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17/07/2009

II- Je crois qu'ils veulent en finir avec nous

 

Huang Di (1) an 122 908 (2)

 

 Cher ami,

 

 Comme tu le vois je ne suis pas chez moi sur Astrée, mais chez mon père. Avant sa mort, il avait fait allusion à des documents insolites, là-haut dans ses archives. Depuis quelques jours, j’ai établi mon camp de base chez lui, et tôt le matin, muni d’une torche, d’une combinaison et d’une casquette, dans la poussière et les toiles d’araignées, je passe mes journées dans son grenier. Des montagnes de dossiers, la plupart contenant des lettres d’historiens, d’archéologues ou même de personnalités politiques lui demandant l’exégèse d’un texte, d’une inscription ou simplement d’un mot. Les traductions sont là aussi, il gardait précieusement les doubles de ses travaux. Je mets de côté ce qui concerne Terre. Je te ferai parvenir les documents les plus intéressants. Tu ne seras pas étonné de lire des écrits de prisonniers : ils ont été préservés car insérés par leurs auteurs dans des bocaux hermétiques et enfouis sous le sol de leur cellule. Aucune datation. Le gardien portant un nom bien de chez nous, la prison étant localisée dans une ville du Grand Ouest, je dirais : période de l’Empire de la Grande Asie, au XXXII° siècle (2). Je ne t’en dis pas plus, il y a trois textes, tu comprendras vite de quels événements il s’agit. 

 

Premier feuillet :

 

 

Passau, bloc des nationaux

 

Nous ne sortons plus pour la promenade. Nous vivons …………………… ces quatre murs pourris. Zhu notre gardien préféré ne passe plus. Le seul qui nous adressait la parole. Des gardes que nous n’avons jamais vus nous jettent à manger comme si nous étions des …………………. Infecte, nourriture en ………………. Avant, au moins nous avions droit à des légumes, du jambon ou …………………… du fromage ou des fruits. Maintenant ce sont des sachets, pratique pour eux, ils peuvent …………………… sans ouvrir la porte. Et nos déchets ? On jette ce qui est …………………… dans les toilettes, ça ………………………… de les boucher. Odeur fétide insupportable dans la cellule. Ca dure depuis cinq jours. On demande l’ouverture du ………………………was ist das ? (pas possible de l’intérieur). C’est nein. Qu’est-ce qui se passe ? Et dans le pays ? Au moins pendant la promenade nous avions les informations radio par le ……………………. Et le poste d’………………Hermann ? (récupéré grâce à Zhu) ne marche plus. Ou plutôt si, la diode rouge est ……………………… mais ça …………………………… sur toutes les stations et toutes les ………………… d’ondes. C’est comme si nous étions au …………………… aveugles et sourds. A l’heure du passage des gardes on cogne contre la porte, on appelle, moi je crois qu’ils veulent en finir avec nous. On est de trop. Point final. Pourquoi Zhu ne passe-t-il plus ? Certains commencent à …………………………….

 

 Suivent les commentaires de mon père, ou plutôt un dialogue avec le chargé de mission:

 

-         Le manuscrit ?… vous avez traduit…

 

-         Très difficile, le texte est rédigé en germain. Il a fallu me replonger dans les langues anciennes. Ce que j’ai là, c’est une première page. L’autre est plus longue, une sorte d’ « envoi », comme un testament adressé à des générations futures. Bouleversant.

 

-         Au point de vous mettre dans cet état ?

 

-         Non. C’est après, je lis toujours un peu plus loin, il ne reste que quelques lignes. Terrible. Je ne sais pas si je dois…

 

-         Ils sont condamnés ? Ils vont être…

 

-         Non ! Oui, enfin non, c’est plus compliqué. Ils n’y sont pour rien, personne n’y est pour rien !

 

-         Une catastrophe ? Un incendie dans la prison ?

 

-         Lisez. Je n’ai pas reconnu l’écriture du précédent rédacteur. Tremblante, hésitante, pratiquement illisible. J’ai recopié ici ce que j’ai réussi à déchiffrer. Mais lisez donc.

 

Fin du premier feuillet

 

 

(1) planète satellite de Bételgeuse (étoile Alpha d’Orion)

(2) après Confucius

 

§

 

 

15/07/2009

Fatima

 

 

  

 Les pompiers découvrent le corps calciné d’une jeune fille dans une cave de la banlieue lyonnaise. La tête de la victime est recouverte d’un sac en plastique. Un tuyau d’arrosage est enroulé autour de son corps. Elle a probablement été tuée par asphyxie, puis brûlée.

 

 Son frère est arrêté. Il porte des traces de brûlures sur les jambes, et les explications qu’il en donne sont « farfelues ». Il est mis en examen pour homicide volontaire.

 

 Voilà pour les faits.

 

 Le jeune homme de 17 ans est décrit comme « violent ». Il aurait agi pour des raisons familiales. On évoque par ailleurs « une famille avec des valeurs religieuses ». On est en droit de se demander ce que la religion vient faire dans cette tragédie ! D’ailleurs le procureur de la République, sage et prudent, a bien remis les choses en place :

"Il est dès lors prématuré … d'échafauder une quelconque hypothèse sur les mobiles... Rien ne permet de soutenir en l'état qu'il puisse y avoir une connotation religieuse".

 Selon des sources non officielles, on supputait que le jeune homme n’aurait pas accepté le mode de vie de sa sœur aînée. Visiblement, on supputait bien : on apprend –et la nouvelle fait l’effet d’une bombe !- que, suite à l’autopsie du corps de celle qu’on pensait être une victime, celle-ci avait eu un récent rapport sexuel avec son petit ami ! (à 21 ans, et sans que sa famille l’y ait autorisé)

 Cela n’empêche pas le mouvement Ni Putes Ni Soumises de dénoncer une fois de plus le machisme et la dégradation de la condition des femmes dans les quartiers !

Sans commentaire !

                                                              signé : L’avocat du Diable

 

§

 

Elle s’appelait Fatima.

 

Le plumitif qui a écrit ces lignes, je ne sais s’il est l’avocat du diable, mais le porte-parole de débiles dont la pensée ne dépasse pas le niveau de la prière, sûrement il l’est.

 

Des débiles encore trop nombreux, il suffit de lire leurs commentaires, de consulter leurs blogs, d’écouter leurs interviews, car ces gens-là savent profiter de la liberté que leur laisse la démocratie, liberté qu’ils refusent aux autres. Qu’ils refusent aux filles, aux femmes, à leur propre sœur. Jusqu’au meurtre.

 

Etonnante l’appréciation du procureur. Certes, on ne lui demande pas d’afficher des certitudes avant le démarrage de l’enquête. Mais affirmer d’emblée que

 

« Rien ne permet de soutenir en l'état qu'il puisse y avoir une connotation religieuse »

 

est déjà une façon de s’engager sur le chemin des certitudes, et de faire du tragique événement un cas isolé, l’œuvre d’un fou.

 

 On relève la même attitude chez certains commentateurs du procès des assassins d’Ilan Halimi : Fofana serait un déséquilibré, un fou, un cas particulier. Décidément, il y a dans nos banlieues un nombre grandissant de cas particuliers. Des jeunes filles brûlées aux homosexuels agressés, sans oublier les propos antisémites, machistes, homophobes, visiblement la violence des fous isolés fait des ravages.

 

 Et l’insistance des bonnes âmes à garder le silence, à rompre parfois en termes très mesurés celui-ci, n’est-elle pas une façon de dissimuler leur couardise, et de ne pas regarder la vérité en face : insensiblement mais sûrement, la République s’incline face au communautarisme, et au plus dangereux de tous : l’islamisme.

 

§

 

 

11/07/2009

Ces mécréants...

... se permettent aussi de délivrer des brevets en démocratie, et vas-y que je te donne des conseils aux turcs, aux afghans. Ils font maintenant des reproches aux Iraniens. Comme si ce grand peuple -depuis sept mille ans civilisé, lui- avait besoin de conseils. Cette jeune république courageuse qui ose mettre un peu d’ordre dans les affaires humaines a-t-elle des leçons à recevoir d’un Occident où l’inconduite et la débauche se propagent jusqu’aux sommets des états ?

L’avocat du Diable