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04/06/2009

Cérémonie oecuménique

 

  La force de persuasion de l’Eglise ne vient pas de ce qu’elle dit, mais du moment où elle le dit. Et le meilleur moment, celui où le message religieux est écouté, où l’observation du dogme devient inévitable, c’est le moment où l’émotion est la plus intense.

 

 Révolte, accablement, tristesse, paroles de réconfort, rassemblements silencieux, manifestations de solidarité avec les familles des victimes, il y a beaucoup d’humanité dans ce monde, cela fait chaud au cœur.

 

 Sous les voûtes monumentales du temple, des familles sont accablées par la douleur. Alors, dans le recueillement seulement accompagné des longues plaintes de la musique sacrée, parents, enfants, amis attendent les paroles consolatrices du représentant de la Puissance divine. Chaudes paroles empreintes de respect, d’attention, où la vie du défunt est rappelée avec application, et précaution aussi, les défunts sont toujours de braves gens.

 

 Ne soyons pas méchants. Surtout dans ces moments-là. Il nous est accordé la liberté de faire célébrer notre disparition selon le rite de notre choix. Ou sans rite du tout. Et c’est précisément là que je voudrais en venir. 

 

 L’importance du drame, le chagrin des familles ne doit pas nous empêcher de réfléchir et de nous demander :

 

1/ Pourquoi la cérémonie fut religieuse ;

2/ Pourquoi elle fut célébrée dans une cathédrale, selon le rite catholique ;

 

 Remarquons d’abord que les cérémonies religieuses d’importance présentées comme œcuméniques sont toujours célébrées dans des lieux de culte catholiques selon le rite du même nom, sans oublier le traditionnel message du pape. Si toutes les familles concernées se reconnaissent dans cette confession, je retire tout ce qui va suivre. Mais je doute. Je sais cette religion majoritaire dans le pays. ELLE NE FAIT DONC PAS L’UNANIMITE.

 

 Par ailleurs où, quand et comment rend-on hommage aux familles qui ne sont ni chrétiennes, ni musulmanes ni juives ? Les personnes qui ne sont pas croyantes ont-elles droit à un hommage ?

 

Qu’on ne me dise pas (comme dans un commentaire sur Orange il y a quelques mois) que :

 

« chacune de ces familles si dramatiquement éplorées A TOUTE LIBERTE DE prendre part, ou non, à la célébration religieuse » (souligné par moi)

 

Sans vouloir le jeu de mots, je mets la formule sur le compte de la plus mauvaise foi. Imaginez-vous possible pour des personnes ayant vécu un tel drame, alors que tous les regards, les micros, les caméras sont dirigés sur elles, d’imposer que leurs proches reçoivent un hommage séparé, simplement parce que leur confession, leur conception du monde n’est pas la même ? Il m’est déjà difficile de ne pas entrer dans un temple ou une église à l’occasion des funérailles d’un ami… rester seul sur le parvis… il y a le café en face, ce n’est pas le lieu ni le moment… attendre bêtement dans la voiture puis… à l’issue de la cérémonie… affronter les questions et vous trouver incapable d’y répondre parce que vous êtes accablé d’une double peine : du chagrin, ça oui, vous en avez. Mais les autres ont du mal à y croire.

 

 On aurait donc « toute liberté de… » ?  Oh merci, religieux de toutes confessions de laisser aux mécréants encore un espace de liberté !

 

 On m’avait dit aussi :

 

« De quoi vous mêlez-vous? Que vous le vouliez ou non, les racines de notre chère terre de France sont chrétiennes »

 

 Je reste ébaubi. On peut toujours critiquer les régimes totalitaires où la pensée unique fait la loi. Ces gens-là ici, heureusement, ne sont pas au pouvoir ! Quand aux racines, on peut leur faire dire beaucoup de choses. On peut dire aussi qu’elles sont féodales, quand elles toléraient le servage ici, l’esclavage là-bas. Du point de vue purement religieux, on peut leur attribuer la tradition des bûchers, des tourments, de la Question, de l’intolérance sous toutes ses formes, de la chasse aux Cathares, aux sorcières, aux humanistes, aux scientifiques, ici. On peut leur attribuer l’accompagnement missionnaire de la colonisation des peuples, là-bas. On peut, ici, attribuer aux racines de notre chère terre de France la soumission de la femme, la guerre aux protestants, la rouelle pour les juifs et bien d’autres traditions peu réjouissantes.

 

 Où est-elle cette république laïque, flambeau de l’exception française, une république qui avait promis de respecter tous les cultes, à condition qu’ils n’empiètent pas sur le domaine public ? Une république dont le président va faire des courbettes au pape ? Une république où les présidents, les membres des gouvernements de gauche et de droite assistent –dans le cadre de leurs fonctions- à des cérémonies religieuses ? Une république qui introduit peu à peu et subrepticement l’enseignement religieux à l’école publique ? Tiens, au fait, à quand dans les écoles l’enseignement de l’athéisme ? Non, je plaisante, le développement chez nos enfants de l’exercice libre de la pensée serait déjà un énorme progrès.

 

 Pour finir, et pour répondre par avance à ceux qui m’accuseraient d’intolérance ou d’anticléricalisme primaire, j’ai du respect pour les personnes croyantes et pratiquantes, quand elles le font sincèrement, sans chercher à influencer les autres.

 

§

 

 

 

 

 

 

03/06/2009

Chut !

 Au cinéma, ne pas rire. Sauf au bon moment. Et surtout, ne pas parler, ni manifester son émotion.

 

 Au musée, marcher sur la pointe des pieds. Faire entendre quelques chuchotements, appuyés de gestes amples et de regards entendus.

 

 Au meeting, écouter silencieusement l’orateur. Ou dormir. Sans ronfler.

 

 A la messe, se lever, s’asseoir, se lever, s’asseoir. Accompagner des lèvres le chant des autres. Ou chanter vraiment, sur le même ton.

 

 Dans le métro, lire son journal. Ou faire semblant pour ne pas affronter les regards de ceux qui ne lisent pas non plus.

 

 Au supermarché, se précipiter dans les rayons en ayant l’air préoccupé. Faire la queue à la caisse, triste et résigné.

 

 Faire signe bonjour (ou bonsoir) à la voisine tout en sautant dans la voiture.

 

 Tenir de longs discours sur tout et sur rien avec le chef. En le remerciant beaucoup d’avoir fait le nécessaire et même moins.

 

 Et comme c’est dur de tenir des années comme ça, en évitant soigneusement la communication avec les autres, on a créé trois substituts. (1)

 

 Le premier et le plus ancien, c’est la prison. En isolant l’individu, on lui rend un fier service. A l’abri des regards, le reclus ne perd plus son temps à établir ou entretenir des relations humaines.

 

 Le deuxième est moderne, c’est la télévision. Spectacle total. Aucun rapport entre le créateur et son public. Pour le téléspectateur affalé sur le canapé, tout est possible : rire quand il ne faut pas, pleurer tout seul, mettre les doigts dans son nez. Et comme bien souvent les enfants sont scotchés sur l’écran, on peut même économiser les frais d’une nourrice. Qui a dit que la technique rendrait l’homme esclave ?

 

 Le troisième est très contemporain, c’est le téléphone portatif. Entre l’opérateur et son entourage, toutes les liaisons sont coupées. Il parle (souvent très fort), il rit, c’est bien rare qu’il pleure, car les liaisons par « portable » sont –à quatre-vingt dix neuf pour cent- ludiques. Et quand il parle et qu’il rit, c’est tout seul. Car autour, les autres existent encore un peu, par politesse les discussions sont interrompues. C’est un moment difficile, car il y a parmi nous encore quelques beaux restes de civilité : on s’efforce de ne pas profiter de la conversation, ou plutôt du monologue (ce qui n’est pas trop difficile, car ces gens-là parlent généralement pour ne rien dire). Mais toutes affaires cessantes, il nous faut patienter, le temps paraît long.(2)

 

 On me dit qu’au théâtre ou sur l’Agora, les jours de représentations, de marché ou de rassemblements politiques, les conversations n’étaient jamais interrompues par des sonneries téléphoniques. Cela ne m’étonne pas. Sages et philosophes, nos ancêtres grecs avaient interdit l’usage des appareils qui risquaient de faire obstacle à la communication entre les hommes. J’entends d’ici la désapprobation des partisans de la modernité téléphonique portative : oui, mais vos philosophes antiques pratiquaient l’esclavage !

 

 La pratique ancienne de mœurs monstrueuses n’autorise pas les surhommes d’aujourd’hui à gâcher un dîner en amoureux, à rendre inaudible un dialogue au cinéma, à interrompre le cours d’un professeur, à embarrasser les passagers d’un train ou d’un bus, à gêner les visiteurs d’un musée, à rompre le silence convenu lors d’une cérémonie.

 

 

Ah ! Il est bien révolu le temps

De ces hommes venus à Epidaure

Pour clamer leur joie,

Apostropher la Perse,

Et casser la croûte.

 

Il est vrai que ces paysans n’avaient

Ni la télévision

Ni le téléphone dans la poche

Et qu’ils ne savaient pas

Qu’ils vivaient l’époque de la Grèce Classique,

 

Pauvres païens !

 

 

§

 

(1) Je n’évoque ici que les moyens obligatoires mis en œuvre par les hommes pour empêcher la communication. J’exclus d’emblée l’ermitage et la vie monastique qui proposent claustration ou solitude suite à un choix. L’ermite et le moine sont des êtres qui ont décidé eux-mêmes de leur sort. On ne peut en dire autant du prisonnier. Quand aux non possesseurs d’un téléviseur ou d’un téléphone de poche, il s’agit de toute évidence de cas isolés, égarés hors de la normalité.

 

(2) Je disais qu’entre l’opérateur et son entourage, toutes les liaisons étaient coupées. Ce n’est pas toujours vrai. Les progrès en technique de miniaturisation permettent maintenant à des élèves de filmer leurs camarades brutalisant leur professeur. Certes, la qualité de l’image n’est pas extraordinaire –si on la compare à celle produite par un appareil photographique de type réflex équipé antizieurouge à déclenchement-automatique-dès-qu’il-détecte-un-sourire (on dépasse actuellement les dix millions de pixels, et ce n’est rien à côté de ce qui nous attend !!!!!). Mais la scène filmée peut passer de main en main, et être retransmise et visualisée sur les écrans d’ordinateur à l’échelle d’un village, d’un pays et jusqu’aux antipodes. Une façon tout à fait contemporaine de rapprocher les hommes et les cultures.

 

01/06/2009

Manifeste souverainiste

 

 

 

 

Apprenons,  écrivons,  déclamons et chantons français

 

Embauchons, produisons, achetons et vendons français

 

Votons, décidons,  décrétons et tranchons français

 

Armons, marchandons, trafiquons et guerroyons français

 

Jouons, parions, spéculons et boursicotons français

 

Mangeons, banquetons, buvons et conduisons français

 

Roulons, bourlinguons, naviguons et planons français

 

Demeurons, cohabitons, fréquentons et collaborons français

 

Jurons, conjurons, prions et communions français

 

Baptisons, nommons, mentionnons et exigeons français

 

Marmonnons, vociférons, beuglons et braillons français

 

Débrayons, défilons, manifestons et tonitruons français

 

Courons, pédalons, shootons et dopons français

 

Convolons, épousons, aimons et enfantons français

 

Naissons, vivons, endurons, souffrons,

 

Mourons français.

 

.

 

 

§