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31/03/2023

Islam et extrême gauche

 

Les liens qui unissent la religion musulmane et l’extrême gauche peuvent étonner. Il n’est que de rappeler les revendications et les slogans des révolutionnaires de 68, les « ni dieu ni maître », le combat des femmes, la liberté sexuelle, la liberté tout court. Pour l’aile marxiste de l’extrême gauche, les choses devraient être encore plus claires, car pour le matérialisme historique, les religions sont l’arme des possédants, un moyen pour juguler les rébellions en consolant le peuple, en lui laissant espérer des jours meilleurs, plus tard dans un monde où les derniers seront les premiers. Pour le marxisme, aucune nuance possible, la religion est un opium pour les peuples, elle disparaîtra avec la disparition de l’exploitation, la fin de la lutte des classes.

 Jusque là tout est clair. Mais cette belle thèse est confrontée à la dure réalité du combat révolutionnaire dans une société où les gens de tous les jours ont parfois autre chose à faire que de lire les textes fondateurs. Il arrive même que les révolutionnaires les plus convaincus ne les respectent pas ces textes. On sait ce qui est arrivé lorsque les adeptes de ces théories ont eu entre leurs mains la destinée de pays et de peuples : l’instauration de régimes totalitaires, l’abrogation de toutes les libertés, la poursuite des dissidents, des aveux extorqués, des internements en hôpitaux ou en prisons, des camps, des exécutions sans jugement, bref que des catastrophes.

 Ce qui explique pourquoi les travailleurs réfléchissent à deux fois avant de s’engager avec ceux qui -à demi-mot certes- tentent de remettre au goût du jour ces théories dangereuses.

 Il y a un autre facteur avec lequel les révolutionnaires doivent composer : la classe ouvrière n’est plus ce qu’elle était. D’une part qu’on le veuille ou non et c’est tant mieux, une grande partie de celle-ci s’est enrichie, embourgeoisée, maison, voiture, loisirs, vacances, assurance sociale. D’autre part les éléments les plus actifs de la classe ouvrière : les ouvriers d’usine sont de moins en moins nombreux et organisés. Des productions industrielles se sont déplacées sur d’autres continents, dans des pays qui exploitent à outrance des hommes des femmes et des enfants dans des conditions qui étaient les nôtres aux siècles passés. D’où –pour la France par exemple- des difficultés de recrutement pour les organisations syndicales et les partis dits ouvriers.

 Ces considérations expliquent pourquoi les adeptes des théories de la révolution –au risque d’oublier leurs principes- cherchent de nouvelles voies, de nouveaux moyens d’exister à défaut de rencontrer un écho dans les milieux ouvriers traditionnels. Voici quelques lignes tirées d’une déclaration d’une fédération départementale de la Fédération nationale de la libre pensée, à propos des personnels des secteurs propreté, gardiennage, logistique, « personnels externalisés des anciennes grandes entreprises » :

« Ces personnels ont deux caractéristiques : très majoritairement ils sont sans qualification (premiers niveaux ouvriers) et sont à 75 % d’origine étrangère. Ainsi, la réaction, en faisant de ces catégories la cible d’attaques systématiques et de dénonciations répétées fait d’une pierre deux coups : elle aiguise par la stigmatisation de l’islam, les ferments du racisme, de l’opposition entre collègues de travail, de la division et elle confine les premières catégories ouvrières dans un isolement propice à la poursuite de la dégradation de leurs conditions d’existence. » (1)

 Que la « réaction » soit citée, pour peu qu’on soit familiarisé avec le langage traditionnel communiste, rien de nouveau, il s’agit des forces politiques bourgeoises dont le rôle est de sauver le système capitaliste. Pour ce faire, elles appliquent la vieille technique qui consiste à diviser pour régner. Diviser la classe ouvrière, l’atomiser, opposer les ouvriers français aux ouvriers étrangers « …notamment en provenance des peuples et pays arabes… » (2) qui constituent 75% des personnes citées plus haut. Cette politique est rendue possible par la « stigmatisation de l’islam ».

 Il s’agit ici d’une déclaration de la « Libre pensée », mais cette analyse est partagée par les autres courants de l’extrême gauche, en particulier la « France insoumise ». Elle consiste à nier les offensives anti-laïques de l’islam, et à justifier ce silence en laissant croire que les dénonciateurs de ces offensives sont en réalité les alliés du système bourgeois en place. On trouvera aussi toutes les justifications possibles aux atteintes quotidiennes à la laïcité dont sont coupables les islamistes. Si un chauffeur de bus refuse de s’asseoir sur un siège précédemment occupé par une femme, on dira que c’est du machisme, que la religion n’est pas en cause. Si un patron exige –conformément au règlement de l’entreprise- qu’une certaine tenue vestimentaire soit respectée, on invoquera une atteinte à la liberté individuelle. Qu’une accompagnatrice scolaire soit voilée, on le justifiera par le fait qu’elle ne l’est pas dans la cour de l’école, mais dans l’espace public où c’est autorisé. On mesure en même temps l’habileté des islamistes qui ont l’art de transgresser les lois de la république, aidés en cela par l’extrême gauche qui leur pardonne tout.

 Si la philosophie des révolutionnaires n’a rien de commun avec la religion quelle qu’elle soit, pour une extrême gauche en errance, faute d’avoir un idéal crédible et mobilisateur à proposer, l’occident capitaliste est la cause de tous les maux. Les islamistes proclament la même chose. Lisez leurs communiqués. Terroristes certes, mais fins diplomates dans leurs discours, ils ne cessent de faire des appels du pied à la gauche et à l’extrême gauche occidentales : leurs ennemis sont ceux de nos gauchistes et altermondialistes : le grand Satan américain, l’impérialisme, le capitalisme, le libéralisme, mais surtout, mais ils ne le disent pas, c’est leur objectif premier : la démocratie sous toutes ses formes, droits de l’homme, toutes les libertés, statut de la femme, éducation…

 De cette association d’idées, de cette communion de pensée pourrait venir le salut des partis dits révolutionnaires. Un pacte entre l’islam politique et le marxisme, voilà un fait qui aurait fait bondir les lecteurs assidus des œuvres de Marx et d’Engels -sauf peut-être un Garaudy, ancien membre du Parti communiste français :

« Il est temps de prendre conscience que ce mode de croissance de l’Occident, qui nous conduit à des vies sans but et à la mort, tente de se justifier par un modèle de culture et d’idéologie qui porte en lui ces germes de mort (…) :

  1. une conception impitoyable des rapports humains, fondée sur un individualisme sans frein, et qui n’engendre que des sociétés de concurrence de marchés, d’affrontements, de violence, où quelques unités économiques ou politiques, aveugles et toutes puissantes, asservissent ou dévorent les plus faibles ;

  1. une conception désespérante de l’avenir, …sans rien qui transcende cet horizon pour donner un sens à nos vies et nous détourner des chemins de la mort. »

Pour Roger Garaudy, la solution est dans l’Islam, qui

« n’est plus « l’Infidèle » du temps des croisades ou le terroriste de la guerre de libération de l’Algérie (…) »

mais plutôt

« cette vision de Dieu, du monde et de l’homme qui assigne aux sciences et aux arts, à chaque homme et à chaque société, le projet de construire un monde indivisiblement divin et humain comportant les deux dimensions majeures de la transcendance et de la communauté. »

« L’islam est INDIVISIBLEMENT une religion et une communauté. Une foi et un CODE DE VIE. » (3)

 S’il reste encore en extrême gauche quelques militants sincères et soucieux de préserver laïcité, république et démocratie ici et de soutenir la lutte des populations sous tutelle religieuse là-bas, ils pourraient méditer ces propos d’un ancien maître à penser communiste pour qui toutes les religions sont un opium pour le peuple, sauf l’islam.

 Alors, un pacte entre islamistes et marxistes ? Dans la mesure où il proposerait un avenir aux courants révolutionnaires, ce pacte n’est pas du tout impossible (4). Et la bienveillance affichée des prétendus libres penseurs et des marxistes vis-à-vis de la religion « des pauvres » pourrait permettre de nouveaux recrutements, dans les banlieues par exemple, qui retrouveraient leur rougeur d’antan. Ce qui est compatible avec la condamnation du christianisme, religion « des riches », « occidentale », « missionnaire » qui, elle, reste un opium pour les peuples (5). Voir le battage que ces gens font autour des crèches de Noël, quand à l’hôtel de ville d’une capitale on fête la fin du ramadan, ou qu’on feint de ne pas voir les rues envahies par une foule en prière.

 Dépités qu’ils sont encore par la chute du communisme à l’est, on peut comprendre les révolutionnaires voyant dans l’ouvrier musulman accusateur de l’Occident un frère d’armes dans la lutte pour le monde futur.

 

 

(1) (2) d’après une Fédération départementale de la libre pensée.

(3) Roger Garaudy, Promesses de l’islam, Seuil, 1981.

Les mots ou expressions en majuscules, en caractère gras et soulignés le sont par moi.

(4) Ce ne sera pas la première fois que les communistes mettront entre parenthèses la théorie de la lutte des classes. L’alliance des marxistes avec des forces non prolétariennes ou même bourgeoises et nationalistes avec comme seule condition qu’elles s’affirment anti-impérialistes a marqué les heures de gloire du tiers-mondisme en Afrique et en Amérique latine notamment, alliance qui conduisit à d’étranges situations comme en Egypte où les communistes locaux étaient emprisonnés quand Moscou pactisait avec le régime.

(5) voir le traitement que les islamistes infligent aux chrétiens en Orient comparé à la situation des musulmans dans les pays occidentaux où la démocratie impose la liberté des cultes, même là où le christianisme est majoritaire.

§

19/06/2018

Gilet de sauvetage

 


 Une affiche annonce une conférence sur le thème des « violences policières ». Thème élargi à d’autres : « islamophobie et racisme, contrôle au faciès, état d’urgence, libertés politiques… ».


Voici le texte qui l’accompagne :


« Nous sommes en train d’assister à la reconstruction médiatique et politique d’un “ennemi intérieur”. D’un côté, il s’agit du militant syndical et politique qui refuse la société de régression sociale qu’on nous impose depuis plusieurs décennies. De l’autre, il s’agit du musulman ou de celui qui est présumé l’être, toujours supposé délinquant, voire « terroriste » en puissance. » (1)


 Comment être plus clair ? L’extrême gauche en déficit de soutien dans la classe ouvrière (et plus largement dans le peuple) a trouvé un substitut : l’islam. Plus particulièrement ceux qui parmi les musulmans propagent la haine de l’occident et de la démocratie.


 Pourquoi alors s’opposerait-on à ce qu’un rappeur jihadiste se produise au Bataclan ? Pourquoi s’insurger contre un chauffeur qui refuse de s’asseoir sur le siège occupé précédemment par une femme ? Pourquoi voir dans les errements de déséquilibrés des actes terroristes islamistes? Pourquoi mettre l’accent sur les atteintes à la laïcité dans les écoles ? Pourquoi mettre en cause à toute occasion l’islam politique ?
Ne comprenez-vous pas qu’il est devenu plus, bien plus qu’une religion, le gilet de sauvetage d’une idéologie qui ne séduit plus que des nostalgiques de Staline, Mao et Che Guevara ?

§


(1) d’après Valeurs actuelles

 

05/02/2010

Islam et extrême-gauche: caresses prénuptiales

 L'extrême gauche et l'islamisme convolent en justes noces. Faute d'avoir à leur disposition un idéal à proposer, depuis l'effondrement du communisme et l'image désastreuse offerte au monde par les états théocratiques, ils n'ont rien d'autre à offrir que la critique radicale des sociétés occidentales qu'ils qualifient tour à tour de capitaliste, consumériste, individualiste, égoïste, militariste, colonialiste, foyers de luxure et de déchéance morale.

 

 Sur le site du NPA, le 17 juillet 2009 était annoncée l'organisation d'une Marche Mondiale des Femmes en 2010. L'objectif étant de lutter contre les

 

« violences, les discriminations, les inégalités, la pauvreté et le racisme. »

 

Que vient faire le racisme dans cette liste des atteintes aux droits des femmes ? Le racisme épargne-t-il les hommes ? N'est-ce pas là une tentative de déplacer le problème d'Orient en Occident, pour l'extrême gauche le racisme étant nécessairement et exclusivement un mal qui frappe les populations immigrées dans les pays de l'hémisphère nord. Oui, tentative de déplacer le problème, car le mal dont souffrent les femmes dans nombre de pays du tiers-monde n'a rien à voir avec le racisme, pas plus d'ailleurs qu'avec le colonialisme, les imams de là-bas n'ont pas attendu les colonisateurs (ni d'ailleurs la lecture du Coran) pour faire de la femme un être sans droits. Le sort fait aux femmes dans ces pays est plutôt à mettre en rapport avec les traditions, confortées par les dogmes religieux.

 Dans cet article, certes, le patriarcat est désigné, mais aussi et surtout « son allié le capitalisme ». L'auteur précise :

 

« au sud comme au nord, leurs institutions (gouvernements, grandes entreprises, religions) veulent nous empêcher de conquérir nos droits ou essayent de nous enlever ceux que nous avons déjà acquis. (...) »

 

« ...les états, subordonnés aux intérêts du capital financier et des multinationales, abandonnent les populations (...) dans ce contexte, les problèmes de pauvreté et de violences envers les femmes augmentent dramatiquement. »  

 

 L'amalgame « gouvernements -grandes entreprises -religions » permet de noyer le poisson et de disculper les gourous locaux qu'on suppose, comme les états, subordonnés aux intérêts du capital... donc de l'Occident capitaliste.

 

 Bref, tout le monde est innocent sauf... qui vous savez. Une belle leçon d'immoralité qui rend irresponsables et laisse les mains libres à tous ces petits guides ou ayatollahs locaux qui, malgré leur bon vouloir et leur acharnement à rendre heureux leurs peuples, n'y peuvent mais, empêchés qu'ils sont par le méchant impérialisme occidental.

 

On retrouve la même démarche, de façon encore plus radicale dans la déclaration d'un autre parti, le Parti Ouvrier Indépendant (Informations ouvrières du 21 janvier 2010) :

 

« Régulièrement, les médias nous informent que des citoyens français meurent en Afghanistan. Ces jeunes gens auraient été envoyés là-bas « pour défendre la démocratie contre la menace du terrorisme ». La démocratie, ce serait donc nous, les petits anges du monde occidental ! Le terrorisme, ce serait eux, les barbus en costume traditionnel qui obligent leurs femmes à porter la burqa.(1) »

 

La question centrale de l'article est :

 

« Mais de quel droit pouvons-nous donner des leçons ? »

 

Suit une liste de crimes et massacres dont nos « démocraties » se sont rendues coupables :

 

  • - la Saint-Barthélémy et ses milliers de cadavres;
  • - les dragonnades des Cévennes, la répression religieuse la plus inhumaine de tout temps;
  • - les massacres de juin 1848 et ses 15000 ouvriers trucidés par les milices bourgeoises et bien-pensantes;
  • - la Semaine sanglante de la Commune de Paris qui vit les mêmes milices massacrer 30000 femmes et hommes;
  • - notre politique coloniale, qui fit «suer le burnous» pendant plus d'un siècle et qui a laissé installer des régimes qui rendent encore plus malheureux les «indigènes»...

 

Certes, pour s'en tenir à la France, il n'y a pas de quoi s'enorgueillir d'un passé aussi sanglant, violences auxquelles il faudrait ajouter la Terreur révolutionnaire, les guerres sanglantes napoléoniennes, les millions de morts pour rien entre 1914 et 1918, la collaboration et la persécution des juifs et des résistants par l'Etat français... bref.

 

Mais pourquoi s'en tenir à la France ? L'analyse s'éclaircit quand on lit :

 

« Durant la guerre froide, on nous a déjà fait le coup du « monde libre et de la défense de la démocratie ».

 

Ah ? Comme c'est joliment dit, « la guerre froide », mais qu'y avait-il donc face au « monde libre » ? Un paradis réservé à deux cent et quelques millions d'individus qui, de Berlin à la Sibérie construisaient entre des barbelés une société nouvelle ? Alors oui, comparé au régime totalitaire qui de social n'avait que le nom, les démocraties capitalistes occidentales pouvaient être qualifiées de monde libre. J'ajouterais que nous avons eu chaud de n'être pas libérés du nazisme par l'armée rouge. On sait ce qu'il en a coûté aux peuples d'Europe de l'est. N'est-il pas révoltant de lire dans le même article :


 « Depuis la chute du Mur de Berlin, les «  peuples libérés » constatent à leurs dépens que la « voix de l'Amérique » racontait des histoires et que leur nouvelle situation n'a rien à envier à la précédente. »

 

Si l'auteur de l'article a connu l'Europe des démocraties populaires, c'est probablement comme touriste. Et encore ! Il a dû fermer les yeux. Les tuyaux de gazoduc qui passaient au-dessus des lotissements (Eisenach en Thuringe),

 

 ces files d'attente interminables devant les étalages quasiment vides des épiceries (banlieue de Prague),

 

 ce couple d'enseignants retraités de RDA rencontré en Tchécoslovaquie, contraints de planter leur tente canadienne dans la zone « DDR » du camping, zone quadrillée par des joggeurs de la stasi en survêtement, couple d'enseignants à qui il était interdit de communiquer avec les campeurs des autres états, et qui durent attendre plusieurs années pour la livraison d'une Trabant crachant une fumée suffocante, alors que d'autres, membres du SED roulaient en Lada ou en Skoda, sans parler des notables du parti qui passaient leurs vacances en occident,

 

 ces Praguois (communistes pourtant !) qui ne pouvaient se rendre en France, car ils s'étaient rendus en Italie capitaliste l'année précédente,

 

 ces étudiants slovaques qui poussaient jusqu'en Slovénie pour faire le plein de carburant,

 

 ce couple de communistes yougoslaves qui se plaignait de verser des impôts pour assister monténégrins et kosovars, mais qui justifiaient que les routes menant (à Korcula) à la propriété de Tito fussent asphaltées et régulièrement entretenues, alors qu'ailleurs...,

 

 à Weimar les murs noirs de pollution portant encore dans les années 80 les traces des impacts de balles et d'obus de la guerre,

 

 les soldats de l'armée rouge cantonnés en Saxe dans des immeubles insalubres aux carreaux cassés et jamais remplacés que par des cartons,

 

 ces soldats justement qui faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour se marier avec une allemande afin de rester à l'ouest après 1989,

 

 ces fugitifs qui passèrent au risque de leur vie rideau de fer ou mur de Berlin,

 

 fugitifs qui jamais ne les franchissaient d'ouest en est,

 

 et ces révoltes ouvrières des années cinquante en Allemagne, en Pologne, en Hongrie, qu'il était de bon ton dans les milieux de gauche de qualifier de contre-révolutionnaires, que l'Humanité disait téléguidées par l'oncle Sam alors qu'il n'en était rien ? Ces révoltes écrasées par les chars soviétiques ? Dans les rues de Prague non plus en 1968 on n'a jamais dû lire « URSS go home ». Là-bas c'était impossible,

 

 et ces communistes français qui nous dressaient un tableau idyllique du socialisme, qui rendaient des visites de courtoisie à Ceaucescu, qui ne savaient pas, qui ne savaient rien, et qui un jour, quand tout le monde a su, ont jugé le bilan du socialisme à l'est globalement positif,

 

 et ces communistes qui prétendent aujourd'hui encore, vingt ans après la chute du mur de Berlin et l'ouverture des archives que là-bas des conquêtes sociales sont remises en cause, ceux-là de quel droit se permettent-ils de faire l'éloge de ce dont ils n'ont pas souffert ? Qu'ils relisent London, Plioutch, Soljenitsyne, Chalamov, qu'ils se demandent ce que sont devenus les Imre Nagy, les Dubcek, et tous ces militants sincères restés fidèles à leurs principes !

 

 Qu'on ne me réplique pas qu'à mon tour je n'ai pas d'yeux pour voir ici la misère, le chômage, la difficulté de vivre pour des millions de gens, la délinquance, l'incompétence des gouvernants. Mais je ne suis pas un communiste à l'envers. Je ne prétends pas que nous vivons au paradis, ni que le capitalisme est un objectif à poursuivre. Mais au moins, je me rends compte que je suis en liberté, que les auteurs des articles cités plus haut le sont aussi, que tout critiques qu'ils sont, ils ne seront ni rééduqués ni internés en hôpital psychiatrique, je constate aussi que cette candidate du NPA voilée s'exprime devant tous les micros et sous l'œil des caméras. Je vois aussi que les chars ne sortent pas des casernes pour écraser les manifestations des enseignants, des postiers et des travailleurs licenciés. Je constate que le pire des délinquants dispose d'un avocat pour sa défense, que des journaux à fort tirage publient des caricatures du plus haut magistrat de la république sans être poursuivis.

 

 Pour une extrême gauche en errance, faute d'avoir un idéal crédible et mobilisateur à proposer, l'occident capitaliste est la cause de tous les maux. Les islamistes proclament la même chose. Lisez les communiqués de Ben Laden. Terroriste certes, mais fin diplomate dans ses discours, il ne cesse de faire des appels du pied à la gauche et à l'extrême gauche occidentales : ses ennemis à lui sont ceux de nos gauchistes et altermondialistes : avant tout le grand Satan américain, l'impérialisme, le capitalisme, le libéralisme, mais surtout, mais il ne le dit pas, et c'est son objectif premier : la démocratie sous toutes ses formes, droits de l'homme, toutes les libertés, statut de la femme, éducation...

 

J'ai devant les yeux un ouvrage, ouvert aux pages 20-21, je lis : (2)

 

« Il est temps de prendre conscience que ce mode de croissance de l'Occident, qui nous conduit à des vies sans but et à la mort, tente de se justifier par un modèle de culture et d'idéologie qui porte en lui ces germes de mort (...) :

 

  • - une conception impitoyable des rapports humains, fondée sur un individualisme sans frein, et qui n'engendre que des sociétés de concurrence de marchés, d'affrontements, de violence, où quelques unités économiques ou politiques, aveugles et toutes puissantes, asservissent ou dévorent les plus faibles;

 

  • - une conception désespérante de l'avenir, ...sans rien qui transcende cet horizon pour donner un sens à nos vies et nous détourner des chemins de la mort.»

 

Pour Roger Garaudy, ancien membre du parti communiste français, la solution est dans l'Islam, qui

 

« n'est plus « l'Infidèle » du temps des croisades ou le terroriste de la guerre de libération de l'Algérie (...) »

 

mais plutôt

 

« cette vision de Dieu, du monde et de l'homme qui assigne aux sciences et aux arts, à chaque homme et à chaque société, le projet de construire un monde indivisiblement divin et humain comportant les deux dimensions majeures de la transcendance et de la communauté. »

 

« L'islam est INDIVISIBLEMENT une religion et une communauté. Une foi et un CODE DE VIE. »

 

 S'il reste encore en extrême gauche quelques militants sincères et soucieux de préserver laïcité, république et démocratie ici et de soutenir la lutte des populations sous tutelle religieuse là-bas, ils pourraient méditer ces propos d'un ancien maître à penser communiste pour qui toutes les religions sont un opium pour le peuple, sauf l'islam.

 

§

 

   

(1) Voir « Une pensée qui n'a de libre que le nom »

(2) Garaudy.- Promesses de l'islam, Seuil, 1981

 

Les mots ou expressions en majuscules, en caractère gras et soulignés le sont par moi.