14/11/2010
Une pensée pour les chrétiens d'Orient
Depuis quelques jours ne cesse de trotter en moi cette devise (de Voltaire je crois) : je ne partage pas vos opinions, mais je ferai ce qui est en mon pouvoir pour que vous puissiez les exprimer.
Alors aujourd’hui, j’ai une pensée pour ces chrétiens d’orient persécutés pour être restés fidèles à leur croyance dans ces états où la charia islamique fait force de loi.
Ici en Europe, en Amérique aussi, les musulmans peuvent librement pratiquer leur culte. Et c’est très bien. Car la loi qui s’applique dans nos démocraties n’est dirigée contre quiconque, le laïcité garantit la liberté du culte. A condition toutefois que cette pratique reste limitée au domaine privé et n’oblige personne.
J’aimerais entendre plus souvent et plus fort la voix de ces musulmans qui chez nous pratiquent librement leur culte, j’aimerais les entendre condamner haut et fort les pratiques totalitaires criminelles de leurs coreligionnaires qui au Pakistan, en Irak et ailleurs ne supportent pas la présence de femmes et d’hommes adeptes d’autres confessions.
19:40 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : chrétiens, musulmans, tolérance, liberté du culte, laïcité
09/11/2010
Guillermo Farinas, pour la liberté de l'esprit
C’était sa dernière grève de la faim, la vingt-troisième. Elle avait duré 135 jours. Guillermo Farinas se battait pour la libération des prisonniers politiques. Cette fois, ce ne fut pas une grève pour rien.
« Le parlement européen a décerné jeudi son prix Sakharov « pour la liberté de l’esprit » au dissident cubain Guillermo Farinas. Ce journaliste indépendant âgé de 48 ans s’est signalé en entreprenant 23 grèves de la faim pour défendre les libertés publiques au sein d’un des derniers régimes communistes de la planète. » (Reuters, Desmond Boylan)
Très affaibli, apprenant la nouvelle depuis sa maison de Santa Clara, Farinas, directeur de l’agence illégale Cubanacan Press a déclaré :
« Le monde civilisé, le Parlement européen envoie un message aux dirigeants cubains qu’il est temps que Cuba connaisse la liberté de conscience et d’expression et la fin de la dictature.(…) Ce n’est pas un prix pour Guillermo Farinas, mais pour tout le peuple cubain, qui lutte depuis 50 ans pour sortir de cette dictature et dont nous, opposants pacifiques de l’intérieur, sommes la face la plus visible. »
A Cuba, les réactions sont diverses, certaines confirment que le régime totalitaire n’est pas mort : des habitants du quartier accélèrent le pas pour se rendre à leur travail. « Je ne suis au courant de rien », lance l’un d’eux. (Reuters)
D’autres saluent un homme digne qui a consacré sa vie pour la liberté des prisonniers et n’a jamais renoncé. Ainsi parle l’une des « Dames en blanc », femmes des prisonniers politiques cubains, récompensées par le prix Sakharov en 2005.
Au parlement européen, le prix Sakharov(1) est décerné après débat et vote des députés. La seule opposition est venue d’une communiste française qui estime que ce fut là un choix politique :
« Trois fois pour les Cubains depuis que le prix Sakharov existe, ça fait beaucoup ».
Quoi d’étonnant dans cette réaction ? On sait que ni Cuba ni la Corée du nord ni la Chine n’ont le monopole du totalitarisme. On sait que ce dernier imprègne encore bien des cerveaux. D’ailleurs, s’il avait été chassé des esprits par chez nous, il y a fort à parier qu’il n’existerait plus là-bas. Car dans ces pays, les combattants courageux pour les libertés ne cessent de regarder dans notre direction, car ils savent que leur salut dépend de l’attitude des états démocratiques.
Ainsi, Guillermo Farinas s’est félicité de voir que « des gouvernements démocratiques et civilisés continuent de surveiller la situation des droits de l’homme à Cuba ».
Quand cette dame déclare que trois fois pour les Cubains ça fait beaucoup, chère madame, à qui la faute ? Au Parlement européen ? Aux députés de droite à l’origine de cette décision ? Et pourquoi pas aux dissidents cubains qui auraient le tort de trop faire parler d’eux ? Cette dame était probablement très jeune en août 1968 quand les troupes du Pacte de Varsovie entrèrent en Tchécoslovaquie pour mettre fin au Printemps de Prague. Ses pairs, qui avaient pourtant l’âge de raison, ici en France, n’avaient pas bougé le petit doigt. Quarante ans après, vingt ans après la chute du mur de Berlin, les communistes ont encore la ressource de justifier l’inacceptable, au nom de quoi ? Du dogme tout simplement. Enfermés dans la doctrine, ils ne peuvent pas se dédire, et comme à l’époque ils fermaient les yeux sur les crimes de Staline, et qualifiaient d’agents de la CIA ou d’hitléro-trotskistes ceux qui mettaient en doute la beauté du socialisme soviétique, aujourd’hui il leur reste encore des diables à désigner pour justifier leur aveuglement : l’Europe, l’Occident, le capitalisme, l’impérialisme américain. A force de crier au loup, les Français ne leur accordent plus leurs suffrages. Mais ne nous réjouissons pas trop vite, car à l’occasion d’une crise –peut-être à l’échelle du monde- surfant sur des colères populaires, ils pourraient bien reprendre du poil de la bête (immonde).
Car ces gens-là ont des alliés. J’attends que vous soyez bien assis. Vous y êtes ?
Au Parlement européen, en ce jour du 20 octobre 2010, sur la question de savoir si le journaliste cubain Guillermo Farinas méritait de se voir décerner le prix Sakharov,
Les socialistes ne se sont pas exprimés.
Les socialistes n’ont pas applaudi l’annonce du nom du lauréat.
Introït
Vous les seigneurs de la haine,
vous les nouveaux rapaces,
oligarques flambant neufs,
ordonnateurs de la dérision,
testamentaires aujourd’hui d’ancestrales vengeances ;
vous qui aux oreilles des peuples
faites exploser les obus de votre « justice sociale » ;
c’est vous, microphoniques menteurs,
autopotentats des pauvres,
autoproclamés capitaines prolétaires ;
vous, messies dissimulés,
hypocritement furibonds ;
vous, dispensateurs d’un miel annoncé ;
vous, techniciens de l’imposture ;
vous, techniciens de l’insulte ;
vous, techniciens de la mort…
qui nous avez appris cette langue que je parle.
Un poème d’Angel Cuadra, déjà opposant à la dictature de Batista avant 1959, il fut arrêté en 1967 pour activités politiques subversives contre la dictature castriste, et condamné à 15 ans de prison. Emigré aux Etats-Unis en 1985, il est professeur à l’université internationale de Floride à Miami.
(publié dans l’Anthologie de la poésie cubaine censurée, proposée par Zoé Valdés par les éditions Gallimard, avec la collaboration de la FNAC et de Reporters sans frontières)
(1) Sakharov (Andreï Dimitrievitch) (Moscou, 1921 id., 1989), physicien nucléaire soviétique, «père» de la bombe H. Défenseur des droits de l’homme en U.R.S.S., il créa en 1970 la section soviétique d’Amnesty International. Assigné à résidence à Gorki de 1980 à 1986, il fut élu député au Congrès du peuple en 1989, malgré l’opposition d’une partie de l’appareil communiste. P. Nobel de la paix 1975.
© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001
14:07 Publié dans Totalitarisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : farinas, cuba, communisme, dissident
05/11/2010
Anarchistes ? Non. Terroristes.
Des groupes anarchistes envoient des colis piégés aux ambassades et aux dirigeants occidentaux. Apparemment les méthodes terroristes sont restées ce qu’elles étaient au début du siècle dernier quand ils déposaient des bombes au passage de l’Empereur de toutes les Russies. Mais justement, c’était le Tzar, Nicolas II, dernier représentant en Europe d’un régime absolutiste.
La tradition anarchiste n’est pas réductible au terrorisme, les anarchistes n’ont pas toujours été des poseurs de bombes. Bien au contraire, ils furent victimes de la violence policière ou militaire de régimes totalitaires. Nombreux et très actifs avant et pendant la révolution russe, ils n’ont pas survécu à l’instauration du communisme. Ils partagèrent le sort des socialistes et autres démocrates, ceux qui ne s’exilèrent furent liquidés. Les anarchistes espagnols furent les plus valeureux combattants du fascisme franquiste. La mort fut pour nombre d’entre eux le prix du courage, et ceux qui survécurent connurent en France les camps de transit, puis en Autriche, Mauthausen (1). Je pense à toi, Pedro.
En Russie, fantassins dans l’armée de Makhno (2) ou insurgés de Cronstadt, en Espagne membres des brigades internationales et fondateurs de collectivités paysannes, lâchement persécutés ou éliminés par les « tchékistes » (3), les anarchistes ne cachaient pas leur visage, et ne postaient pas de colis piégés. Ils combattaient ouvertement les dictatures dans l’espoir de donner le jour à une société plus juste, plus libre, plus égalitaire.
Les individus cagoulés qui en Grèce ou ailleurs s’en prennent aux ambassades et aux représentants des états occidentaux ne sont pas des anarchistes. Ils ont avec les islamistes un ennemi commun : la démocratie. Ces gens-là au pouvoir seraient les pires despotes. Ils ont oublié la maxime des pères fondateurs, ou peut-être ne la connaissent-ils pas : ni dieu ni maître. D’ailleurs, aucun colis piégé n’a été adressé au régime théocratique iranien où les ayatollahs sèment la terreur et menacent de faire exécuter Sakineh.
(1) Village d’Autriche, sur le Danube, près de Linz. Les nazis y installèrent de 1938 à 1945 un camp de concentration où périrent près de 120000 personnes. © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001
(2) Nestor Makhno : anarchiste ukrainien qui organisa militairement les paysans contre les armées blanches, avant d’être contraint à l’exil par le pouvoir bolchevik triomphant.
(3) « En Catalogne, l’élimination des trotskistes et des anarcho-syndicalistes a commencé ; elle sera menée à terme avec la même énergie qu’elle l’a été en URSS. » (Pravda du 16 décembre 1936, cité par Stéphane Courtois, Le livre noir du communisme, crimes, terreur, répression, Robert Laffont, p.478)
19:18 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anarchisme, terrorisme, despotisme, russie, espagne