16/06/2015
Le Zeiss Ikon Contaflex Super B
Contaflex équipé du 50mm cliché M.Pourny
Comme le Kodak Retina reflex III, le Zeiss Ikon Contaflex est un reflex 24x36 à compléments optiques et obturateur central. Fabriqué en Allemagne de 1963 à 1966, cet appareil dispose de dos magasins interchangeables. Il est ainsi possible de passer du noir à la couleur ou à une autre sensibilité de film sans recourir au rebobinage.
Contaflex équipé du 85mm cliché M.Pourny
Il est plus compact que le Retina, 2 cm de moins en hauteur : 134 x 86 x 75mm (avec optique de 50mm), une performance pour l’époque comparé aux Praktina, Zenit, Edixa… un centimètre de moins en longueur que le célèbre Canon AE1 (20 ans après !).
Prise en main excellente, levier d’armement classique à droite sur capot (le levier d’armement du Retina est sous la semelle) pour avancer le film et armer l’obturateur central Synchro-Compur X synchronisé pour flash à toutes les vitesses de 1 seconde au 1/500° plus pose B. C’est le premier obturateur Compur à réglage automatique de l’exposition pour une sensibilité de 5 à 800 iso.
Automatique avec priorité à la vitesse, débrayable. La fenêtre du posemètre est située au-dessus de l’objectif sur la façade du prisme. La mesure peut être lue à gauche de celui-ci sur le capot, une aiguille indiquant l’ouverture correcte. Elle est indiquée aussi sur une échelle dans le viseur, à droite. Au-dessous, la vitesse sélectionnée est rappelée.
L’image redressée par le prisme sur lentille de Fresnel est claire, la mise au point aisée, soit au centre à l’aide du télémètre à champ coupé en dirigeant l’appareil sur des lignes verticales soit, à défaut, sur la couronne dépolie. Le réglage se fait à l’aide de deux tenons disposés de part et d’autre de la bague des distances. Cette bague est solidaire de l’appareil et commande donc la mise au point des quatre objectifs disponibles.
La prise de vue en lumière artificielle : en déverrouillant le petit poussoir qui débraye l’automatisme (indiqué A en rouge), la bague des diaphragmes ainsi libérée permet de placer face à l’index la valeur du nombre guide du flash, de 10 à 80 pour une focale de 50mm, de 10 à 40 pour une focale de 35mm. Exemple, pour NG=10 (en 50mm), distance du sujet comprise entre 0,85 et 4m ; pour NG=20, entre 1 et 7m ; pour NG=40, entre 1,80 et 8m. Il n’y a rien d’autre à faire que de régler la distance, l’ouverture étant automatiquement sélectionnée. Ce n’est pas l’automatisme TTL, mais n’oublions pas que nous sommes en 1963 il y a tout juste un demi siècle !
La commande des réglages, autour de l’objectif, en allant du boîtier vers l’avant : la bague des distances de 0,7m à l’infini et l’échelle de profondeur de champ, celle des ouvertures d’un côté et des nombres guides de l’autre, plus la position A au centre, enfin: la bague des vitesses plus la pose. Tout à l’avant, sous la couronne crantée un petit levier marqué d’un point rouge doit être basculé pour déverrouiller la partie avant de l’optique. La monture est à baïonnette.
Chaque dos magasin comporte son propre presse film et ses deux clés de verrouillage. Une fois mis en place, un petit bouton poussoir (au dos et en bas) permet de faire glisser et de retirer le volet protecteur de la vue en attente, laissant le presse film assumer son rôle, plaquer la pellicule contre les rails de guidage. Une réalisation de toute beauté. Au dos deux molettes à tourner pour les indications concernant le film inséré : couleur, noir, sensibilité. Au-dessous, un compteur de vues indique le numéro de celle à prendre. Avant de changer le dos magasin, ne pas oublier de remettre en place le volet protecteur ! Problème d’ailleurs, mais où diable l’avais-je rangé, au mieux dans quelle poche, au pire… à la maison !
Restons positif, plus qu’un bel appareil, une prouesse technique. Ce bijou aujourd’hui entre mes mains m’a été légué par un ami, Pedro qui n’est plus là, une pensée alors pour Germaine, sa compagne.
Les objectifs adaptables sont constitués de la partie avant du bloc optique, ils sont donc dépourvus de bagues de mise au point, de diaphragme et de commandes des vitesses de l’obturateur, toutes commandes solidaires du boîtier, d’où leur compacité.
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Tessar 2,8 :50mm, très compact (6mm d’épaisseur!), MAP de 0,7m à l’infini, ne comporte pas d’échelle de profondeur de champ, qui est à consulter devant la bague de MAP sur le boîtier;
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Pro-Tessar 3,2 :35mm, longueur 52mm, MAP jusqu’à 0,4m. Comme pour les 3 autres objectifs, pour connaître la profondeur de champ, procédez ainsi : 1/ mettre au point sur le verre de visée ; 2/ lire la distance affichée sur la couronne de l’appareil (par ex 1m) 3/ reportez cette distance sur la bague de l’objectif utilisé, en face de 1m vous lisez : 0,55m ; 4/ de part et d’autre de l’index, les diaphragmes sont affichés, vous évaluez facilement la profondeur de champ, dans notre exemple pour une ouverture de f8 : de 0,5 à 0,6m. Beaucoup plus facile à faire qu’à expliquer !
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Pro-Tessar 3,2 :85mm, longueur 51mm, MAP jusqu’à 1,7m ;
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Pro-Tessar 4 :115mm, longueur 57mm, MAP jusqu’à 2,5m ;
En outre, une monoculaire Zeiss 8x30 se visse sur la monture pour filtre du Tessar de 50, pour une distance focale résultante de 400mm. Le télémètre étant trop sombre, le point se fait sur le verre de visée, de 6m à l’infini. L’optique est de qualité, et l’image dans le viseur bien claire. Longueur de la monoculaire seule, utilisable à l’œil comme lunette d’approche : 11,6mm, montée sur l’appareil : 18,6cm. Elle se range dans un bel étui en cuir marron.
Le Super B ici décrit fut remplacé en 1967 (?) par le Super BC avec posemètre CDS derrière l’objectif, mais tout à fait semblable par ailleurs. Dans le catalogue Photo-Ciné-Son de 1967 voici un tableau des prix pour différents appareils de qualité comparable (avec cet avantage pour le Contaflex de proposer ses automatismes et les magasins interchangeables…)
Contaflex Super BC, objectif Tessar 2,8 :50………1277 francs
Asahi Pentax Spotmatic, obj Takumar 1,8 :55….1370 «
Nikon F, obj Nikkor 2 :50…………………………………..1625 «
Kodak Retina Reflex IV, obj Xenar 2,8 :50……….1010 «
Leica M2, obj Summicron 2 :50………………………..1614 «
Pour le Contaflex, le dos magasin supplémentaire était vendu 238 francs, chaque objectif supplémentaire (35, 85 ou 115) entre 400 et 500 francs.
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11:52 Publié dans Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : contaflex, magazins interchangeables, zeiss
10/06/2015
Idées pour le collège
Plutôt que renforcer l'enseignement du "fait religieux" à l'école, ne vaudrait-il pas mieux aider les enfants à penser par eux-mêmes ?
Pourquoi ne pas s'arrêter sur quelques pensées des Anciens, sans les apprendre par cœur certes, quoique... les prières sont bien récitées! En les proposant en fonction des besoins ou de l'intérêt des élèves, ou tout simplement dans leur rapport avec l'actualité, ces courtes leçons pleines de sagesse pourraient être l'occasion d'un débat, ou même d'un devoir écrit:
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La mesure est la meilleure des choses;
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Il convient de savoir beaucoup, non d'ignorer;
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Ne fais rien avec violence;
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Eduque tes enfants;
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Mets un terme à tes haines;
(Cléobule de Lindos)
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Connais-toi toi-même;
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Que ta langue ne devance pas ta raison;
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Respecte tes aînés;
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Obéis aux lois;
(Chilon le Lacédémonien)
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Ce que tu reproches à autrui, ne le fais pas toi-même;
(Pittacos de Mitylène)
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Fais des promesses, la faute n'est pas loin;
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N'embellis pas ton extérieur, c'est par ton genre de vie qu'il faut t'embellir;
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Les bons offices que tu auras accordés à tes parents, attends-toi à les recevoir dans ta vieillesse de tes enfants;
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L'ignorance est un lourd fardeau;
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Fais en sorte de ne pas susciter la compassion;
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Si tu commandes, gouverne-toi toi-même;
(Thalès de Milet)
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Déteste la précipitation et le bavardage, tu éviteras ainsi des fautes...
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Prends les gens par la persuasion, non par la violence;
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Quand tu fais une bonne action, rapportes-en la cause aux dieux, non à toi;
(Bias de Priène)
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La démocratie est préférable à la tyrannie;
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Montre-toi digne de tes parents;
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Sois le même pour tes amis heureux ou malheureux;
(Périandre, Corinthien)
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10:13 Publié dans L'école | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maximes, anciens, pensée, sagesse, collégiens
04/06/2015
La raison n'est pas nécessairement du côté qu'on croit
Les gens révoltés m'énervent. Je parle bien sûr de ceux qui le sont en permanence. Ils sont contre tout. Contre les aéroports, contre le diesel, contre les barrages, contre les centrales nucléaires, contre les éoliennes, contre les crèches dans les lieux publics, contre les inégalités sociales, contre les gouvernements, contre les oppositions, contre les étrangers, contre la viande de porc, contre la viande tout court, contre le gavage des oies, contre le mariage gay, contre le mariage, contre les corridas, contre l'acharnement thérapeutique et contre l'euthanasie, et le pire, eux qui en veulent au monde entier, ils sont contre la guerre.
Ils disent non à tout. Jean Amadou qui suivait le tour de France cycliste regardait en souriant la multitude de banderoles brandies par des mécontents tout au long de la route, "NON à ceci!", "NON à cela!", il avait même déniché sur une étape en Auvergne je crois, un calicot sur lequel était inscrit un seul mot: "NON !". Sacré Amadou, il nous manque.
S'ils m'énervent aussi, c'est qu'ils s'opposent à tout et à n'importe quoi, mais qu'ils ne le font qu'en paroles. Réunions de famille, entre copains, sur le zinc ou les gradins du stade, à la radio et à la télé aussi, nous avons dans notre pays un contingent inépuisable de révoltés, que dis-je? de révolutionnaires! A ceux-ci s'ajoutent les anciens combattants intarissables des années de guerre (1968...). Debout sur les barricades, ils étaient les Envoyés de l'Idée, chargés d'une mission globale: sortir l'Homme du vieux monde. Leur guerre a fait long feu, mais eux ont survécu et sont aujourd'hui professeurs, députés français ou européens, artistes, architectes, membres d'honneur d'associations humanitaires, écrivains, philosophes invités sur tous les plateaux, tous un peu bedonnants et sûrs d'eux-mêmes, peu avares de conseils sur toutes les situations qui se présentent car eux au moins ils ont vécu et pas qu'un peu.
Bref toutes ces grandes gueules m'énervent, mais pas autant que ceux qui la ferment à la moindre occasion. C'est facile de critiquer les soixant'huitards en leur assénant que leur révolte d'étudiants n'a servi à rien, oui facile. Mais quand cette critique ricanante vient de ceux qui n'ont jamais levé le petit doigt contre quoi que ce soit, cela m'énerve aussi. Ces bons pères et mères de famille qui ont contre vents et marées -alors que d'autres tentaient de changer le monde- poursuivi assidûment leurs études, préparé leurs diplômes et assuré leur carrière, cela m'insupporte qu'ils viennent marmonner aujourd'hui que puisque s'agiter n'a servi à rien, ils étaient les plus raisonnables et les plus sages. Bref, ils alimentent le vieil adage selon lequel, le bonheur consiste à rester assis et ne rien faire.
Vous leur présenteriez une pétition exigeant le maintien du statu quo, par peur de l'engagement ils ne la signeraient pas. Et le pire, m'entendez-vous? Le pire, c'est qu'ils ont raison. Ceux qui se planquent ou qui frôlent les murs quand l'avenir est incertain ont raison. Il ne faut pas se mettre en avant. Et puis attendez, il y a les risques qu'on fait courir à ses proches, ah ça des arguments ils en ont, et toujours inattaquables. La seule idée qu'ils ont retenu de la philosophie des Lumières, c'est qu'il faut cultiver son jardin. Ils fuient tout ce qui peut mener à l'aventure. L'aventure! Quelle horreur pour ces gens qui n'existent que sur papiers d'identité et feuille d'impôt. Je ne vais pas comparer les années soixante à celles de la guerre, la vraie, mais si des cinglés -ils ne l'étaient pas!- n'avaient pas fait sauter des trains au risque d'être fusillés, si des gens déraisonnables n'avaient pas mis à l'abri des enfants juifs au risque d'être déportés avec eux, si des femmes et des hommes n'avaient pas franchi la Manche afin d'en finir plus vite avec l'occupation de la France, si des gens simples, des gens de tous les jours, maires, instituteurs, ouvriers et paysans n'avaient pas caché ici un parachutiste, là un résistant, un enfant ou une famille entière, la situation aurait-elle été plus raisonnable pour autant ?
La raison n'est pas nécessairement du côté qu'on croit. S'il peut être déraisonnable de monter des barricades et de mettre en danger sa vie et celle de sa famille, il l'est tout autant de croire qu'en gardant son calme en toute occasion, les choses s'arrangeront. La passivité n'apporte pas nécessairement la paix, en tous cas pas celle de l'âme.
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08:51 Publié dans portraits | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : engagement, sagesse, révolte, passivité