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02/02/2010

Les hommes politiques s'ennuient

 

 En France, il y a de moins en moins de boulot. Là où il y en a encore, les usines ferment, les patrons licencient et déménagent le matériel loin d'ici dans des contrées où un dollar permet de vivre une journée de plus. Les étudiants, les chercheurs s'expatrient, des laboratoires équipés les attendent dans des contrées où l'on a décidé que la science avait un avenir. Des gens qui n'ont plus de ressources, s'occupent à de petits travaux en cachette, car dans ce pays où les travailleurs sont chassés de leurs ateliers, c'est le travail tout court qui est interdit. Les nouvelles générations l'ont bien compris, questionnez les maîtres, ils vous diront à quel point tout effort est vécu par la jeunesse comme une punition, une torture, une atteinte aux libertés individuelles.

 

 On dirait qu'un pays entier survit sur l'inertie, par la grâce de l'habitude. Tout continue, comme avant, et parce qu'il y eut un avant. Oh oui ! Ici tout le monde s'occupait. La paresse était l'exception. On la montrait du doigt. Le travail était une vertu, comme le courage, la volonté. A neuf heures du matin, il n'y avait plus personne dans les rues. Et ceux qui traînaient encore, on les suivait, l'œil mauvais car l'humanité n'était pas pour autant meilleure qu'aujourd'hui. Quand les sous, avec parcimonie étaient libérés par le patron, ils servaient au nécessaire, à l'alimentation, au bien-être des enfants, à assurer l'avenir de la famille. Quand pour une sortie éducative dans le cadre scolaire, il était demandé quelques sous, le maître ne posait jamais la question en classe. Il savait que personne n'aurait levé la main. La solidarité se faisait dignement. Rarement. Les pauvres étaient les plus fiers, c'était un honneur pour eux de voir leur fils, leur fille se rendre dans un lieu qu'eux-mêmes de leur vie ne fréquenteraient jamais : le théâtre, le musée, le château.

 

 Aujourd'hui, sur les ondes, tout le monde est solidaire de tout le monde. A se demander pourquoi tant de malheureux à la rue font l'aumône. Non seulement trouver du travail est un exploit, mais on encourage les gens à ne pas travailler. On cultive l'oisiveté. La liste des allocations versées aux inactifs est vertigineuse. Il faut vraiment être naïf ... ou animé d'un courage héroïque pour bosser à deux heures de chez soi comme vigile, technicien de surface ou manutentionnaire en CDD pour un salaire de misère, quand le gros plouc d'à côté pose dix heures par jour ses cent kilos devant ses jeux vidéos en attendant ses ASSEDIC, ses allocations familiales et que ses enfants bénéficient gratuitement de la cantine scolaire et des vacances en colonie offertes par la municipalité. J'ai oublié un détail : sa femme quitte son domicile à sept heures du matin, prépare, habille les enfants, les mène à la crèche, court à la gare puis dans la cohue des transports, après une heure ou plus de suffocation, se rend sur son lieu de travail, un bureau dont elle fait briller les surfaces. Car, il faut bien l'avouer, l'oisiveté n'est pas toujours répartie également entre les sexes. Tout le monde ne s'ennuie pas, certains s'occupent.

 

 Mais beaucoup s'ennuient. Les premières victimes sont les responsables, ceux qui portent le pays sur leurs épaules : le personnel politique. Franchement, je n'échangerais pas ma place contre la leur. Certes, persifler président, ministres, députés, sénateurs, et la cohorte des élus de la république est devenu en France un sport national. On en entend de belles et de pas mûres, qu'ils sont coupés du peuple, qu'ils ne tiennent pas leurs promesses (ce n'est pas toujours un défaut, NDLR) on leur reproche aussi d'être payés à ne rien foutre. Alors là, je dis : critique en lèse-majesté.

 

 Je pose une question : Que voulez-vous qu'ils fassent ? Nos gouvernants partagent le sort de millions de leurs concitoyens. Total décide de fermer une raffinerie non rentable. On entend ici ou là de véhémentes attaques : « Ouais, le gouvernement ne fait rien pour empêcher le licenciement de centaines d'employés ! » Faux. Le ministre a prononcé un discours. Résultat, la raffinerie ne fermera pas immédiatement. Mais peut-on faire plus ? Non. Se rendre sur place ? Au risque de se voir injurier ou molester par des manifestants désespérés ? La crise économique mondiale rend la vie impossible à nos responsables politiques car n'ayant plus d'objectif à poursuivre ils ne sont plus crédibles: la mondialisation est irréversible, le tissu industriel du pays se décompose, le découragement gagne toutes les classes de la population y compris les plus actives et même l'opposition qui d'ailleurs, n'ayant rien d'autre à proposer hormis des discours creux, sombre également dans l'oisiveté.

 

 Alors, de gauche, de droite et du centre, nos diplômés des grandes écoles tournent en rond et s'ennuient à mourir. A mourir malheureusement non, ils débarrasseraient le plancher. Ils sont toujours là car, et c'est le nœud de la tragédie : ils ont un mandat à remplir. Quand vos enfants s'ennuient, que font-ils ? Ils se chamaillent ? C'est ce que font nos élus. L'un d'entre eux à l'occasion d'un banquet payé avec nos impôts, lâche un bon mot en présence des journalistes qui eux non plus n'ont rien d'autre à faire que de répandre des futilités. Le bon mot est souvent méchant, cela rapporte de l'audience, surtout relevé avec une pincée de racisme ou d'antisémitisme, juste ce qu'il faut pour éviter un procès et gagner un peu de popularité avant les élections. Pendant trois jours, le monde entier est épargné par les tremblements de terre, après tout on vous a assez dit et répété que les secours étaient sur place, on ne va pas en faire un fromage. Non, le plus important c'est qu'un monsieur a dit d'un autre qu'il avait une tronche pas ceci ou cela,  quelle bassesse, mon dieu quelle bassesse.  Il n'y a pas si longtemps ces affaires se réglaient dans un duel. A l'épée, devant témoins, sur la place publique. Et je m'étonne qu'aujourd'hui où l'audiovisuel occupe un place aussi importante dans les foyers, les armes ne soient pas tirées des fourreaux, devant les caméras, par des hommes à qui le peuple a fait l'honneur de déléguer ses pouvoirs, des hommes qui, d'une signature, envoient des jeunes gens risquer leur vie au milieu des barbares, quand eux-mêmes, du courage et de l'honneur ne connaissent plus que les mots.  

                                                                  §

 

 

 

 

 

29/01/2010

Mots barrés

                                                  

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20:09 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (3)

27/01/2010

Faudra-t-il un jour équilibrer nos paroles ?

 

Un conseiller de la conférence des imams raconte :

 

« Un commando de quatre-vingt personnes, le visage non masqué, a fait irruption dans la mosquée, où se trouvaient quelque deux cents fidèles. Ils ont forcé le passage et se sont emparés du micro après une bousculade. Ils ont alors adressé des menaces et des anathèmes à l'adresse de l'imam, le traitant de 'mécréant', d''apostat' et affirmant : 'On va liquider son cas, à cet imam des Juifs » (AFP)

 

Outre qu'un homme est menacé de mort, ces insultes haineuses font peur, car elles rappellent les années les plus sombres de notre histoire, histoire qui peut-être ne sera plus enseignée dans certaines classes de nos lycées. C'est aujourd'hui le soixante-cinquième anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz par l'armée soviétique. En prenant connaissance des insultes antisémites lâchées par les agresseurs de l'imam Chalghoumi, me revenait en mémoire ce mot d'un professeur de lycée justement, désabusé devant une affiche annonçant une exposition à but pédagogique sur le génocide nazi :

 

« Mais c'est fini tout ça, c'est dépassé, on nous rabâche chaque année la même chose ! »

 

Même son de cloche plus récemment dans la bouche d'un humoriste qui ne fait plus rire que négationnistes et militants du Hamas.

 

 Aujourd'hui, ce n'est plus un secret pour personne (si, c'est encore un secret pour les médias) que l'extrême droite antisémite s'est trouvé un allié de circonstance: le fondamentalisme islamiste. On nous répond : c'est à cause de l'exacerbation du conflit israélo-palestinien. Je n'ai pas le courage ce soir de ressortir les documents (je le ferai), mais quand le nazisme vivait son âge d'or, certains chefs musulmans des états arabes s'entendaient comme larrons en foire avec Hitler. « Les juifs de Palestine, je vous les laisse ! » disait le führer au grand mufti de Jérusalem.

 

 L'imam de la mosquée de Drancy a donc été agressé et menacé de mort. Avez-vous remarqué la timidité des médias radiophoniques sur cette agression ? Ces journalistes d'investigation toujours prêts -avant toute enquête- à se faire les meilleurs avocats des pauvres jeunes de banlieue qui par inadvertance à trois sans casque sur un scooter emprunté depuis plusieurs mois avaient échappé au contrôle routier, ont évité d'analyser en long et en large l'agression d'un homme (religieux ou pas, là n'est pas la question) d'un homme qui, lui, respecte les lois de la république.

 

 On était pourtant prévenus :

 

   « ...Hassan Chalghoumi, qui s'est illustré par son art consommé de prêter allégeance au CRIF et à la cause israélienne... » (Oumma.com 12 juin 2009)

 

  « ...certains ne lui pardonnent pas d'avoir accueilli dans sa mosquée, chaussures enlevées, le président du CRIF. » (le conseiller de la conférence des imams)

 

un imam  « ...s'acquittant parfaitement de sa mission d'imam de « l'ouverture et du dialogue interreligieux » (Oumma.com 12 juin 2009)

 

Pour les fondamentalistes (en l'occurrence le groupe intitulé « Cheikh Yassine » nom du fondateur du Hamas), le dialogue inter-religieux est tout aussi inacceptable que les échanges avec les associations juives. Pas de dialogue du tout, voilà leur idéal. Certains journalistes, (il y en a d'honnêtes) ont relevé l'intégralité de la réaction du président de l'UOIF Fouad Alaoui :

 

« Nous l'avons mis en garde à plusieurs reprises pour qu'il équilibre ses paroles parce qu'il risquait d'attirer les réactions des extrémistes. »

 

« Equilibrer les paroles », cela fait tout drôle d'entendre ces mots, habitués que nous sommes à toutes les libertés. Remarquez, ce n'est pas un hasard si cette agression a lieu pendant que nos élus discutent pour savoir s'il faut ou non interdire le voile intégral. Et question équilibrage de paroles, Alaoui peut dormir sur ses deux oreilles, les députés montrent l'exemple. J'écoutais ce matin Bernard Accoyer, visiblement la droite recule à pas feutrés, une loi oui mais non, enfin peut-être. On croit désespérer de la république, et puis, et puis... on apprend que des femmes en burqa (Ni Putes Ni Soumises) sont allées manifester devant le siège d'un parti passé maître en équilibrage de paroles : le parti socialiste. On apprend aussi qu'un député communiste tient bon, que Copé maintient sa proposition d'une loi sans réserves.

 

 Non monsieur Sarkozy, l'islamophobie n'est pas du racisme, et l'islamophobie n'a rien à voir non plus avec l'intolérance. Remettons les choses à l'endroit : les religions, surtout chrétiennes et musulmane sont des fauteurs de crimes et de guerres. Si le christianisme s'est un peu calmé, l'islam prend la relève. Qui est intolérant, faut-il faire un dessin ? Je ne sais pas dessiner, j'aurais tant aimé. Ydel au secours !

 

 L'islamophobe qui vous parle éprouve aujourd'hui de l'admiration pour un homme pieux, musulman, M. Chalghoumi, et ce mot de Voltaire me servira pour aujourd'hui de conclusion : (de mémoire)

 

« Je ne partage pas votre opinion, mais je ferai tout mon possible pour que vous puissiez l'exprimer. » 

 

                                                                   §