5 munite (du verbe latin minuere d'où minutum, subdivision de l'heure) que d'écrire: Quand pourrai-je passer un moment avec toi? Imaginez la même phrase interrogative rédigée sur papier, plié dans une enveloppe timbrée au plus cher, ce n'est pas dans les 5 munite que le texte parviendra à votre interlocutrice, mais quarante huit heures après votre arrivée chez elle. 

 Nous avons changé d'époque c'est un fait. Mais ce qui est insupportable, c'est qu'à la moindre occasion on vous le fait comprendre. Si vous ne courez pas dans tous les sens, si vous ne sautez pas sur tout ce qui brille, tout ce qui sort, tout ce qui twitte, si vous n'avez pas votre tronche sur facebook, certes on ne vous fera aucun mal. Vous aurez droit à un sourire, allez vieux, il faut vivre avec son temps. 

 Mépris du passé. Qui ira aujourd'hui se plonger dans la lecture des grands auteurs? Par contre, on va faire des recherches généalogiques laborieuses pour savoir si l'aïeulle était mariée à un marchand de vin qui a encore son nom sur les bouteilles mais ce n'est pas la même orthographe, sujet controversé dans les réunions de famille. On commémore de plus en plus avec lassitude. Les mêmes qui au siècle dernier encore soutenaient que la vie avait commencé six mille ans avant nous et célébraient et célèbrent encore la naissance, la souffrance, la mort et la résurrection d'un homme dont on ignore s'il a existé un jour, les mêmes se lassent de commémorer l'armistice, le débarquement en Normandie, l'un d'entre eux avait même osé: il faudra bien qu'un jour on cesse de montrer en boucle à chaque occasion toutes ces horreurs. Il parlait de la Shoah (de l'hébreu : catastrophe). Ces horreurs! Massacre voulu, programmé d'un peuple. Classé avec d'autres mauvais souvenirs dans la poubelle de l'histoire. Horreurs, aussi horribles que les victimes de la faim dans le monde, du dernier tremblement de terre, des tués de la route. Horreurs! Euphémisme terrible. Du préfixe grec eu (= bien) et du verbe grec phanai (= parler), bonne parole, qu'on peut traduire par "parole de convenance", c'est très à la mode aujourd'hui de dire non ce qui est, mais ce qui convient. 

 Et voilà ce qui me met en rogne (origine inconnue): avec notre histoire, on met de côté les principes, la justice, le droit, les politesses, le respect, la grammaire, le grec ancien, le latin, la langue française. Bientôt peut-être aussi les Lumières. On ne pense plus. A quoi ça sert ? La philosophie ? Non mais regardez un peu ces coupeurs de cheveux en quatre ! 

 Pauvre enfant, s'ils n'avaient pas existé les philosophes, ces intellos comme tu les nommes, tu ne serais pas là aujourd'hui à couvrir le monde du manteau de tes préjugés, mais peut-être marchand d'esclaves sur le quai d'un grand port, à Nantes ou à Liverpool. Ou esclave toi-même. 

 Toi que cela fait sourire de me voir introduire à deux mains et avec difficulté une pellicule (latin pellicula, de pellis = peau) dans mon appareil photo (du grec phôs = lumière et graphein = écrire et dessiner, la photographie est l'art d'écrire avec la lumière) toi qui mitrailles à tout va, l'oeil sur écran, toi qui pixelles (origine inconnue) jusque dans les moindres détails, toi qui mets le monde entier dans une boîte, as-tu encore une idée de son existence ? Du rôle qui est le tien, de ce que tu as le pouvoir de faire pour que cela change, pour sauver ce qui peut l'être encore? Ad honores.

 

ENVOI (hier en commentaire sur page d'accueil au rayon actualités, ce n'est qu'un extrait):

 

"Arête de faire le pandi panda parlé Français te pas 1 ministre de la France au moins en apparence e commence a nettoyer a lintérieur de la France tu fait qua a la place de faire de crise de névrose on est pas des chiens et se normal de pas être pour ta politiques des nul (...)"

 

J'ai remarqué que la France avait droit à une majuscule. Tout n'est pas perdu. 

 

§

 

 

 

 

19/05/2015

Sauver l'école

Message reçu de SOS éducation:

 

A l'entrée en sixième, 20% des élèves français sont touchés par l'illettrisme, et 30% ne maîtrisent pas les bases des mathématiques. Dans certains territoires, les professeurs ne parviennent plus à transmettre l'histoire de notre pays et ses valeurs. Sur ce terreau d'ignorance, la violence et le fondamentalisme progressent. L'heure est au plus large rassemblement pour relever l'Ecole.

 

soseducation.org/pple2015

 

10/05/2015

Hommage à Jacqueline de Romilly

 

Je me rappelle les propos de Jacqueline de Romilly. C'était à la télévision il y a plus de dix ans, un débat avec des enseignants et des spécialistes de l'éducation. L'idée générale était qu'il fallait ouvrir l'école sur la vie. Une intervenante institutrice faisait part de son expérience. Afin qu'ils fassent mieux connaissance, elle promenait ses élèves dans les quartiers environnants, où chacun pouvait présenter son chez soi, ce qui était beaucoup plus convivial que ces curriculum vitae impersonnels vite étalés sur une demi-feuille de papier d'écolier. 

 Jacqueline de Romilly eut cette répartie que ce n'était pas le rôle de l'école de promener les élèves jusque chez eux, mais que l'école elle-même était un détour, un détour nécessaire, une distance obligée vis à vis de la vie quotidienne, des habitudes, surtout des préjugés et des croyances qui ont l'ignorance pour origine. Ce "détour" était pour elle la condition de l'apprentissage, de la bonne éducation. Pour apprendre, il faut s'écarter, s'isoler, presque s'évader, oublier, s'efforcer d'oublier les soucis quotidiens, et cela encore n'est rien, mais oublier d'où l'on vient, pour employer un mot à la mode: mettre sur le côté sa propre culture. C'est toute l'oeuvre du pédagogue de prendre en compte la personnalité, la situation des enfants qui lui sont confiés, afin de les tirer vers le haut, de les mettre en contact avec les connaissances humaines, ces belles choses que ni la rue, ni les copains, ni la télévision, ni internet ne leur permettront d'entrevoir, et pour une majorité d'enfants, ces belles choses que leurs propres parents ne leur transmettront jamais, parce qu'eux-mêmes l'école les avait oubliés. 

 Depuis quelques décennies, l'éducation nationale prend le chemin inverse. Elle se met au diapason de la société, des façons de vivre, des milieux sociaux, des origines ethniques, des religions. Si peu de personnes s'inquiètent de cette situation, c'est que cette dérive se fait au nom de la démocratie, disons plutôt du démocratisme qui est devenu le laisser passer du politiquement correct. Mettre l'éducation au niveau de tout le monde, ce qui revient à dire au niveau le plus bas. On mettrait tous les salaires au niveau du SMIC, on provoquerait instantanément l'insurrection. Quand il s'agit d'éducation, cela ne choque que très peu les associations de parents d'élèves et les syndicats d'enseignants. Supprimer les options de grec ancien et de latin, peu leur importe, ce sont des matières pour les gosses de riches. A ce propos, il serait bon de savoir dans quelles écoles nos démocrates à tout prix confient leurs enfants, j'ai du mal à croire que le grec ancien, le latin et d'autres matières "élitistes" désertent du jour au lendemain le territoire national. L'ignorance démocratique et la mixité sociale c'est bien, mais pour les autres. 

Pour mener à leur terme ces réformes, il manquait encore quelque chose: mettre fin au caractère national de l'école. C'est logique. Comment voulez-vous adapter l'enseignement à tout le monde quand on sait à quel point le monde est lui-même disparate ? Et nos bobos, la bouche en cul de poule de nous dire que cela est très bien, que nous sommes tous différents, et qu'il faut respecter les différences. Que nous sommes tous différents, certes. Mais qu'il faut respecter les différences, c'est aussi ce qu'aurait pu défendre le seigneur par rapport à ses serfs, le capitaliste par rapport à ses ouvriers, le marchand d'esclaves par rapport aux êtres humains enchaînés qui traversaient l'Atlantique à fond de cale. Le respect de la différence n'inclut pas nécessairement celui de la bêtise et de l'ignorance. Encore moins celui de l'inégalité sociale. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. L'éducation ne sera pas la même selon le quartier, le département, la ville ou la campagne. A commencer par les programmes scolaires qui ne seront plus nationaux, mais adaptés à chaque situation. 

Nous sommes loin du détour évoqué par Jacqueline de Romilly. Prétendant ouvrir l'école sur la vie, on la livre à l'opinion publique, aux communautés, à l'humeur des uns et des autres. Les gens qui nous gouvernent, comme les smartphones, feront de nos enfants des hommes et des femmes qui seront au courant de tout et qui ne sauront rien.

 

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