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08/03/2009

K...K...K...

 

 

 Nous sommes le 8 mars. Traditionnellement le dimanche avant l’arrivée des invités c’est un couple enthousiaste qui nettoie la maison et s’affaire à la cuisine. Les autres jours, Madame s’octroie les travaux ménagers. « S’octroie » est un peu fort. Disons plutôt que par convention, dès les premiers instants de la vie conjugale, on répartit ainsi les responsabilités :

 

 Lui se voit confier les relations extérieures ;

 Elle, les affaires intérieures : ménage, lessive, cuisine, vaisselle, lever, coucher et toilette de la progéniture.

 

 Tous les gouvernements fonctionnent un peu comme cela, à un détail près : pour l’extérieur, un diplomate suffit. Alors que les affaires intérieures font appel au concours de plusieurs ministres : économie, finances, affaires sociales, ordre public, défense du territoire, environnement, instruction publique, anciens combattants, retraités, etc.

 

 Dans un ménage, les titres sont moins honorifiques. Le mari est à l’extérieur, ce qui ne l’empêche pas, entre deux courriers, de donner le coup de main pour l’économie et les finances, signature oblige. La femme remplace les dix à quinze ministres (le chiffre varie selon la taille de la maison et le nombre d’enfants) qui gèrent le pays. Aussi sa tâche est lourde. Même si, compréhensif, Monsieur inclut dans les problèmes extérieurs le jardinage et le balayage de l’allée de garage, au niveau du temps de travail réel, le compte n’y est pas. Alors, pour éviter la crise de régime et son aboutissement politique : le changement de ministre, il faut composer. C’est la deuxième étape.

 

-         Ne pas subir sans réagir ! se dit-elle : premier assaut, celui des opprimés.

 

-         Cédons sur les petites corvées… se dit-il, afin d’éviter le pire.

 

Et le maître des lieux, renâclant mais consentant, se met un jour sur trois à langer un bébé, mettre une casserole d’eau sur le feu, ranger (à fond) le contenu du tiroir à couverts. Peu de choses en fait, mais qui contribuent au dialogue et permettent d’attendre dans la paix les prochaines négociations.

 Celles-ci sont difficiles car les partenaires sont fatigués. Elle, ses yeux cernés la dispensent de longs discours. Lui n’est pas à court d’arguments : il a beaucoup à penser et, débordé par les responsabilités, il sera victime sous peu, de surmenage nerveux et intellectuel, sans parler d’une possible oblitération d’un vaisseau par une thrombose. Il court du téléphone –pour le prêt conventionné- au secrétaire rempli de dossiers et vole au-dessus des enfants sans les voir.

 

-         Ah ! C’est encore occupé !

 

-         Tu appelles pour la maison ? Inutile. Après ma lessive, j’avais cinq minutes avant le premier biberon. J’ai eu la banque. C’est réglé. Ils acceptent le dossier.

 

-         Ah ? Bon… c’est bien.

 

 On a pu dire ici ou là dans les livres, lors de débats télévisés ou en famille entre la poire et le fromage, que si la femme n’avait pas fait de grandes choses dans l’Histoire, c’est qu’elle passait trop de temps à sa beauté. Il serait plus raisonnable de dire qu’une fois réglés les travaux ménagers, il lui restait peu de temps pour tenir de longs discours, chasser le cervidé, diriger des armées. Et puis, les religions étaient là, bien présentes, pour souligner, sur ce ton compassionnel inimitable qui est le leur, toute la beauté de la fonction de mère au foyer. KKK. Kinder, Küchen, Kirchen comme disent nos voisins d’outre-Rhin (pas tous). Enfants, cuisine, église.

 

 Que la femme ait été exclue de la politique, on peut le regretter, car on aurait sûrement fait l’économie de massacres. Et pour faire de grandes choses dans l’Histoire, il aurait fallu qu’elle suive des études, qu’elle consacre du temps à des recherches, qu’elle prenne du recul par rapport aux tracasseries quotidiennes, bref qu’on lui lâche les baskets ! Alors oui, elle aussi aurait pu écrire, composer, philosopher, légiférer, voyager, peindre, sculpter, construire, créer, inventer et inscrire son nom sous les bustes qui ornent nos musées.

 

 Pour vérifier ces suppositions, on pourrait tout reprendre à l’An Zéro, en inversant les rôles : l’homme au ménage, la femme aux commandes. Mais ces sacrés machos, 2000 ans plus tard, seraient foutus de constituer un Mouvement de libération des hommes. Ce qui serait inutile et ferait bien rire ces dames car l’égalité des sexes, d’accord l’idée est généreuse, mais quelle utopie !

 

 

§

10:34 Publié dans portraits | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : femme, égalité, homme

07/03/2009

à ce qu'on dit... Ah! Ce qu'on dit

 

 

 Savez-vous qu’une fontaine peut être miraculeuse ? On dit même qu’elle guérit les rhumatismes.

 

 Voulez-vous entendre gémir les damnés des terres bretonnes ? Rendez-vous lors d’une nuit sans lune. Pour nous protéger, une statue de Notre-Dame a été placée dans l’église, barrant l’entrée du monde des Enfers.

 

 On sait que la Seine n’a commencé à couler qu’au VI° siècle quand le vieil âne d’un moine, en grattant le sol, a fait jaillir la source. 

 

 Le nombril du monde se trouve entre une chapelle et un château. Auriez-vous jamais imaginé qu’un bloc granitique branlant de 80 tonnes y grandissait un peu plus chaque jour ? Découverte confirmée par  un bœuf qui, s’y grattant le dos, aurait révélé qu’il oscillait bizarrement.

 

 Pour s’assurer du beau temps à l’occasion d’une fête, on peut faire appel au chasseur de nuages. Surtout valable dans le Lyonnais et le Dauphiné où un mage attire la foudre à ses pieds, chassant le vent et la pluie.

 

 Un sarcophage de marbre blanc se remplit d’eau sans qu’on sache pourquoi. Les scientifiques sont perplexes : le couvercle fait 15cm d’épaisseur, une infiltration est impossible. Le curé prélève de l’eau à l’aide d’un siphon, le lendemain la Sainte-Tombe se remplit à nouveau.

 

 Lors de mystérieux sabbats nocturnes, les sorcières se réunissaient les mercredis et vendredis dans la vallée de Munster et s’accouplaient avec le diable. L’emploi de l’imparfait s’impose car on ne dispose pas de témoignages récents. Par contre, la transhumance ne s’effectue pas ces jours-là dans la région.

 

 En Mayenne, on encrouille (ensorcelle) ou l’on désencrouille (le contraire). En Anjou et en Vendée, on consulte le toucheur. Il soigne aussi bien les bêtes que les hommes et les secrets qu’il détient se transmettent de père en fils.

 

 Une chouette sculptée dans la pierre donne amour et santé. Il faut simplement lever la main gauche, caresser la bête et faire un vœu, il sera exaucé.

 

 Ah l’Auvergne et ses pierres guérisseuses : les blanches favorisent les montées de lait, les vertes guérissent le plaies infectées, les rouges stoppent les hémorragies. Il faut les tremper dans l’eau de quinze minutes à vingt-quatre heures. Une partie de l’eau est bue, l’autre appliquée sur la plaie. Le mal est repoussé vers l’extérieur et éliminé par lavage. On guérit morsures et piqûres, y compris le venin de crapaud et le souffle des salamandres.

 

 Les saints font parfois office de guérisseurs. La sainte Vierge combat la stérilité, saint Eutrope soulage les enfants estropiés, saint Roch dissout les calculs, saint Foutin redonne vigueur aux hommes et fécondité aux femmes.

 

 Mais le plus fort, c’est ce qu’on raconte dans mon village.

 

Un jour, un homme prit cinq pains et deux poissons, prononça une bénédiction, et cinq mille personnes mangèrent à satiété.

Il guérit un paralytique (qui était dans cet état depuis trente huit ans !).

Il toucha un lépreux et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » A l’instant le lépreux fut guéri.

Il apaisa les flots soulevés par une tornade.

Il dit à un homme reposant dans son tombeau: « Sors ! » Et le mort sortit.

Il délivra un enfant du démon.

Il cracha sur le sol, et de sa salive fit un peu de boue qu’il appliqua sur les yeux d’un aveugle. Il lui dit « Va te laver ! » L’aveugle alla se laver et revint voyant clair.

Il marcha sur l’eau.

Il guérit instantanément une femme affligée (depuis douze ans !) d’hémorragies.

Il prit la main d’une femme fiévreuse. La fièvre la quitta.

Il rendit la parole à un muet.

Il rendit la vue et la parole à un possédé aveugle et muet.

Il fit sécher sur-le-champ et définitivement un figuier qui ne portait pas de fruits.

Il mourut crucifié et ressuscita.

 

 Toutes ces choses qu’on nomme des miracles sont certes spectaculaires, mais le plus étonnant, c’est que cet homme, un jour de noces, réussit le tour de force de changer l’eau en vin. Et ça, j’ai du mal à y croire.

 

 

§

 

 

remerciements à la Sélection du Reader’s Digest pour « sa découverte de la France mystérieuse » ; première édition, premier tirage, Paris, 2001 ; ISBN : 2-7098-1250-9 ; achevé d’imprimer : mai 2001, dépôt légal en France : juin 2001, Belgique : D-2001-0621-63 ;

 

remerciements aux auteurs du « Nouveau Testament » de « La Sainte Bible », texte intégral établi par les moines de Maredsous sur la base de l’édition élaborée en collaboration avec les moines de Hautecombe, copyright Brepols 1977, avec une pensée particulière pour Matthieu, Marc et Jean ;

 

05/03/2009

Trotski, réveille-toi !

 

 

Le temps est révolu, c’était la grande époque.

 

Oh certes, ils n’étaient pas nombreux,

et n’avaient pas place dans les médias.

 

Mais le nombre n’est pas tout. Il n’est même rien.

La notoriété n’est rien

quand seule compte la conviction

au prix certes d’un trop plein d’assurance, d’une pincée d’intolérance.

 

Mais qui aurait jeté la pierre à ces gens courageux

qui pensaient ce qu’ils disaient,

qui vivaient ce qu’ils pensaient,

qui vivaient conformément à ce qu’ils pensaient,

qui interrompaient leurs études,

qui brisaient leur carrière,

qui rompaient les liens familiaux,

 

pour, aux premières lueurs de l’aube,

 

contre toute attente,

contre courant,

contre parti, syndicat et police associés, parfois aussi

contre ceux qu’ils voulaient défendre,

 

aux portes des usines porter la voix de la révolution,

Révolution qu’ils ne verraient jamais, le savaient-ils ?

 

Qui aurait jeté la pierre à ces gens courageux 

qui combattaient, oui c’étaient des combattants,

qui combattaient pour assurer un avenir à l’humanité

car ils en étaient sûrs, ils l’avaient lu dans les livres :

l’humanité a un avenir

au-delà des guerres, de l’esclavage, de l’exploitation des hommes,

au-delà de la misère,

un avenir qu’ils allaient chercher

contre toute attente,

contre courant,

contre parti, syndicat et police associés et parfois aussi

contre ceux qui n’avaient rien lu dans les livres,

en ces temps où la parole révolutionnaire avait encore un sens.

 

Qui aurait jeté la pierre à ces gens courageux ?

qui n’avaient tué ni maltraité personne,

qui n’étaient que parole,

qui n’avaient qu’une parole,

 

Chacun a le droit de vivre, enfant, femme, homme, noir, blanc, abattons

les frontières,

les dogmes,

les privilèges.

 

Seulement voilà,

 

les pères fondateurs, les grands de grands,

les Karl Marx et Friedrich Engels,

les Lénine et Trotski dorment du sommeil des justes.

Et, tel le peuple élu adorant les idoles en l’absence de Moïse,

nos insurgés ont perdu toute mesure,

et la classe ouvrière, du fond de son jardin n’entendant plus leurs appels,

 

en grand désarroi les révolutionnaires d’un autre âge

cherchent ailleurs logis où se mettre.

Ils prennent tout ce qui passe,

délinquants de banlieue, criminels de guerre, négationnistes, et vont jusqu’à entendre

les sirènes des pires ennemis des libertés.

 

Drapeau rouge en tête, tout ce beau monde passe en cortège

et le hamas est dans leurs rangs. 

 

Trotski, réveille-toi, ils sont devenus fous.

 

 

 

§