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22/09/2010

"Je n'ai pas de regret, je suis chrétien et je l'assume."

 

 Deux algériens chrétiens jugés pour avoir rompu le ramadan : voilà l’information diffusée quelques instants à la une d’Orange actualités mardi soir 21 septembre 2010. Je dis « quelques instants » car le temps d’aller prendre mon café, l’information n’y était plus. Bizarre…

 

 Nous sommes le 12 août 2010 à Aïn-el-Hamman, en Kabylie. Ils s’appellent Hocine Hocini et Salem Fellak. Pour ces deux ouvriers du bâtiment c’est la traditionnelle pause repas. Chrétiens, ils ne suivent pas le ramadan. Ils choisissent un lieu discret. Pas suffisamment cependant, car ils sont arrêtés pour "flagrant délit de consommation de denrées alimentaires" avant d’être inculpés d' "atteinte et offense aux préceptes de l'islam", un délit passible en théorie au maximum de cinq ans de prison.

 

Pour sa défense, l’un d’eux invoque la liberté de conscience garantie par la Constitution algérienne. Réponse du procureur (selon Le Figaro) : « quitter ce pays qui est une terre d’islam ».

 

 Le parquet requiert trois ans de prison ferme. Jugement le 05 octobre.

 

"Je suis optimiste. Je n'ai pas de regret, je suis chrétien et je l'assume", a lancé Hocine Hocini à l'issue de l'audience. "Nous sommes innocents, nous n'avons fait de mal à personne. Nous sommes chrétiens et nous n'avons pas mangé dans un lieu public", a-t-il ajouté.

 

Pour répondre à la chasse aux chrétiens qui semble se généraliser en Algérie, des centaines de personnes se sont rassemblées devant le tribunal pour soutenir les accusés et crier des slogans hostiles à la justice algérienne. (selon TF1 news)

 

 Il faut se rappeler, ici en France, début Août, avec quel empressement - pour ne pas parler d’enthousiasme- les journaux radiophoniques nous annonçaient le début du ramadan. Dans notre pays on me dit qu’il y aurait 6 millions de musulmans. C’est peut-être un chiffre exagéré. Peu importe. Il reste donc au moins 55 millions de non musulmans, des catholiques, des protestants, des juifs, des bouddhistes, des témoins de Jéhovah, des hindouistes, des scientologues, des astrologues, des charlatans, des exorcistes, des adeptes des cultes sataniques, et puis aussi, on a trop tendance à les oublier ceux-là, des gens qui n’accordent de crédit qu’à la raison humaine, des athées, des agnostiques, des libres penseurs qui ne font de mal à personne, qui ne nous disent pas comment on doit se comporter, qui n’empoisonnent pas la vie des femmes, qui ne baptisent pas les enfants avant même qu’ils prononcent papa et maman. Voilà : 55 millions de personnes qui ont laissé 6 millions d’autres pratiquer un mois d’abstinence par respect pour la liberté du culte. Aucun incident. Si, un. A la terrasse d’un café, un homme de couleur a été passé à tabac, car il ne respectait pas le ramadan.

 

 Rayhana est algérienne, actrice et dramaturge. Dans la pièce « A mon âge je me cache encore pour fumer », l’une de ses héroïnes lâche : « Je voulais mourir le jour où ils m’ont fait arrêter l’école, je les ai suppliés. Ils m’ont répondu : - le jour où tu sortiras d’ici, ce sera pour aller chez ton mari et de chez ton mari à la tombe. »

 

 Rayhana fut agressée à Paris par des islamistes qui voulaient la brûler comme une sorcière :

 

« L’intégrisme ne peut pas ne pas faire peur. Donc oui, j’ai très peur. Je me suis vue brûler, je vis avec cette idée qui me hante. Elle me fige comme elle m’a déjà figée en Algérie. Mais c’est le but de mes agresseurs : me bloquer, m’étouffer, alors je continue à l’affronter. Le fait qu’on tente de me tuer pour ce que je pense ou ce que j’écris prouve que le combat n’est pas terminé. » (Paris Match du 21 au 27 janvier 2010)

 

 Et on nous bassine sur les ondes, et pas seulement à gauche, la droite s’y met aussi, avec la sacro-sainte diversité culturelle ! Au nom de laquelle il faudrait accepter les prières dans les lieux publics, la séparation hommes-femmes  dans les piscines, le port du foulard dans les services publics, l’alimentation exclusivement halal dans les fast-food, la construction de mosquées avec les deniers publics, l’évolution de certains programmes scolaires, et pourquoi pas la polygamie, l’excision, l’interdiction scolaire pour les filles, la lapidation des femmes adultères ? Y aura-t-il une limite dans la progression constante et TOLEREE de l’obscurantisme sur notre sol ? Si nous continuons à nous voiler la face, rien n’est moins sûr. Car les autres, s’ils ont des terroristes dans leurs rangs, sont aussi d’habiles politiciens aussi doués que les nôtres pour duper le monde… sinon plus.

 

 

 

18/09/2010

Lucrèce, ce visionnaire (de malheur)!

 Maintenant quelle cause a répandu parmi les peuples la croyance aux dieux, a rempli les villes d’autels, a institué ces solennités religieuses qu’on voit se déployer aujourd’hui en tant de grandes occasions, en tant de sanctuaires ? Comment les mortels restent-ils pénétrés de la sombre terreur qui leur fait élever de nouveaux temples par toute la terre et les y pousse en foule dans les jours de fête ?

 

…et puis ils observaient le système céleste, son ordre immuable et le retour périodique des saisons, mais sans pouvoir en pénétrer les causes. Leur seul recours était donc de tout abandonner aux dieux et d’admettre que tout est suspendu à un signe de leur tête.

 

…Oh race malheureuse des hommes, qui attribuèrent aux dieux ces phénomènes et qui leur prêtaient des colères cruelles ! Que de gémissements il leur en a coûté, que de blessures pour nous, quelle source de larmes pour nos descendants !

 

Lucrèce.- De la nature

14/09/2010

Vilain jeu de mot

 

 

 Il s’en est excusé, mais ça n’empêche. Il fallait oser. Il a dû croire que le succès qui est le sien à Europe1 le matin lui permettait tout ou presque. Nicolas Canteloup à propos du champion français de judo dont j’ai oublié le nom a tenté de faire rire en évoquant « sa kiné », ceci au moment où Sakineh est fouettée dans sa cellule en Iran, et menacée des pires sévices par les ayatollahs. Dans le studio, peu de rires, et des excuses le lendemain. Dont acte.  

 Pierre Desproges disait qu’on pouvait rire de tout mais pas avec n’importe qui. Je n’ose pas imaginer le niveau intellectuel des gros rigolards qui ont apprécié le jeu de mot. On ne tient pas les mêmes propos sur une chaîne de radio suivie le matin par des millions d’auditeurs que dans un cercle d’amis ou une réunion de famille. Et encore, oserait-on faire rire des amis en jouant sur un nom aussi chargé de sens et de douleur ? Ce petit événement de rien du tout est révélateur d’autre chose. En France, aujourd’hui, il faut être populaire à tout prix, au risque de toujours s’en prendre aux plus faibles. N’est-ce pas honteux de plaisanter sur Sakineh quand on sait que la lutte pour sauver cette femme n’a mobilisé à Paris que quelques centaines de manifestants (1) ? A une autre échelle, le gouvernement expulse les Roms qui n’ont d’autre moyen de défense que leurs yeux pour pleurer. Ils n’ont pas, eux, une instance internationale de terrorisme pour menacer la France. Ils n’ont pas les moyens logistiques d’équiper des voitures piégées, d’enflammer les banlieues, d’exercer une pression constante et progressive sur les institutions de la république.  

 Et pour en revenir à notre amuseur du matin, qu’attend-il pour fignoler de jolis jeux de mots sur Tarik Ramadan qui, lui, n’est menacé de mort par personne, vit en pleine liberté dans nos démocraties et qui, il y a quelque temps à la télé, avait quasiment justifié la peine de lapidation pour les femmes adultères, peine dont est menacée Sakineh ?  

 

(1) Le MRAP, la Ligue des droits de l’homme et SOS racisme n’ont pas remué ciel et terre sur le sujet. BHL et Ni putes ni soumises étaient bien seuls ! Bizarre… 

 

12:07 Publié dans étrange | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : canteloup, humour, sakineh, roms