05/05/2011
Cessons d'ergoter sur les conditions de la mort d'une brute
Non mais écoutez-les ces délicats. Pas un pour relever l’autre. Et gnagnagna et gnagnagna, ils vont bientôt accuser les américains d’avoir commis un crime. « Il aurait mieux valu laisser la justice faire son oeuvre » Ah ? Je ne suis pas sûr que Ben Laden vivant traduit devant les juges aurait fait avancer l’esprit de paix dans le monde. Il était le chef d’une entreprise criminelle. Disparu ou pas, son entreprise a des admirateurs, plus qu’il n’en faut à l’échelle de la planète. Ces gens-là auraient vite fait de leur idole un martyr. A coup sûr il aurait eu des avocats, à commencer par ici, sur notre sol. Parmi ceux qui pleurnichent sur le sort des internés de Guantanamo, et se taisent sur celui des prisonniers politiques, poètes, démocrates ou homosexuels SUR LA MEME ILE à quelques kilomètres. Parmi ces gens qui ont, il y a quelques années, prénommé leur nouveau-né Oussama. Ces pacifistes italiens que j’avais croisé à Rome le jour de la grande manifestation qui portaient un écriteau : « Oussama ti amo ».
Aujourd’hui, il faut se rappeler les crimes commis aux Etats-Unis bien sûr, mais aussi en Asie, en Afrique, en Europe. Je me rappelle ce 12 septembre qui fut en France presque un jour comme un autre. Une minute de silence, quelques discussions sur les lieux de travail. Et encore faudrait-il évoquer le niveau des discussions. L’antiaméricanisme primaire et viscéral de beaucoup d’entre nous s’en donnait à cœur joie. Rien n’a changé ici. J’ouvrais hier l’Humanité. La même haine vis-à-vis du monde anglo-saxon, même si le stalinisme a mis de l’eau dans son vin, et n’évoque plus « l’impérialisme yankee ». Je résume en deux mots : la CIA a fabriqué un jour ceux qu’elle combat aujourd’hui. Tout est dit. Un seul et unique ennemi : l’Amérique (et ses valets, Royaume-Uni, la France de Sarkozy, j’allais oublier Israël…). Certes les auteurs des crimes sont les terroristes, mais comme ces derniers n’existent que par la faute des méchants impérialistes, si vous cherchez la cause de tous les maux de la terre, suivez mon regard. Et pardonnez à ceux qui vous ont offensés, ils ne savent pas ce qu’ils font, ils sont comme des marionnettes entre les mains de la CIA, du FMI, du Pentagone, de Bruxelles… et certains le pensent mais ne le disent pas : du complot sioniste international.
Je suis d’accord avec eux sur un point. Oh comme j’aurais voulu que Ben Laden soit jugé ! Comme j’aurais voulu que Franco soit jugé, et Hitler, et Pinochet, Staline, Honecker… Il reste encore un espoir pour Castro, je croise les doigts. On aurait appelé les peuples à la barre. Ce que je dis est idiot. Ils ne seraient pas venus les peuples, car ils ont d’autres chats à fouetter, à commencer par leurs dictateurs locaux, choses qu’ils font très bien dans des conditions difficiles où rien n’est encore gagné. Révolutions qu’ils pratiquent avec mesure sans jamais invoquer le nom de ce criminel de guerre dont ils n’ont rien, mais absolument rien à faire.
Une page est tournée, mais c’est encore un gros volume qui est entre nos mains. Mais s’il vous plait, je m’adresse à nos angelots d’ici, cessez de pleurnicher et de pinailler sur les conditions de la mort d’une brute et pensez un peu aux hommes encore vivants. Et à ceux qui devraient l’être encore.
22:36 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ben laden, terrorisme, crimes et châtiment
02/05/2011
Balle tragique au Pakistan: 1 mort
Ils vont dire que les Américains ne font que défaire ce qu’ils ont fait.
Ils vont dire que la mort d’un terroriste ne résout rien, qu’une menace pèse encore et toujours sur le monde.
Ils vont dire que le terrorisme ne puise pas sa force du fanatisme d’un chef, mais qu’il est une conséquence de la misère.
Ils vont dire que la mort de Ben Laden ne règle rien, car pour eux le terrorisme islamiste est la réponse du berger à la bergère, la réponse des peuples exploités et affamés du tiers-monde face à l’arrogance des riches impérialistes occidentaux.
Bref, ils vont dire.
Ce sont les mêmes qui, le 12 septembre clamaient que ce qui s’était passé la veille à New-York , « c’était bien fait ! ». D’autres ne le disaient pas, mais le pensaient très fort. Des livres ont été publiés qui dénonçaient une supercherie, affirmant que l’attentat du 11 septembre était une effroyable imposture des services secrets américains.
En Palestine, la foule criait sa joie, sous l’œil des caméras. J’entendis alors, tout près de moi, des propos étonnants. Que ces scènes de liesse n’auraient pas dû être montrées au public, car leur effet risquait de nuire à la cause palestinienne.
Trois mille personnes perdirent la vie ce jour-là, pour la plupart des travailleurs. Car le terrorisme islamiste ne s’en prend pas aux dictateurs, aux conducators, aux führers, aux Kadhafi et autres Castro. Il s’en prend aux peuples.
Ben Laden était la figure de proue d’une idéologie barbare dont l’objectif est la conquête du monde, par la charia, la mitraillette, les bombes, le fouet, la pendaison et les pierres. Il est mort. Cela nous permet de souffler un peu. De temps à autre les démocraties remportent quelques victoires. On ne va pas bouder notre plaisir.
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14:25 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : islamisme, terrorisme, ben laden
05/11/2010
Anarchistes ? Non. Terroristes.
Des groupes anarchistes envoient des colis piégés aux ambassades et aux dirigeants occidentaux. Apparemment les méthodes terroristes sont restées ce qu’elles étaient au début du siècle dernier quand ils déposaient des bombes au passage de l’Empereur de toutes les Russies. Mais justement, c’était le Tzar, Nicolas II, dernier représentant en Europe d’un régime absolutiste.
La tradition anarchiste n’est pas réductible au terrorisme, les anarchistes n’ont pas toujours été des poseurs de bombes. Bien au contraire, ils furent victimes de la violence policière ou militaire de régimes totalitaires. Nombreux et très actifs avant et pendant la révolution russe, ils n’ont pas survécu à l’instauration du communisme. Ils partagèrent le sort des socialistes et autres démocrates, ceux qui ne s’exilèrent furent liquidés. Les anarchistes espagnols furent les plus valeureux combattants du fascisme franquiste. La mort fut pour nombre d’entre eux le prix du courage, et ceux qui survécurent connurent en France les camps de transit, puis en Autriche, Mauthausen (1). Je pense à toi, Pedro.
En Russie, fantassins dans l’armée de Makhno (2) ou insurgés de Cronstadt, en Espagne membres des brigades internationales et fondateurs de collectivités paysannes, lâchement persécutés ou éliminés par les « tchékistes » (3), les anarchistes ne cachaient pas leur visage, et ne postaient pas de colis piégés. Ils combattaient ouvertement les dictatures dans l’espoir de donner le jour à une société plus juste, plus libre, plus égalitaire.
Les individus cagoulés qui en Grèce ou ailleurs s’en prennent aux ambassades et aux représentants des états occidentaux ne sont pas des anarchistes. Ils ont avec les islamistes un ennemi commun : la démocratie. Ces gens-là au pouvoir seraient les pires despotes. Ils ont oublié la maxime des pères fondateurs, ou peut-être ne la connaissent-ils pas : ni dieu ni maître. D’ailleurs, aucun colis piégé n’a été adressé au régime théocratique iranien où les ayatollahs sèment la terreur et menacent de faire exécuter Sakineh.
(1) Village d’Autriche, sur le Danube, près de Linz. Les nazis y installèrent de 1938 à 1945 un camp de concentration où périrent près de 120000 personnes. © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001
(2) Nestor Makhno : anarchiste ukrainien qui organisa militairement les paysans contre les armées blanches, avant d’être contraint à l’exil par le pouvoir bolchevik triomphant.
(3) « En Catalogne, l’élimination des trotskistes et des anarcho-syndicalistes a commencé ; elle sera menée à terme avec la même énergie qu’elle l’a été en URSS. » (Pravda du 16 décembre 1936, cité par Stéphane Courtois, Le livre noir du communisme, crimes, terreur, répression, Robert Laffont, p.478)
19:18 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anarchisme, terrorisme, despotisme, russie, espagne