27/01/2010
Faudra-t-il un jour équilibrer nos paroles ?
Un conseiller de la conférence des imams raconte :
« Un commando de quatre-vingt personnes, le visage non masqué, a fait irruption dans la mosquée, où se trouvaient quelque deux cents fidèles. Ils ont forcé le passage et se sont emparés du micro après une bousculade. Ils ont alors adressé des menaces et des anathèmes à l'adresse de l'imam, le traitant de 'mécréant', d''apostat' et affirmant : 'On va liquider son cas, à cet imam des Juifs » (AFP)
Outre qu'un homme est menacé de mort, ces insultes haineuses font peur, car elles rappellent les années les plus sombres de notre histoire, histoire qui peut-être ne sera plus enseignée dans certaines classes de nos lycées. C'est aujourd'hui le soixante-cinquième anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz par l'armée soviétique. En prenant connaissance des insultes antisémites lâchées par les agresseurs de l'imam Chalghoumi, me revenait en mémoire ce mot d'un professeur de lycée justement, désabusé devant une affiche annonçant une exposition à but pédagogique sur le génocide nazi :
« Mais c'est fini tout ça, c'est dépassé, on nous rabâche chaque année la même chose ! »
Même son de cloche plus récemment dans la bouche d'un humoriste qui ne fait plus rire que négationnistes et militants du Hamas.
Aujourd'hui, ce n'est plus un secret pour personne (si, c'est encore un secret pour les médias) que l'extrême droite antisémite s'est trouvé un allié de circonstance: le fondamentalisme islamiste. On nous répond : c'est à cause de l'exacerbation du conflit israélo-palestinien. Je n'ai pas le courage ce soir de ressortir les documents (je le ferai), mais quand le nazisme vivait son âge d'or, certains chefs musulmans des états arabes s'entendaient comme larrons en foire avec Hitler. « Les juifs de Palestine, je vous les laisse ! » disait le führer au grand mufti de Jérusalem.
L'imam de la mosquée de Drancy a donc été agressé et menacé de mort. Avez-vous remarqué la timidité des médias radiophoniques sur cette agression ? Ces journalistes d'investigation toujours prêts -avant toute enquête- à se faire les meilleurs avocats des pauvres jeunes de banlieue qui par inadvertance à trois sans casque sur un scooter emprunté depuis plusieurs mois avaient échappé au contrôle routier, ont évité d'analyser en long et en large l'agression d'un homme (religieux ou pas, là n'est pas la question) d'un homme qui, lui, respecte les lois de la république.
On était pourtant prévenus :
« ...Hassan Chalghoumi, qui s'est illustré par son art consommé de prêter allégeance au CRIF et à la cause israélienne... » (Oumma.com 12 juin 2009)
« ...certains ne lui pardonnent pas d'avoir accueilli dans sa mosquée, chaussures enlevées, le président du CRIF. » (le conseiller de la conférence des imams)
un imam « ...s'acquittant parfaitement de sa mission d'imam de « l'ouverture et du dialogue interreligieux » (Oumma.com 12 juin 2009)
Pour les fondamentalistes (en l'occurrence le groupe intitulé « Cheikh Yassine » nom du fondateur du Hamas), le dialogue inter-religieux est tout aussi inacceptable que les échanges avec les associations juives. Pas de dialogue du tout, voilà leur idéal. Certains journalistes, (il y en a d'honnêtes) ont relevé l'intégralité de la réaction du président de l'UOIF Fouad Alaoui :
« Nous l'avons mis en garde à plusieurs reprises pour qu'il équilibre ses paroles parce qu'il risquait d'attirer les réactions des extrémistes. »
« Equilibrer les paroles », cela fait tout drôle d'entendre ces mots, habitués que nous sommes à toutes les libertés. Remarquez, ce n'est pas un hasard si cette agression a lieu pendant que nos élus discutent pour savoir s'il faut ou non interdire le voile intégral. Et question équilibrage de paroles, Alaoui peut dormir sur ses deux oreilles, les députés montrent l'exemple. J'écoutais ce matin Bernard Accoyer, visiblement la droite recule à pas feutrés, une loi oui mais non, enfin peut-être. On croit désespérer de la république, et puis, et puis... on apprend que des femmes en burqa (Ni Putes Ni Soumises) sont allées manifester devant le siège d'un parti passé maître en équilibrage de paroles : le parti socialiste. On apprend aussi qu'un député communiste tient bon, que Copé maintient sa proposition d'une loi sans réserves.
Non monsieur Sarkozy, l'islamophobie n'est pas du racisme, et l'islamophobie n'a rien à voir non plus avec l'intolérance. Remettons les choses à l'endroit : les religions, surtout chrétiennes et musulmane sont des fauteurs de crimes et de guerres. Si le christianisme s'est un peu calmé, l'islam prend la relève. Qui est intolérant, faut-il faire un dessin ? Je ne sais pas dessiner, j'aurais tant aimé. Ydel au secours !
L'islamophobe qui vous parle éprouve aujourd'hui de l'admiration pour un homme pieux, musulman, M. Chalghoumi, et ce mot de Voltaire me servira pour aujourd'hui de conclusion : (de mémoire)
« Je ne partage pas votre opinion, mais je ferai tout mon possible pour que vous puissiez l'exprimer. »
§
18:33 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : imam chalghoumi, islam, yassine, fondamentalisme, islamophobie
26/01/2010
Et pendant que nos élus chipotent...
...pour savoir dans quel périmètre on devrait interdire un accoutrement humiliant pour les femmes et l'humanité tout entière,
alors qu'on attend désespérément qu'un Montesquieu, un Voltaire, une Louise Michel, un Zola remette avec intelligence et courage les pendules des Lumières à l'heure,
voilà que M. Chalghoumi, un religieux sincère et courageux -surtout respectueux des lois républicaines- est menacé, puis agressé par ... je préfère me taire, dire qu'un jour si justice est rendue, démocratie oblige- des avocats seront là pour les défendre.
21:53 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : chalghoumi, islam, république, burqa
01/01/2010
L'ennemi n'est plus à nos portes. Il est entré.
Ils sont légion les pourfendeurs du débat sur l'identité nationale. De gauche, de droite, du centre. Il n'y aura bientôt plus que l'extrême droite pour donner son avis sur la question. Quelle maladresse d'avoir présenté les choses ainsi ! Maladresse voulue ? On finit par s'interroger. Ou négligence, précipitation ? Bref, la question ne se pose pas ainsi. S'il s'agit de se demander : « Qu'est-ce qu'être français ? », et s'il faut « être fier d'être français », le débat risque de tourner court. En se limitant aux seules leçons d'histoire apprises à l'école : des fiers Gaulois, des chevaliers sans peur et sans reproche, de l'héroïne Jeanne bravant les lâches anglais, à la légende napoléonienne (la légende, pas la réalité), à Jean Moulin et de Gaulle, certes il y a de quoi garder la tête haute. Pour le reste, ce qu'on a appris par soi-même, les zones d'ombre, la tête on est parfois tenté de la rentrer dans les épaules. Ne nous y attardons pas, ce n'est pas le sujet.
Mon grand-père était un immigré italien. Il a été bien accueilli en France. Il a fondé une famille. Il avait un travail. Il respectait les lois du pays d'accueil. Qu'il ait été italien n'a nullement nuit aux rapports avec ses concitoyens, je dirais bien au contraire, la présence d'étrangers à la langue, à la culture, aux traditions différentes peut contribuer à ouvrir les esprits des gens du cru. Peut contribuer. C'est une possibilité. Des Polonais, des Arméniens, des Portugais, des Espagnols, des Algériens sont venus dans notre pays sans que jamais l'identité nationale fût en danger. Si, elle le fut, quand les lois antisémites de l'Etat français ont livré aux nazis des gens qui contribuaient au moins autant que les autres à la prospérité de la nation, et pour qui la nationalité française n'avait jamais fait aucun doute (à ajouter dans la colonne « zone d'ombres »).
Alors aujourd'hui, problème d'identité nationale ?
Je crois surtout qu'il y a un problème avec la république.
Voilà maintenant en gros trois cent ans que, au moins à l'échelle de l'Europe, les peuples se sont battus pour conquérir démocratie et liberté. Pas toujours victorieusement, avec des résultats parfois tardifs (le vote des femmes en France...), ces luttes ont payé, au prix d'immenses sacrifices, au prix de la Terreur, de révolutions et de guerres sanglantes, de grèves dures, de guerres civiles, des droits fondamentaux ont été acquis. Les monarchies de droit divin ont été abolies, les religieux ont été écartés du pouvoir, les écoles se sont ouvertes à tous les enfants, les femmes ont pu s'émanciper, le travail des enfants a été interdit... Et surtout, surtout, je parlais des écoles : ouvertes à tous, elles ont permis d'instruire, d'ouvrir les esprits, de développer l'intelligence, la conscience, la responsabilité.
Oui, problème avec la république. Car ses représentants aujourd'hui, au pouvoir et dans l'opposition, ont oublié ce qu'ils ont appris. Ou alors feignent-ils l'amnésie ? Sont-ils doués d'une exceptionnelle faculté d'oubli ?
Plus exactement, leur mémoire est sélective.
Que la France fut la fille aînée de l'Eglise, cela n'échappe à la mémoire d'aucun de nos politiques. Les courbettes d'un président au Vatican, aux genoux d'un pape qui béatifie Pie XII et qui écoute complaisamment les élucubrations d'un évêque négationniste, cela ne révolte qu'une minorité de laïques.
Qu'un maire de la capitale baptise Jean-Paul II une place de Paris, cela ne révolte que cette minorité de gens qui se souviennent... de la peu glorieuse béatification de prêtres franquistes espagnols, qui se souviennent de ces déclarations fracassantes condamnant l'usage du préservatif, alors que la maladie prolifère en Afrique et sur tous les continents.
Que la maire d'une grande ville accepte sous la pression des représentants d'une religion primitive, de définir des heures séparées pour les deux sexes dans les piscines, cela n'offusque que la droite, et encore, parce que la magistrate est de gauche !
Qu'il faille parlementer pendant des mois, créer une commission, engager des débats sur les radios et télés, laisser la parole à des illuminés, visiteurs venus de siècles où la femme n'existait pas encore, tout cela pour savoir si des êtres déguisés en Belphégor peuvent encore ou non circuler dans les rues, cela n'étonne pas grand monde, sauf peut-être ces femmes qui dans ces lointains pays théocratiques voudraient bien en finir une fois pour toutes avec l'obscurantisme et les ayatollahs.
Que le maire d'un arrondissement de Paris tolère la présence dans l'espace public de centaines d'hommes en prière rituelle cinq fois par jour, cela doit révolter beaucoup de monde dans le quartier, mais chut, il faut se taire au risque d'être qualifié de raciste, alors qu'il s'agit d'une violation de la loi républicaine.
Qu'on ne serve plus de jambon dans certaines cantines scolaires, que certaines boucheries ne servent plus que de la viande de bêtes abattues selon le rite musulman, que des livres mettant en cause la théorie de l'évolution soient distribués dans les CDI des collèges, que des religieux ou qui se proclament comme tels viennent mettre leur nez dans les programmes scolaires, qu'on construise des édifices religieux à tire-larigot, alors qu'on manque de logements...
La réponse à ces agressions contre les lois de la république serait d'organiser un débat ? Ridicule. Je sens confusément qu'on va se mettre à genoux et que ça va tourner court. Réveillons-nous plutôt ! L'ennemi n'est plus à nos portes. Il est chez nous. Quand je dis « chez nous » (pour les gauchistes attardés) je n'entends ni chez les hommes blancs, ni chez les français de souche, j'entends plutôt que l'ennemi s'installe tranquillement et sans rencontrer de résistance dans les démocraties occidentales, qu'il fait son nid. Et j'entends surtout que l'ennemi n'a rien à voir avec une race ou une ethnie, si ce n'est celle des barbares de la pire espèce, les religieux fanatiques, qui sont de tous les pays et de toutes les époques.
La république, ce sont des lois écrites. Appliquons-les.
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14:09 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : république, lois, infraction, séparation de l'église et de l'état