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08/06/2012

"antisémitisme": un mot toujours difficile à prononcer

 

Lyon : trois jeunes juifs portant kippa agressés…

 

« portant kippa ». Tous les journaux, les radios répètent les mêmes mots : portant kippa. Pourquoi cette insistance ? Je n’ose pas croire qu’il y a ici une forme de reproche –bienveillant, gauche oblige- allons voyons, un effort, ne vous faîtes pas remarquer, soyez discret quand vous sortez dans la rue. Chose qu’on ne dit pas aux musulmans barbus en djellaba ni aux femmes de plus en plus nombreuses qui portent le foulard. Non, je n’ose pas y croire, puisqu’on nous répète qu’il faut respecter la diversité culturelle. Oui mais quand même, la kippa… Et puis tout le monde sait que la France est menacée par la judaïsation galopante. Pour en finir avec les prières dans les rues on construit partout des synagogues à tour de bras, avec l’argent public. 

Pour revenir à l’agression antisémite, une bande de dix individus frappant à coups de barre de fer et de marteau trois jeunes français de confession juive, les réactions des autorités n’ont pas saturé les ondes. Quand le ministre de l’intérieur s’exprime, c’est pour insister sur le caractère religieux de l’agression : 

 "Ces actes d'une extrême gravité sont une attaque délibérée contre notre modèle républicain qui doit permettre à tous, sans distinction, de vivre librement et en toute sécurité son appartenance religieuse" 

 Monsieur le ministre, pensez aussi à ceux qui n’ont pas d’appartenance religieuse. Bon, revenons à notre propos. Agression « antisémite » ou agression de type « guerre de religions » ? 

Le président de la LICRA penche lui aussi pour la deuxième option : 

"On est au XXIème siècle et on a des jeunes qui sont agressés à coups de barre de fer et de marteau parce qu'ils portent une kippa" 

 Il évoque aussi le conflit israélo-palestinien, « avec identification du juif au sioniste ». Que proposez-vous alors, des cours d’éducation politique dans les cités pour expliquer que tous les juifs ne sont pas israéliens, que tous les israéliens ne sont pas juifs, en prenant des exemples basiques du genre : on peut être arabe sans être musulman, et musulman sans être arabe ? Monsieur Jakubowicz, vous savez bien qu’aujourd’hui, il n’y a plus d’antisémites, il nous reste quelques antisionistes, tout au plus. Dieudonné et Le Pen par exemple ne sont pas racistes, ils sont antisionistes (voir « L’éléphant et le moustique »). L’antisionisme ? Une nouvelle forme d’humanisme… 

 Bref, toutes ces explications sont confuses. Si on écoute les bonnes âmes, les agressions cesseront quand les juifs sortiront sans kippa sur la tête, et que l’état d’Israël ne sera plus qu’un triste souvenir.  

 Si le gouvernement israélien était l’auteur de crimes de guerre, s’il occupait des territoires qui ne lui appartiennent pas, s’il emprisonnait des personnes qui n’ont commis aucun crime, cela justifierait-il qu’une bande de nervis insulte et agresse à coups de barres de fer trois jeunes à Villeurbanne ? 

 

§ 

 

13/03/2011

L'antisémitisme aussi est multiculturel

 

 Voilà bientôt deux ans que sans me lasser je tente –avec les faibles moyens du blogueur lambda- d’alerter qui je peux sur la renaissance de l’antisémitisme dans notre pays (et au-delà). Je dis renaissance, un terme inapproprié. Car d’une part, la haine du « juif » ne s’est jamais éteinte. En outre elle se réincarne. Rompant l’isolement de l’extrême droite traditionnelle, les islamistes et leurs alliés d’extrême gauche revendiquent presque cette horreur, usant de l’euphémisme « antisionisme », feignant de confondre juifs et Israéliens, selon la technique inventée par les nazis du « Turnspeech » : si holocauste il y a, il a lieu ici et maintenant en Palestine, où les victimes arabes tombent sous les bombes « juives ». 

 extrait d’un article de Jbara al-Barguti, « Shylock of New-York and the industry of death » (Al-Usbu al-Adabi, 27 novembre 1999) (1):

 « Les enseignements du Talmud, imprégnés de haine et d’hostilité envers l’humanité, sont enracinés dans l’âme juive. A travers l’histoire, le monde a connu plus d’un Shylock (2), plus d’un père Thomas {les Juifs de Damas furent accusés de sa mort en 1840}victimes de ces instructions talmudiques et de cette haine {…} Maintenant le temps du Shylock de New York est venu {…} Le pain azyme d’Israël continuera à être imprégné du sang que le Talmud l’autorise à verser à la gloire de l’armée juive. » 

A la Conférence de Durban en 2001 les ONG arabes, palestiniennes et musulmanes ont accusé Israël d’être un « Etat d’apartheid raciste » et de perpétrer un « holocauste » en Palestine. Une brochure présentée au Centre d’exposition de Durban montrait un portrait d’Hitler avec en légende : 

« Si j’avais gagné la guerre, il n’y aurait plus de… sang palestinien . » (3) 

 Avez-vous vu l’extrême droite s’indigner du sort réservé à Salman Rushdie et Taslima Nasreen, l’un condamné par une fatwa, l’autre adversaire de l’obscurantisme religieux, tous deux condamnés ou menacés par le terrorisme islamique ? Ces alliances ne sont pas nouvelles. Hitler et le grand mufti de Jérusalem étaient de grands amis. « Les juifs, je vous les laisse. » lui confiait le guide. Combien de pays musulmans, bien avant les persécutions contre Rushdie et Nasreen, ont abrité des criminels de guerre nazis ?  

 L’extrême droite traditionnelle, les islamistes et …oui, je dis bien : leurs alliés d’extrême gauche. L’image de l’usurier juif symbole du monde de l’argent, emblème du capitalisme triomphant est trop belle, trop riche de sens pour être ignorée des porteurs de calicots aux slogans faciles et mobilisateurs. Quand je vois, j’entends, je lis ces slogans prônant la destruction de l’état d’Israël, invectives meurtrières hurlées ici, à Paris, par ces gens venus d’horizons si différents, depuis les encenseurs du Hamas jusqu’aux nostalgiques de cet immense zoo protégé par un rideau en fer, hurlements qui n’ont d’égal que le silence des médias et des milieux politiques dominants, je suis bien obligé de constater que l’antisémitisme a encore de beaux jours devant lui. 

 Radio J a annulé son projet d’émission politique avec la représentante de l’extrême droite. Je ne vois d’ailleurs pas au nom de quoi seraient invités à s’exprimer sur cette antenne des gens pour qui l’occupation nazie n’était pas si terrible que ça, pour qui le génocide nazi fut un détail de l’histoire, pour qui l’existence des chambres à gaz reste encore à vérifier. Dès l’annonce de cette nouvelle (l’annulation de l’invitation), déferlement d’invectives antisémites dans les courriers sur Internet. Un langage grossier, des termes humiliants qui rappellent ceux des feuilles fascistes du Pilori ou du Comité d’action Anti-Bolchévique, qui rappellent les propos des Costantini, Céline et Brasillach. A vomir. Jusqu’à accuser le CRIF et la LICRA de s’en prendre au peuple palestinien. Sur le ton de l’humour, quelqu’un s’étonne que ces deux associations fassent usage d’avions de guerre !  

 Cela nous réjouirait d’apprendre que, dans les milieux d’extrême droite, le racisme anti-arabe trouvât ses limites. Ce serait une erreur d’y voir un sursaut de philanthropie émergeant comme par miracle d’un océan de haine. Suite à une longue rumination, croire à une mutation des instincts primaires annonçant l’amorce d’une réflexion ? Je n’y crois pas non plus. J’y vois plutôt un moyen de s’adjoindre des alliés dans la lutte séculaire contre « ces juifs qui sont partout ». Ainsi, certaines sectes d’obédience ultra-nationaliste n’appelleront pas à voter pour la représentante de l’extrême droite tant que celle-ci s’en prendra, avec une telle hargne, aux musulmans. Tiens donc !

§ 

(1) article repris dans la « Revue d’histoire de la Shoah » n°180, janvier-juin 2004 

(2) Shylock, personnage central du Marchand de Venise de Shakespeare (1596), usurier juif impitoyable finalement berné, suivant les traditions élisabéthaines, mais auquel l’auteur a donné une grandeur pathétique insolite à cette époque (cf. son plaidoyer antiraciste de l’acte III). En 1814, Kean triompha dans ce rôle.  © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001 

(3) in Response, Rapport du Centre Simon Wiesenthal, automne 2001, p.3-6:

 

 

19/01/2011

Défenseurs de la cause palestinienne? Vraiment?

 

 Je ne suis pas certain que toutes les personnes qui, dans le monde libre, défendent la cause du peuple palestinien défendent réellement celle-ci. Je crois que nombre d’entre elles se soucient peu du sort des peuples arabes et asiatiques de confession musulmane.

 Qui a manifesté dans notre pays en faveur de Talisma Nasreen persécutée au Bengladesh ?

 Qui a manifesté pour les libertés démocratiques au Pakistan quand Benazir Butho était menacée de mort ?

 Qui s’est indigné lorsque des villageois arabes étaient égorgés dans leur maison, dans leur village par les islamistes algériens ?

 Qui dans la rue, sur les ondes, sur la toile a manifesté son indignation quand au sort réservé aux femmes et aux filles iraniennes par les fondamentalistes au pouvoir ?

 Très peu, trop peu !

 On pourrait poser la même question à ces bonnes âmes prétendument pro arabes à propos du Darfour : étaient-elles dans la rue pour condamner les crimes perpétrés par les bandes islamistes, étaient-ils nombreux les blogs et les commentaires dénonçant l’injustice, la violence et le fanatisme ?

 Les peuples arabes, les Palestiniens méritent d’autres avocats, d’autres défenseurs que ceux qui, faute d’amour pour le peuple palestinien, cachent mal leur haine pour l’état d’Israël.. Les slogans criés par les manifestants français ressemblent à s’y méprendre à ceux brandis par les ennemis de toujours des Israéliens, comme le Hamas et le Hezbollah. 

 Ces bonimenteurs manifestent-ils vraiment dans le but exclusif de soutenir la lutte du peuple palestinien ? Comment des gens animés d’une telle haine vis-à-vis d’un peuple pourraient-ils être les amis d’un autre ?

 Entre les gens de bonne foi qui se battent pour qu’un jour les Israéliens et les Palestiniens se parlent et vivent en paix, et les va-t-en guerre qui n’ont qu’une idée en tête : la disparition de l’état d’Israël, il y a un gouffre. C’est la différence entre l’humanisme et le fanatisme.