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31/01/2012

Sans alcool, sans tabac... Non, sans rire ?

 

 Taille moyenne, bedonnant. Je n’oublie pourtant jamais mon petit quart d’heure de sport le dimanche matin avant la messe. Je n’y assiste que lors des grandes occasions, mariages, baptêmes, enterrements. Mais les choses sont ainsi, je suis de retour avant les cloches. Par principe. Quelques foulées pour éliminer le surplus de calories acquises la veille car je suis bon vivant. Pour entretenir les relations, mais sans alcool ou très peu, et surtout sans tabac. Je surveille ma santé. Aussi celle des autres qui m’énervent, ceux qui empestent l’atmosphère en soufflant leur fumée à la terrasse des cafés où je ne mets jamais les pieds sauf pendant les congés, et toujours en famille.  

 Je ne me mélange pas. Mes enfants sont placés dans une bonne école qui coûte très cher, mais pour éviter les mauvaises fréquentations, je suis prêt à tous les sacrifices. Mon épouse fait les déplacements matin et soir dans sa petite voiture, et s’attarde longuement à converser avec les parents des autres. Elle a l’oreille fine, en apprend beaucoup. Entre gens du même milieu, c’est bien agréable d’échanger les mêmes idées. 

 Bien installé à mon poste, mon travail m’accapare. Au bureau tout va bien, autant dans les rapports avec mes collègues qu’avec les chefs. Au syndicat je consulte régulièrement le délégué pour me faire expliquer chaque ligne de mon bulletin de salaire. Pour poser des questions, j’en pose. J’aime bien être au courant de tout. En droit du travail je suis incollable. Au centime près je sais combien je toucherai au jour de la retraite. Et pas seulement. J’ai déjà tout prévu : le lieu, la maison de campagne, la couleur des volets. 

 Nos enfants se couchent tôt, après les devoirs et un dîner léger. Une petite exception le mardi soir, en fonction des résultats scolaires ils ont droit à la télé et choisissent eux-mêmes en totale liberté de regarder un film documentaire sur une chaîne éducative. Ils sont trois. J’avais déjà connu deux fois mon épouse. Par souci de l’avenir du pays et pour les allocations, le troisième s’est imposé à nous. Je mentirais en disant qu’il ne fut pas conçu avec un certain plaisir. Chez nous, l’amour est sans tabou, sans excès non plus. Le mardi soir entre dix-huit et dix-neuf heures quand les gamins sont au judo. Le vendredi après-midi pendant les RTT, sauf quand l’école est en grève. Un petit plus parfois, quand ça nous prend le dimanche soir, par inadvertance. Bref, pour la santé pas de soucis, d’ailleurs le docteur nous l’a bien dit, ni trop ni trop peu, et vous vivrez jusqu’à cent ans.

 Toute mon existence est contenue dans les limites du raisonnable. J’ai des opinions politiques, et ce sont les bonnes. Je ne me suis jamais trompé. Je vote toujours pour le gagnant. Jamais d’écart, de retard, d’éclat de voix, de gros mot. Encore moins de surprise. Quand il m’arrive de rire, c’est parce que tout le monde rit, ou par respect pour mon interlocuteur, pour faire plaisir. L’humour n’a pas sa place dans mon univers. Je suis collé à la réalité comme le coquillage au rocher. L’humour suppose un détachement, c’est comme un pneu crevé, ça vous fait perdre la trajectoire, porte ouverte sur l’imprévu. Et l’imprévu, c’est les emmerdements. 

 Sur ma tombe en marbre reconstitué, cernée de gravillons blancs égalisés, régulièrement il y aura des fleurs. Des épitaphes à notre collègue, à notre papa, à mon bien-aimé. Et tout en haut, sur le bord, si la lumière le permet : une petite croix, mais alors vraiment toute petite, en creux.  

 

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13:49 Publié dans portraits | Lien permanent | Commentaires (2)

26/01/2012

"L'élue manquait de sensibilité..."

 

 C’est le jugement du maire de la ville. Car cette femme, élue de l’arrondissement, ceinte de l’écharpe tricolore, a demandé à la mariée de retirer son foulard.  

 Pour l’avocat du couple ce fut « une atteinte à la liberté fondamentale qu’est la liberté de religion ». Une décision qui a créé « une humiliation lors de ce moment si précieux qu’est la célébration du mariage ». Il est demandé 50000 € de dédommagement faute de quoi un recours sera engagé devant la justice administrative.  

 Et encore, 50000€ ce n’est rien. Cette élue qui avait la prétention de défendre la liberté de la femme n’a pas compris que se couvrir la tête est un choix, libre de toute contrainte, signe que la femme est la gloire de l’homme. Comme le dit Paul : 

« Tout homme qui prie ou qui prophétise la tête couverte déshonore son chef. Toute femme, au contraire, qui prie ou qui prophétise la tête non voilée déshonore son chef : c'est comme si elle était rasée.  Car si une femme n'est pas voilée, qu'elle se coupe aussi les cheveux. Or, s'il est honteux pour une femme d'avoir les cheveux coupés ou d'être rasée, qu'elle se voile.  L'homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu'il est l'image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l'homme.  En effet, l'homme n'a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l'homme; et l'homme n'a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l'homme.  C'est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l'autorité dont elle dépend. »  (I Corinthiens 4-10) 

 Malheureusement les chrétiens n’ont pas maintenu la tradition. Les musulmans sont là pour faire respecter les vraies valeurs et remettre les choses et les femmes à leur place. Néanmoins il ne faudrait pas appliquer la loi religieuse avec trop de rigidité. Bon, une élue a commis un écart. Je rappelle qu’on est en république, la lapidation n’est encore pas pratiquée chez nous. On pourrait se contenter d’excuses publiques. Les anges nous pardonneront.

 

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23/01/2012

Après la mort de quatre de nos compatriotes...

 

 

…soldats de l’armée française en Afghanistan, partis et personnalités politiques s’accordent pour faire part de leur émotion, certains adressent leurs condoléances aux familles des victimes.  

 Mais quoi faire maintenant ? J’ai relevé les réactions de ceux qui tiennent le haut du pavé dans les médias, à l’exception de celles des porte-parole du gouvernement qui sont répétées dans tous les journaux : possible retrait anticipé, suspension des activités de formation de l’armée afghane, exigences formulées auprès des autorités pour assurer la sécurité des soldats engagés dans cette mission. Le point de vue officiel du pouvoir est pour le reste assez proche du commentaire du Figaro que je cite. 

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Parti communiste français, Paris le 20 janvier 2012 :

« Il aura donc fallu 82 morts dans cette guerre sans issue, ce fiasco militaire et politique pour que les autorités françaises posent la question d’un retour anticipé des troupes françaises. Le parti communiste exige que la France retire immédiatement et de façon accélérée ses propres troupes et agisse pour le retrait de l’ensemble des forces de l’OTAN. » 

Communiqué de Jean-Luc Mélenchon :

« Ce drame souligne plus que jamais l’absurdité de la situation. La France n’a rien à faire dans cette guerre américaine. Nos soldats doivent quitter immédiatement l’Afghanistan. Les gesticulations de Nicolas Sarkozy… » 

Marine Le Pen :

« Nous avons toujours été contre cette guerre en Afghanistan et nous avons à chaque fois déploré que des vies soient perdues dans la défense d’intérêts qui n’étaient pas les nôtres (…). La classe politique tout entière a voté pour l’envoi et le maintien des troupes… »

Marine Le Pen  estime « qu’il faut partir le plus rapidement possible. » 

Communiqué du NPA :

« Cette guerre a fait des milliers de morts parmi les civils afghans soit à l’occasion d’opérations militaires ou des bombardements des armées de l’OTAN. Les estimations du nombre de civils tués depuis dix ans varient entre 8000 et 17000. L’armée française a, en tout cas, participé à de nombreux massacres. Le NPA, qui était opposé à cette intervention militaire, exige le retrait immédiat des troupes françaises. » 

Lutte ouvrière, 20 janvier :

« Quel cynisme ! L’armée française, au côté de l’armée américaine, participe depuis onze ans à une sale guerre dont le seul objectif est la défense des intérêts de l’impérialisme. Ces grandes puissances s’apprêtent aujourd’hui à quitter ce pays –le départ des soldats français est d’ores et déjà programmé pour 2014 –après l’avoir dévasté en déversant leurs bombes et avoir causé la mort de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants.

 Alors les soldats français doivent quitter l’Afghanistan tout de suite ! Et cela n’effacera pas –hélas !- tous les crimes commis là-bas par l’impérialisme français. »

 

 Uniformité des réactions chez les extrêmes : sale guerre, sans issue, absurde, intérêts qui ne sont pas les nôtres, dévastation sous les bombes, OTAN et armée française coupables de massacres, milliers de morts, crimes de l’impérialisme. D’une seule voix, de Marine Le Pen à Lutte ouvrière, on réclame, on exige : le retrait immédiat des troupes. Point commun entre ces cinq commentaires : le terrorisme et les talibans ne sont pas évoqués.  

 Dans certains des commentaires suivants non plus, mais… 

…François Hollande :

« Je salue l’engagement et le dévouement, parfois poussés jusqu’au sacrifice ultime, de nos forces armées qui doivent être assurées de notre soutien. 

Je renouvelle ma volonté de retirer nos forces d’Afghanistan, le plus rapidement possible, au plus tard à la fin de l’année 2012, en concertation avec nos alliés. »

Le 22 janvier, François Hollande déclare que « il est temps de se désengager. » 

Eva Joly :

 « Je souhaite que l’ensemble de notre contingent militaire regagne la France le plus rapidement possible. Mais ce retrait ne doit pas se faire dans n’importe quelles conditions, et pour tenter de restaurer la stabilité dans l’ensemble de la région, je propose que la France, dès 2012, organise, avec ses partenaires européens, dans le cadre des Nations Unies, une grande conférence internationale sur l’avenir de l’Afghanistan, avec l’ensemble des pays voisins et partenaires. » 

Le Figaro :

« …l’armée et la police afghanes seront-elles capables de combattre l’insurrection après le départ des forces de l’OTAN ? (…) l’annonce d’un possible départ précipité des forces françaises pourrait accélérer les attaques des talibans, qui attendent que le sol afghan soit « libéré » des forces étrangères pour reprendre le pouvoir, au lieu de les freiner. »

 

 Les points de vue sont plus réfléchis. Ce sont des explications. Il n’est plus question de crimes ni d’impérialisme. Hollande parle même de dévouement, de sacrifice. On soutient les forces armées. Pour le retrait, on a le souci de s’accorder avec l’ensemble des alliés engagés. On est, avec Eva Joly sur le registre du souhait, retrait souhaité, dans le respect des partenariats, au niveau mondial. Le Figaro s’interroge même sur les conséquences dangereuses d’un retrait précipité. On notera que ce dernier commentaire est le seul à évoquer les attaques des talibans.

 

Marielle de Sarnez, invitée d’Itélé :

« Il y a dix ans, la France est allée s’engager en Afghanistan. Je pense que nous avons eu raison d’y aller. Il s’agit d’un des sujets les plus lourds de la sécurité dans le monde. Il y a un désengagement d’ores et déjà programmé (…) Lier un retrait anticipé à la survenue de quelque chose d’abominable est une interrogation. Je ne veux pas donner raison à ceux qui tuent. »

« Ce ne sont pas des décisions faciles à prendre. »

« La seule question que l’on doit se poser sur le fond est : « est-ce que notre présence là-bas est utile ? » Ce qu’a fixé Barak Obama comme cap de désengagement est une bonne chose. Il faut suivre un calendrier stratégique. » 

 On rappelle ici les origines de la guerre : la sécurité dans le monde, sous-entendu, l’Afghanistan, foyer du terrorisme islamiste. Les mots sont pesés, on croirait entendre la représentante d’un pouvoir en place. On s’interroge après ce nouveau drame, mais avec le souci, face à ceux qui tuent, de ne pas baisser la garde. C’est dit. Clairement. On reste donc dans le cadre de ce qui était convenu avec les alliés. On est loin, très loin des termes xénophobes de lutte ouvrière et Mélenchon (guerre américaine).

 

 Et puisque personne n’évoque la vie en Afghanistan, les changements dans la société…

…cet interview de Shukria Barakzaï, députée afghane et ancienne journaliste (La Croix le 13 janvier 2012) :

« Nous avons été laissées de côté pendant deux décennies (…) Nous étions même punies officiellement, publiquement, socialement, du simple fait d’être des femmes. La violence contre le genre féminin faisait partie de notre culture politique (…)

 La fin du régime taliban a donné aux femmes l’opportunité de montrer de quoi elles sont capables. Elles ont réintégré la vie sociale. Elles vont à l’école, siègent dans les ministères, à l’Assemblée (…)

 C’est vrai que beaucoup d’hommes politiques nous considèrent comme des pots de fleurs au milieu du décor. Il y a d’ailleurs toujours une femme au premier rang quand le président fait un discours public. Pourtant la réalité est bien différente : la population a une autre perception de ses élues.

 Il existe par exemple des districts qui sont seulement représentés par des femmes. Des gens votent pour elles, ce qui est un changement considérable. Le mouvement féministe progresse dans les consciences. La notion d’égalité gagne du terrain.(…) »

 

§ 

 

 Que les proches des victimes de ce crime sachent : ayant des enfants de cet âge, depuis ce jour je n’ai de cesse de penser à eux,  je comprends leur douleur.