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05/12/2016

Angel Cuadra, poète

 


Vous les seigneurs de la haine,
vous les nouveaux rapaces,
oligarques flambant neufs,
ordonnateurs de la dérision,
testamentaires aujourd'hui d'ancestrales vengeances;
vous qui, aux oreilles des peuples
faites exploser les obus de votre "justice sociale";
c'est vous, microphoniques menteurs,
autopotentats des pauvres, autoproclamés capitaines prolétaires;
vous, messies dissimulés,
hypocritement furibonds;
vous, dispensateurs d'un miel annoncé;
vous, techniciens de l'imposture;
vous, techniciens de l'insulte;
vous, techniciens de la mort...
qui nous avez appris cette langue que je parle.

 

Déjà opposant à la dictature de Batista avant 1959, Angel Cuadra fut arrêté en 1967 pour activités politiques subversives contre la dictature castriste, et condamné à quinze ans de prison. Président du Pen Club des écrivains cubains en exil, en mars 1981 Amnesty international l'a sélectionné comme le "prisonnier de conscience" du mois.

Ce poème est extrait de l'Anthologie de la poésie cubaine censurée proposée par Zoé Valdés publiée par Reporters sans frontières, la FNAC et les éditions Gallimard

10/11/2009

Ils étaient le peuple, le vrai.

 Quand les manifestants clamaient « Wir sind das Volk », ils s'adressaient avec détermination, mais aussi avec ironie à ces canailles qui prétendaient jusque là parler et agir au nom du peuple. Depuis la fin de la guerre et les coups d'état communistes épaulés par l'armée soviétique dans les pays d'Europe centrale, en se présentant comme les représentants du peuple les castes dirigeantes protégeaient leurs privilèges et s'octroyaient tous les pouvoirs. D'ailleurs, les dissidents étaient dénoncés comme ennemis du peuple. Car -c'est écrit dans les Livres- les communistes ne peuvent compter d'ennemis que dans les rangs des capitalistes. Le peuple par définition ne peut être qu'unanime derrière les détenteurs de la Vérité, en d'autres termes les descendants de Marx, Engels, Lénine... (on s'arrête là, sinon, cela provoque des polémiques). Bon, il peut arriver qu'ici ou là on expédie -par erreur- un démocrate en Sibérie,  mais rien de grave, trente ans après, le parti fait son autocritique. Bref, depuis la guerre, parti dirigeant et peuple, c'était la même chose. Dictature ? Oui, mais du prolétariat... Ouf !

 

 De là la force de ce slogan  « Wir sind DAS Volk » , slogan qui est un livre à lui tout seul, un livre écrit avec le sang de ces gens qui, n'en pouvant plus de vivre enfermés, tentèrent de franchir l'enceinte de la prison.

 

 En quelques jours, il y a vingt ans, les canailles qui prétendaient jusque là parler et agir au nom du peuple rendaient les armes, et le mur s'effondrait.

 

 Hommage soit rendu à ces femmes et à ces hommes qui, bravant les forces de l'ordre -et quel ordre !- ont permis à des millions d'autres qui subissaient le totalitarisme de lui asséner le coup fatal, et d'accéder à la liberté et à la démocratie. Les allemands libérés, se réunissant avec ceux qui l'étaient déjà, pouvaient alors se reconnaître comme faisant partie du même peuple. Wir sind EIN Volk.

 

 Certes, il y a encore beaucoup à faire, on ne sort pas sans douleur d'un demi-siècle d'oppression, mais le plus dur a été accompli.

 

 

 

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