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20/02/2010

Ce n'est pas la loi qui est liberticide. C'est la religion.

« chiens de garde du système ! »

« idiots utiles du sarkozysme ! »

« détracteurs perpétuels ! »

« sycophantes professionnels ! »

« sites internet qui ne représentent qu'eux-mêmes et encore ! »

« fêlés de la toile ! »

« délateurs (qui) ont un rouleau de la Thora ou un crucifix dans l'oreille ! »

« aboyeurs de service ! »

« beaufs » !

« connards ! »

« Torquemada de banlieue, Vychinski d'opérette ! »

« censeurs ! »

 

Voici comment sont désignés ces « chiens de garde du système » que sont les partisans d'une loi interdisant le port de la burqa. Frappant, n'est-ce pas ? C'est le langage adopté non par le capitaine Haddock, mais par Christian Eyschen, en page d'accueil (si l'on peut dire !) du site de la Fédération Nationale de la Libre Pensée. Soyons juste. Hormis ces injures qui cachent mal, au-delà du vide de la pensée, un certain agacement, on peut lire ceci :

 

« Nous sommes contre le port du la burqa, du niqab , de la soutane, de la cornette, du schtreimel et autres grigris totémiques et religieux. Nous considérons que toute marque d'appartenance religieuse est une abdication de la liberté de pensée. C'est clair, simple et net. »

 

 Non justement, ce n'est ni clair ni net. L'auteur de ces lignes sait bien que le port de la burqa ou du niqab ne peut pas être mis sur le même plan que celui de la soutane, de la cornette ou du schtreimel. Qui osera dire que de nos jours, le port de la soutane, de la cornette ou du schtreimel a été imposé à des citoyens de ce pays ? Comment un libre penseur peut-il être contre le port de la soutane et de la cornette par les prêtres et les religieuses ? Interdire ces habits ou ces coiffes serait revenir à ce qui fut pratiqué il n'y a pas si longtemps dans ces états totalitaires où les cultes étaient interdits, ce qui ne peut être le cas dans un état laïque.

 

 Interdire le port de la burqa ? Peut-être. Mais il ne faudrait pas qu'un débat de chiffonniers nous fasse oublier le reste. Car il y a urgence à interdire le voile dans tous les services publics, à rétablir la vente de la viande de porc dans toutes les boucheries et la restauration, à interdire les prières dans l'espace public, à rétablir la mixité dans les piscines, à condamner avec la plus grande sévérité les agressions homophobes et les brutalités contre les femmes, à permettre aux médecins hospitaliers d'exercer leur métier, à faire respecter la laïcité à l'intérieur de l'école (contenu des cours) et concernant l'accompagnement des sorties éducatives...

 

 De toute façon, interdiction ou pas, ce n'est pas la loi qui est liberticide, mais la burqa. Ce camouflage est exclusivement imposé aux femmes... ou s'impose à elles, ce qui est encore plus grave ; il dissimule la totalité du corps ne laissant apparaître que les yeux et parfois derrière une grille, annihilant la personnalité et même l'humanité de celles qui le portent. Burqa ou niqab, religieux (ou politiques ?) -en tous cas provocateurs- ces accoutrements sont l'expression de la phallocratie la plus sordide, qui veut cacher aux yeux de tous cet éternel objet de luxure : la femme, à l'origine du péché et de tous les malheurs du monde.

 

 L'article en question est illustré d'images représentant des supplices imposés par la Sainte Inquisition catholique. Quel rapport avec le texte ?

 

 Curieusement, aucune image montrant lapidations, pendaisons et décapitations en public, autant de violations de la liberté de penser et de croire dans ces états qui appliquent AUJOURD'HUI et pas si loin de chez nous une loi qui condamne apostats, homosexuels, défenseurs des droits de l'homme, militantes pour les droits des femmes, opposants politiques, et aussi... libres penseurs et ...femmes ne cachant pas leur visage.

 

Oui, curieusement, dans sa lutte contre l'obscurantisme religieux, la FNLP fait l'impasse sur l'islam. Même si l'église catholique qui, en matière d'obscurantisme a des leçons à donner à tout le monde, représente un danger constant pour la laïcité, il faut être aveugle ou avoir des idées fixes et préconçues pour ne pas constater que l'islam et son cortège de règles d'un autre âge marquent des points tous les jours contre la démocratie (dont ils profitent), la laïcité (qu'ils exècrent), et les lois de la république (qu'ils respectent quand elles ne vont pas à l'encontre des sourates du coran). Je reste quant à moi persuadé que les religions sont un opium pour le peuple. Toutes. 

 

N'est-il pas étonnant de lire:

 

« délateurs (qui) ont un rouleau de la Thora ou un crucifix dans l'oreille ! »

 

 On croirait entendre Tariq Ramadan ou plus simplement, pour s'en remettre à Dieu plutôt qu'à ses saints...

 

« Verset 5.51 : Ô les croyants ! Ne prenez pas pour alliés les juifs et les chrétiens ; ils sont alliés les uns des autres. Et celui d'entre vous qui les prend pour alliés, devient un des leurs. Allah ne guide certes pas les gens injustes. »

 

. Ah ! la Thora (et le schtreimel cité plus loin). Vous ne le saviez pas,  « Bande de fêlés de la toile », vous ne saviez pas que la république était menacée par le judaïsme ? Non mais regardez un peu ces synagogues qui fleurissent partout, financées par les deniers publics... Ces cantines scolaires et ces restaurants Quick qui nous imposent la nourriture cashère... ces piscines où le CRIF a imposé à Martine Aubry des horaires différents pour les hommes et pour les femmes...

 

 Décidément, débordés que nous sommes par l'outrecuidance des juifs et des chrétiens, l'avenir n'est pas rose pour les laïques, oh non ! Heureusement la Fédération Nationale de la Libre Pensée est là qui veille et qui attend, mon petit doigt me dit qu'elle recevra du renfort, j'ai entendu de gauche et de droite des propos ressemblant fort à ceux tenus par Christian Eyschen, de la bouche ou de la plume de célébrités telles Dieudonné, Aounit, Siné, Mermet, Garaudy, l'abbé Pierre (1), en gros :

 

« l'Occident (entendons le capitalisme mais il n'est pas interdit de colorer celui-ci d'une petite note antisémite, en tous cas nettement xénophobe anti-américaine) l'Occident donc est coupable de tout, croisades, colonisation, exploitation du tiers-monde, crises, guerres, massacres, drogue, déchéance, luxure, judaïsme, je crois que j'oublie quelque chose, ah ! La philosophie des Lumières, la tolérance et... l'athéisme... » Oh pardon !

 

La démocratie occidentale, voilà l'ennemi :

 

« Par ses deux principes fondamentaux -celui du pouvoir n'appartenant qu'à Dieu, qui relativise toute souveraineté sociale, et celui de la « consultation » (shura), qui exclut toute médiation entre Dieu et le peuple-, se trouvent écartées à la fois toute tyrannie absolutiste sacralisant le pouvoir et prétendant faire d'un dirigeant un dieu sur la terre, et toute « démocratie » de type occidental, c'est-à-dire individualiste, quantitative, statistique, déléguée et aliénée. Car la liberté n'est pas négation ni solitude, mais accomplissement de la volonté divine. »

(Roger Garaudy .-Promesses de l'islam, Seuil, Paris 1981, p33)

 

Garaudy n'est pas responsable de ses propos, c'est la foi, elle rend aveugle.

 

 Quand ces messieurs sont à court d'arguments, et qu'en désespoir de cause ils en viennent à défendre l'indéfendable (la burqa pour la FNLP, la candidate voilée pour le N.P.A.), ils nous refont le coup du discours fleuve à la Mao dans lequel chaque mot a son importance, et où il est interdit de déplacer une virgule: burqa et voile sont des prétextes avancés par « les chiens de garde du système » pour nous faire oublier l'essentiel : 

 

« la crise du capitalisme, de l'augmentation considérable du chômage, de la destruction massive des services publics, des remises en cause croissantes de la République une, indivisible, laïque, démocratique et sociale » (citation du même article)

 

Autrement dit, si vous ne partagez pas cette analyse (infaillible et indiscutable, c'est du marxisme !), vous êtes un « idiot utile du sarkozysme », un « sycophante (2) professionnel », un « connard (3) », pire, et celle-là il fallait vraiment être à bout de nerfs pour la trouver : un « abonné à la boîte aux lettres de la Kommandantur ! (4) ».

 

Je mets cette expression excessive sur le compte de la vexation. Je conçois très bien qu'il n'est pas facile pour un responsable de la Libre Pensée de qualifier de liberticide une loi qui interdirait le port de la burqa, sachant en outre, que le port de cet accoutrement est imposé ici et là-bas par les pires ennemis des libertés, et qu'il est, ici comme dans ces contrées où les fous de dieu ont le gibet facile, le symbole de l'empire de la bêtise humaine sur la moitié de l'humanité.

 

 Mais la lecture d'une telle prose sur un site qui se présente comme celui de la Libre Pensée m'ébaubit. Et je me dis, car ces gens-là font de la politique, que si par malheur un jour le pouvoir était confié à ces Vychinski (les vrais, pas ceux d'opérette), les pauvres bougres qui ne partageraient pas leurs analyses seraient classés ennemis du peuple. Cela s'est vu dans l'histoire.

 

§

 

 

(1) Sans parler, mais là je vais encore étonner la gauche bien pensante... sans parler de la littérature du Front National pendant l'offensive israélienne contre le Hamas à Gaza l'année dernière (cf « L'éléphant et le moustique »).

(2) délateur, par extension : homme fourbe

(3) con(n)ard, arde : nom et adj. Vulg. Crétin, abruti

(4) à propos de Kommandantur : il faudra bien qu'un jour on mette au clair l'historique des liens entre le monde musulman et le nazisme, la culture de la haine du juif, l'apologie de Hitler, l'aide apportée par certains états aux criminels nazis en fuite, et aussi cette façon qu'ont certains mouvements islamistes d'inverser les rôles par la méthode du « turnspeech » : associer croix gammée et Israël, le véritable holocauste étant d'après eux celui vécu par les Palestiniens...Sans oublier la propagation du négationnisme dans les mêmes milieux. Nous y reviendrons.  

 

 

 

05/02/2010

Islam et extrême-gauche: caresses prénuptiales

 L'extrême gauche et l'islamisme convolent en justes noces. Faute d'avoir à leur disposition un idéal à proposer, depuis l'effondrement du communisme et l'image désastreuse offerte au monde par les états théocratiques, ils n'ont rien d'autre à offrir que la critique radicale des sociétés occidentales qu'ils qualifient tour à tour de capitaliste, consumériste, individualiste, égoïste, militariste, colonialiste, foyers de luxure et de déchéance morale.

 

 Sur le site du NPA, le 17 juillet 2009 était annoncée l'organisation d'une Marche Mondiale des Femmes en 2010. L'objectif étant de lutter contre les

 

« violences, les discriminations, les inégalités, la pauvreté et le racisme. »

 

Que vient faire le racisme dans cette liste des atteintes aux droits des femmes ? Le racisme épargne-t-il les hommes ? N'est-ce pas là une tentative de déplacer le problème d'Orient en Occident, pour l'extrême gauche le racisme étant nécessairement et exclusivement un mal qui frappe les populations immigrées dans les pays de l'hémisphère nord. Oui, tentative de déplacer le problème, car le mal dont souffrent les femmes dans nombre de pays du tiers-monde n'a rien à voir avec le racisme, pas plus d'ailleurs qu'avec le colonialisme, les imams de là-bas n'ont pas attendu les colonisateurs (ni d'ailleurs la lecture du Coran) pour faire de la femme un être sans droits. Le sort fait aux femmes dans ces pays est plutôt à mettre en rapport avec les traditions, confortées par les dogmes religieux.

 Dans cet article, certes, le patriarcat est désigné, mais aussi et surtout « son allié le capitalisme ». L'auteur précise :

 

« au sud comme au nord, leurs institutions (gouvernements, grandes entreprises, religions) veulent nous empêcher de conquérir nos droits ou essayent de nous enlever ceux que nous avons déjà acquis. (...) »

 

« ...les états, subordonnés aux intérêts du capital financier et des multinationales, abandonnent les populations (...) dans ce contexte, les problèmes de pauvreté et de violences envers les femmes augmentent dramatiquement. »  

 

 L'amalgame « gouvernements -grandes entreprises -religions » permet de noyer le poisson et de disculper les gourous locaux qu'on suppose, comme les états, subordonnés aux intérêts du capital... donc de l'Occident capitaliste.

 

 Bref, tout le monde est innocent sauf... qui vous savez. Une belle leçon d'immoralité qui rend irresponsables et laisse les mains libres à tous ces petits guides ou ayatollahs locaux qui, malgré leur bon vouloir et leur acharnement à rendre heureux leurs peuples, n'y peuvent mais, empêchés qu'ils sont par le méchant impérialisme occidental.

 

On retrouve la même démarche, de façon encore plus radicale dans la déclaration d'un autre parti, le Parti Ouvrier Indépendant (Informations ouvrières du 21 janvier 2010) :

 

« Régulièrement, les médias nous informent que des citoyens français meurent en Afghanistan. Ces jeunes gens auraient été envoyés là-bas « pour défendre la démocratie contre la menace du terrorisme ». La démocratie, ce serait donc nous, les petits anges du monde occidental ! Le terrorisme, ce serait eux, les barbus en costume traditionnel qui obligent leurs femmes à porter la burqa.(1) »

 

La question centrale de l'article est :

 

« Mais de quel droit pouvons-nous donner des leçons ? »

 

Suit une liste de crimes et massacres dont nos « démocraties » se sont rendues coupables :

 

  • - la Saint-Barthélémy et ses milliers de cadavres;
  • - les dragonnades des Cévennes, la répression religieuse la plus inhumaine de tout temps;
  • - les massacres de juin 1848 et ses 15000 ouvriers trucidés par les milices bourgeoises et bien-pensantes;
  • - la Semaine sanglante de la Commune de Paris qui vit les mêmes milices massacrer 30000 femmes et hommes;
  • - notre politique coloniale, qui fit «suer le burnous» pendant plus d'un siècle et qui a laissé installer des régimes qui rendent encore plus malheureux les «indigènes»...

 

Certes, pour s'en tenir à la France, il n'y a pas de quoi s'enorgueillir d'un passé aussi sanglant, violences auxquelles il faudrait ajouter la Terreur révolutionnaire, les guerres sanglantes napoléoniennes, les millions de morts pour rien entre 1914 et 1918, la collaboration et la persécution des juifs et des résistants par l'Etat français... bref.

 

Mais pourquoi s'en tenir à la France ? L'analyse s'éclaircit quand on lit :

 

« Durant la guerre froide, on nous a déjà fait le coup du « monde libre et de la défense de la démocratie ».

 

Ah ? Comme c'est joliment dit, « la guerre froide », mais qu'y avait-il donc face au « monde libre » ? Un paradis réservé à deux cent et quelques millions d'individus qui, de Berlin à la Sibérie construisaient entre des barbelés une société nouvelle ? Alors oui, comparé au régime totalitaire qui de social n'avait que le nom, les démocraties capitalistes occidentales pouvaient être qualifiées de monde libre. J'ajouterais que nous avons eu chaud de n'être pas libérés du nazisme par l'armée rouge. On sait ce qu'il en a coûté aux peuples d'Europe de l'est. N'est-il pas révoltant de lire dans le même article :


 « Depuis la chute du Mur de Berlin, les «  peuples libérés » constatent à leurs dépens que la « voix de l'Amérique » racontait des histoires et que leur nouvelle situation n'a rien à envier à la précédente. »

 

Si l'auteur de l'article a connu l'Europe des démocraties populaires, c'est probablement comme touriste. Et encore ! Il a dû fermer les yeux. Les tuyaux de gazoduc qui passaient au-dessus des lotissements (Eisenach en Thuringe),

 

 ces files d'attente interminables devant les étalages quasiment vides des épiceries (banlieue de Prague),

 

 ce couple d'enseignants retraités de RDA rencontré en Tchécoslovaquie, contraints de planter leur tente canadienne dans la zone « DDR » du camping, zone quadrillée par des joggeurs de la stasi en survêtement, couple d'enseignants à qui il était interdit de communiquer avec les campeurs des autres états, et qui durent attendre plusieurs années pour la livraison d'une Trabant crachant une fumée suffocante, alors que d'autres, membres du SED roulaient en Lada ou en Skoda, sans parler des notables du parti qui passaient leurs vacances en occident,

 

 ces Praguois (communistes pourtant !) qui ne pouvaient se rendre en France, car ils s'étaient rendus en Italie capitaliste l'année précédente,

 

 ces étudiants slovaques qui poussaient jusqu'en Slovénie pour faire le plein de carburant,

 

 ce couple de communistes yougoslaves qui se plaignait de verser des impôts pour assister monténégrins et kosovars, mais qui justifiaient que les routes menant (à Korcula) à la propriété de Tito fussent asphaltées et régulièrement entretenues, alors qu'ailleurs...,

 

 à Weimar les murs noirs de pollution portant encore dans les années 80 les traces des impacts de balles et d'obus de la guerre,

 

 les soldats de l'armée rouge cantonnés en Saxe dans des immeubles insalubres aux carreaux cassés et jamais remplacés que par des cartons,

 

 ces soldats justement qui faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour se marier avec une allemande afin de rester à l'ouest après 1989,

 

 ces fugitifs qui passèrent au risque de leur vie rideau de fer ou mur de Berlin,

 

 fugitifs qui jamais ne les franchissaient d'ouest en est,

 

 et ces révoltes ouvrières des années cinquante en Allemagne, en Pologne, en Hongrie, qu'il était de bon ton dans les milieux de gauche de qualifier de contre-révolutionnaires, que l'Humanité disait téléguidées par l'oncle Sam alors qu'il n'en était rien ? Ces révoltes écrasées par les chars soviétiques ? Dans les rues de Prague non plus en 1968 on n'a jamais dû lire « URSS go home ». Là-bas c'était impossible,

 

 et ces communistes français qui nous dressaient un tableau idyllique du socialisme, qui rendaient des visites de courtoisie à Ceaucescu, qui ne savaient pas, qui ne savaient rien, et qui un jour, quand tout le monde a su, ont jugé le bilan du socialisme à l'est globalement positif,

 

 et ces communistes qui prétendent aujourd'hui encore, vingt ans après la chute du mur de Berlin et l'ouverture des archives que là-bas des conquêtes sociales sont remises en cause, ceux-là de quel droit se permettent-ils de faire l'éloge de ce dont ils n'ont pas souffert ? Qu'ils relisent London, Plioutch, Soljenitsyne, Chalamov, qu'ils se demandent ce que sont devenus les Imre Nagy, les Dubcek, et tous ces militants sincères restés fidèles à leurs principes !

 

 Qu'on ne me réplique pas qu'à mon tour je n'ai pas d'yeux pour voir ici la misère, le chômage, la difficulté de vivre pour des millions de gens, la délinquance, l'incompétence des gouvernants. Mais je ne suis pas un communiste à l'envers. Je ne prétends pas que nous vivons au paradis, ni que le capitalisme est un objectif à poursuivre. Mais au moins, je me rends compte que je suis en liberté, que les auteurs des articles cités plus haut le sont aussi, que tout critiques qu'ils sont, ils ne seront ni rééduqués ni internés en hôpital psychiatrique, je constate aussi que cette candidate du NPA voilée s'exprime devant tous les micros et sous l'œil des caméras. Je vois aussi que les chars ne sortent pas des casernes pour écraser les manifestations des enseignants, des postiers et des travailleurs licenciés. Je constate que le pire des délinquants dispose d'un avocat pour sa défense, que des journaux à fort tirage publient des caricatures du plus haut magistrat de la république sans être poursuivis.

 

 Pour une extrême gauche en errance, faute d'avoir un idéal crédible et mobilisateur à proposer, l'occident capitaliste est la cause de tous les maux. Les islamistes proclament la même chose. Lisez les communiqués de Ben Laden. Terroriste certes, mais fin diplomate dans ses discours, il ne cesse de faire des appels du pied à la gauche et à l'extrême gauche occidentales : ses ennemis à lui sont ceux de nos gauchistes et altermondialistes : avant tout le grand Satan américain, l'impérialisme, le capitalisme, le libéralisme, mais surtout, mais il ne le dit pas, et c'est son objectif premier : la démocratie sous toutes ses formes, droits de l'homme, toutes les libertés, statut de la femme, éducation...

 

J'ai devant les yeux un ouvrage, ouvert aux pages 20-21, je lis : (2)

 

« Il est temps de prendre conscience que ce mode de croissance de l'Occident, qui nous conduit à des vies sans but et à la mort, tente de se justifier par un modèle de culture et d'idéologie qui porte en lui ces germes de mort (...) :

 

  • - une conception impitoyable des rapports humains, fondée sur un individualisme sans frein, et qui n'engendre que des sociétés de concurrence de marchés, d'affrontements, de violence, où quelques unités économiques ou politiques, aveugles et toutes puissantes, asservissent ou dévorent les plus faibles;

 

  • - une conception désespérante de l'avenir, ...sans rien qui transcende cet horizon pour donner un sens à nos vies et nous détourner des chemins de la mort.»

 

Pour Roger Garaudy, ancien membre du parti communiste français, la solution est dans l'Islam, qui

 

« n'est plus « l'Infidèle » du temps des croisades ou le terroriste de la guerre de libération de l'Algérie (...) »

 

mais plutôt

 

« cette vision de Dieu, du monde et de l'homme qui assigne aux sciences et aux arts, à chaque homme et à chaque société, le projet de construire un monde indivisiblement divin et humain comportant les deux dimensions majeures de la transcendance et de la communauté. »

 

« L'islam est INDIVISIBLEMENT une religion et une communauté. Une foi et un CODE DE VIE. »

 

 S'il reste encore en extrême gauche quelques militants sincères et soucieux de préserver laïcité, république et démocratie ici et de soutenir la lutte des populations sous tutelle religieuse là-bas, ils pourraient méditer ces propos d'un ancien maître à penser communiste pour qui toutes les religions sont un opium pour le peuple, sauf l'islam.

 

§

 

   

(1) Voir « Une pensée qui n'a de libre que le nom »

(2) Garaudy.- Promesses de l'islam, Seuil, 1981

 

Les mots ou expressions en majuscules, en caractère gras et soulignés le sont par moi.

 

 

27/01/2010

Faudra-t-il un jour équilibrer nos paroles ?

 

Un conseiller de la conférence des imams raconte :

 

« Un commando de quatre-vingt personnes, le visage non masqué, a fait irruption dans la mosquée, où se trouvaient quelque deux cents fidèles. Ils ont forcé le passage et se sont emparés du micro après une bousculade. Ils ont alors adressé des menaces et des anathèmes à l'adresse de l'imam, le traitant de 'mécréant', d''apostat' et affirmant : 'On va liquider son cas, à cet imam des Juifs » (AFP)

 

Outre qu'un homme est menacé de mort, ces insultes haineuses font peur, car elles rappellent les années les plus sombres de notre histoire, histoire qui peut-être ne sera plus enseignée dans certaines classes de nos lycées. C'est aujourd'hui le soixante-cinquième anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz par l'armée soviétique. En prenant connaissance des insultes antisémites lâchées par les agresseurs de l'imam Chalghoumi, me revenait en mémoire ce mot d'un professeur de lycée justement, désabusé devant une affiche annonçant une exposition à but pédagogique sur le génocide nazi :

 

« Mais c'est fini tout ça, c'est dépassé, on nous rabâche chaque année la même chose ! »

 

Même son de cloche plus récemment dans la bouche d'un humoriste qui ne fait plus rire que négationnistes et militants du Hamas.

 

 Aujourd'hui, ce n'est plus un secret pour personne (si, c'est encore un secret pour les médias) que l'extrême droite antisémite s'est trouvé un allié de circonstance: le fondamentalisme islamiste. On nous répond : c'est à cause de l'exacerbation du conflit israélo-palestinien. Je n'ai pas le courage ce soir de ressortir les documents (je le ferai), mais quand le nazisme vivait son âge d'or, certains chefs musulmans des états arabes s'entendaient comme larrons en foire avec Hitler. « Les juifs de Palestine, je vous les laisse ! » disait le führer au grand mufti de Jérusalem.

 

 L'imam de la mosquée de Drancy a donc été agressé et menacé de mort. Avez-vous remarqué la timidité des médias radiophoniques sur cette agression ? Ces journalistes d'investigation toujours prêts -avant toute enquête- à se faire les meilleurs avocats des pauvres jeunes de banlieue qui par inadvertance à trois sans casque sur un scooter emprunté depuis plusieurs mois avaient échappé au contrôle routier, ont évité d'analyser en long et en large l'agression d'un homme (religieux ou pas, là n'est pas la question) d'un homme qui, lui, respecte les lois de la république.

 

 On était pourtant prévenus :

 

   « ...Hassan Chalghoumi, qui s'est illustré par son art consommé de prêter allégeance au CRIF et à la cause israélienne... » (Oumma.com 12 juin 2009)

 

  « ...certains ne lui pardonnent pas d'avoir accueilli dans sa mosquée, chaussures enlevées, le président du CRIF. » (le conseiller de la conférence des imams)

 

un imam  « ...s'acquittant parfaitement de sa mission d'imam de « l'ouverture et du dialogue interreligieux » (Oumma.com 12 juin 2009)

 

Pour les fondamentalistes (en l'occurrence le groupe intitulé « Cheikh Yassine » nom du fondateur du Hamas), le dialogue inter-religieux est tout aussi inacceptable que les échanges avec les associations juives. Pas de dialogue du tout, voilà leur idéal. Certains journalistes, (il y en a d'honnêtes) ont relevé l'intégralité de la réaction du président de l'UOIF Fouad Alaoui :

 

« Nous l'avons mis en garde à plusieurs reprises pour qu'il équilibre ses paroles parce qu'il risquait d'attirer les réactions des extrémistes. »

 

« Equilibrer les paroles », cela fait tout drôle d'entendre ces mots, habitués que nous sommes à toutes les libertés. Remarquez, ce n'est pas un hasard si cette agression a lieu pendant que nos élus discutent pour savoir s'il faut ou non interdire le voile intégral. Et question équilibrage de paroles, Alaoui peut dormir sur ses deux oreilles, les députés montrent l'exemple. J'écoutais ce matin Bernard Accoyer, visiblement la droite recule à pas feutrés, une loi oui mais non, enfin peut-être. On croit désespérer de la république, et puis, et puis... on apprend que des femmes en burqa (Ni Putes Ni Soumises) sont allées manifester devant le siège d'un parti passé maître en équilibrage de paroles : le parti socialiste. On apprend aussi qu'un député communiste tient bon, que Copé maintient sa proposition d'une loi sans réserves.

 

 Non monsieur Sarkozy, l'islamophobie n'est pas du racisme, et l'islamophobie n'a rien à voir non plus avec l'intolérance. Remettons les choses à l'endroit : les religions, surtout chrétiennes et musulmane sont des fauteurs de crimes et de guerres. Si le christianisme s'est un peu calmé, l'islam prend la relève. Qui est intolérant, faut-il faire un dessin ? Je ne sais pas dessiner, j'aurais tant aimé. Ydel au secours !

 

 L'islamophobe qui vous parle éprouve aujourd'hui de l'admiration pour un homme pieux, musulman, M. Chalghoumi, et ce mot de Voltaire me servira pour aujourd'hui de conclusion : (de mémoire)

 

« Je ne partage pas votre opinion, mais je ferai tout mon possible pour que vous puissiez l'exprimer. » 

 

                                                                   §