Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/11/2010

Anarchistes ? Non. Terroristes.

   

 Des groupes anarchistes envoient des colis piégés aux ambassades et aux dirigeants occidentaux. Apparemment les méthodes terroristes sont restées ce qu’elles étaient au début du siècle dernier quand ils déposaient des bombes au passage de l’Empereur de toutes les Russies. Mais justement, c’était le Tzar, Nicolas II, dernier représentant en Europe d’un régime absolutiste.

 

 La tradition anarchiste n’est pas réductible au terrorisme, les anarchistes n’ont pas toujours été des poseurs de bombes. Bien au contraire, ils furent victimes de la violence policière ou militaire de régimes totalitaires. Nombreux et très actifs avant et pendant la révolution russe, ils n’ont pas survécu à l’instauration du communisme. Ils partagèrent le sort des socialistes et autres démocrates, ceux qui ne s’exilèrent furent liquidés. Les anarchistes espagnols furent les plus valeureux combattants du fascisme franquiste. La mort fut pour nombre d’entre eux le prix du courage, et ceux qui survécurent connurent en France les camps de transit, puis en Autriche, Mauthausen (1). Je pense à toi, Pedro.

 

 En Russie, fantassins dans l’armée de Makhno (2) ou insurgés de Cronstadt, en Espagne membres des brigades internationales et fondateurs de collectivités paysannes, lâchement persécutés ou éliminés par les « tchékistes » (3), les anarchistes ne cachaient pas leur visage, et ne postaient pas de colis piégés. Ils combattaient ouvertement les dictatures dans l’espoir de donner le jour à une société plus juste, plus libre, plus égalitaire.

 

 Les individus cagoulés qui en Grèce ou ailleurs s’en prennent aux ambassades et aux représentants des états occidentaux ne sont pas des anarchistes. Ils ont avec les islamistes un ennemi commun : la démocratie. Ces gens-là au pouvoir seraient les pires despotes. Ils ont oublié la maxime des pères fondateurs, ou peut-être ne la connaissent-ils pas : ni dieu ni maître. D’ailleurs, aucun colis piégé n’a été adressé au régime théocratique iranien où les ayatollahs sèment la  terreur et menacent de faire exécuter Sakineh.

  

(1) Village d’Autriche, sur le Danube, près de Linz. Les nazis y installèrent de 1938 à 1945 un camp de concentration où périrent près de 120000 personnes. © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001

(2) Nestor Makhno : anarchiste ukrainien qui organisa militairement les paysans contre les armées blanches, avant d’être contraint à l’exil par le pouvoir bolchevik triomphant.

(3) « En Catalogne, l’élimination des trotskistes et des anarcho-syndicalistes a commencé ; elle sera menée à terme avec la même énergie qu’elle l’a été en URSS. » (Pravda du 16 décembre 1936, cité par Stéphane Courtois, Le livre noir du communisme, crimes, terreur, répression, Robert Laffont, p.478)

 

 

 

03/11/2010

Sursis ou pas, il faut empêcher la lapidation de Sakineh !

Pour venir en aide à cette femme menacée de torture et de mort par le régime islamique d'Iran,

c'est peu de choses, mais on peut ajouter son nom à la liste des signataires de la pétition sur:

 

http://laregledujeu.org/

29/10/2010

Eviter les sujets qui fâchent ?

 

 Cent cinquante ans après la publication par Charles Darwin (1) « De l’origine des espèces par voie de sélection naturelle », il y a encore des îlots de résistance, des gens que l’idée d’évolution dérange. Et quand je parle d’îlots… je me demande s’il ne faudrait pas aujourd’hui parler de continents. Vous allez citer bien sûr l’Amérique du nord où des fondamentalistes chrétiens font tout ce qu’il peuvent pour empêcher l’évocation de la théorie évolutionniste dans les écoles. On pourrait mentionner aussi les états théocratiques musulmans pour lesquels l’apparition de l’humanité sur la planète ne peut être expliquée que par la miraculeuse intervention divine. Tous ces illuminés (2) sont heureusement loin de nous, au-delà des mers et des océans. 

 Et bien, n’en croyez rien.  

 Nous sommes en banlieue parisienne. Un professeur de lycée (histoire ou biologie, je ne sais plus, mais peu importe) se plaint d’éprouver les pires difficultés quand elle expose les théories de l’évolution et la longue préhistoire de l’homme. Certains élèves n’acceptent pas l’idée qu’un dieu ne soit pas à l’origine de tout. Le phénomène est inquiétant et montre que l’obscurantisme est encore assez vivace pour envisager l’avenir avec le sourire. Les églises ont beau se vider, les cerveaux font encore bon accueil aux idées les plus saugrenues pour ne pas dire ridicules. Et les mosquées font le plein. Tout cela nous le savions. Le pire est ailleurs.  

 Le professeur poursuit. Elle fait part de ses difficultés –et de son inquiétude- auprès de sa hiérarchie (le rectorat je suppose). Il lui est répondu sur un ton bon enfant, qu’il ne faut rien dramatiser, qu’il faut éviter les sujets qui fâchent.  

 Ainsi donc pour l’éducation nationale l’enseignement de l’histoire et de la biologie doit se faire en tenant compte des résistances dues à la crédulité humaine. Il faudra bientôt éviter de s’attarder sur les guerres de religion, sur le massacre des indiens d’Amérique, sur les persécutions dont furent victimes les Bruno (3) et Galilée, sur la connivence de l’Eglise avec les tyrans de droit divin, sur la période de collaboration de l’Etat français avec les nazis, sur les silences du Vatican avant, pendant et après la Shoah, bref, pour parler clairement, ce n’est pas la vérité qu’il faut présenter à nos chers enfants, mais un discours doucereux qui doit convenir à tout le monde, sans faire de vagues.  

 Mais des vagues, je suis bien sûr que les professeurs de nos écoles sauront en faire, il y a même de quoi déclencher une tempête. Ou alors, sont-ils déjà lassés de se battre, l’enseignement aujourd’hui étant devenu un acte difficile, une mission, auront-ils encore le courage de préserver -seuls contre tous et leur hiérarchie- leur liberté de pédagogues, sauront-ils comme leurs aînés (qui enseignaient dans des conditions infiniment plus faciles) transmettre à nos enfants ce qu’ils doivent savoir, et cultiver en eux ce qui manque cruellement à beaucoup d’adultes : l’ouverture d’esprit ? 

                                                                            §

 1. Darwin (Charles) (Shrewsbury, Shropshire, 1809 ­ Down, Kent, 1882), naturaliste anglais, le père des théories modernes sur l’évolution des êtres vivants (De l’origine des espèces, par voie de sélection naturelle, 1859; la Descendance de l’homme et la sélection sexuelle, 1871).  © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001 

2. illuminé : mystique qui prétend bénéficier d’une inspiration spéciale venant de Dieu. ­ Cour., péjor. Personne qui obéit aveuglément à ses inspirations et à ses croyances. C’est un illuminé. © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001 

3. Bruno (Giordano) (Nola, royaume de Naples, 1548 ­ Rome, 1600), philosophe italien. Dominicain jusqu’en 1576, il critiqua l’aristotélisme, défendit la théorie de Copernic et développa une philosophie panthéiste assez riche d’intuitions: l’Infini, l’univers et les mondes (1584). Accusé d’hérésie par l’Inquisition, incarcéré sept ans, il fut brûlé vif.  © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001