20/02/2017
Nostalgie
Il m’arrive de ne pas savoir contenir ma colère. Est-ce l’âge ? Sont-ce les mœurs qui ont évolué, le comportement des gens que je ne supporte pas ? Il y a aussi la désillusion. Quand on a tant espéré, quand on a cru aux lendemains qui chantent, et qu’on voit ce qu’on voit, qu’on entend ce qu’on entend, il y a de quoi s’emparer de la bêche et aller cultiver son jardin. Le danger c’est la misanthropie. Ce n’est pas mon cas, il y a encore quelques personnes que j’aime, des gens qui n’ont pas changé, c’est bien de ne pas changer quand tout est perpétuellement en mouvement, provisoire, périssable, jetable, à l’exception des préjugés et des dogmes qui malheureusement ne sont ni en mouvement ni périssables.
Croire, espérer, c’était se battre, non pour détruire ni faire souffrir, mais pour construire un monde pour l’homme. Un monde pour la femme. C’était combattre l’inégalité, l’exploitation, la colonisation, la guerre. Y a-t-il eu un jour un plus beau combat ? On allait changer la vie, transformer le monde. On peut toujours nous reprocher d’avoir rêvé, pire : d’avoir trop lu, d’avoir trop cru, et surtout d’avoir encensé des modèles qui, avec recul, n’était pas si respectables. On peut reprocher beaucoup de choses aux personnes qui agissent, car souvent elles sont emportées et espèrent soulever des montagnes. J’en vois qui regardent les rêveurs en souriant, qui n’ont pas bougé, pas levé un doigt quand il fallait agir, au risque de se tromper. Quand l’esprit n’est mobilisé que pour faire carrière, pour préserver sa tranquillité et assurer ses arrières, il a peu de chance de se tromper. Les sages ne se trompent pas et regardent ceux qui s’indignent et se battent comme des Don Quichotte ridicules. Si dans l’histoire ces personnes très raisonnables avaient décidé du sort de l’humanité, aujourd’hui les enfants à quatre pattes dans les galeries de mines pourraient tout juste manger à leur faim, juste assez pour continuer d’engraisser des charbonniers raisonnables.
Je n’ai pas honte de dire que j’ai cru au socialisme. Le 12 avril 1961 je n’ai pas boudé mon plaisir quand j’ai appris que le premier homme propulsé dans l’espace était un soviétique. J’ai suivi le déroulement du XXII° congrès du PCUS en espérant que le stalinisme serait condamné. Il ne le fut pas. J’ai encore fermé les yeux quand dans la guerre sino-indienne, les soviétiques livrèrent des armes à l’Inde. Je me suis alors tourné vers le trotskisme, en occultant l’écrasement du soulèvement de Kronstadt, il fallait bien de temps à autre sacrifier quelques humains quand l’objectif était si haut, si extraordinaire. En août 68 les trotskistes étaient du bon côté quand ils soutinrent le printemps de Prague et condamnèrent l’intervention soviétique. Ensuite, j’ai vu comment fonctionnaient les organisations anti-staliniennes, et peu à peu elles m’apparurent peu différentes de celles qu’elles combattaient. Esprit de secte, d’appareil, de caste, intolérance. Condescendance aussi du marxiste qui sait tout, qui voit et comprend tout vis-à-vis du peuple aliéné, ignorant. Si vous n’êtes pas marxiste, c’est que vous ne l’êtes pas encore… ou alors, c’est l’option de tous les dangers, c’est que vous êtes passé du côté de l’ordre bourgeois. Moi, cela fait longtemps que je suis passé de ce côté-là. L’ordre bourgeois est ce qu’il est, mais qu’on me montre où et quand dans le monde une alternative plus heureuse s’est présentée.
Je ne renie pas mon passé, mais je ne regrette pas d’avoir ouvert mon bec quand se taire aurait été indigne d’un étudiant ayant appris tant de choses. Le siècle dernier fut terrible. Il aurait pu être différent, si l’attentat de Sarajevo n’avait pas eu lieu, si les pacifistes allemands et français avaient pris le dessus sur les va t’en guerre, si la chute du tsar avait laissé place à une démocratie en Russie, si si si … J’entends nos gens raisonnables me dire qu’on ne refait pas… blablabla. C’est peut-être aussi qu’il y eut dans ce passé trop de gens raisonnables.
Quand je vois à la porte des usines tant de savoir faire perdu, tant de drames, d’injustice, quand j’entends des âneries du genre il faut produire français, que c’est la faute des étrangers, quand je vois des femmes qui se cachent par respect pour un dieu qui n’est jamais là quand on a besoin de lui, comme vous certainement, je serre les poings. Je ne cours plus camarade, le vieux monde est toujours là, et bien là.
On s’occupe un peu de soi, c’est le temps de la retraite, place aux jeunes. Mon plaisir c’est la photographie. Je suis amoureux des belles mécaniques, du film et du papier argentique. J’avais réservé un blog –celui-ci- à des billets d’humeur, et un autre pour la présentation de ma collection d’appareils photographiques. Comme si les deux domaines étaient séparés. Erreur. Quand on en a assez de désespérer de tout, il reste ces belles choses, merveilles de la technique qui sont passées dans les mains des plus grands artistes, pour la beauté d’un paysage d’Ansel Adams, le modelé d’une nature morte de Weston, merveilles sans lesquelles on ne pourrait montrer à nos petits enfants le visage d’Anne Frank.
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07/02/2016
Peut-on être de gauche aujourd'hui ?
Oui. D'abord parce qu'il est difficile d'être de droite. Celle-ci fait chaque jour un peu plus son plein d'incompétence, comme si l'histoire de France au siècle précédent ne lui en avait pas donné assez. Faut-il rappeler aussi qu'elle compte dans ses rangs quelques personnes peu estimables, financièrement non patriotes, très attachées à leurs biens dont l'origine n'est pas toujours avouable. Comme ce n'est pas le cas de tous, on pourrait encore glisser un peu d'espoir dans les déclarations programmatiques d'une droite républicaine honnête et soucieuse de l'avenir du pays. Ce serait sans compter avec cette antienne qui s'accroche à la France comme la misère sur le monde: la droite c'est l'argent, l'argent c'est le mal.
Nous sommes tous qu'on le veuille ou non des idéalistes. Comme c'est difficile sur une estrade, dans un meeting ou une réunion de famille de justifier ou seulement d'essayer de comprendre l'inégalité sociale! Pire, si vous êtes ministre de l'économie, de déclarer que la vie d'un patron n'est pas plus simple que celle d'un salarié...horreur! Erreur de débutant. Blasphème. Le travailleur, l'exploité, le chômeur, le pauvre sont les saints d'aujourd'hui quand ceux du ciel ont convolé pour toujours vers des espaces où la misère a encore un sens (et encore rien n'est moins sûr peut-être qu'il fait bon vivre ailleurs et que dieux, saints et l'armée des anges ont déposé les armes une fois pour toutes et dans tout l'univers). Dans une société dont personne n'est plus capable de dire où elle va (et même parfois d'où elle vient, tentez l'expérience, on vous qualifiera de nostalgique, une injure) les seules choses qui valent encore le coup de croire et s'engager bourgeonnent dans le dernier carré du petit jardin, profond au plus profond de nous. Conscience, la bonne conscience. C'est dans ces parages que la gauche survit, qu'elle trouve encore du grain à moudre.
Il est à noter que les personnes qui montent en première ligne pour défendre l'opprimé ne sont jamais des travailleurs, des exploités, des chômeurs, encore moins des pauvres. Pourquoi? D'abord parce que les héros ont du temps à perdre. Ils ont la culture, ils ont les livres. Nombre d'entre eux ont l'accès aux médias. Philosophes, écrivains, artistes, cinéastes, comédiens, chanteurs et humoristes à 99,99% tiennent le même discours compassionnel: il faut en finir avec la misère, mettre tout le monde sous un toit, donner les moyens de se nourrir, éduquer, éduquer encore. Car les révolutions n'ont pas tenu leurs promesses. Cela fait presque deux siècles que le capitalisme exploite le monde et que les forces qui prétendaient le terrasser ont échoué lamentablement en créant parfois des situations pires. L'idéal révolutionnaire à l'image de ses apôtres n'a plus vingt ans. Il a pris du ventre. Mieux rompu à la course, le vieux monde l'a rattrapé. Dépité, drapeau rouge en berne, que reste-t-il au vieux militant de ses amours? Des livres, des souvenirs, des guerres (sans arme oh la la!!) à raconter. Quoi d'autre? En dernier recours: le verbe haut contre l'extrême droite. Entre une soirée théâtrale et une expo à ne pas manquer, le gauchiste ordinaire joue un rôle dans un domaine où il est le recordman du monde: celui de l'effarouché.
Drapé dans sa tunique fleurant bon la tolérance, l'amour et la paix entre les peuples, le bourgeois bohème s'avance et parle. Il est l'avocat de l'humanité tout entière. Lui qui n'a jamais subi ni même vécu sous régime fasciste, il sait la menace et nous la rappelle à toute occasion. Mais l'acuité de son regard a des limites qui lui sont imposées par un système de pensée. Dirai-je son dogme? Il voit derrière des lunettes qui partagent définitivement et indiscutablement le monde entre le bien et le mal. Le bien reste toujours à définir, le passé douloureux de l'expérience socialiste incite le plus inflexible des idéologues à la modestie. Le mal est plus facile à cerner: l'argent, le patron, le capital, le capitalisme, l'impérialisme et pendant qu'on y est: l'Occident. Ce qui permet de faire passer les pires idéologies réactionnaires pour des forces de progrès, puisque opposées au Satan occidental. Et les barbares qui tuent au nom de dieu ont l'habileté de tenir un langage semblable mettant dans le même sac pouvoir de l'argent, impérialisme colonisateur et mœurs dissolues.
Comment peut-on espérer quelque chose de ces orateurs sans talent? Ils sont dans la république ce que les dames de charité étaient au temps des rois. Une soupape. Pourrait-on en vouloir à ce petit bourgeois avec un coeur gros comme ça? Chapeau vissé sur la tête, écharpe rouge et manteau noir sont des preuves de son existence. Ces gens-là ne manifestent pas. Ils se manifestent. Ils vivent au plus loin de la banlieue derrière une porte blindée protégée par une alarme, mais ils savent ce que c'est que la délinquance, sans toutefois tomber dans le piège du tout sécuritaire. Ils ne sont jamais dans le doute. Comme leurs maîtres à penser qui fermaient les yeux ou feignaient l'étonnement quand les chars d'assaut faisaient la loi dans le monde socialiste ils ne savent pas qu'en France aujourd'hui il nous faut accepter les prières de rues, des horaires séparés pour les femmes dans certains lieux publics, des enseignements adaptés pour ne froisser personne à l'école, ils ne savent rien de tout ça. Et quand il leur faut se rendre à l'évidence, ils trouvent encore les mots, les expressions qui rabibochent, comme quoi tout va s'arranger, le problème n'est pas là, décrispons, apprenons à vivre ensemble. Ils sont même capables de plaider la pire des causes religieuses, sombrant dans l'antiféminisme et l'antisémitisme, s'il faut en arriver là pour exister encore. Si le terrorisme islamique ne les bouleverse pas, c'est l'état d'urgence qui les fait descendre dans la rue.
Etre de gauche aujourd'hui, bien sûr que c'est possible, et ces pantins de la politique nous manqueraient s'ils n'existaient pas. Au risque de choquer je dirai même qu'ils sont excusables. Quand on juge les gens, il faut tout mettre dans la balance. Se rendre compte que pour eux le siècle passé a été rude. Le monde nouveau qu'ils avaient espéré s'est écroulé comme un château de cartes. Leurs idoles ont été descellées. Partout les efforts pour en finir avec l'exploitation de l'homme par l'homme ont été vains. Coupés de leurs racines, mis à l'écart d'une classe ouvrière diminuée qui ne croit plus en rien, ils trouvent refuge dans les médias, le spectacle, la représentation et l'humanisme à trois sous. Etre de gauche c'est être auprès des opprimés, par le cœur. Ils pourraient presque nous émouvoir s'il n'y avait tout près d'ici et de chez vous cet homme que vous rencontrerez un jour qui a tout perdu, emploi, femme, maison, collègues, camarades, dont les fleurs qu'il vous montre, en massifs devant son bungalow, sont le plus beau et le plus vrai de tous les discours.
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11:34 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gauche, gauchiste, compassion, engagement
04/09/2015
Si l'on excepte quelques penseurs honnêtes
Cité par Emmanuel Carrère dans « Limonov » : George Orwell parlait de common decency,
« …cette haute vertu qui est plus répandue dans le peuple que dans les classes supérieures, extrêmement rare chez les intellectuels, et qui est un composé d’honnêteté et de bon sens, de méfiance à l’égard des grands mots et de respect de la parole donnée, d’appréciation réaliste du réel et d’attention à autrui. ».
Ce livre d’Emmanuel Carrère est une source inépuisable pour celui qui veut comprendre notre temps. J’y reviendrai. Common decency : le dictionnaire traduit par décence, bienséance, convenance, respect humain, pudeur, honnêteté. Je retiens ces trois derniers, ce sont des piliers solides sur lesquels peut s’édifier une conduite humaine. Qualités essentielles mais rares. Qualités qui ont peu de rapport avec le niveau culturel des personnes.
Au commentaire de E.Carrère qui évoque les grands mots, sous-entendant par là qu’ils sont proférés par les intellectuels, j’applaudis. Bavards intarissables, ils parlent trop souvent pour ne rien dire. Je mettrai un bémol. Le vingtième siècle les a trop souvent vus parler alors qu’il aurait fallu qu’ils se taisent, mais n’oublions pas qu’ils se sont aussi tus quand il aurait fallu qu’ils parlent. Car si les longues études développent l’intelligence, elles donnent des responsabilités. Qu’un philosophe dispense ses cours à l’université sous un régime qui sème la terreur, qu’il approuve même ce régime, c’est incompréhensible, ce fut pourtant la réalité. Que des écrivains ou des artistes reviennent enthousiasmés et glorifient l'intolérable, c’est révoltant mais ce fut la réalité. Quand je dis que je mettrai un bémol sur le penchant des intellectuels pour le bavardage, c’est qu’il faut leur accorder aussi cette faculté qu’ils ont de se taire. Au besoin, ils sont les rois du silence.
Je n’ai jamais reproché à cet ami de ma grand-mère dont j’ai longuement parlé ici-même, il s’appelait Nicolas, je ne lui ai jamais reproché d’être communiste, c’est-à-dire stalinien tout simplement, même quand on savait que le « petit » père des peuples était champion du monde du crime –excepté Hitler, on ne va pas comparer le nombre de morts, les déportations, les souffrances. Je ne lui ai pas reproché pour deux raisons. D’abord, Staline déportait, tuait et torturait au nom du communisme, et le communisme c’est le plus bel objectif qui ait été à ce jour proposé à l’humanité. Pour Nicolas, comme pour des millions d’ouvriers français, l’Union soviétique c’était l’espoir, et pour les plus combatifs : l’avenir. Alors pour les crimes, mais de quels crimes parlez-vous donc quand c’est pour le bonheur des peuples ? Ensuite, Nicolas n’avait lu ni Hegel ni Feuerbach ni Marx ni Engels ni Lénine. Sa culture était celle de l’Humanité quotidienne et de Paris turf pour le tiercé du dimanche. Donc pour lui, à partir de 1941, l’horreur était nazie, terrible, insupportable, mais limitée à l’Allemagne, certes importée en France mais par des traîtres à la solde des « boches ». Par contre, nos poètes à la Aragon qui en appelaient au Guépéou, nos universitaires qui se taisaient en 56 lors des événements de Pologne et de Hongrie, et qui pour certains ne rompaient le silence que pour accuser les ouvriers hongrois d’être manipulés par l’ogre américain, justifiant ainsi l’écrasement de leur révolte par les chars du grand frère soviétique, ah oui à ceux-là il y aurait des reproches à faire mais c’est trop tard toujours trop tard. Combien de ces intellectuels ont bougé leur cul pour accueillir Leonid Plioutch à l’aéroport français, ce mathématicien chassé de son pays pour dissidence ? Quelques dizaines. Silence radio. Ces écrivains qui ne savent plus raconter des histoires, sauf quand on ne leur demande pas, qui n’ont jamais souffert, qui n’ont vécu aucune aventure, qui s’auto analysent sur du papier à grand tirage, ils se sont tus quand d’autres à l’est recopiaient sur du carbone des chefs d’œuvre interdits. Des courageux comme Pierre Daix, il y en a eu peu, trop peu pour parler, pour dire que l’Archipel du Goulag était plus qu’un beau morceau de littérature.
Ils sont les rois du silence quand le réel ne coïncide pas avec l’idée qu’ils se font du monde. Dans les moments cruciaux de l’histoire des hommes, quand les dogmes menacent de s’effondrer, le silence des maîtres à penser les maintient encore debout. Pour quelques temps seulement, mais c’est déjà trop.
Posons d’emblée cet axiome : les intellectuels sont très majoritairement de gauche. Pourquoi ? Défendre ou même promouvoir le capitalisme, l’idée du profit, le système bancaire, l’exploitation de l’homme par l’homme, bref se faire l’avocat du diable est une tâche pratiquement insurmontable pour quiconque a fait de longues études, et souhaite en tirer quelque chose en général pour faire carrière, mais pas toujours, quelquefois aussi pour améliorer le sort de ses contemporains même si c’est contre le gré de ces derniers, au péril de leur vie. L’intellectuel penche donc à gauche et rêve de faire le bonheur des peuples. Je reviens au livre de Carrère pour une longue citation qui en vaut la peine (il reprend lui-même des propos d’un certain Martin Maria) :
« Le socialisme intégral n’est pas une attaque contre des abus spécifiques du capitalisme mais contre la réalité. C’est une tentative pour abroger le monde réel, tentative condamnée à long terme mais qui sur une certaine période réussit à créer un monde surréel défini par ce paradoxe : l’inefficacité, la pénurie et la violence y sont présentées comme le souverain bien. »
Pour expliquer le silence de nos intellectuels pendant les riches heures du totalitarisme soviétique, il faut noter que ce dernier ne s’en est jamais pris au peuple, ni à l’honnête citoyen, mais aux « ennemis du peuple ». Là réside toute la force du système : on met tout en œuvre pour faire le bien, et quelques énergumènes (en réalité entre 10 et 15 millions) pour la plupart agents de puissances étrangères ourdissent des plans contre-révolutionnaires. Ajoutez à cela l’aura dont jouit le père des peuples et sa clique après la victoire sur l’Allemagne nazie, et on comprend mieux pourquoi ici à l’ouest la gauche s’est tue, et même parfois a complaisamment entendu la propagande communiste.
On va me dire : mais enfin pourquoi revenir sans cesse sur ce passé ? C’en est fini du communisme, tirons un trait.
Non. Le parti est mourant, mais les idées qui furent les siennes sont encore vivantes. A l’extrême gauche c’est certain, mais aussi colportées par la majorité des médias : américanophobie, critique du capitalisme sous toutes ses formes, silence ou bavardage complaisant sur les crimes de guerre quand ils ne sont pas le fait des puissances occidentales, culture de l’irresponsabilité, justification de la délinquance par le chômage des jeunes, du terrorisme par l’extension de la misère dans le monde, explication des guerres et génocides en Afrique par la richesse du sous-sol convoitée par les puissances occidentales…on se croirait revenu dans les années cinquante quand les unes de l’Humanité imputaient les malheurs du monde à l’impérialisme américain, US go home.
Nos intellectuels aujourd’hui, si l’on excepte quelques penseurs honnêtes qui ne craignent pas d’appeler un chat un chat, d’aller contre l’opinion au risque de passer pour des complices de ce que la gauche a estampillé comme étant la « réaction », nos intellectuels donc, c’est le prix à payer pour se faire un nom, caressent le pouvoir, tous les pouvoirs, politique, religieux, médiatique, dans le sens du poil. Pour les aider, les gentils journalistes qualifient leur discours de « décalé ». On ne m’empêchera pas de penser que l’humanisme haut de gamme qu’ils manifestent partout et sur les ondes est une couche de vernis étalée sur de la mauvaise conscience. A l’image des bourgeois bohèmes qui les admirent : à des kilomètres du monde réel et des cités dangereuses, tout ce qu’ils risquent, c’est une rayure sur leur puissant 4x4 hybride. Si si, ça existe, dans les beaux quartiers l’avenir de la planète est préoccupant.
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13:15 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : intellectuels, engagement, communisme