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24/07/2009

L'Extrême-gauche au banc d'essai

 

Armée rouge.jpg

Un soldat de l'Armée rouge vendait son uniforme et ses médailles. C'était en Allemagne en 1989. Il désirait se marier avec une allemande, c'était le seul moyen pour lui de rester à l'Ouest. Ils étaient des milliers dans son cas, des favorisés par rapport à leurs camarades restés au pays. Car ils étaient membres de l'armée d'occupation en RDA, donc déjà sur place. Novembre 89. Le mur tombait. L'URSS existait encore.

 

 

§

L’idéologie de l’extrême gauche est-elle encore crédible ? Points à examiner :

 

-         la dictature du prolétariat (en suspens, n’apparaît plus dans les programmes, mais…)

-         la question du parti

-         le problème de la propriété privée 

-         l’extrême gauche est-elle en décalage par rapport à la société contemporaine ?

-         l’extrême gauche au pouvoir ?

 

1/ La dictature du prolétariat. Sur le papier, La théorie de la lutte des classes est riche d’espoir :  à la fin des fins, c’est-à-dire après la Révolution Mondiale, quand les Comités ouvriers, soldats et paysans auront été élus et auront établi depuis les steppes sibériennes jusqu’aux confins des forêts tropicales une société communiste, oui, enfin, on assistera à la disparition des classes sociales et chacun disposera des ressources nécessaires à ses besoins.

 Ca, c’est l’aspect positif, enthousiasmant, de la théorie marxiste. C’est presque trop beau pour être vrai. Les livres ont la réponse : ce sera très dur, la classe des capitalistes défendra becs et ongles sa domination sur le monde. Nécessité donc d’une révolution, qui sera probablement une guerre civile, suivie, après la victoire du prolétariat, de la dictature de celui-ci, afin d’éviter les rebuffades de la bourgeoisie. Rebuffades pouvant aller jusqu’à la formation d’armées blanches sous l’égide d’un impérialisme toujours prêt à tuer dans l’œuf un soulèvement prolétarien dans quelque pays que ce soit. Bref, une dictature, MAIS ATTENTION : de gauche, c’est-à-dire douce, tolérante, acceptant et même suscitant le dialogue. Expériences intéressantes déjà vécues: Russie, Chine, Albanie, Cuba, Corée, Cambodge, démocraties populaires, pays frères africains.

 

2/ La question du parti. La construction d’un parti ouvrier : comment éviter le populisme ? Les milieux visés par l’extrême gauche colportent bien souvent les idées les plus réactionnaires, xénophobie, homophobie, racisme, antisémitisme, misogynie, dogmes religieux, superstitions… C’est peut-être le talon d’Achille de nos révolutionnaires : le décalage entre l’aspect libérateur de leur programme (à voir de plus près quand même, l’aspect…) et les sentiments primaires de la clientèle (on ne dit pas « clientèle » , on dit « les masses », ce n’est pas plus poétique, mais c’est le langage du socialisme scientifique). Voilà. D’où le silence de nos révolutionnaires sur ces sujets, silence allant parfois jusqu’à l'assentiment. Il faut dire qu’ils sont parfois placés dans des situations cocasses : des ouvriers blancs sont licenciés, on embauche à peu de frais des immigrants maliens. Pour le patron, c’est une aubaine. Pour le révolutionnaire, que faire ? (comme disait Lénine). Le parti avait trouvé la solution. Il avait –au bulldozer- dégagé les bidonvilles occupés par les Maliens. Mais c’était l’époque révisionniste. D’ailleurs cherchez « bulldozer » dans les écrits de Marx Engels Lénine Staline Mao Tsé Toung Marchais, vous ne le trouverez pas. Remarquez, vous ne trouverez pas Goulag non plus. Ca y est, j’ai perdu le fil. Oui, les sentiments primaires des « masses » (c’est plus fort que moi, je mets les guillemets, reliquat d’une vieille éducation bourgeoise réactionnaire) : il m’est arrivé de surprendre les ricanements de certains de nos intellectuels révolutionnaires quand les noms de personnalités connues pour leur homosexualité étaient évoqués. Ah ? Ah.

 

La classe ouvrière et son parti révolutionnaire : l’avant-garde est distincte de la classe. Le parti n’est pas la classe ouvrière. Sans le parti, la prise du pouvoir est impossible. Les dangers inhérents à cette situation sautent aux yeux. Les révolutionnaires s’en défendent, ils disent que l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. Allez y comprendre quelque chose. Donc, l’avant-garde est distincte de la classe ouvrière. Cette histoire de distinction me chatouille quelque peu. Pas vous ? L’avant-garde d’une part, le peuple de l’autre. En termes clairs, les gens qui savent… et les autres. Ca nous promet bien des choses pour les lendemains de grands soirs.

 

Les mauvaises langues supputent que la nécessité d’UN parti révolutionnaire exclut la possibilité même du pluralisme. Ils disent :

 

« quand on voit la prolifération des groupes révolutionnaires, chacun se prétendant porteur de la sainte doctrine, et considérant les autres comme des révisionnistes, des renégats, des traîtres (le vocabulaire est riche, NDLR), on peut douter que la construction de ce fameux parti libérateur se fasse dans un climat propice à la réflexion, la libre discussion, la démocratie, la tolérance. Ce qui (aussi) peut augurer de lendemains révolutionnaires difficiles, l’histoire en montre les exemples. »

 

Et voilà, le mot est dit : le pluralisme. Ah il est beau le pluralisme dans nos démocraties occidentales. Ce qu’ils appellent « le monde libre ». N’importe qui peut faire n’importe quoi. Des dizaines de candidats à la présidence, des partis, des syndicats, des avocats, des chaînes de télévision, des associations à tire larigot, même les religions sont en surnombre. Allez vous y retrouver. Alors qu’un seul de chaque serait amplement suffisant. Je te foutrais tout ça dans des camps, moi !

 

3/ Le problème de la propriété privée : A partir de quel niveau de richesse est-on considéré comme un ennemi de classe ? Le marxisme est très clair : quand on possède les moyens de production. Mais alors, cette propriété de 100 hectares sur les hauteurs de Monaco, avec vue sur la mer et ce yacht de cinquante mètres survivront au Grand Soir ? Etonnant. Et moi, n’ai-je donc rien à craindre pour mon petit pavillon de banlieue (lointaine, prudence oblige), mes deux automobiles, ma collection d’appareils photo, même si je ne suis pas membre du parti, et si je continue de manifester ma liberté de pensée sur la voie publique ?

 

4/ L’extrême gauche est-elle en décalage par rapport à la société contemporaine ? Oui et non

 

Oui, parce que depuis un siècle les peuples ont été trop habitués aux libertés démocratiques pour se laisser entraîner dans des entreprises qui ont abouti aux catastrophes que l’on dit.

La classe ouvrière existe-t-elle encore ? Oui, mais ses conditions d’existence sont bien meilleures qu’au temps de Marx, Jaurès ou même de l’après-guerre. Le secteur industriel s’est réduit en Occident comme peau de chagrin au profit du tertiaire. Les fonctionnaires, employés et cadres occupent une place prépondérante dans la société. Ce sont des classes moyennes, attachées à leurs biens, et qui préfèrent s’en remettre à l’ordre existant, même si elles le critiquent- plutôt qu’à des bouleversements qui remettraient peut-être en cause ce qu’elles ont acquis. (Il y a souvent chez ces gens un écart important entre leurs idées parfois généreuses et leur position sociale confortable, l’angélisme est souvent le fait de personnes qui n’ont pas à souffrir de la délinquance : les anges sont loin du diable, les Ferrari rarement brûlées). Question : Dans ces conditions, QUI pour une révolution ? Et quelle clientèle pour l’extrême gauche ? Justement dans les banlieues, dans les populations issues de l’immigration, l’islamisme peut jouer un rôle, il n’est qu’à voir le silence adoptée par nos partis révolutionnaires vis-à-vis des principes (et des provocations) pourtant ultra-réactionnaires de cette religion. Le marxisme en prend un sacré coup sur la tête : pour ses pâles zélateurs, la religion n’est plus aujourd’hui l’opium du peuple… si elle est musulmane. 

 

Non, l’extrême gauche n’est pas en décalage par rapport à la société contemporaine parce que la condamnation radicale de la société capitaliste peut faire des émules en cas de crise. Le désespoir de personnes exclues du système, victimes du chômage, de la paupérisation, n’est pas propice à la réflexion. Peuvent s’y ajouter les groupes cités plus haut, dont une frange est fascinée par l’Islam. Les jugements à l’emporte pièce, les slogans hurlés et brandis sur calicots peuvent frapper les esprits fatigués. Au bout, il y a le risque de la violence et de nouvelles tragédies.

 

5/ L’extrême gauche au pouvoir ? Un exemple : ils disent qu’il faut interdire les licenciements. Mais alors il faudra soit : enregistrer les faillites, soit fermer les frontières pour éviter la fuite des entreprises. Nos Saint-Just répondent : non, car la révolution sera internationale. Nous vivrons alors l’époque de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques Mondiales. Comme beaucoup d’entre vous, je serai membre du Parti Communiste Révolutionnaire Altermondialiste International. La carte dans ma poche et n’ayant pas fait de hautes études, j’aurai quand même un emploi (l’ANPE n’existe qu’en régime capitaliste) : je garderai les personnes en cours de rééducation politique (nostalgiques de l’ancien régime, ennemis du peuple, communistes déviationnistes, écrivaillons du dimanche non membres de l’Union Socialiste des Ecrivains Prolétariens, agents de la CIA clandestine, asociaux divers dont l’existence est une erreur –car non envisagée dans la Théorie scientifique de la division de la société en classes : homosexuels, tziganes, juifs, personnes atteintes de troubles mentaux, anciens responsables de sites ou de blogs –un seul blog sera autorisé, mais sans commentaires, bon j’entends déjà des soupirs, mais le téléchargement des chœurs et chants révolutionnaires de l’Armée Rouge de Libération sera LIBRE et GRATUIT, tiens, on se calme…-, patrons expropriés bien sûr, le Centre Leclerc près de chez moi sera gouverné par le soviet des caissières libérées, car dans la société future, les clients des hypermarchés paieront d’eux-mêmes sans qu’on leur demande rien, les marchandises qu’ils auront librement choisies sans aucune pression publicitaire, d’ailleurs pour celles-ci, ce sera comme pour les partis, il n’y aura plus qu’une de chaque : une marque de produits frais légumes et fruits –par exemple le yaourt Besancenot,  la banane José Bové, la pâte à tartiner Laguillier-…) où en étais-je ?

 

 Oui, le camp de rééducation, bah, rien de spécial, la routine, vérification quotidienne de l’électrification des barbelés, rassemblements matinaux sur la place d’appel, lecture publique du dernier discours du Président du Conseil Suprême, et constitution des groupes de discussion, toutes les questions étant autorisées, oui vous avez bien lu : TOUTES. Car la voilà la vraie démocratie. Il ne revient pas au président de tout expliquer en long et en large. Il a autre chose à faire (sur le yacht présidentiel « L’Etoile Rouge » amarré à Mélenchon-sur-mer –anciennement Monaco). Ce n’est pas en écoutant une fois et distraitement Son discours qu’on pourra s’imprégner de sa richesse, découvrir avec ravissement les innombrables secrets semés pour les siècles des siècles dans les contours de sa dialectique, surtout quand on a passé sa vie à fréquenter des ennemis de classe. Donc, questions, discussions, explications, pédagogie. Quelquefois aussi, si le traitement le suggère, quelques injections, suivies de retraites en cellule d’isolement. Rien de bien méchant. Je rappelle à ceux qui joueraient les vierges effarouchées au seul mot de « camp », qu’il s’agira d’un camp socialiste, donc de gauche, progressiste, à visage humain. Je serai donc de garde ce jour-là. Mais je parle beaucoup de moi et j’ai honte car ces problèmes sont sérieux et concernent pas moins de quelques milliards d’hominiens. A ce propos, je ne dis plus hommes car on m’accuserait d’écarter les femmes, je ne dis plus humains un terme trop proche d’humanistes, ce qui exclurait trop de monde, j’évite homo sapiens sapiens trop connoté anthropologie, pompeux et long à écrire, et pour la répétition de sapiens, plus qu’une discussion, c’est une controverse, quand à homo, certains qui ne sont pas encore sapiens risquent d’en venir aux mains.

 

 

§

 

 

20/04/2009

L'éléphant et le moustique

 

 

 « Je comprends que l’éléphant s’irrite quand le moustique lui pique l’oreille mais je ne peux pas croire à la thèse selon laquelle Israël se sent menacée parce qu’en six mois, il est mort trois de leurs ressortissants sous les dizaines de fusées qui tombent tous les jours, semble-t-il dans le désert. »

 

(…) par contre, Gaza…

 

«… est un camp de concentration dans lequel les gens sont privés des moyens de se défendre »

 

La personne qui a prononcé ces paroles n’est ni un membre du Hamas, ni un obscur propagateur de l’islam, ni un manifestant d’extrême gauche pro-palestinien.

 

Les deux phrases que vous venez de lire ont été énoncées par le porte-parole de l’extrême droite française. C’était le 8 janvier 2009 à Nanterre à l’occasion de la présentation de ses vœux à la presse.

 

Quoi répondre ?

 

 Confronté à des propos qui, à défaut d’analyse politique, ne sont que l’expression de la haine de l’autre, on est tenté de se taire. Il ne faut pas.

 

 Ce monsieur nous dit qu’en six mois, seuls trois ressortissants israéliens sont morts, alors que les fusées tombent tous les jours.

 

  D’abord, ce sont trois victimes de trop, et probablement trois familles en deuil.

 

 Ce monsieur semble bien informé, il ne peut pas ignorer que les autorités israéliennes alertent les populations qui sont menacées par les roquettes, et font évacuer les lieux. De ce côté, on ne fait pas usage de « boucliers humains ». De ce côté, on n’exploite pas le malheur des gens à des fins médiatiques. A ce propos d’ailleurs, il y aurait beaucoup à dire sur la médiocrité pour ne pas dire la maladresse des services d’information israéliens… j’y reviendrai, car s’y ajoute le traitement pratiquement univoque des informateurs occidentaux tous d’accord sur un point : un éléphant est piqué par un moustique.

 

 L’exploitation du conflit du Proche-Orient afin d’entretenir et de développer l’antisémitisme devient dans notre pays un lieu commun. Lieu où se rencontrent curieusement –mais est-ce vraiment si curieux que cela ?- les extrêmes des deux bords.

 

 Les uns parce qu’ils transmettent la judéophobie par tradition, ce sont les professionnels : chrétiens traditionalistes, militants d’extrême droite, profanateurs de tombes, négationnistes et même néo-nazis.

 

 Les autres, sorte de bricoleurs pour lesquels la question juive ne s’intègre pas dans le dogme de la lutte des classes, et pour lesquels aussi l’état d’Israël est un vilain bras armé du méchant impérialisme américain.

 

 Voyons un peu :

Daté du 9 janvier 2009, sur le site de « La Commune » (obédience d’extrême gauche) :

cet Etat qui se maintient depuis plus de 60 ans par la terreur, les rafles, les massacres, les guerres successives. Aussi bien, le refus de la reconnaissance d’Israël ne procède pas d’une posture " radicale " mais de l’expérience tragique. A l’origine la création d’un Etat des juifs, était une utopie réactionnaire. Dans les faits, c’est devenu une machine d’oppression et de destruction barbare.

 

Daté du 17 janvier 2009, sur le site de Révolution socialiste (obédience d’extrême gauche) sous le titre À bas le sionisme et l’État colonial !:

« L’État fondé par les sionistes a transformé une petite minorité des Juifs du monde en oppresseurs de millions de Palestiniens. Cet État basé sur une religion est fauteur de guerres. Le Hamas accepte Israël dans les frontières de 1967 ; l’OLP a signé les accords d’Oslo. Mais la fin de l’oppression nationale dont sont victimes les Palestiniens passe par le démantèlement de l’État sioniste. »

Daté du 23 février 2008, sur le site Les Intransigeants (obédience d’extrême droite) sous le titre  Pour l’éradication du sionisme :

« De mon coté, très attaché au catholicisme et à la tradition, très intéressé par la politique et par l’actualité, je suis farouchement pro-palestinien (qui ne sont pas que musulmans, il y a aussi de nombreux chrétiens je le rappelle). Mais mon avis diverge des musulmans anti-sionistes en cela que les musulmans, qui reconnaissent le judaïsme comme « religion du livre », ont trop tendance à limiter le problème sioniste à une situation géographique. Comme si le problème de l’extrémisme juif, le sionisme, n’était qu’une question de territoire. Comme si le problème avait commencé seulement en 1948. 

Alors qu’Israël soit « rayé de la carte », pourquoi pas. »

Bref, nos extrêmes ont nettement pris parti pour le moustique, on a même l’impression qu’ils souhaitent que sa piqûre soit mortelle. J’ai trouvé pire (si c’était possible) sur un autre site : Combattre pour le socialisme…

Le combat du Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire (de l’Internationale Ouvrière Révolutionnaire) se situe inconditionnellement aux cotés des masses palestiniennes dans leur combat contre l’État d’Israël. Pour les masses palestiniennes, il n’est possible d’en finir avec l’exil et l’oppression, de récupérer leurs terres, qu’en combattant et détruisant l’État colonial. (…) Or la paix exige la destruction de l’État d’Israël en tant qu’État colonial, gendarme de l’impérialisme au Proche-Orient ( de même, celle des États artificiels du Liban et de Jordanie).

Passons sur le vocabulaire employé (les « masses palestiniennes ») peu respectueux pour ce peuple, et qui laisse supposer que tous les Palestiniens pensent la même chose et agissent dans le même sens… Remarquez, on ne peut pas taxer ces constructeurs d’un « parti révolutionnaire » d’antisémitisme primaire, puisque, outre Israël, ils envisagent carrément la destruction de trois états. Ben voyons, pendant qu’on y est… elle va être belle l’internationale qu’ils vont construire !

Quoi dire ? Avec ces gens aucune discussion n’est possible. Leurs analyses sont des slogans. Sur calicots, trois mots suffisent pour exciter les foules. Leurs déclarations sont de guerre. Le bien d’un côté, le mal de l’autre. Il est vrai que présentées ainsi les choses sont plus simples. Cela rappelle une très ancienne conception du monde que le dictionnaire(1) décrit très bien :

« le manichéisme admettait, conjointement avec des données chrétiennes issues du Nouveau Testament, l’existence simultanée d’un principe du bien et d’un principe du mal, et la double création émanée de chacun d’eux. Son influence semble avoir subsisté jusqu’en plein Moyen Âge, notamment dans la doctrine des bogomiles(2) et des albigeois. »

Quelque chose me dit que le manichéisme n’est pas mort avec les Albigeois.

Dans les rues de Paris ou d’ailleurs, cela fait froid dans le dos d’entendre ce cri de guerre :

«A bas Israël ! »

 

Le 03 janvier 2009 les parisiens ont pu l’entendre, ils ont vu aussi qu’on brandissait les drapeaux du Hamas et du Hezbollah, ce dernier arborant une arme automatique accompagnée d’un verset du Coran :

 

« Ceux qui suivent le parti de Dieu seront victorieux. »

 

 Ces bonimenteurs manifestent-ils vraiment dans le but exclusif de soutenir la lutte du peuple palestinien ?

 Comment des gens animés d’une telle haine vis-à-vis d’un peuple pourraient-ils être les amis d’un autre ?

 

§

 

 

(1) © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001

 

(2) Membre d’une secte néo-manichéenne apparue en Bulgarie au Xe s., dont la doctrine se répandit jusqu’au Languedoc au XIIe s. © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001

 

Ce qui est souligné dans les textes cités l'a été par nous.

 

 

 

 

05/03/2009

Trotski, réveille-toi !

 

 

Le temps est révolu, c’était la grande époque.

 

Oh certes, ils n’étaient pas nombreux,

et n’avaient pas place dans les médias.

 

Mais le nombre n’est pas tout. Il n’est même rien.

La notoriété n’est rien

quand seule compte la conviction

au prix certes d’un trop plein d’assurance, d’une pincée d’intolérance.

 

Mais qui aurait jeté la pierre à ces gens courageux

qui pensaient ce qu’ils disaient,

qui vivaient ce qu’ils pensaient,

qui vivaient conformément à ce qu’ils pensaient,

qui interrompaient leurs études,

qui brisaient leur carrière,

qui rompaient les liens familiaux,

 

pour, aux premières lueurs de l’aube,

 

contre toute attente,

contre courant,

contre parti, syndicat et police associés, parfois aussi

contre ceux qu’ils voulaient défendre,

 

aux portes des usines porter la voix de la révolution,

Révolution qu’ils ne verraient jamais, le savaient-ils ?

 

Qui aurait jeté la pierre à ces gens courageux 

qui combattaient, oui c’étaient des combattants,

qui combattaient pour assurer un avenir à l’humanité

car ils en étaient sûrs, ils l’avaient lu dans les livres :

l’humanité a un avenir

au-delà des guerres, de l’esclavage, de l’exploitation des hommes,

au-delà de la misère,

un avenir qu’ils allaient chercher

contre toute attente,

contre courant,

contre parti, syndicat et police associés et parfois aussi

contre ceux qui n’avaient rien lu dans les livres,

en ces temps où la parole révolutionnaire avait encore un sens.

 

Qui aurait jeté la pierre à ces gens courageux ?

qui n’avaient tué ni maltraité personne,

qui n’étaient que parole,

qui n’avaient qu’une parole,

 

Chacun a le droit de vivre, enfant, femme, homme, noir, blanc, abattons

les frontières,

les dogmes,

les privilèges.

 

Seulement voilà,

 

les pères fondateurs, les grands de grands,

les Karl Marx et Friedrich Engels,

les Lénine et Trotski dorment du sommeil des justes.

Et, tel le peuple élu adorant les idoles en l’absence de Moïse,

nos insurgés ont perdu toute mesure,

et la classe ouvrière, du fond de son jardin n’entendant plus leurs appels,

 

en grand désarroi les révolutionnaires d’un autre âge

cherchent ailleurs logis où se mettre.

Ils prennent tout ce qui passe,

délinquants de banlieue, criminels de guerre, négationnistes, et vont jusqu’à entendre

les sirènes des pires ennemis des libertés.

 

Drapeau rouge en tête, tout ce beau monde passe en cortège

et le hamas est dans leurs rangs. 

 

Trotski, réveille-toi, ils sont devenus fous.

 

 

 

§