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24/05/2017

Fachophobie

 



 On critique beaucoup le Front National. Ce qu’on oublie de dire, c’est qu’il accorde à peu de frais une bonne conscience à nombre de ses détracteurs. A peu de frais, car il suffit d’apparaître quelques minutes sur les pavés de Paris, d’élever la voix autour d’une table ou de cliquer au bas d’une pétition pour se donner des airs de combattant anti-fasciste.

 On réside à vingt lieues des zones de non droit, mais on clame autour du barbecue que tout le monde est très gentil, ou presque. Les femmes et les honnêtes gens se verraient interdire l’accès dans les commerces, les cafés et les quartiers qu’on les tiendrait pour menteurs ou identitaires.

 Bon, critiquer l’extrême droite est bon pour le moral du bourgeois tranquille dans son jardin. Il ne croit que ce qu’il voit, et comme il est loin de tout, à cent lieues du chômage, de la misère, de la détresse et de l’injustice, il est un révolté contenu, un insurgé rentré. S’il lui arrive d’être extrême, c’est dans la modération. Ses virulences sont rares mais démonstratives. Au-delà des idées, des convictions, plus forte que toutes les indignations, la bonne conscience écrase tout sur son passage à commencer par la conscience.

 Le fachophobe d’aujourd’hui est à l’anti-fasciste réel ce que le héros de Cervantès est au combattant anti-franquiste de 1936.

 


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11/05/2017

Les anciens et les modernes


 Je suis toujours étonné de voir les brocantes et vide greniers attirer autant de monde. Les choses qui nous restent du passé s’arrachent parfois à prix d’or. Un téléphone à manivelle d’avant-guerre à l’aide duquel on ne pourra communiquer avec personne coûte aussi cher et même plus que le premier smart phone venu qui vous transmet à la vitesse de la lumière le résultat électoral dans un village perdu aux antipodes. Le dimanche dans ma rue c’est un défilé des plus belles limousines et de cabriolets de prestige des années cinquante et soixante ou même d’avant guerre. Oui vraiment, des sculptures d’automobiles comme on n’en fait plus, quand au son des moteurs, qui n’a pas été sensible au ronronnement du V8 d’une Mustang ou d’une Simca Versailles ? On collectionne tout, des timbres poste et des pièces de monnaie jusqu’aux capsules – french touch oblige- et étiquettes de bouteilles, jusqu’aux boîtes de Camembert.

 Pourquoi ? Parce que ces choses nous rappellent le temps d’avant, un temps que nous regrettons ? Certainement pas quand on sait ce qu’ont vécu les plus âgés d’entre nous, ce qu’ont souffert nos parents. Alors ? Mystère, un de plus. A moins que ces choses nous ramènent à un passé reconstruit, modelé, peaufiné, revisité, un passé heureux dans l’ensemble simplement parce que c’est celui de notre jeunesse. Et la jeunesse, même en guerre, c’est encore la jeunesse. Et si les choses d’avant sont celles qui furent manipulées, conduites, usées par nos parents et nos grands parents, c’est bien nos tendres années qu’elles nous rappellent sur cet étalage hétéroclite qui fait dire à ces personnes : « Dis, ça ne te dis rien...? Maman les rangeait dans le placard de cuisine, on en avait huit et on s’en servait tous les jours ! »

 Pour en finir avec l’idée que c’était mieux avant, reconnaissons que ces choses ne sont aujourd’hui d’aucune utilité. Les belles automobiles du siècle dernier polluent énormément, sont peu confortables et dangereuses, sans ceintures de sécurité, sans renforts latéraux ni airbags, quand aux freins à tambours… Les beaux porte-plume ou stylographes ne sont trempés dans l’encre que pour épater nos petits enfants qui bientôt ne s’adresseront plus à leurs grands parents que par sms ou webcam. Le moulin à café accroché au mur restera un nid à poussière avant son retour peu glorieux en brocante, détrôné par ces bons grains moulus au bout du monde, qui gardent leur arôme en sachet sous vide.

 Aujourd’hui tout n’est pas toujours très beau, mais c’est efficace. Regardez la virtuosité avec laquelle des terroristes préparent et organisent un attentat à cinq mille kilomètres de distance, à l’aide d’un instrument ridicule de huit centimètres sur dix, épais comme un jeu de trente deux cartes. Une bombe peut être télécommandée et dirigée avec précision sur un objectif sans sacrifier la vie d’un pilote. La vie d’un garçon ou d’une fille peut être ruinée ou détruite par des messages anonymes et incontrôlables répandus sur Internet. L’informatique permet aujourd’hui à des milliers de corbeaux de nuire en restant impunis.

 Efficacité oui. Je vais prendre un exemple au hasard. Tenez : la photographie. Avant on pouvait mitrailler, mais Monsieur Kodak vendait le film très cher. Alors on s’appliquait, on se déplaçait, on composait, on cadrait, on mettait au point. Les plus perfectionnistes d’entre nous évaluaient la profondeur du champ de netteté, afin de mettre en valeur le sujet en rendant flou l’arrière plan, ou le contraire : en diminuant l’ouverture, paysage, groupe ou monument devenaient parfaitement nets de trois mètres à l’infini. Ensuite, il fallait travailler encore et encore, développer le film, tirer, agrandir sur papier enduit de bromure d’argent dans la semi obscurité. La feuille qui en sortait humide s’appelait une épreuve. Elle portait bien son nom. Le photographe fatigué et inquiet ouvrait le rideau. Inquiet comme on l’est quand on est responsable de tout. De n’avoir pas choisi le bon papier, la bonne gradation, d’avoir mal cadré sous l’agrandisseur, de n’avoir pas développé à fond. En examinant l’épreuve à la lumière du jour, l’observant sous tous les angles, à force on ne sait plus. La tenant par un coin, on la montrait à d’autres dont il fallait se méfier car pour les amis tout est toujours réussi. Comme la réussite vient rarement du premier coup, on se remettait à l’ouvrage, et un jour, satisfait, oubliant tout le reste, on montait l’épreuve, on l’encadrait. Comme il y a loin de la réussite au succès, on était blessé quand le monde passait à côté sans la regarder. Ou pire sans la voir. Que c’était dur ! Autant que jouer de la musique sans être écouté. Qu’écrire sans être lu. Que parler sans être entendu.

 Heureusement le progrès technologique a mis fin à ces turpitudes. Pour ne pas en louper une, on clique dix fois sur téléphone portable, et hop dans la poche. Le résultat on le montre aux amis entre fromage et dessert, en promenant un doigt bien gras sur un écran de cinq centimètres.

 C’est comme l’orthographe. Etymologiquement : écrire bien. Peu importe aujourd’hui les fautes, les adjectifs non accordés, les verbes mal conjugués, les mots atrophiés, Peu importe, du moment qu’on se comprend. A se demander d’ailleurs pourquoi on continue à écrire, pourquoi pas communiquer par signes et se dire qu’on s’aime par vidéo conférence ?

 Comme il est dur à supporter ce sourire sympathique qu’on vous adresse quand vous dîtes simplement que vous pratiquez encore la photo argentique, et qu’en grammaire il y a des règles à respecter. 

 Alors si c’est vrai que les brocantes attirent beaucoup de monde, on ne peut pas en dire autant des belles choses que nous ont léguées nos parents : la langue française, le goût de la belle ouvrage, le sens de l’effort, la signature apposée au bas de ce qu’on a dit ou de ce qu’on a fait.

 

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04/05/2017

Le Saliut-S

 


 Cet appareil 6x6 reflex mono objectif a été fabriqué en URSS dans les années 70. Il produit 12 clichés carrés de 55mm de côté sur une pellicule 120 (bobine à « gros trou »). 

saliut,appareils russes,kiev cliché M.Pourny

 Le Saliut est une copie de l’appareil suédois Hasselblad, autant par son aspect que par la technique employée : magasins interchangeables, viseur de poitrine, armement et entraînement du film par bouton latéral (manivelle sur l’Hasselblad). Une différence cependant, et de taille : l’obturateur est focal, à rideau métallique, alors que le modèle scandinave est équipé d’objectifs à obturateur central, solution qui présente l’avantage de la synchronisation au flash à toutes les vitesses, ainsi que la fiabilité et la précision dans les vitesses lentes. L’obturateur à rideau du Saliut a lui un avantage : ses objectifs sans obturateur sont plus abordables, le photographe pourra s’équiper, outre le standard de 90mm et sans dépenser des fortunes, d’un grand angle Mir de 65mm et d’un Jupiter de 250mm.

 Avec objectif de 90 et magasin, l’ensemble mesure 176mm de long, 105mm de haut et 110mm de large. Aussi lourd qu’un Pentacon six, il tient mieux en main si on utilise le viseur de poitrine, alors que le Pentacon, par sa forme de « grand » 24x36 est plus pratique en utilisant un viseur à prisme (à hauteur d’œil). L’image qui apparaît sur le dépoli –inversée gauche droite- agrandie en son centre (si nécessaire) par une loupe escamotable, est fine et lumineuse à pleine ouverture (f :2,8). Le miroir n’étant pas à retour instantané, la visée n’est possible qu’une fois l’appareil armé. En regardant le Saliut muni du dos magasin sur son flanc droit et en bas, deux minuscules fenêtres blanches indiquent que l’appareil est armé, rouges qu’il a été déclenché. Toujours veiller à ce que la couleur côté boîtier soit la même que celle côté magasin, en particulier quand celui-ci nouvellement chargé est associé au boîtier !

saliut,appareils russes,kievcliché M.Pourny

 L’armement et l’avancement du film sont couplés quand le magasin (chargé) est en place et que le volet protecteur du film est ôté. Il faut un tour complet du gros bouton moleté à droite du boîtier pour cette opération qui est moins facile qu’à l’aide d’une manivelle. En tirant ce bouton latéral vers l’extérieur (2mm) on peut régler les vitesses d’obturation de la pose B jusqu’au 1/1000° de seconde. Mais ce réglage ne doit et ne peut d’ailleurs être fait qu’après avoir armé l’obturateur ! Le bruit au déclenchement est plus sec que celui du Pentacon six, mais beaucoup plus discret que celui d’un appareil à retour instantané du miroir (type Pentax 6x7).

 La bague des diaphragmes du Vega-12B de 2,8 :90mm est crantée à chaque division de 2,8 à 22. Celle de mise au point est très douce et sans aucun jeu. La prise de vue est possible jusqu’à une distance de 60cm pour un champ photographié de 20cm de côté, à la limite de la macrophotographie sans bague ni soufflet ni optique spéciale ! L’appareil est dépourvu de testeur de profondeur de champ, mais une échelle est gravée sur l’objectif. Le diaphragme se règle automatiquement à l’ouverture sélectionnée au moment du déclenchement.

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 Pour retirer ou changer le magasin un bouton poussoir situé sur celui-ci permet de le désengager par le haut avant de le séparer de deux crochets qui le retiennent à la base. Penser à insérer le volet avant cette manipulation, au risque de voiler le film. Ce volet doit être mis en place en prenant garde que le repli de tôle qui maintient la poignée soit présenté vers l’avant (au risque de ne pouvoir séparer le porte bobine du magasin. On peut voir à l’arrière du boîtier en haut à droite la roue dentée qui, au moment de l’armement, commande une autre roue solidaire du dos pour l’avancement simultané du film. Pour ôter le porte bobine du magasin, une clé placée sur le côté gauche -en regardant vers l’avant- doit être tournée d’un quart de tour. De l’autre côté du dos une clé « papillon » gravée de deux flèches indiquant le bon sens de rotation sert à avancer le film pendant le chargement et à positionner le compteur de vue sur « 1 » avant le premier cliché.

 A l’arrière du magasin un disque mémorise la sensibilité du film de 8 à 650 iso. On peut ouvrir cette fenêtre pour amener la pellicule sur le chiffre « 1 », et seulement pour cela car le film ensuite est avancé automatiquement d’une vue à chaque armement, le contrôle du défilement pouvant être fait dans la petite fenêtre du compteur située à l’arrière droit du dos.

 Le viseur est interchangeable, mais il ne peut être remplacé qu’une fois le dos magasin ôté ! Le changement d’objectif se fait en actionnant un bouton poussoir sur la face de l’appareil du côté opposé au déclencheur. On peut alors ôter l’objectif par une rotation inverse à celle des aiguilles d’une montre. Eviter de dévisser partiellement l’objectif : il faut le séparer complètement du boîtier avant de le remettre en place, sinon la commande de fermeture du diaphragme ne serait pas réinitialisée, et le mécanisme de l’obturateur ne fonctionnerait pas.

saliut,appareils russes,kievcliché M.Pourny

 Pour ce qui est du chargement et du déchargement du film, une procédure qu’il faut envisager avec mille précautions, je vous renvoie à "www.thydelor.eu" Le site des Amoureux de la Photographie et des Appareils photographiques.

 Le Saliut se range dans une mallette en cuir rigide qui le protège, muni de l’objectif et du dos magasin, d’un magasin supplémentaire et de quelques pellicules. Un petit coucou à... voilà que j'ai rangé la mallette sans avoir mis le capuchon sur l'objectif, voilà! Oui je disais... un petit coucou à Patricia et Jean-Luc pour qui la recherche de ce joyau n'a pas été facile et encore merci!

 

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