Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/01/2011

Dieu oui, OVNI non !

 

 Au bureau, dans les réunions de famille, dans la sphère politique, les émissions télévisées ou radiophoniques, les mots « objets volants non identifiés », le mot « extra-terrestres » provoquent des ricanements. Au mieux, collègues, convives, candidats aux élections, toutes personnalités confondues changent de sujet et abordent… les choses sérieuses 

 Etonnant, non ? Car ces gens qui ricanent et qui sont parfois des scientifiques, n’esquissent pas le moindre sourire quand ils entendent que l’homme est né de la poussière et d’un souffle divin, qu’une côte a suffi pour concevoir une femme, qu’un homme a vécu 969 ans, qu’un dieu peut enflammer un buisson, qu’il peut dicter sa loi du haut d’une montagne, qu’un peuple entier peut traverser la mer sans se mouiller les pieds. Certains de ceux qui ricanent croient aux apparitions, aux guérisons miraculeuses et se déplacent par millions, quelquefois à genoux sur des lieux de pèlerinage. 

 Ils croient en Dieu, au Diable, aux Miracles, à l’Immaculée Conception, ils tiennent comme certain qu’un homme a pu ressusciter, ils espèrent le Paradis et craignent l’Enfer, ils croient aux anges et nous prennent pour des illuminés quand on suggère la possibilité d’une vie extra-terrestre ! 

 Ce qui m’amuse, c’est que des Bruno, des Copernic, des Galilée, des Darwin ont bien fait rire à leur époque (eux ont moins ri). La rotation des astres et la théorie de l’évolution ! Non mais pis quoi encore ? Pourquoi pas d’autres galaxies ? D’autres systèmes planétaires ? D’autres formes de vie ?  

 Sur les sujets comme l’apparition de la vie ou l’évolution de l’homme, il est rare aujourd’hui d’entendre un scientifique parler vrai. Je rectifie : parler librement. Comme dans tous les domaines de la vie publique, la pression religieuse est perceptible. Dans des écoles de banlieue, des professeurs d’histoire et de sciences doivent modérer leurs propos sur les sujets sensibles, ceux qui risquent de révéler deux choses :  

 1/ le caractère purement imaginaire de la belle histoire de la genèse ; 

 2/ le rôle néfaste joué par l’obscurantisme religieux dans l’histoire humaine.  

 Il faudrait –le but étant de contenter tout le monde- ne pas faire de vagues(1), faire de la science un nébuleux méli-mélo œcuménique qui expliquerait tout et rien du tout, mais ficherait la paix à tout le monde. 

 Le seul questionnement toléré est celui du sens. Ah ! le sens… la quête du sens de la vie. Voilà l’important. Rien de tel pour exclure la raison de l’activité intellectuelle et pour replacer la foi sur son trône. Et les religieux sont bien placés pour invoquer le sens de la vie, eux qui dans le passé et encore aujourd’hui prennent si peu en considération la condition humaine. Est-il besoin d’en donner des exemples ? 

 Si la science et la philosophie n’ont jamais répondu au pourquoi des choses, on ne peut pas leur reprocher d’avoir escamoté le comment. Ce qui inquiète aujourd’hui, c’est que parmi les penseurs de ces deux disciplines se développe un langage ouaté, compatible avec les croyances, qui refuse tout débat qui pourrait mettre à nu la sottise religieuse. 

 Ce langage ouaté, feutré, molletonné, capitonné, amorti, étouffé, édulcoré, omni-compatible et doux à l’oreille et qui passe merveilleusement bien sur toutes les ondes, un grand, un digne seigneur de la science l’avait fait sien il y a bien longtemps.  

 Devant l’Inquisiteur, un homme à genoux pose sa main sur les Ecritures saintes.

 

« Moi, Galileo Galilei, fils de feu Vincenzo Galilei, Florentin, âgé de soixante-dix ans, constitué personnellement en jugement, et agenouillé devant vous, éminentissimes et révérendissimes cardinaux de la république universelle chrétienne, inquisiteurs généraux contre la malice hérétique, ayant devant les yeux les saints et sacrés Evangiles, que je touche de mes propres mains ; je jure que j’ai toujours cru, que je crois maintenant, et que, Dieu aidant, je croirai à l’avenir tout ce que tient, prêche et enseigne la sainte Eglise catholique et apostolique romaine; mais parce que ce Saint-Office m’avait juridiquement enjoint d’abandonner entièrement la fausse opinion qui tient que le soleil est le centre du monde et qu’il est immobile; que la terre n’est pas le centre et qu’elle se meut ; et parce que je ne pouvais la tenir, ni la défendre, ni l’enseigner d’une manière quelconque, de voix ou par écrit, et après qu’il m’avait été déclaré que la susdite doctrine était contraire à la Sainte Ecriture, j’ai écrit et fait imprimer un livre dans lequel je traite cette doctrine condamnée, et j’apporte les raisons d’une grande efficacité en faveur de cette doctrine, sans y joindre aucune solution ; c’est pourquoi j’ai été jugé véhémentement suspect d’hérésie pour avoir tenu et cru que le soleil était le centre du monde immobile, et que la terre n’était pas le centre et qu’elle se mouvait.

 C’est pourquoi, voulant effacer des esprits de Vos Eminences et de tout chrétien catholique cette suspicion véhémente conçue contre moi avec raison, d’un cœur sincère et d’une foi non feinte, j’abjure… » (2)  

 

(1) C’est le terme employé par un responsable de l’éducation nationale en réponse à un professeur qui se plaignait du chahut provoqué dans ses classes par des élèves qui n’admettaient pas certaines explications incompatibles avec l’enseignement du Coran ;  

 (2) cité par Serge Cosseron.- Galilée, 22 juin 1633, La science en procès, éd. Acropole, 2001, pp.145-146 ;

 

25/01/2011

Jacqueline de Romilly nous a quittés...

 

...en lisant son livre La Grèce antique à la découverte de la liberté resté fermé dans ma bibliothèque depuis des années, je recopie ces lignes d’une actualité brûlante :  

"Peut-on nier qu’un régime a finalement le sort que lui préparent les gens chargés de l’éducation de tous ? Cette idée est évidente mais trop souvent perdue de vue. (…)

 Isocrate a dit que le régime politique était « l’âme » de la cité. Il a aussi dit : « Ce n’est pas par les décrets, mais par les mœurs que les cités sont bien réglées » ; l’obéissance aux lois, enfin, dépend moins de la façon dont elles sont rédigées que des habitudes morales léguées par l’éducation." 

Jacqueline de Romilly.- La Grèce antique à la découverte de la liberté, Editions de Fallois, Paris 1989

 

23/01/2011

Qui divise les hommes...

 

 …les libres penseurs ? Les athées ? Les humanistes ? Certainement pas. Et pas plus les croyants de bonne foi –il y en a- j’entends ceux qui pratiquent leur religion sans prescrire quoi que ce soit concernant la conduite des autres.

 Respecter la diversité du monde, d’accord, et même s’en réjouir. Mais pas la diversité de la bêtise. Et sans la bêtise humaine, les religions ne seraient jamais sorties d’où elles viennent, du cerveau de quelques illuminés assoiffés de pouvoir. Depuis le premier sorcier qui a prétendu lire dans les étoiles ou les entrailles des animaux, jusqu’aux papes et ayatollahs qui prescrivent comment il faut vivre, comment il faut mourir, les religions n’ont pas cessé de pomper l’air à l’humanité.

 Cette fameuse diversité culturelle tant vantée aujourd’hui, dans leurs livres sacrés les doctrines religieuses n’y font pas allusion car elles disent toutes la même chose ou à peu près : qu’il faut courber l’échine, suer pour survivre, accepter l’injustice car les derniers seront les premiers, accoucher dans la douleur, fermer les yeux face à la propagation des maladies sexuellement transmissibles, supporter jusqu’au bout et quel bout les souffrances des maladies incurables, voiler la moitié de l’humanité, exciser les petites filles, fermer les écoles, la liste est longue.

 Les références au multiculturalisme, au respect de la diversité culturelle n’ont rien à voir avec une philosophie aux couleurs d’un humanisme moderne, qui serait animée par l’ « amour du prochain ». C’est un cache-sexe. Une façon de dissimuler notre trouille face à la montée des périls. Une reculade. Une idéologie perverse qui justifie toutes les faiblesses de la république, la mise en cause de la laïcité, de la neutralité de l’éducation, des droits de la femme, qui tolère les prières massives dans l’espace public, la nourriture hallal dans les restaurants, qui concocte des menus particuliers dans les cantines scolaires, qui peut-être bientôt justifiera la polygamie comme une coutume respectable car venue d’ailleurs.

 L’appel béat à la reconnaissance de la diversité culturelle n’a rien avoir avec l’humanisme, pas plus qu’avec l’antiracisme. C’est le renoncement, l’abdication. C’est livrer la république une et indivisible au communautarisme. Dans la situation actuelle d’un islam de conquête, c’est mettre en cause ce que nos parents nous ont légués dans le domaine du droit, des libertés et de la démocratie.

 Et pensons aussi à nos soeurs et nos frères arabes, iraniens, indonésiens, africains, indiens, pakistanais qui, pour cause religieuse, n’ont pas droit eux, à la reconnaissance de la diversité des cultures.