01/01/2010
L'ennemi n'est plus à nos portes. Il est entré.
Ils sont légion les pourfendeurs du débat sur l'identité nationale. De gauche, de droite, du centre. Il n'y aura bientôt plus que l'extrême droite pour donner son avis sur la question. Quelle maladresse d'avoir présenté les choses ainsi ! Maladresse voulue ? On finit par s'interroger. Ou négligence, précipitation ? Bref, la question ne se pose pas ainsi. S'il s'agit de se demander : « Qu'est-ce qu'être français ? », et s'il faut « être fier d'être français », le débat risque de tourner court. En se limitant aux seules leçons d'histoire apprises à l'école : des fiers Gaulois, des chevaliers sans peur et sans reproche, de l'héroïne Jeanne bravant les lâches anglais, à la légende napoléonienne (la légende, pas la réalité), à Jean Moulin et de Gaulle, certes il y a de quoi garder la tête haute. Pour le reste, ce qu'on a appris par soi-même, les zones d'ombre, la tête on est parfois tenté de la rentrer dans les épaules. Ne nous y attardons pas, ce n'est pas le sujet.
Mon grand-père était un immigré italien. Il a été bien accueilli en France. Il a fondé une famille. Il avait un travail. Il respectait les lois du pays d'accueil. Qu'il ait été italien n'a nullement nuit aux rapports avec ses concitoyens, je dirais bien au contraire, la présence d'étrangers à la langue, à la culture, aux traditions différentes peut contribuer à ouvrir les esprits des gens du cru. Peut contribuer. C'est une possibilité. Des Polonais, des Arméniens, des Portugais, des Espagnols, des Algériens sont venus dans notre pays sans que jamais l'identité nationale fût en danger. Si, elle le fut, quand les lois antisémites de l'Etat français ont livré aux nazis des gens qui contribuaient au moins autant que les autres à la prospérité de la nation, et pour qui la nationalité française n'avait jamais fait aucun doute (à ajouter dans la colonne « zone d'ombres »).
Alors aujourd'hui, problème d'identité nationale ?
Je crois surtout qu'il y a un problème avec la république.
Voilà maintenant en gros trois cent ans que, au moins à l'échelle de l'Europe, les peuples se sont battus pour conquérir démocratie et liberté. Pas toujours victorieusement, avec des résultats parfois tardifs (le vote des femmes en France...), ces luttes ont payé, au prix d'immenses sacrifices, au prix de la Terreur, de révolutions et de guerres sanglantes, de grèves dures, de guerres civiles, des droits fondamentaux ont été acquis. Les monarchies de droit divin ont été abolies, les religieux ont été écartés du pouvoir, les écoles se sont ouvertes à tous les enfants, les femmes ont pu s'émanciper, le travail des enfants a été interdit... Et surtout, surtout, je parlais des écoles : ouvertes à tous, elles ont permis d'instruire, d'ouvrir les esprits, de développer l'intelligence, la conscience, la responsabilité.
Oui, problème avec la république. Car ses représentants aujourd'hui, au pouvoir et dans l'opposition, ont oublié ce qu'ils ont appris. Ou alors feignent-ils l'amnésie ? Sont-ils doués d'une exceptionnelle faculté d'oubli ?
Plus exactement, leur mémoire est sélective.
Que la France fut la fille aînée de l'Eglise, cela n'échappe à la mémoire d'aucun de nos politiques. Les courbettes d'un président au Vatican, aux genoux d'un pape qui béatifie Pie XII et qui écoute complaisamment les élucubrations d'un évêque négationniste, cela ne révolte qu'une minorité de laïques.
Qu'un maire de la capitale baptise Jean-Paul II une place de Paris, cela ne révolte que cette minorité de gens qui se souviennent... de la peu glorieuse béatification de prêtres franquistes espagnols, qui se souviennent de ces déclarations fracassantes condamnant l'usage du préservatif, alors que la maladie prolifère en Afrique et sur tous les continents.
Que la maire d'une grande ville accepte sous la pression des représentants d'une religion primitive, de définir des heures séparées pour les deux sexes dans les piscines, cela n'offusque que la droite, et encore, parce que la magistrate est de gauche !
Qu'il faille parlementer pendant des mois, créer une commission, engager des débats sur les radios et télés, laisser la parole à des illuminés, visiteurs venus de siècles où la femme n'existait pas encore, tout cela pour savoir si des êtres déguisés en Belphégor peuvent encore ou non circuler dans les rues, cela n'étonne pas grand monde, sauf peut-être ces femmes qui dans ces lointains pays théocratiques voudraient bien en finir une fois pour toutes avec l'obscurantisme et les ayatollahs.
Que le maire d'un arrondissement de Paris tolère la présence dans l'espace public de centaines d'hommes en prière rituelle cinq fois par jour, cela doit révolter beaucoup de monde dans le quartier, mais chut, il faut se taire au risque d'être qualifié de raciste, alors qu'il s'agit d'une violation de la loi républicaine.
Qu'on ne serve plus de jambon dans certaines cantines scolaires, que certaines boucheries ne servent plus que de la viande de bêtes abattues selon le rite musulman, que des livres mettant en cause la théorie de l'évolution soient distribués dans les CDI des collèges, que des religieux ou qui se proclament comme tels viennent mettre leur nez dans les programmes scolaires, qu'on construise des édifices religieux à tire-larigot, alors qu'on manque de logements...
La réponse à ces agressions contre les lois de la république serait d'organiser un débat ? Ridicule. Je sens confusément qu'on va se mettre à genoux et que ça va tourner court. Réveillons-nous plutôt ! L'ennemi n'est plus à nos portes. Il est chez nous. Quand je dis « chez nous » (pour les gauchistes attardés) je n'entends ni chez les hommes blancs, ni chez les français de souche, j'entends plutôt que l'ennemi s'installe tranquillement et sans rencontrer de résistance dans les démocraties occidentales, qu'il fait son nid. Et j'entends surtout que l'ennemi n'a rien à voir avec une race ou une ethnie, si ce n'est celle des barbares de la pire espèce, les religieux fanatiques, qui sont de tous les pays et de toutes les époques.
La république, ce sont des lois écrites. Appliquons-les.
§
14:09 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : république, lois, infraction, séparation de l'église et de l'état
30/12/2009
XVII- S'il y a quelque chose à chasser, nous survivrons
Nous disposons d'une bonne réserve de nourriture. Ce n'est pas de la haute gastronomie mais des conserves, des mets tout préparés conservés sous vide. Cela durera un temps. Il faut penser à l'avenir. Les cabanes seront bientôt terminées, beaucoup d'entre nous s'occupent à l'intérieur : égalisation et damage du sol, aménagement du couchage, les plus habiles d'entre nous ont réalisé des tables, des bancs et du petit mobilier en rondins de bois. Des chaumes constitués d'un mélange de branchages, de fines brindilles et de feuilles nous protégeront des intempéries. Mais pleut-il au moins sur cette planète ? Bien sûr que oui, sinon il n'y aurait pas d'arbres, de branchages, de brindilles ni de feuilles. Le plus gros du travail étant réalisé, nous explorons les environs immédiats de notre « village ».
Le paysage n'est pas des plus pittoresques, nous sommes installés à l'orée d'un bois. Chose étonnante, aucun cri d'oiseau. De l'autre côté, si ce n'est cette brume de chaleur qui occulte l'horizon, la vue est dégagée sur des kilomètres : une lande qui nous rappelle celle de Lüneburg, moins les touristes en calèche évidemment. Ces grandes étendues d'un bleu profond, probablement des mers, parsemées d'îles ou d'îlots, ces grands espaces bruns ou verdâtres que nous avions survolés, quand Sésostris s'approchait d'Astrée... nous n'en voyons aucune trace, aussi loin que porte notre regard. Il est vrai que le vaisseau, en vol stationnaire à 30 miles d'altitude survolait un territoire d'une surface équivalente à celle de la Germanie ! Maintenant, au niveau du sol, à perte de vue, pas de lac, d'étang ni même de ruisseau, si ce n'est un maigre ru d'un liquide douteux qui coule péniblement à quelques centaines de mètres du camp. Alors pour l'eau, nous vivons sur nos réserves. Il doit bien y en avoir quelque part, les indigènes avaient nettoyé les plaies de la jeune fille avant de l'emporter. Une source ?
La lande ressemble à un désert. En réalité, ceux qui s'y sont hasardés ont découvert une campagne bien vivante, herbeuse, parsemée de bosquets et de bruyères aux vives couleurs, ils en ont même rapporté des fleurs. Elle est bien vivante assurément cette lande où courent, vivent et se cachent de petits animaux et... des êtres humains ! Oui ce sont bien des hommes qui ont été aperçus hier, et pas des hommes de chez nous. Les indigènes chassent dans la lande. C'est la nouvelle la plus agréable depuis notre arrivée ici-bas. D'abord parce que c'est rassurant de les voir. Dans le bois, les enfants ont aperçu des femmes qui arrachaient des plantes. Chassés de leur village et réfugiés dans la forêt, ils ont gardé le goût de vivre, et leur habileté dans le maniement de la fronde en dit long sur leur capacité de survie. Et puis, s'il y a quelque chose à chasser, nous aussi nous survivrons.
Il nous faut établir un nouveau calendrier. Voilà déjà quelque temps que je ne date plus les pages de ce journal. Nos montres et pendulettes s'étant arrêtées pendant le voyage, nous ignorons combien de temps a duré celui-ci. Ce que nous savons : nous avons vu deux couchers de Proxima (le soleil d'Astrée) pendant le déchargement de Sésostris par aller et retour des navettes. Depuis l'atterrissage, il s'est levé et couché quatorze fois. Ici le jour dure une trentaine d'heures. A quoi bon reprogrammer nos montres ? Leurs batteries seront épuisées un jour ou l'autre, et personne parmi nous ne comprend rien à l'électronique. Les autres feront comme moi, ils tiendront un journal. A partir de maintenant, je préciserai la date en comptant les jours depuis notre arrivée sur Astrée, jour Zéro.
Jennifer revient du bois toute excitée. Elle a couru, elle se tient les côtes. Dans un souffle, elle a le temps de me dire qu'un arbre au feuillage suffisamment dense lui procure un discret poste d'observation en direction de la clairière où sont établis les indigènes... Avant même qu'elle ouvre à nouveau la bouche pour me rapporter (dans le moindre détail, je la connais !) ce qu'elle a vu, je l'arrête dans son élan.
- - Penses-tu vraiment que ce soit la meilleure manière d'entrer en contact avec ces gens? Nos enfants n'ont eu besoin ni de se cacher, encore moins d'espionner pour nouer des relations avec les enfants des Autres...
Encore essoufflée, à peine remise de sa course dans les bois, elle reste bouche bée, ne sachant quoi dire. J'insiste.
- - Est-ce que tu réalises que ces gens ont été expropriés, par les nôtres! Ils se réfugient dans la forêt, d'où on les espionne! S'ils te découvrent, c'en sera fini de nos relations, et pour longtemps, avant même qu'elles aient commencé.
Peut-être y suis-je allé un peu fort, nous vivons un peu sous tension, je ne cesse de ruminer, il faut penser à nous, aux enfants, savoir de quoi demain sera fait...
Jennifer s'est éclipsée dans la case. Ce soir, nous ne ferons pas couche commune.
17° jour : Nous sommes réveillés par des coups de feu. Probablement des chasseurs, des gens de chez nous bien sûr. Les armes à feu avaient pourtant été prohibées dans les vaisseaux... Ils seront bien un jour à court de munitions. Pour notre part, nous avons taillé des sagaies et passé les pointes au feu. On s'entraîne au large pour éviter tout accident avec les enfants, aux premières heures du jour. Le vent se lève régulièrement dès que l'astre lumineux monte au zénith. On s'entraîne alors à la fronde. Nos enfants ont pu observer comment s'y prenaient les Autres. Ils nous expliquent. Mais nos essais n'ont rien de concluant. Pendant longtemps encore il faudra lancer les pierres à la main. On se demande avec inquiétude quels animaux se laisseront prendre de la sorte !
Jennifer ne me parle pas. Elle est partie dans la matinée et n'est toujours pas revenue.
Ce soir, il y a de la fumée au loin sur la lande. On distingue des silhouettes. Ce sont des Terriens, une navette avait atterri dans ce secteur quelques heures après la nôtre. Pendant ces premiers jours nous fûmes tous occupés au point d'oublier que plusieurs millions de nos congénères avaient été déposés sur Astrée. Il est inévitable qu'un jour on se rencontre. Sots comme ils sont, les hommes seraient bien capables de reconstituer les nations, de réinventer des frontières, et pourquoi pas... de se faire la guerre. Trêve de plaisanterie. Je dis plusieurs millions, j'exagère, il était question de répartir l'humanité dans cette même région stellaire sur une dizaine de planètes que les Gens du Voyage tenaient pour habitables. Saurons-nous un jour combien d'êtres humains ont pu être épargnés par la Catastrophe ? Une chose est certaine : les malheureux qui n'ont pu ou pas voulu être emportés, sont aujourd'hui redevenus poussière. A moins que, dans des caves, des couloirs de métro, des souterrains... Je n'ose pas y penser et je prends un air évasif quand les enfants me posent la question.

21:45 Publié dans A 100.000 années des Lumières | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouveau monde, désert, lande, survie
24/12/2009
Censure
d'après Le Monde.fr AFP, le 06 novembre 2009 d'après http://www.memritv.org/francais.
Des extraits d'un livre mondialement connu et traduit dans presque toutes les langues (1) ont été supprimés dans un manuel scolaire utilisé dans une école (2). Cette censure fait suite à une campagne d'un parti (3). Pour la chaîne de télévision (4) de ce parti,
« Ce qui est plus dangereux encore est la manière dramatique et théâtrale dont le texte est relaté, il est chargé d'émotion. »
L'établissement décide d'abandonner le manuel en question et demande à ne pas être identifié.
- (1) le Journal d'Anne Frank
- (2) du Liban, pauvre Liban, qu'es-tu devenu?
- (3) le Hezbollah
- (4) Al-Manar
Quand le vert et le brun s'associent... Mêmes méthodes, même ennemi, oh non, je ne parle pas seulement des juifs, je parle des hommes. Car pour le nazisme, comme pour l'islam, il y a des hommes en trop, des femmes, des enfants aussi, une fillette et un livre "trop chargé d'émotion".
§
10:01 Publié dans Antisémitisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : anne frank, antisémitisme, liban, hezbollah