25/01/2011
Jacqueline de Romilly nous a quittés...
...en lisant son livre La Grèce antique à la découverte de la liberté resté fermé dans ma bibliothèque depuis des années, je recopie ces lignes d’une actualité brûlante :
"Peut-on nier qu’un régime a finalement le sort que lui préparent les gens chargés de l’éducation de tous ? Cette idée est évidente mais trop souvent perdue de vue. (…)
Isocrate a dit que le régime politique était « l’âme » de la cité. Il a aussi dit : « Ce n’est pas par les décrets, mais par les mœurs que les cités sont bien réglées » ; l’obéissance aux lois, enfin, dépend moins de la façon dont elles sont rédigées que des habitudes morales léguées par l’éducation."
Jacqueline de Romilly.- La Grèce antique à la découverte de la liberté, Editions de Fallois, Paris 1989
19:01 Publié dans Belles pages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : éducation, moeurs, lois, démocratie, liberté
21/03/2010
Pétition de SOS éducation
Monsieur le Recteur de Lille,
Je vous informe que je m'associe pleinement au recours déposé par Thérèse-Marie Cardon, professeur au collège Dupleix de Landrecies, en annulation de votre décision de l'exclure deux semaines pour avoir giflé un élève.
Son geste a peut-être été malheureux, mais :
- d'une part, les circonstances expliquent largement sa réaction (l'élève faisait partie d'une bande d'enfants de sixième qui étaient en train de donner de grands coups de pieds en hurlant sur la porte de sa classe), et beaucoup d'adultes auraient réagi comme elle, confrontés à la même situation ;
- d'autre part son geste n'a entraîné aucune conséquence préjudiciable à la santé physique ou mentale de l'élève. Au contraire, il est permis de penser qu'il lui aura appris que son comportement n'était pas acceptable.
Votre décision de sanctionner ce professeur est d'autant plus regrettable que vous envoyez un message totalement contre-éducatif à tous les élèves de France :
"Allez-y, marchez sur les pieds de vos enseignants, frappez sur leur porte en hurlant, ils n'ont rien le droit de faire contre vous. S'ils réagissent, c'est eux qui seront sanctionnés !"
Ce n'est pas la conception que je me fais du rôle de Professeur. Par défense de la dignité du métier de professeur, je vous demande d'annuler toute sanction à l'encontre de Thèrèse-Marie Cardon.
Veuillez agréer, Monsieur le Recteur, l'expression de mes salutations.
19:46 Publié dans L'école | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : éducation, gifle, rectorat, professeur, respect
06/11/2009
Fais dodo Colas mon p'tit frère
Cette lettre n’a jamais été envoyée. Elle n’avait pas été écrite. Les enfants de treize ans ne seront pas emprisonnés. Quand aux allocations familiales, personne n’y touchera, aucun gouvernement n’osera en priver les parents indignes, qu’ils soient de gauche ou de droite. Car de nos jours, les gouvernements ne font pas ce qu’ils disent, et même pas ce qu’ils pensent. On navigue à vue, on fait des déclarations tonitruantes, avec l’espoir de gagner quelques voix aux élections. Puis plus rien. Les enfants de moins de treize ans continueront de traîner dans les rues, ils apprendront la délinquance et le reste. Comme aujourd’hui, comme hier. Là-haut tout le monde s’en fout, car là-haut, on n’habite pas dans ces quartiers-là. Dans ces quartiers-là, c’est le peuple qui souffre, qui en a jusque-là d’entendre les motos tourner jusqu’à plus d’heure, de devoir baisser les yeux en traversant le hall, de monter les étages à pied faute d’ascenseur, de surveiller la voiture sur le parking, de hisser les vélos au cinquième, de voir ses enfants subir le racket à l’école, d’une école où les maîtres passent plus de temps à faire de la discipline qu’à exercer leur métier.
Changer les choses, mettre de l’ordre dans les affaires humaines ? Une œuvre gigantesque, hors de portée de nos élus et réélus. Et pourtant, chacun sait que sans un minimum d’ordre, il n’y a pas de démocratie, la démocratie, ce sont des lois, des règles, et l’application de celles-ci.
La démocratie, chacun l’aura pensé, ne consiste pas à laisser chacun libre de faire ce qu’il veut, surtout si c’est le soir, tard dans les rues, à l’âge où tous les enfants du monde ont besoin d’un toit, d’un bon lit et d’un minimum d’affection. Il est vraiment navrant d’entendre journalistes et politiciens invoquer la liberté quand on projette de mettre de l’ordre quelque part. J’entendais ce matin un commentateur –particulièrement inquiet à l’heure de grande écoute- parler de couvre-feu pour les enfants de moins de treize ans ! Je suis bien certain que cette personne –si elle a des enfants- ne les laisse pas traîner le soir dans les rues, même si dans la rue où elle réside, les petits ne risquent pas grand-chose. « Couvre-feu » ! projet « liberticide » ! « tout sécuritaire » ! Allez sur les sites d’extrême gauche, vous apprendrez qu’on est déjà sous la férule d’un régime totalitaire. (Etonnant, non ? comme aurait dit Pierre Desproges- d’entendre les héritiers idéologiques des régimes les plus autoritaires que l’histoire a produit tenir de tels propos. Quand derrière chaque Allemand de l’est il y avait un membre de la Stasi, cela ne les empêchait pas de dormir ces révolutionnaires de salon). Ce que ces gens-là semblent ignorer, c’est qu’au bout du laisser-aller il y a encore du laisser-aller, encore un peu de laisser-aller… puis le retour de bâton. Et là, Le Pen ou Gollnich, c’est de la roupie de sansonnet à côté de ce qui nous attend(rait).
Bon, ce n’est pas très réjouissant tout ça. C’est l’humeur. Il y a des jours comme ça. Le manque de soleil et de lumière, l’automne, l’approche de l’hiver. Les soucis. Les douleurs. Allez, je me dis parfois qu’il faut cesser d’écrire de méchantes choses, qu’il faut sourire, tiens, pourquoi pas ? Ecrire des poèmes d’amour, publier des photographies de jolis paysages, de personnes qui s’aiment, de petits enfants qui s’amusent dans les rues avant la tombée de la nuit… ça y est, ça me reprend. Je suis incapable d’écrire des histoires plaisantes, amusantes, originales. Et le pire, vais-je l’avouer ? J’en suis fier, car comme disait le sage, les paroles agréables à entendre ne sont pas vraies, ce qui est vrai n’est pas agréable à entendre. Je rêve d’un jour où la vérité entrera dans les discours, comme ça, sans tapage, toc toc, c’est moi la Vérité, bien sûr avec de la musique, on évitera les hymnes, je vois plutôt un accompagnement à la viole d’amour, surtout pas de chœur ni de marche militaire, et des paroles très douces, une ravissante voix de femme déguisée en nounours :
- Allez, les petits, ce n’est plus une heure pour traîner dans la rue. Il est tard. Tous les enfants du monde vont faire un gros dodo.
Mi ré do fais dodo
do ré do ré mi Colas mon p’tit frè-
do -re
mi ré do fais dodo
do ré mi ré do t’auras du lolo
t’auras (allegro, de l’entrain et plus fort) du lolo si tu fais dodo… reprendre (piano) à « fais dodo »…
§
14:26 Publié dans étrange | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dodo, enfants, treize ans, dans les rues, police, paents, éducation