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02/08/2009

Embuscade en Afghanistan

 Le président français condamne "une nouvelle fois avec force les pratiques lâches et barbares des ennemis de la paix en Afghanistan" et "réaffirme la détermination de la France à lutter, aux côtés du peuple afghan, contre l'obscurantisme et le terrorisme" et "s'associe à la douleur de la famille et de ses proches »

Le communiqué dit aussi :

"Au cours de l'opération, les éléments français ont été pris à partie par les insurgés. Un soldat français a été mortellement touché. Deux de ses camarades de combat ont été blessés".

Sur France-info et Orange, le vocabulaire est le même : les soldats français ont été pris à partie par des insurgés.

Une fois de plus on qualifie d’ « insurgés » des individus qui sont en réalité des terroristes. Ce sont les mêmes qui, arrivés au pouvoir, imposent leur loi de terreur, séquestrent la moitié de la population, ferment les écoles des filles, battent les femmes dans les rues, menacent le reste du monde.

 

A mon sens au contraire, et je crois dans l’esprit de beaucoup de gens, le terme « insurgés » a un côté positif, sympathique parfois, douloureux souvent. On pense à

 

la Révolution, aux

Communards, au

Roman de Jules Vallès, aux

Jacques munis de leurs fourches et de leurs faux, aux

Marins du  Potemkine, aux

Dix jours qui ébranlèrent le monde, à

Cronstadt,

 

Insurgés ! Oh oui, insurgés, ces

Missak Manouchian, ces Jean Moulin, ces

Résistants des pays occupés par les armées fascistes, ce

Roi du Danemark porteur volontaire de l’étoile jaune, ces

Républicains espagnols bombardés par la Luftwaffe,

Fusillés par les franquistes,

 

Insurgés, les

Déportés de Buchenwald montant à l’assaut des miradors,

 

Insurgés, ces

Gens ordinaires qui abritèrent la famille Frank,

 

Insurgés, les Justes,

 

Insurgés, les

Ouvriers hongrois et polonais face aux chars russes en 1956,

 

Insurgé ! Oui, insurgé, le

Peuple chinois contre les criminels de guerre nippons, le

Peuple vietnamien luttant -sous le napalm- pour sa liberté,

 

Insurgés, les peuples colonisés, les

Partisans algériens affrontant l’autorité d’occupation, les

Hirondelles tchèques annonçant le printemps à Prague,

 

Insurgé, cet

Homme qui sur la plus grande place du monde arrêta un char,

 Insurgée Bénazir Bhutto,

Insurgée Taslima Nasreen,

Insurgés les mille et cent manifestants iraniens,

Insurgées leurs épouses,

Insurgée Aung San Suu Kyi,

 

Insurgé, ce

Paysan de Palestine, impuissant devant ses oliviers en flammes,

 

Insurgés, tous ces

Peuples qui n’en peuvent plus de subir l’injustice et qui se dressent,

par milliers et millions contre la tyrannie.

 

Mais aussi, on pense, inévitablement

A ceux qui à Cuba, en Corée du nord, au Soudan et ailleurs

 ne pouvant s’insurger, contiennent leur colère.

 

 

 

 Et ces bandes nazies qui faisaient régner la terreur,  allait-on les qualifier d’insurgées?

Insurgés, les franquistes, contre la République espagnole ?

Insurgés les colonels grecs, les militaires chiliens, les tontons macoutes ?

Non. Ces gens-là ne s’insurgent jamais. Ils tuent.

 

Insurgé, quel joli nom, triste aussi, chemise immaculée, un homme lève les bras au ciel, les militaires s’exécutent, Tres de mayo, un patriote baigne dans son sang.(1)

 

Les talibans, des insurgés ? Monstres d’ignorance, ces barbares modernes sont à plaindre. Fléau pour le genre humain, ils sont à combattre. Il n’y a pas de mot pour les qualifier.

 

Une pensée pour le jeune homme qui a perdu la vie, et pour sa famille.

Je souhaite un rétablissement rapide à ses camarades blessés.

 

§

 

(1) Le 3 mai 1808, les patriotes madrilènes subissaient la répression française. Goya évoque cette journée sur une toile : Les fusillades de la Moncloa ;

17/06/2009

Le peuple est dans la rue

Les premiers à féliciter Ahmadinejad pour son succès électoral ont été :

le Hezbollah, le Hamas et Hugo Chavez.

Dis moi qui sont tes amis, je te dirai qui tu es.

 

Les félicitations ne sont pas venues de la rue. Dans la rue, il n’y a que des jeunes, des femmes, des hommes et des millions de gens avides de liberté.

 

« Il n’est qu’une erreur et qu’un crime : vouloir enfermer la diversité du monde dans des doctrines et des systèmes. C’est une erreur que de détourner d’autres hommes de leur libre jugement, de leur volonté propre, et de leur imposer quelque chose qui n’est pas en eux. Seuls agissent ainsi ceux qui ne respectent pas la liberté, et Montaigne n’a rien haï tant que la « frénésie », le délire furieux des dictateurs de l’esprit qui veulent avec arrogance et vanité imposer au monde leurs « nouveautés » comme la seule et indiscutable vérité, et pour qui le sang de centaines de milliers d’hommes n’est rien, pourvu que leur cause triomphe. »

 

Stefan Zweig