Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/11/2009

XIV- Nous sommes des dieux, puisque venus d'en haut

       

  Terrible. Je croyais connaître la nature humaine. Je me trompais. La nature humaine, la vraie, il faut la transporter sur une autre planète pour la découvrir. Là, on a tout le recul nécessaire pour la considérer. Je l'ai vue à l'œuvre. Dès notre arrivée. 

 Astrée est habitée. Dès l'approche des navettes, ils nous regardaient comme des dieux. Nous sommes des dieux, puisque venus d'en haut. Certains prosternés, d'autres levant les bras au ciel, ces ... comment les appellerais-je... ces sauvages ou plutôt ces indigènes sont nus, plus petits que nous, mais plus forts et couverts de poils sur les épaules et la poitrine, surtout les hommes. Ils n'ont pas l'air méchants. En nous voyant sortir de la carlingue, leurs premiers cris étaient plutôt d'allégresse. Aucun n'était armé. Femmes ou hommes portant des enfants dans les bras accouraient de partout. Certains prenaient la fuite, mais pour revenir portant des fleurs ou des sortes de fruits pour les déposer à quelque distance de la navette. Ils avaient un peu peur, ou était-ce la distance imposée par le respect pour ces êtres surnaturels que nous sommes ? Peut-être étions-nous les premiers venus du ciel ? Les gens du voyage qui nous avaient portés jusqu'ici ne s'y étaient probablement jamais arrêtés, ou comme à leur habitude y étaient-ils seulement passés. Bref, il y eut quelque chose de divin dans notre arrivée sur cette planète : la navette qui dut leur sembler gigantesque, le bruit infernal, le rougeoiement de l'air, la chaleur, la projection des poussières, et puis le silence, l'ouverture d'une porte, l'apparition d'un être bipède vêtu d'une combinaison d'argent, puis d'autres derrière lui, les reflets et les éclats de lumière sur les casques.

 De vieilles histoires me revenaient en mémoire.

 

« J'eus donc une vision : Du nord soufflait un vent impétueux, un gros nuage avec une gerbe de feu rayonnante, et du centre, sortant du sein du feu, quelque chose qui avait l'éclat du vermeil.

 Au centre, on distinguait l'image de quatre êtres qui paraissaient avoir une forme humaine. »

 

 Cette vision, pour Ezéchiel, c'était l'image de la Gloire du Seigneur. Car il fut un temps où des dieux un jour vinrent sur la Terre. Partout ils laissèrent des traces que ni la mer ni le vent ni le temps n'effacent, des traces prégnantes, dans les mémoires, les légendes, les sagas, les traditions, dans la mythologie, les livres sacrés. Le prophète les avait vus, il tomba face contre terre. Il entendit une voix :

 

« Fils d'homme, debout, que je te parle ! »

 

 Cette voix, pour Ezéchiel, c'était la voix du Seigneur.

 

Mais aujourd'hui sur Astrée, l'attitude des conquérants n'est pas divine, loin de là. Première réaction, dès l'arrivée des premiers indigènes : l'effroi. Il fut de courte durée. Les voyant nus, certains d'entre nous se mirent à glousser, à échanger des sourires entendus. On masqua les yeux des enfants. Des femmes rentraient précipitamment dans la navette, alertant les autres qui redoublaient alors de curiosité. Des hommes se bousculaient aux portes pour profiter du spectacle. Les natifs du lieu accouraient de partout, de plus en plus nombreux. Quand toutes les passerelles furent descendues, en quelques instants, des centaines de Terriens s'agglutinèrent au pied du vaisseau. Les plus hardis s'approchaient des sauvages, leur tendaient les mains, leur adressaient des mots ou plutôt des exhortations dans leur langue c'est-à-dire en germain, un langage incompréhensible pour ces gens, bien entendu.

 

 Je ressentais de la honte. Malheureusement, ce n'était qu'un début. Car les natifs d'ici se prosternaient, certains osaient s'approcher, portaient des présents et les déposaient à nos pieds. Et plus ils manifestaient leur gentillesse, plus évidente était la chaleur de leur accueil, certains dansant, d'autres accompagnant leurs chants de gestes plaisants, plus les rires se faisaient entendre au sein de notre attroupement. Pauvres de nous. Les siècles des siècles d'histoire de conquêtes et de cruauté, de colonisation, de mépris pour les gens d'ailleurs, d'une autre couleur de peau et porteurs d'autres coutumes, des siècles de xénophobie et de racisme n'auront donc servis à rien. Nous en sommes toujours au même point. Au-delà de nos frontières, les barbares.

 

 Pour un peu, je fermerais cet agenda. A quoi bon laisser à la postérité un témoignage aussi douloureux sur des actes lamentables ? C'est difficile pour moi de décrire ce que j'ai vu et entendu. Pensez donc : des amis, oui des amis de longue date, des gens très bien, qui avaient su éduquer leurs enfants, des gens très pieux, ou porteurs d'idées humanistes, en quelques heures, que dis-je en quelques instants se changèrent en brigands.

 

 Après réflexion, je ne m'accorde pas le droit d'oublier les actes odieux dont j'ai été le témoin et que nous n'avons pu empêcher. Si un jour ces lignes sont lues par des hommes, ils sauront qui étaient leurs pères.

 

 Tout commence par un mouvement de foule. Après avoir dévoré goulûment les fruits gracieusement offerts par les sauvages, plusieurs centaines de Terriens ayant repéré ce qui ressemblait à un village (ce n'étaient en fait que des huttes sommaires faites de paille et de boue séchée), se dirigèrent dans cette direction. Ayant entendu certains propos, il était facile de deviner leurs intentions : s'offrir à bon compte un gîte pour la nuit.

 

 Il ne resta au pied de la navette qu'un petit groupe de Terriens. Les indigènes étaient partagés, indécis, certains se lancèrent à la poursuite des conquérants -c'est bien ce que nous sommes- des conquérants donc qui, sans se soucier du reste, filaient bon train vers les huttes. D'autres restèrent avec nous, les plus hardis s'approchant jusqu'à nous toucher. Nos combinaisons étant devenues inutiles -l'air est parfaitement respirable sur Astrée bien qu'un peu riche en oxygène- nous nous en étions débarrassés, ôtant aussi nos casques. Je tendis le mien à un homme qui m'observait de pied en cape. Il fit un pas en arrière. Je ne bougeai plus, mon bras tendu dans sa direction. Il revint lentement et leva les mains dans la direction du casque. J'avais oublié que ce dernier était relié par des câbles à la combinaison. Il me fallait déconnecter les deux parties. Cette fois, mon vis-à-vis resta sur place. Il semblait avoir compris mon intention. Nous étions une vingtaine d'hommes de femmes et d'enfants civilisés, il y avait autant de sauvages, et tous les regards étaient fixés sur cet homme qui tendait les bras dans ma direction. Il prit délicatement l'objet dans ses mains, l'examina, le tourna puis le retourna à plusieurs reprises. Finalement il le souleva, aussi haut qu'il put, on eût dit qu'il portait un trophée. Le casque redescendit lentement jusqu'à se poser sur le haut de son crâne, ce qui déclencha les rires de ses congénères. Ces gens savaient rire. Cela décrispa ceux de notre groupe, on avait affaire à des êtres qui nous ressemblaient, peut-être même à des humains.

 

 Escortée par deux jeunes hommes, une femme s'approcha jusqu'à quelques pas de moi. Seule personne habillée parmi les indigènes, elle portait un ample vêtement sans manche qui l'enveloppait jusqu'aux pieds, ceinturé à la taille par une corde tressée incrustée de perles (en ambre ?) et fermé au niveau de la poitrine et des jambes par des fibules de  même couleur que les pierres qui décoraient ses bracelets. Son cou était ceint d'un torque en corde ornée sur le devant d'une grosse pierre centrale entourée de petites perles de même couleur que les autres éléments de la parure : bleues. Comme elle pliait les genoux dans une sorte de révérence, son visage se crispa trahissant la douleur. Elle semblait âgée, et tremblait de tout son corps. Elle posa quelque chose dans la main de l'un des deux hommes. Celui-ci s'agenouilla et plaça délicatement l'objet devant mes pieds. Polie, brillante, d'un vert turquoise, c'était une hache. J'entendis Jennifer me chuchoter à l'oreille : « jade... jade jadéite bleu ! »

 

 J'allais me baisser pour examiner ce joyau, quand des hurlements se firent entendre. Ils provenaient du village. Les indigènes étaient aussi surpris que nous, ils étaient même effrayés. Ils se mirent à courir dans tous les sens. La femme restait sur place, soutenue par ses deux accompagnateurs. J'aurais voulu rester auprès d'eux, mais ce fut plus fort que moi, je m'emparai de la hache et, laissant Jenny et les enfants sur place en compagnie de quelques autres, je courus en direction des huttes.

 

§

 

 

21/11/2009

Une manifestation très silencieuse

 

Sur Orange actualités le 31 octobre 2009 :

« Selon les premiers éléments de l'enquête, la chef d'agence d'un bureau de poste de Noisy-le-Grand a été suivie jeudi soir jusqu'à son domicile à Fontenay-sous-Bois par trois hommes, dont au moins un muni d'une arme de poing.

Ceux-ci l'ont contrainte à monter dans une voiture et l'ont menacée pour qu'elle leur donne les clés et les codes d'accès de l'agence, a-t-on expliqué de source judiciaire.

Comme elle ne disposait que des clés et pas des codes d'accès de l'agence, les trois hommes l'ont ensuite séquestrée dans son appartement avec son mari et son frère pendant toute la nuit. Les trois victimes ont raconté avoir été bâillonnées et ligotées. Les deux hommes étaient menacés pendant que la femme était violentée.

Les agresseurs l'ont notamment menacée de lui verser de l'alcool à brûler sur le corps et de l'embraser. Ils l'ont aussi brûlée à l'abdomen avec un fer à repasser, selon une source policière.

Vendredi vers 7h00, les trois agresseurs ont quitté le logement, emmenant la chef d'agence avec eux, pour se diriger vers le bureau de poste.

Son mari a réussi à se libérer et à prévenir la police, selon la même source. Un appel ayant été diffusé, des policiers ont repéré à Noisy-le-Grand trois hommes avec une femme correspondant au signalement. Ils ont pu interpeller l'un des agresseurs, mais les deux autres ont pris la fuite, laissant leur victime derrière eux, selon la source judiciaire. »

Fin de citation.

 

 Un reportage bien détaillé. Cependant, il semble qu'il manque quelque chose... voyons voyons...

 

 Eurêka, j'ai trouvé ! Il n'est pas fait mention d'une manifestation silencieuse en hommage à la victime. Les jours suivants, radios, journaux, bouches cousues. S'il y eut une manifestation, elle le fut vraiment, silencieuse.

 

 Bof, après tout, c'était une femme, qui revenait de son travail, pas de quoi en faire des tonnes. Ah, si ç'avait été un jeune désoeuvré, ayant eu une jeunesse difficile dans un quartier défavorisé, n'ayant rien fait de grave à part quelques incivilités et avoir mis le feu à quelques voitures après tout ce ne sont que des gamins il faut bien qu'ils s'expriment, alors là, on en aurait entendu des avocats, sur toutes les chaînes, on en aurait vu des calicots fustigeant les « discriminations », MRAP et Ligue des droits de l'homme en tête -à propos à quand une Ligue des droits des Etres humains ?- derrière Monsieur le Maire et son écharpe, des habitants du quartier seraient descendus dans la rue, sans oublier les copains et copines, les membres de la famille, les représentants des associations et des partis politiques, sans oublier les candidats aux présidentielles, et Besancenot aurait fait un discours.

 

 Vraiment dommage qu'il n'en ait pas fait un, occasion loupée, la victime était une postière.

 

§

 

19/11/2009

Madagascar: appel à la solidarité

 

 

 

Je ne suis pas resté insensible à cet appel, d’ailleurs comment pourrait-on l’être ? 

 

CRISE HUMANITAIRE A MADAGASCAR

Appel à  la solidarité et à l’intervention internationale

Combien de morts faudra-t-il pour que la communauté internationale s’émeuve enfin et que l’on vienne effectivement en aide à la population malgache ?

 

Madagascar est un pays en guerre. Il ne s’agit pas ici d’une guerre d’invasion. Il s’agit d’une véritable guerre menée par un groupe d’individus qui, à travers un coup d’état, ont effectivement pris de manière anticonstitutionnelle le pouvoir en s’alliant à une frange soudoyée de l’armée,  contre les citoyens malgaches épris de démocratie.

 

En ayant pris le pouvoir sans réel projet politique, préoccupés avant tout d’écarter les gens de l’appareil d’état qui auraient pu s’opposer à eux, ils se sont avérés incapables de fédérer les différentes forces politiques du pays, ou de les impliquer pour parvenir à une solution de consensus. Qui plus est, refusant ce consensus qui aurait pu ramener la paix, ils démontrent aujourd’hui une incompétence politique, technique et économique qui a mené en quelques semaines le pays à une véritable cataclysme économique (faillites en cascade, arrêt des flux douaniers, disparition intégrale du tourisme …).

 

La population qui aspire au respect de la légalité et des valeurs démocratiques a manifesté contre ce coup d'Etat et a réclamé le retour à l'ordre constitutionnel. Mais les manifestations pacifiques de cette population, qui n’a jamais exprimé un quelconque appel à la violence, ont été et sont encore violemment étouffées.

 

Les tentatives d’intimidation voulant juguler l’expression des citoyens, ont rapidement évolué en répression : arrestations arbitraires, enlèvement et disparitions de personnalités politiques et de journalistes, censure des médias (condamnée par Reporters Sans Frontières),  assassinat et dispersion de manifestants par des tirs à balles réelles, intimidations vis-à-vis du corps médical hospitalier pour dissimuler les effectifs de victimes… etc …

 

L’insécurité qui s’est installée, caractérisée par des exactions de plus en plus violentes et de plus en plus systématiques (pillages, intrusion dans les maisons, enlèvements, racket, …) menées par un corps d’armée renégat et des milices privées affidées  au pouvoir,  a installé un véritable climat de terreur.

 

Si la résolution de cette crise doit appartenir avant tout aux malgaches eux-mêmes, la violence de ces évènements nous laissent aujourd’hui désemparés, d’autant que le danger est grand de voir,  dans le désastre économique et politique que vivent aujourd’hui les malgaches,  se déclencher en plus une véritable guerre civile alimentée par les enjeux de pouvoir des différentes factions alliées hier pour renverser le gouvernement en place et qui ne tarderont pas demain à se déchirer.

La Communauté Internationale  est témoin de cette situation, mais reste relativement muette, peut être à défaut d’information ou de volonté politique. Après l’avoir vue formellement condamner le coup d'Etat, notre inquiétude est grande qu’une reconnaissance de fait par la communauté internationale se fasse au fil du temps de cette autorité mise en place par un putsch, au détriment des intérêts vitaux et des aspirations démocratiques des citoyens malgaches et de la sécurité de leur avenir.

Le pouvoir actuel, en prétendant défendre SA démocratie, contredit les principes fondamentaux émis dans la déclaration des droits de l’homme, repris dans la charte des droits de l’homme et la charte des Nations Unies. Le droit à la paix, à la prévention des conflits, à la sécurité et au développement économique, social et culturel de notre pays et de ses citoyens est violemment bafoué.

 

Nous en appelons aujourd’hui à toutes les instances, organisations, groupements politiques,  groupements d’individus citoyens, pour qu’ils nous reconnaissent et nous soutiennent, à travers toute forme d’action, dans notre lutte pour un retour à la paix civile et un retour au respect des plus élémentaires principes démocratiques.

 

Un réseau de citoyens malgaches

 

 

 Coup d’état, frange soudoyée de l’armée, incompétence technique, politique et économique, manifestations pacifiques violemment étouffées, arrestations arbitraires, enlèvements et disparitions de personnalités politiques et de journalistes, censure des médias, assassinat et dispersion de manifestants par des tirs à balles réelles, intimidations… voici un vocabulaire malheureusement bien connu, qui traduit tout le mal dont sont capables les régimes totalitaires.

 Cela se passe en 2009 à Madagascar, vingt ans après la chute d’un mur célèbre derrière lequel sévissaient des imposteurs assoiffés de pouvoir. Voyez-vous, le ventre de la bête est bien encore fécond. Ah bien sûr, cela ne se passe pas en Europe. Madagascar est loin, très loin, presque aussi loin que cette Afrique du sud qui accueillera la Coupe du monde de foot. Mais voilà, le sport a un retentissement mondial, même s’il est l’occasion d’assister à des matches dénués de toute sportivité, scènes de violence gratuite, voir les affrontements entre supporters égyptiens et algériens récemment.

 Mais à Madagascar, la violence ne l’est pas, gratuite. Elle s’abat sur un peuple. Alors parlons-en. Pour plus d’information, rendez-vous sur :

 

   http://citoyennemalgache.hautetfort.com/alerte/