29/11/2011
bip bip bip biiiiiiiiiip
Je clignote de partout. En vert en rouge en jaune.
Je fait bip bip bip, parfois même un long biiiiiip.
Je lance des éclairs même en plein soleil.
On me manipule par tous les bouts avec une dextérité incroyable
Tout en faisant autre chose
en téléphonant
en bavardant
en riant
en mangeant
en buvant
en mâchant
en fumant
Quand on me touche je suis content je m’allonge
Il m’arrive aussi de ne pas bouger, je reste tout petit dans la poche.
On me fait avaler une pilule
Et je frémis
Je vibre
Je ne me contrôle plus
On me tient fermement et je me lâche
Qui suis-je ?
Le nouveau système compact de chez Xuyangsong.
Il délivre des millions de pixels à la demande. A manipuler avec précaution, car il peut produire des photographies. Bien que cela ne soit pas sa principale fonction. L’objet ne manque pas de charme, on peut l’exhiber en pendentif, mais surtout ne faîtes pas l’erreur de l’acheter, dans quelques jours il sera dépassé. Dans les cartons de Suantiyong est en train d’éclore son concurrent : mêmes performances et trois fois plus petit et léger. Il sera porté en boucle d’oreille. Les espions russes sont sur le coup.
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19:32 Publié dans Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : appareil numérique, bip, biiiiip, pixel, boucle d'oreille
24/11/2011
Cette race d'humains au courant de tout
Nous visitions le musée de Descartes lorsque je tombai sur cette phrase d’Habermas:
« La force libératrice de la réflexion ne peut être remplacée par un déploiement de savoir techniquement utilisable. »
Vous rendez-vous compte ? Cela fut écrit en 1919. Je n’en changerai pas un mot aujourd’hui. La technique qui était un art est devenu un procédé, une façon de faire, un mode de production. Elle nous apporte un tel confort, elle rend la vie tellement plus facile qu’il serait fallacieux de s’en prendre à elle, de clamer son inutilité –tout en profitant secrètement de ses avantages. Je suis à l’instant même assis devant un écran sur lequel apparaît ce que j’écris, disparaît instantanément ce que j’efface, écran planté sur un appareil qui garde en mémoire et pour l’éternité la quintessence de mes pensées brumeuses il est 8 heures du matin. Pour l’éternité ? C’est encore à prouver et ce n’est pas demain la veille, par définition.
Nous sommes envahis par la technique. Et le plus grave, c’est qu’on la confond avec le progrès. On oublie facilement qu’elle n’est qu’un moyen. Une commodité permettant de parvenir mieux et plus vite à ses fins. Si c’est pour libérer des personnes de l’esclavage domestique, si elle permet de secourir plus vite et jusqu’au bout de la terre des populations en péril, si c’est pour soulager, soigner, éduquer, certes. Mais elle permet aussi bien d’autres choses négatives.
Le déploiement du savoir, il est partout. De quelque côté que je me tourne, je rencontre des gens qui savent tout sur tout. Sur les taux de remboursement, les déclarations à faire aux assurances, le choix d’un avocat, s’il fera beau demain, si la crise va s’aggraver, s’il y a un dieu, si c’est le jour des poubelles, et de quelle couleur, si le prix du gasoil va encore grimper, si les centrales vont résister au prochain séisme, s’il y a de la vie ailleurs dans l’univers, si Josette sort avec Marc Antoine, si untel vote pour untel, et tout cela est dit sur un ton qui ne supporte aucune contestation, même pas une question. D’ailleurs le temps pour répondre est passé, Jesaistout a disparu, retourné prestement à ses affaires de haute importance. Et vous restez planté là, ébaubi, vous demandant si toutes ces années passées sur les bancs de l’école vous ont servi à quelque chose. Oui, vous n’êtes qu’un ignorant, né trop tôt dans un siècle où les savants n’avaient pas encore pris le pouvoir.
Les savants ! Cette race d’humains qui sont au courant de tout. Au courant, cela leur va bien, car aujourd’hui tout fonctionne sur piles. Coupez le courant, il n’y a plus personne. Plus d’émissions abêtissantes radio et télé, plus de mercure dans les nappes phréatiques, plus d’électrocutions, les gens se remettraient au sport et pas seulement le dimanche matin, en allant pomper à la main chez Total pour ravitailler leur automobile, il y aurait moins de monde sur les routes.
Les petits métiers renaîtraient. Celui de photographe. La jeunesse découvrirait la beauté d’un bromure, et même celle en négatif d’un cliché treize dix-huit, portrait, paysage, nature morte. Et peut-être se remettrait-on à peindre, à dessiner, à écrire. Oui, je me mettrais à écrire avec un crayon ou une plume. Et vous ne seriez pas devant cet écran, mais plongé dans la lecture d’un livre beaucoup plus passionnant que la ritournelle de mes élucubrations.
Quelle belle formule : « La force libératrice de la réflexion » ! Mais quand je vois ce chef de famille qui sait tout sur tout et qui impose le silence à sa femme, je ne me demande plus si le savoir est libérateur. Et pourtant, en réfléchissant, je me dis que la vie de Jesaistout est plus facile, et je l’envie. Pour elle aussi c’est mieux, car elle profite du savoir faire de son héros qui sait évacuer les problèmes, faire les bonnes démarches, à qui s’adresser et de quelle façon. Il sait où faire les courses, où c’est moins cher, où l’on est servi plus vite. Il a dans la tête la carte des radars et ne se fait jamais prendre. Il n’a pas travaillé mieux ni plus que les autres, mais touche sa retraite à taux plein. Il a déjà planifié ses obsèques. Rien, absolument rien dans sa vie ne ressemble de près ou de loin à une surprise. Il ne s’embarrasse pas de questions. Et c’est cela qui fait le malheur de tant de gens. Ils s’interrogent.
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Habermas (Jürgen) (Düsseldorf, 1929), sociologue et philosophe allemand. Continuateur de l’école de Francfort, il entend intégrer la théorie critique dans une théorie de l’action, orientée vers un réformisme radical (la Technique et la Science comme idéologie, 1968; Morale et Communication, 1986).
© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001
20:41 Publié dans portraits | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : savoir, technique, savants, questionnement
19/11/2011
Zenit, appareil reflex 24x36 économique
Certes il a servi, mais ce fut un beau cadeau de la part d’un élève de l’école de photo. La gravure de son nom : « ZENIT B » sur la façade du prisme a disparu, et dans les angles, suite aux manipulations, le métal réapparaît : du laiton massif. Zenit c’était du lourd, du costaud. Moins peut-être pour la mécanique, surtout celle de l’obturateur un peu fragile. D’ailleurs sur le mien, j’ai beau tourner le barillet des vitesses, au moment décisif ça tourne toujours autour du 100°… Il suffit de le savoir, pour l’exposition, je ne m’occupe plus que du diaphragme, une sorte de semi automatisme à la sauce soviétique.
Miroir à retour éclair de dimension réduite, d’où une visée peu lumineuse et arrondie dans les angles façon écran de télé des années cinquante.
Monture 42mm à vis, objectif Industar de 50mm ouvert à 3,5, excellent piqué.
Retardateur, pose B, vitesses d’obturation (en sortie d’usine) de 1/30° au 1/500°.
Pour la mesure de l’éclairement, il faut faire confiance à l’instinct de l’opérateur, avec cet avantage que cela dispense d’utiliser des batteries chères et surtout dangereuses pour l’environnement. Donc, pour la prise de vues...
- plein soleil sur la plage ou la neige : 1/250° à f :16
- pleine campagne à midi par beau temps : 1/125° à f :11
- un nuage passe : on ouvre d’un cran (f :8)
- le ciel s’assombrit, il tombe quelques grosses gouttes : 1/60° à f :5,6
- le tonnerre gronde, l’orage se déchaîne : on range l’appareil dans son étui (en cuir) et on rentre
- à la maison sans flash (une horreur le flash), mais sous un bon éclairage ou près d’une fenêtre et pour le portrait d’enfants sages qui ne bougent pas (j’en entends qui ricanent) : 1/30° à grande ouverture !
La lentille frontale de l’Industar n’étant pas protégée, la mise en place d’un pare-soleil est indispensable.
Bon. Maintenant tenez-vous bien : cet appareil, boîtier + objectif + sac tout-prêt coûtait dans les années 70 le même prix que le pare-soleil d’un objectif de chez Leitz. Allez faire des photos avec un cylindre en caoutchouc…
Voici trois photographies du Château de Chenonceaux prises en avril 2004 (le rendu sur l’écran est désastreux, car je ne peux pas faire autrement que scanner les tirages…) au 100°de seconde (environ, voir plus haut) et à f :11. Film FP4 Ilford, 100 iso, Perceptol 1+3, 21mn. Tirages sur Ilfospeed multigrade 18x24.
12:09 Publié dans Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : appareils soviétiques, anciens appareils, zenit, industar