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19/01/2011

Défenseurs de la cause palestinienne? Vraiment?

 

 Je ne suis pas certain que toutes les personnes qui, dans le monde libre, défendent la cause du peuple palestinien défendent réellement celle-ci. Je crois que nombre d’entre elles se soucient peu du sort des peuples arabes et asiatiques de confession musulmane.

 Qui a manifesté dans notre pays en faveur de Talisma Nasreen persécutée au Bengladesh ?

 Qui a manifesté pour les libertés démocratiques au Pakistan quand Benazir Butho était menacée de mort ?

 Qui s’est indigné lorsque des villageois arabes étaient égorgés dans leur maison, dans leur village par les islamistes algériens ?

 Qui dans la rue, sur les ondes, sur la toile a manifesté son indignation quand au sort réservé aux femmes et aux filles iraniennes par les fondamentalistes au pouvoir ?

 Très peu, trop peu !

 On pourrait poser la même question à ces bonnes âmes prétendument pro arabes à propos du Darfour : étaient-elles dans la rue pour condamner les crimes perpétrés par les bandes islamistes, étaient-ils nombreux les blogs et les commentaires dénonçant l’injustice, la violence et le fanatisme ?

 Les peuples arabes, les Palestiniens méritent d’autres avocats, d’autres défenseurs que ceux qui, faute d’amour pour le peuple palestinien, cachent mal leur haine pour l’état d’Israël.. Les slogans criés par les manifestants français ressemblent à s’y méprendre à ceux brandis par les ennemis de toujours des Israéliens, comme le Hamas et le Hezbollah. 

 Ces bonimenteurs manifestent-ils vraiment dans le but exclusif de soutenir la lutte du peuple palestinien ? Comment des gens animés d’une telle haine vis-à-vis d’un peuple pourraient-ils être les amis d’un autre ?

 Entre les gens de bonne foi qui se battent pour qu’un jour les Israéliens et les Palestiniens se parlent et vivent en paix, et les va-t-en guerre qui n’ont qu’une idée en tête : la disparition de l’état d’Israël, il y a un gouffre. C’est la différence entre l’humanisme et le fanatisme.

 

 

08/08/2009

Tel à vif

Tel-Aviv  (d’après Orange actualités du 02 août 2009)

« L'attaque a fait deux tués, Nir Katz (26 ans) et Liz Tarbishi (17 ans), ainsi que quinze blessés, dont trois grièvement atteints, selon les médecins. (…)

Un inconnu au visage masqué et vêtu de noir a ouvert le feu à l'arme automatique sur un groupe de jeunes de la communauté des gays et lesbiennes à l'intérieur du centre, situé à l'angle des rues Ahad Haam et Nachmani, en plein centre de Tel Aviv, avant de s'enfuir, ont raconté des témoins. (…)

"Pas étonnant qu'un crime pareil puisse être commis, vu l'incitation à la haine contre la communauté homosexuelle", a déclaré aux journalistes le président de la communauté des gays et lesbiennes à Tel Aviv, Maï Pelem. (…)

Il a fait référence aux virulentes agressions verbales des milieux religieux contre l'homosexualité. (…)

En 2005, un Juif orthodoxe avait poignardé trois participants de la Gay Pride à Jérusalem. Il avait ensuite été condamné à 12 ans de prison. »   Fin de citation

 

Mais quand les religions vont-elles nous laisser respirer ? Comment ? Vous dîtes ? La religion n’est pas en cause ?

Des fondamentalistes ?

Des extrémistes ?

Des fous de dieux prenant les écritures à la lettre ?

Mais alors, comment faut-il les prendre les Ecritures ? Avec des pincettes ? Avec de la buée sur les carreaux ? Allons allons, les textes sacrés de ces gens-là sont des commandements, des ordres. Et quand ils n’ordonnent rien –ce qui est rare- ils présentent des modèles (tout habillés ceux-là), ils nous disent où est le bien, où est le mal. Car nous sommes des petits enfants perdus, nous péchons par ignorance, il nous faut des guides, des sorciers, des prêtres, des directeurs de conscience, des imams, des popes, des papes, des sermons, mais quelquefois, car nous sommes incorrigibles, des coups de fouets, des jets de pierre, des décapitations en public, des bûchers, des massacres à la mitraillette, des avions lancés contre des tours abritant 3000 personnes, des fillettes excisées, des femmes lapidées. Il nous faut la mort de Nir Katz (26 ans) et Liz Tarbishi (17 ans), ainsi que quinze blessés, dont trois grièvement atteints.

Voilà, c’était à Tel-Aviv. L’enquête est en cours. Le monstre était masqué et s’est enfui. Comment s’en étonner ? Courage et fanatisme sont des mots qui ne vont pas bien ensemble. A défaut de pouvoir expliquer un geste, on se cache, on s’évanouit dans sa culture, monde irrationnel, noir, uniforme, où l’autre n’existe qu’à genoux, au bout du fusil, enfin sous forme de cadavre, un monde où la raison, la pensée tout simplement ont cédé le pas à la croyance, où la prière conduit au meurtre.

Il faudra bien qu’un jour nos philosophes, nos politiques, nos journalistes cessent de présenter les religions comme des modèles de tolérance, en leur opposant le fanatisme de fondamentalistes qui n’auraient rien compris aux textes. Pas plus que la théorie scientifique de l’évolution, remise en cause par les créationnistes chrétiens américains, pas plus que les droits des femmes bafoués par les propagateurs de l’islam, l’homosexualité n’est soluble dans les dogmes religieux, quels qu’ils soient. Le judaïsme n’échappe pas à la règle.

§

20/04/2009

L'éléphant et le moustique

 

 

 « Je comprends que l’éléphant s’irrite quand le moustique lui pique l’oreille mais je ne peux pas croire à la thèse selon laquelle Israël se sent menacée parce qu’en six mois, il est mort trois de leurs ressortissants sous les dizaines de fusées qui tombent tous les jours, semble-t-il dans le désert. »

 

(…) par contre, Gaza…

 

«… est un camp de concentration dans lequel les gens sont privés des moyens de se défendre »

 

La personne qui a prononcé ces paroles n’est ni un membre du Hamas, ni un obscur propagateur de l’islam, ni un manifestant d’extrême gauche pro-palestinien.

 

Les deux phrases que vous venez de lire ont été énoncées par le porte-parole de l’extrême droite française. C’était le 8 janvier 2009 à Nanterre à l’occasion de la présentation de ses vœux à la presse.

 

Quoi répondre ?

 

 Confronté à des propos qui, à défaut d’analyse politique, ne sont que l’expression de la haine de l’autre, on est tenté de se taire. Il ne faut pas.

 

 Ce monsieur nous dit qu’en six mois, seuls trois ressortissants israéliens sont morts, alors que les fusées tombent tous les jours.

 

  D’abord, ce sont trois victimes de trop, et probablement trois familles en deuil.

 

 Ce monsieur semble bien informé, il ne peut pas ignorer que les autorités israéliennes alertent les populations qui sont menacées par les roquettes, et font évacuer les lieux. De ce côté, on ne fait pas usage de « boucliers humains ». De ce côté, on n’exploite pas le malheur des gens à des fins médiatiques. A ce propos d’ailleurs, il y aurait beaucoup à dire sur la médiocrité pour ne pas dire la maladresse des services d’information israéliens… j’y reviendrai, car s’y ajoute le traitement pratiquement univoque des informateurs occidentaux tous d’accord sur un point : un éléphant est piqué par un moustique.

 

 L’exploitation du conflit du Proche-Orient afin d’entretenir et de développer l’antisémitisme devient dans notre pays un lieu commun. Lieu où se rencontrent curieusement –mais est-ce vraiment si curieux que cela ?- les extrêmes des deux bords.

 

 Les uns parce qu’ils transmettent la judéophobie par tradition, ce sont les professionnels : chrétiens traditionalistes, militants d’extrême droite, profanateurs de tombes, négationnistes et même néo-nazis.

 

 Les autres, sorte de bricoleurs pour lesquels la question juive ne s’intègre pas dans le dogme de la lutte des classes, et pour lesquels aussi l’état d’Israël est un vilain bras armé du méchant impérialisme américain.

 

 Voyons un peu :

Daté du 9 janvier 2009, sur le site de « La Commune » (obédience d’extrême gauche) :

cet Etat qui se maintient depuis plus de 60 ans par la terreur, les rafles, les massacres, les guerres successives. Aussi bien, le refus de la reconnaissance d’Israël ne procède pas d’une posture " radicale " mais de l’expérience tragique. A l’origine la création d’un Etat des juifs, était une utopie réactionnaire. Dans les faits, c’est devenu une machine d’oppression et de destruction barbare.

 

Daté du 17 janvier 2009, sur le site de Révolution socialiste (obédience d’extrême gauche) sous le titre À bas le sionisme et l’État colonial !:

« L’État fondé par les sionistes a transformé une petite minorité des Juifs du monde en oppresseurs de millions de Palestiniens. Cet État basé sur une religion est fauteur de guerres. Le Hamas accepte Israël dans les frontières de 1967 ; l’OLP a signé les accords d’Oslo. Mais la fin de l’oppression nationale dont sont victimes les Palestiniens passe par le démantèlement de l’État sioniste. »

Daté du 23 février 2008, sur le site Les Intransigeants (obédience d’extrême droite) sous le titre  Pour l’éradication du sionisme :

« De mon coté, très attaché au catholicisme et à la tradition, très intéressé par la politique et par l’actualité, je suis farouchement pro-palestinien (qui ne sont pas que musulmans, il y a aussi de nombreux chrétiens je le rappelle). Mais mon avis diverge des musulmans anti-sionistes en cela que les musulmans, qui reconnaissent le judaïsme comme « religion du livre », ont trop tendance à limiter le problème sioniste à une situation géographique. Comme si le problème de l’extrémisme juif, le sionisme, n’était qu’une question de territoire. Comme si le problème avait commencé seulement en 1948. 

Alors qu’Israël soit « rayé de la carte », pourquoi pas. »

Bref, nos extrêmes ont nettement pris parti pour le moustique, on a même l’impression qu’ils souhaitent que sa piqûre soit mortelle. J’ai trouvé pire (si c’était possible) sur un autre site : Combattre pour le socialisme…

Le combat du Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire (de l’Internationale Ouvrière Révolutionnaire) se situe inconditionnellement aux cotés des masses palestiniennes dans leur combat contre l’État d’Israël. Pour les masses palestiniennes, il n’est possible d’en finir avec l’exil et l’oppression, de récupérer leurs terres, qu’en combattant et détruisant l’État colonial. (…) Or la paix exige la destruction de l’État d’Israël en tant qu’État colonial, gendarme de l’impérialisme au Proche-Orient ( de même, celle des États artificiels du Liban et de Jordanie).

Passons sur le vocabulaire employé (les « masses palestiniennes ») peu respectueux pour ce peuple, et qui laisse supposer que tous les Palestiniens pensent la même chose et agissent dans le même sens… Remarquez, on ne peut pas taxer ces constructeurs d’un « parti révolutionnaire » d’antisémitisme primaire, puisque, outre Israël, ils envisagent carrément la destruction de trois états. Ben voyons, pendant qu’on y est… elle va être belle l’internationale qu’ils vont construire !

Quoi dire ? Avec ces gens aucune discussion n’est possible. Leurs analyses sont des slogans. Sur calicots, trois mots suffisent pour exciter les foules. Leurs déclarations sont de guerre. Le bien d’un côté, le mal de l’autre. Il est vrai que présentées ainsi les choses sont plus simples. Cela rappelle une très ancienne conception du monde que le dictionnaire(1) décrit très bien :

« le manichéisme admettait, conjointement avec des données chrétiennes issues du Nouveau Testament, l’existence simultanée d’un principe du bien et d’un principe du mal, et la double création émanée de chacun d’eux. Son influence semble avoir subsisté jusqu’en plein Moyen Âge, notamment dans la doctrine des bogomiles(2) et des albigeois. »

Quelque chose me dit que le manichéisme n’est pas mort avec les Albigeois.

Dans les rues de Paris ou d’ailleurs, cela fait froid dans le dos d’entendre ce cri de guerre :

«A bas Israël ! »

 

Le 03 janvier 2009 les parisiens ont pu l’entendre, ils ont vu aussi qu’on brandissait les drapeaux du Hamas et du Hezbollah, ce dernier arborant une arme automatique accompagnée d’un verset du Coran :

 

« Ceux qui suivent le parti de Dieu seront victorieux. »

 

 Ces bonimenteurs manifestent-ils vraiment dans le but exclusif de soutenir la lutte du peuple palestinien ?

 Comment des gens animés d’une telle haine vis-à-vis d’un peuple pourraient-ils être les amis d’un autre ?

 

§

 

 

(1) © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001

 

(2) Membre d’une secte néo-manichéenne apparue en Bulgarie au Xe s., dont la doctrine se répandit jusqu’au Languedoc au XIIe s. © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001

 

Ce qui est souligné dans les textes cités l'a été par nous.