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20/04/2009

L'éléphant et le moustique

 

 

 « Je comprends que l’éléphant s’irrite quand le moustique lui pique l’oreille mais je ne peux pas croire à la thèse selon laquelle Israël se sent menacée parce qu’en six mois, il est mort trois de leurs ressortissants sous les dizaines de fusées qui tombent tous les jours, semble-t-il dans le désert. »

 

(…) par contre, Gaza…

 

«… est un camp de concentration dans lequel les gens sont privés des moyens de se défendre »

 

La personne qui a prononcé ces paroles n’est ni un membre du Hamas, ni un obscur propagateur de l’islam, ni un manifestant d’extrême gauche pro-palestinien.

 

Les deux phrases que vous venez de lire ont été énoncées par le porte-parole de l’extrême droite française. C’était le 8 janvier 2009 à Nanterre à l’occasion de la présentation de ses vœux à la presse.

 

Quoi répondre ?

 

 Confronté à des propos qui, à défaut d’analyse politique, ne sont que l’expression de la haine de l’autre, on est tenté de se taire. Il ne faut pas.

 

 Ce monsieur nous dit qu’en six mois, seuls trois ressortissants israéliens sont morts, alors que les fusées tombent tous les jours.

 

  D’abord, ce sont trois victimes de trop, et probablement trois familles en deuil.

 

 Ce monsieur semble bien informé, il ne peut pas ignorer que les autorités israéliennes alertent les populations qui sont menacées par les roquettes, et font évacuer les lieux. De ce côté, on ne fait pas usage de « boucliers humains ». De ce côté, on n’exploite pas le malheur des gens à des fins médiatiques. A ce propos d’ailleurs, il y aurait beaucoup à dire sur la médiocrité pour ne pas dire la maladresse des services d’information israéliens… j’y reviendrai, car s’y ajoute le traitement pratiquement univoque des informateurs occidentaux tous d’accord sur un point : un éléphant est piqué par un moustique.

 

 L’exploitation du conflit du Proche-Orient afin d’entretenir et de développer l’antisémitisme devient dans notre pays un lieu commun. Lieu où se rencontrent curieusement –mais est-ce vraiment si curieux que cela ?- les extrêmes des deux bords.

 

 Les uns parce qu’ils transmettent la judéophobie par tradition, ce sont les professionnels : chrétiens traditionalistes, militants d’extrême droite, profanateurs de tombes, négationnistes et même néo-nazis.

 

 Les autres, sorte de bricoleurs pour lesquels la question juive ne s’intègre pas dans le dogme de la lutte des classes, et pour lesquels aussi l’état d’Israël est un vilain bras armé du méchant impérialisme américain.

 

 Voyons un peu :

Daté du 9 janvier 2009, sur le site de « La Commune » (obédience d’extrême gauche) :

cet Etat qui se maintient depuis plus de 60 ans par la terreur, les rafles, les massacres, les guerres successives. Aussi bien, le refus de la reconnaissance d’Israël ne procède pas d’une posture " radicale " mais de l’expérience tragique. A l’origine la création d’un Etat des juifs, était une utopie réactionnaire. Dans les faits, c’est devenu une machine d’oppression et de destruction barbare.

 

Daté du 17 janvier 2009, sur le site de Révolution socialiste (obédience d’extrême gauche) sous le titre À bas le sionisme et l’État colonial !:

« L’État fondé par les sionistes a transformé une petite minorité des Juifs du monde en oppresseurs de millions de Palestiniens. Cet État basé sur une religion est fauteur de guerres. Le Hamas accepte Israël dans les frontières de 1967 ; l’OLP a signé les accords d’Oslo. Mais la fin de l’oppression nationale dont sont victimes les Palestiniens passe par le démantèlement de l’État sioniste. »

Daté du 23 février 2008, sur le site Les Intransigeants (obédience d’extrême droite) sous le titre  Pour l’éradication du sionisme :

« De mon coté, très attaché au catholicisme et à la tradition, très intéressé par la politique et par l’actualité, je suis farouchement pro-palestinien (qui ne sont pas que musulmans, il y a aussi de nombreux chrétiens je le rappelle). Mais mon avis diverge des musulmans anti-sionistes en cela que les musulmans, qui reconnaissent le judaïsme comme « religion du livre », ont trop tendance à limiter le problème sioniste à une situation géographique. Comme si le problème de l’extrémisme juif, le sionisme, n’était qu’une question de territoire. Comme si le problème avait commencé seulement en 1948. 

Alors qu’Israël soit « rayé de la carte », pourquoi pas. »

Bref, nos extrêmes ont nettement pris parti pour le moustique, on a même l’impression qu’ils souhaitent que sa piqûre soit mortelle. J’ai trouvé pire (si c’était possible) sur un autre site : Combattre pour le socialisme…

Le combat du Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire (de l’Internationale Ouvrière Révolutionnaire) se situe inconditionnellement aux cotés des masses palestiniennes dans leur combat contre l’État d’Israël. Pour les masses palestiniennes, il n’est possible d’en finir avec l’exil et l’oppression, de récupérer leurs terres, qu’en combattant et détruisant l’État colonial. (…) Or la paix exige la destruction de l’État d’Israël en tant qu’État colonial, gendarme de l’impérialisme au Proche-Orient ( de même, celle des États artificiels du Liban et de Jordanie).

Passons sur le vocabulaire employé (les « masses palestiniennes ») peu respectueux pour ce peuple, et qui laisse supposer que tous les Palestiniens pensent la même chose et agissent dans le même sens… Remarquez, on ne peut pas taxer ces constructeurs d’un « parti révolutionnaire » d’antisémitisme primaire, puisque, outre Israël, ils envisagent carrément la destruction de trois états. Ben voyons, pendant qu’on y est… elle va être belle l’internationale qu’ils vont construire !

Quoi dire ? Avec ces gens aucune discussion n’est possible. Leurs analyses sont des slogans. Sur calicots, trois mots suffisent pour exciter les foules. Leurs déclarations sont de guerre. Le bien d’un côté, le mal de l’autre. Il est vrai que présentées ainsi les choses sont plus simples. Cela rappelle une très ancienne conception du monde que le dictionnaire(1) décrit très bien :

« le manichéisme admettait, conjointement avec des données chrétiennes issues du Nouveau Testament, l’existence simultanée d’un principe du bien et d’un principe du mal, et la double création émanée de chacun d’eux. Son influence semble avoir subsisté jusqu’en plein Moyen Âge, notamment dans la doctrine des bogomiles(2) et des albigeois. »

Quelque chose me dit que le manichéisme n’est pas mort avec les Albigeois.

Dans les rues de Paris ou d’ailleurs, cela fait froid dans le dos d’entendre ce cri de guerre :

«A bas Israël ! »

 

Le 03 janvier 2009 les parisiens ont pu l’entendre, ils ont vu aussi qu’on brandissait les drapeaux du Hamas et du Hezbollah, ce dernier arborant une arme automatique accompagnée d’un verset du Coran :

 

« Ceux qui suivent le parti de Dieu seront victorieux. »

 

 Ces bonimenteurs manifestent-ils vraiment dans le but exclusif de soutenir la lutte du peuple palestinien ?

 Comment des gens animés d’une telle haine vis-à-vis d’un peuple pourraient-ils être les amis d’un autre ?

 

§

 

 

(1) © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001

 

(2) Membre d’une secte néo-manichéenne apparue en Bulgarie au Xe s., dont la doctrine se répandit jusqu’au Languedoc au XIIe s. © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001

 

Ce qui est souligné dans les textes cités l'a été par nous.

 

 

 

 

12/04/2009

Innocents

 

 Après tout il est bien possible que le dessin d’une croix gammée sur le wagon et la stèle du mémorial de Drancy soit l’œuvre

 

d’un déséquilibré,

d’un jeune désœuvré ayant un peu bu,

d’un pauvre homme à qui des faibles esprits avaient monté le bourrichon,

d’un être inculte et ignorant l’histoire de France,

d’un adolescent en mal de vivre,

d’un chômeur en fin de droit,

d’un immigré sans papiers, sans ressources, sans toit, sans rien,

d’un désespéré s’adressant au monde et lui disant : « Moi aussi je souffre ! »,

d’un jeune homme amoureux délaissé par sa compagne,

d’un être ordinaire cherchant la célébrité sous les caméras de surveillance,

 

bref, il est bien possible que le dessin d’une croix gammée sur le wagon et la stèle du mémorial de Drancy soit l’œuvre d’un innocent.

 

Ces profanations qui se répètent et semblent s’intensifier ont toujours pour auteurs (quand ceux-ci sont identifiés et jugés) des gens

 

qui ne savaient pas,

qui n’avaient pas conscience de leurs actes,

qui avaient quitté trop tôt l’école,

qui avaient eu une jeunesse malheureuse,

qui avaient été battus par leur père et même pire,

qui avaient de mauvaises fréquentations,

qui étaient en mal de ceci, en mal de cela,

qui avaient passé des heures devant l’écran de leur ordinateur,

qui avaient tout confondu, image violente et violence réelle,

qui vivaient mal dans une banlieue défavorisée,

qui avaient été séduits, puis sans le savoir, enrôlés, embrigadés,

 

bref, ces profanations qui se répètent et semblent s’intensifier ont toujours pour auteurs des gens qui n’étaient responsables de rien, vous savez comme ces gardes-chiourmes, ces Kapos dans les camps qui, après la guerre se défendaient en disant  que les ordres venaient d’en haut, qu’ils n’étaient que le dernier maillon d’une chaîne infernale, qu’ils ne pouvaient agir autrement.

 

 Les innocents, les vrais, n’étaient plus là pour parler.

 

 Ici-bas les commentaires vont bon train. J’ai lu des choses abominables :

 

« Qu’on cesse de nous casser les pieds avec le génocide. »

« Depuis des millénaires il y en a eu des milliers, pourquoi s’attarder sur celui-ci ? »  

« Arrêtez de ressasser le passé, il y a d’autres problèmes plus graves qu’un dessin à la peinture sur un wagon. »

« On s’indigne pour une croix gammée, pendant ce temps il y a des milliers de Palestiniens qui sont massacrés. »

 

 Non, je plaisante, tout ceci est le fruit de mon imagination, d’ailleurs, je n’ai pas cité mes sources…il n’y en avait pas.  Personne n’oserait dire ou même penser de telles sottises.

 

 Bon, allez, je veux bien croire que l’auteur de cette profanation ne savait pas ce qu’il faisait. Le maire a fait effacer ces offenses. Elles laisseront une trace dans la mémoire de ceux qui dans ce pays en ont une, sont allés à l’école, connaissent l’histoire et surtout, ont un cœur.

 

 Au Mémorial de la Shoah à Paris, il y a des noms gravés sur un mur, les noms de soixante-seize mille innocents dont soixante-sept mille sont partis de Drancy.

 

§

09/04/2009

Islamophobie

 

 

Je ne comprends pas la tolérance dont font preuve les politiques et les médias à l’égard des intégristes religieux. Ces illuminés qui prennent à la lettre les textes « sacrés » sont des gens dangereux, des ennemis du genre humain. Convertir ou éliminer, voilà toute la sainteté de leur guerre.

C’est pourquoi je ne partage pas ce mot du président de la république :  l’islamophobie est condamnable, c’est du racisme.

 

Et alors ? L’islam n’est pas une race. L’islam n’est pas une nation. L’islam n’est pas un peuple. L’islam est une religion. Ne pas confondre islamophobie et xénophobie. La peur de l’étranger est irrationnelle et dangereuse. Elle conduit au racisme. Mais craindre des préceptes, des dogmes, des pratiques inégalitaires, violentes, guerrières est une attitude tout à fait compréhensible. On peut nouer des liens d’amitié avec des étrangers et craindre le fanatisme. A l’inverse, il peut arriver que les pratiquants d’une religion soient xénophobes. On peut être athée et aimer l’humanité. On peut être islamophobe et fréquenter des amis asiatiques, iraniens, indiens, arabes, kabyles, français, blancs, noirs, jaunes, rouges, africains, asiatiques, américains du nord et du sud, européens. On peut être anticlérical et fréquenter les mêmes.

Je revendique le droit d’afficher, de manifester mon islamophobie. Pour moi, il n’y a pas de pays catholiques, protestants, bouddhistes, musulmans, animistes, orthodoxes… D’abord, un pays, ça ne sait pas lire, ça ne prie pas, ça ne défile pas derrière des idoles, ça ne voile pas les femmes, ça ne s’enchaîne pas aux grilles des cliniques où l’on pratique l’avortement. Pour moi, il n’y a pas plus de peuple catholique, protestant… D’ailleurs, les gens sont si différents, que je me demande encore ce qu’est un pays, ce qu’est un peuple. On peut se sentir plus proche d’un étranger dont la langue nous est incompréhensible que d’un voisin de palier français de souche. Et inversement.

Les religions exploitent à fond l’ignorance… allez disons le mot : la bêtise humaine. Le problème avec cette dernière, c’est qu’elle n’a pas de couleur de peau, elle n’a pas non plus de frontière. Malheureusement, car si la bêtise avait sa nation, son état, son peuple, on pourrait la montrer du doigt et rigoler un bon coup. Mais elle se répand, et apparaît quelquefois là où on l’attend le moins, chez des gens très instruits par exemple, cultivés même, et tout près de chez nous. Tiens, l’un d’entre eux a parlé dans le poste. C’était aux Jeux Olympiques, l’épreuve de course à pied. La représentante du Barheïn était voilée et vêtue d’une combinaison qui ne laissait voir que le visage et les mains. Réaction du commentateur de la radio (publique) : c’est bien la preuve que les choses avancent !

 

Pour nous résumer :

 

-         si l’irréligion est du racisme, il faut éradiquer ce phénomène insupportable, convertir de gré ou de force, ou pire : condamner.

 

-  si la critique d’une religion relève d’un choix de conscience, c’est une hérésie (du grec hairesin, choix) preuve qu’il reste en l’esprit humain un espace pour la libre pensée.

 

 

§

13:48 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : islam, racisme