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01/10/2009

Coucou c'est nous !

 La cour siège devant une femme gigantesque qui, poitrine nue et d’un pas décidé, guide le peuple.

 

  Sur le banc, Ricardo, Smith, Mill sont accusés d’avoir dépouillé la grande dame de ses propriétés humaines, créatrices, qui faisaient de l’homme un être responsable et maître de son destin. Ces libéraux ne sont pas des libérateurs, mais des promoteurs de l’économie libérale, en termes clairs, du capitalisme sans entraves pour lequel la seule recherche du profit donne tous les droits à l’entrepreneur, y compris celui d’oublier ceux de l’homme. D’oublier que la force de travail qui produit ses propres richesses est aussi constituée de femmes et d’enfants.

 

  Sur le banc, Marx et Engels. En défendant l’idée que l’homme est totalement dépendant des lois de la nature, de l’histoire et de la société, ils ont préparé l’asservissement de l’homme, conçu l’idée d’une dictature du prolétariat comme un mal nécessaire, en échange de la promesse d’une liberté toujours reportée dans le futur.

 

  Sur le banc, Hitler et Staline. Pour eux, la liberté de l’individu était un danger pour l’état. Ils ont mis un terme à toutes les libertés en instaurant des régimes de terreur dont le caractère totalitaire a entraîné une partie du peuple à se faire le complice, à feindre d’ignorer, sinon à ignorer l’accomplissement des pires crimes contre l’humanité.

 

 Ces sept hommes ont un point commun : leur casier judiciaire est vierge. Ils n’ont encore jamais été jugés.

 

 

Les charges contre Ricardo sont légères. Le président rappelle tout de même que le prévenu s’est fait le chantre du libéralisme économique. 

 

Ricardo : « J’ai écrit, Monsieur le président, mot pour mot, que les amis de l’humanité ne peuvent que désirer que, dans tous les pays, les classes laborieuses aient le goût du confort et qu’elles soient stimulées par tous moyens légaux à se les procurer. » 

 

Le président s’adresse à Smith :  « Smith, Adam, vous êtes né en 1723 à Kirkcaldy. En philosophe, à vos débuts, vous avez fait des recherches sur les sentiments moraux, mais très vite, votre pensée a dérapé, et vous penchant sur l’économie, vous êtes devenu le théoricien du capitalisme libéral, vous en avez fait l’apologie, défendu la division du travail, sans jamais évoquer la misère ouvrière et l’aliénation qu’elle entraîne. »

 

Smith : « Faux, j’ai dit que le travail accroissait la production, qu’il était la source de toute richesse. J’étais économiste, mon rôle ne consistait pas à m’apitoyer sur le sort des uns et des autres, mais d’analyser, de théoriser, car il ne s’agissait pour moi ni de rire, ni de pleurer, mais de comprendre. » 

 

Le président : «  Vous avez dit que tout homme demeure en pleine liberté de suivre la route que lui dicte son intérêt et de porter où il lui plaît son industrie et son capital… »

 

Smith : « J’ai écrit que cette liberté existait pour tout homme à la condition qu’il n’enfreigne pas les lois de la justice. » 

 

Le président : « J’appelle à la barre le premier témoin. » 

 

Un enfant entre dans la salle d’audience.

 

Le président : « Veux-tu nous dire ton nom, ton prénom, ton âge et … » 

 

L’enfant : « Dickens, Charles. Je suis trop jeune pour porter toute la responsabilité de mon existence. En allant, le matin, à Hungerford Stairs, je ne peux résister à l’achat d’un gâteau rassis vendu à moitié prix sur des plateaux, à la porte des pâtissiers de Tottenham Court Road , dépensant souvent ainsi l’argent que j’aurais dû garder pour mon déjeuner. Nous avons une pause d’une demi-heure pour le thé. Lorsque j’ai assez d’argent, je me rends dans un café et prend une tasse de café et une tranche de pain et de beurre. Quand je suis sans le sou, je fais un tour au marché de Covent Garden et regarde fixement les ananas.

 Je n’exagère pas, inconsciemment et involontairement, l’insuffisance de mes ressources et les difficultés de la vie. Je sais que dès que j’ai un shilling, je le dépense pour déjeuner ou prendre le thé. Je sais que je travaille du matin au soir, avec des hommes et des garçons vulgaires, moi-même minable… Je sais que je traîne dans les rues, insuffisamment vêtu et mal nourri.

Je sais que sans la miséricorde de Dieu, je deviendrais facilement, vu l’abandon dans lequel je vis, un petit voleur ou un petit vagabond. »

 

L’enfant remercie l’assistance qui l’a écouté avec attention, et quitte la barre.

 

Le juge rappelle alors les charges qui sont retenues contre Mill John Stuart: « Vous êtes né en 1806, philosophe de formation, pour vous, la liberté ne vous intéresse qu’économique. Elle est un bien qui passe avant l’égalité, ce qui est votre droit. Mais vous vous en êtes violemment pris à la notion d’égalité sociale, en affirmant que si celle-ci était mise en œuvre, elle dépouillerait les individus des caractères les plus élevés de la Nature humaine. Vrai ou faux ? »

 

L’accusé se tourne vers son défenseur, il est un peu perdu. L’avocat de Mill rappelle que celui-ci avait demandé à l’état d’intervenir pour venir en aide aux déshérités, qu’il avait prôné une réforme du droit de propriété, et la création de coopératives de production, propositions qui, appliquées par un souverain courageux, auraient pu atténuer les inégalités trop criantes engendrées par un capitalisme incontrôlé.

 

Karl Marx, hors de lui, tente de se dresser sur ses maigres jambes, mais son handicap ajouté à la loi réelle de la pesanteur le rappellent à la triste matérialité d’un fauteuil roulant réel : « Venir en aide aux déshérités ? Charité ; réforme du droit de propriété ? Mais la propriété est un vol ! Des coopératives de production ? Entre qui et qui ? La coopération c’est du vent, chaque fois que l’histoire humaine a produit quelque chose de positif, ce fut à l’issue d’une lutte, d’un affrontement ! Et puis, de souverain courageux, laissez-moi rire, citez-m’en un seul…»

 

Le Président : « Monsieur Marx, je vous rappelle que vous êtes vous-même accusé, cela vous aidera à mesurer vos propos, et peut-être aussi à argumenter. Quant à vous, Messieurs Smith et Mill, vous avez prôné ce libéralisme économique débridé, favorisant une concurrence effrénée dans un siècle où l’industrialisation à régime forcé n’a oublié que l’homme, la femme et l’enfant. Quand je parle d’un siècle, je pourrais dire deux. Car lorsque tout a été librement industrialisé ici, en Europe, il a fallu trouver de nouveaux débouchés, et pour cela : coloniser, librement. Et faire la guerre à ceux qui, librement aussi cherchaient des débouchés. Oui, la guerre ! »

 

Marx : « …portée par le capitalisme comme la nuée porte l’orage ! »

 

Confusion chez les libéraux. Ils tentent une dernière carte. Ils font entrer un témoin.

 

«  John Locke, né le 29 Août 1632, philosophe. »  

 

L’assistance est médusée. Elle est composée de gens instruits. Une rumeur –chuchotée- parcourt les rangs du public : « C’est le théoricien de la première révolution sociale, en Angleterre, en 1688 ! »

 

Le président : « Du calme !  Maître, vous avez la parole. » 

 

 John Locke : « Monsieur le juge, mesdames, messieurs, je ne suis ici ni pour mettre en cause ni pour défendre les intérêts de quiconque. Un mot, un seul, entendu au cours de ce procès me porte ce jour devant vous. Ce mot est : liberté.

 J’entends évoquer le droit, l’état, la propriété, les richesses, et surtout, j’entends des hommes défendre le plus fermement leur conviction. Je voudrais dire qu’à mon sens et s’ils parlaient d’une seule voix, ils auraient tous raison.

 Nous avons trop souffert dans notre Angleterre d’une monarchie qui accordait au monarque un droit divin, d’une société dont le prince était nécessairement au-dessus de toute loi, où le sujet ne pouvait prétendre à aucun recours, à aucune liberté. L’homme est l’œuvre d’un Créateur tout-puissant, il en est la propriété, chacun doit la respecter. Cela vaut pour l’état, fût-il le plus puissant. Cela donne à l’homme une liberté à l’égard de tout pouvoir terrestre… »

 

A ces mots, des applaudissements se font entendre sur les bancs des « libéraux », que le président fait rapidement cesser.

 

« … mais par le fait qu’elle est accordée à chacun d’entre nous par un acte divin, cette liberté n’est pas une licence, elle n’octroie pas le droit de mettre en cause celle d’un autre. »

 

L’avocat de Karl Marx, tout sourire, demande la parole :

 

« Maître, pouvez-vous nous dire s’il était dans le Projet du Créateur d’octroyer à quelques individus la liberté de faire ramper des petits enfants sous des machines, de jour ou de nuit pendant de longues heures, et cela pour quelques sous ? »

 

« …j’ai dit, monsieur, que cette liberté n’accorde pas le droit de mettre en cause celle d’un autre. Personne n’a de pouvoir arbitraire sur lui-même et encore moins sur les autres, nul ne peut détruire une vie, ni les biens d’autrui. »

 

Les propos du philosophe, sans être sibyllins ne sont pas suffisamment engagés d’un côté ou de l’autre pour recueillir l’assentiment des uns ou des autres. A cela s’ajoute le fait que la tension qui règne dans le tribunal où tant de grandes idées sont en cause, et aussi peut-être la vie ou la mort de quelques hommes qui les prônèrent, cette tension ne permet pas aux accusés, au public, aux jurés même de s’accorder la distance nécessaire pour comprendre, ou seulement entendre les propos d’un sage.

 

Le président : « Témoin suivant ! Levez-vous, présentez-vous…

 

            L’accusé : Marx, Karl, né en 1818 à Trèves, en Allemagne, philosophe, journaliste, fondateur avec Engels de l’Association Internationale des Travailleurs.

 

Le président : Marx Karl, la liberté pour vous, dans la société que vous qualifiez de bourgeoise, dîtes-moi si je me trompe, se réduit au droit de propriété privée…

 

Marx : …droit de jouir de ses biens à son gré, sans tenir compte d’autrui, indépendamment de la société, droit d’en disposer, droit de l’égoïsme…

 

Le président : Vos propos vont à l’encontre de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui reconnaît le droit de propriété comme un droit fondamental. En avez-vous conscience…

 

Marx : …déclaration conforme à une conception bourgeoise de l’individu, très pointilleuse dès qu’il s’agit de préserver l’ordre social existant.

 

Le président : Reconnaissez-vous avoir déclaré que la liberté ne deviendra une réalité pour l’individu que lorsque le mode de production fondé sur l’exploitation de l’homme par l’homme aura pris fin…

 

Marx : …oui…

 

Le président : … que la liberté vraie ne peut se concevoir qu’au stade supérieur de la société communiste, après le dépérissement de l’état ?

 

Marx : Oui.

 

Le président : Monsieur, le troisième millénaire étant entamé, et en estimant la date de vos premiers écrits aux alentours de 1840-1850, un calcul mental rapide nous donne pour vos thèses un âge d’un siècle et demi. Un petit pas pour l’humanité, mais un grand pour l’ère industrielle, que vous définissez comme la grande époque des guerres et des révolutions. Pour les guerres, on ne peut pas vous donner tort. Pour le reste, la société communiste et le dépérissement de l’état, pouvez-vous préciser votre pensée, en l’illustrant d’exemples ?

 

Marx : …..

 

Le président : Veuillez monsieur, nous citer le nom d’un seul pays dans lequel la société devenue communiste a vu dépérir l’institution étatique ?

 

Marx : …..

 

Engels : L’état…

 

Le président : Veuillez vous présenter !

 

Engels : Engels Friedrich, né en 1820 à Barmen, en Allemagne, auteur d’ouvrages sur les premières sociétés humaines et co-auteur avec Karl Marx de traités et pamphlets politiques. Je voudrais revenir sur l’état. Il ne devint une réalité qu’avec la division de la société en classes. De Force publique, il n’en a que l’apparence. Il est la force nécessaire au maintien d’un ordre compatible avec les intérêts de la classe dominante. Il faut replacer la question des libertés individuelles dans ce contexte. Quelle liberté pour le prolétaire dans une société qui ne reconnaît son existence qu’en tant que force de travail, qui ne voit en lui qu’un simple agent de production ?

 

Le président : Monsieur Engels, nous ne sommes plus au XIX° siècle. Ce prolétaire dont vous parlez a des droits, aujourd’hui, et il en use. Je vous retourne la question : Quelle sera la liberté du prolétaire dans la société que vous appelez de vos vœux ?

 

Marx : Dans la société communiste, par définition, il n’y aura plus de prolétaires !

 

Le président : Donc, du jour au lendemain…

 

Marx : Non, au cours d’une étape transitoire le prolétariat établira sa dictature…

 

Le président : Je vous remercie.

 

Les avocats de Marx sont nombreux dans la salle, philosophes, universitaires, intellectuels de gauche modérée ou extrême, cinéastes, poètes, anciens résistants de toutes les heures –de la première ou de la dernière. Ils sont indignés. Trop habile, ce président qui réussit en quelques minutes à faire prononcer au Grand Maître le mot fatidique, le mot qui condamne, le mot qui tue. Dictature. Ils viennent à la barre les uns après les autres, ces avocats de l’impossible, maîtres du langage, sans jamais se répéter ni s’attarder sur l’argument. Ils récitent, ils déclinent le dogme par tous les bouts, dix orateurs, dix fois le même discours dans des termes, des modulations, des effets toujours renouvelés. Du travail d’artiste.

 

-Monsieur le président, dans l’histoire certaines dictatures ont eu un caractère progressiste, regardez la France de Robespierre, la Russie de Lénine…

 

 -Regardez la Grande Egypte de Nasser, Cuba de Castro, la Chine de Mao, la Roumanie de Ceaucescu, l’Albanie de Hodja, le Vietnam d’Ho Chi Minh, le Cambodge de Pol Pot, dictatures certes, mais tellement riches de progrès social et aussi ne l’oublions pas, bastions anti-impérialistes ! Oh des excès il y en eut, pour ça oui ! De la terreur, de la guerre révolutionnaire, de la violence, de la délation, de la déportation, de la rééducation, de la psychiatrie, il y en eut, pour ça oui …

 

L’orateur s’enflamme. Ses amis lui font signe de raccourcir.

 

-…des peuples entiers, Monsieur le président, vous entendez, des peuples ont été déplacés, et je suis gentil. Des années après, ceux qui tentaient de retourner dans leur village en étaient chassés, car un nouvel article de la Constitution exigeait un passeport. Je passe sur la chasse aux juifs, je passe sur le chauvinisme Grand Russe, je passe sur la déportation en Sibérie de ceux qui avaient -en libérateurs- pénétré dans les camps de la mort nazis. Je passe sur l’internement, la torture, les aveux, la mise à mort de révolutionnaires sincères par des révolutionnaires de circonstance, bureaucrates sans principes, usurpateurs, je passe sur les génocides. Je passe Monsieur le Président sur beaucoup de grands malheurs et je vais vous étonner. Tout cela était nécessaire !

 

Hurlements dans la salle, l’indignation gagne même les bancs de la défense. On lui fait signe d’aller s’asseoir, d’autres demandent la parole, l’orateur s’accroche à la barre :    

 

-Oui…tout cela était nécessaire : Car l’Histoire est une lutte de classes, il faut un parti pour mener cette lutte. Au regard de l’Histoire, le Parti a donc toujours raison et ceux qui agissent contre le Parti, ou même hors du Parti, ou encore sans tenir compte de la stratégie du Parti, ceux-là s’excluent eux-mêmes du processus historique, ils doivent être éliminés.

 

Murmures dans la salle, qui s’amplifient et deviennent des hurlements en réaction au dernier mot « éliminés ».

 

Le président : La révolution serait donc incompatible avec les minorités, les juifs, les héros de la deuxième guerre mondiale, les révolutionnaires d’un autre tendance que celle du …chef ?

 

- vous oubliez les koulaks, les ouvriers dont la productivité n’atteint pas la limite basse de la norme du plan, les écrivains, les scientifiques, les sportifs, les cosmonautes, les médecins, surtout celui du secrétaire général, bref la totalité des personnes qui occupent une position sociale critique par rapport à la construction planifiée de la société future…

 

Hurlements redoublés. La défense réalise qu’elle est trahie par l’un des siens. Suspension de séance. Concertations. C’est un universitaire de gauche modérée qui est choisi pour rattraper le coup.

 

- Monsieur le Président, qui aujourd’hui pourrait se faire l’avocat du diable ? De gauche ou de droite, une dictature est une dictature. Mais il ne faudrait pas qu’on s’égare. Doit-on rendre le Christ responsable des crimes commis par l’Eglise ?

 

Le président : Certes non !

 

-Doit-on rendre Marx responsable des crimes commis en son nom après sa mort ?

 

Le président : Le prévenu n’est pas jugé pour des crimes, mais pour avoir élaboré des thèses qui ont inspiré un certain type de régime d’où était exclue la liberté humaine, pire : où la détention abusive et le meurtre de millions d’individus furent justifiés au nom de l’édification d’une société nouvelle. Inspirer n’est pas commettre. Marx est accusé de génocide involontaire.

 

-S’il fallait juger les inspirateurs de dictatures, Monsieur, il faudrait repousser les murs de cette salle !

 

Le président : Qui vous parle de dictature ?, Nous ne jugeons entre ces murs ni les instigateurs ni les dictateurs. Ces derniers ne supportent ni le dialogue, ni la contradiction, encore moins l’opposition. La tyrannie prive l’individu des libertés fondamentales y compris celle d’exprimer sa pensée. Il s’agit aujourd’hui de bien autre chose. Ayez l’obligeance de regagner votre siège, monsieur, je vais m’expliquer.

 Les victimes des déportations, des camps de concentration, des exterminations au siècle dernier n’étaient pas, dans leur majorité, des opposants politiques. Ce ne sont pas les idées qui étaient insupportables, mais les gens. Le citoyen devint l’élément actif d’un système dont l’idéologie reposait sur un axiome.  Pour l’un, la lutte des classes, et la nécessaire disparition de celle des capitalistes, pour l’autre, la lutte pour la pureté raciale et la nécessaire disparition des  races non germaniques. Dans ce dernier cas, si l’on excepte les années d’instauration du régime où l’opposition devait être éliminée, les victimes du III° Reich ne l’ont pas été à cause de leurs idées, mais parce que leur existence ou leur mode de vie étaient incompatibles avec l’exigence chimérique d’une pureté de la race germanique. En Union Soviétique, le koulak, le paysan ukrainien, le Tatar, le juif et d’autres  empêcheurs de nationaliser en rond perturbaient la logique implacable de la lutte des classes, d’ailleurs leurs noms n’étaient même pas mentionnés dans les manuels de l’idéologie officielle.

S’il arrivait au citoyen d’émettre un avis différent, d’être différent, de ne pas trouver sa place dans une société qu’il réprouvait, ou même simplement de ne pas jouer son rôle avec l’enthousiasme réclamé par l’enjeu formidable de la construction d’un monde futur, alors devenait-il pour l’Histoire un obstacle, aux yeux du peuple un ennemi. Un danger pour sa famille, ses élèves, ses patients, ses collègues de travail car dans cet enfer, ce n’était pas le bon sens la chose du monde la mieux partagée, mais la terreur.

 

Messieurs Hitler et Staline ne furent pas des dictateurs ordinaires. Leur sujet idéal n’était ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais l’homme qui renonçait à ce qui lui est le plus cher : la liberté intérieure, chez lui, dans son domaine privé, jusque dans son cœur, dans son esprit. Ainsi s’expliquent les aveux des innocents, aveux à peine extorqués parfois, mais déclarés dans l’intérêt supérieur de l’Histoire. Ainsi s’expliquent, au-delà des dénonciations racistes criminelles, les silences de personnes ordinaires commandés certes par la peur, mais aussi par la promesse d’une vie meilleure dans un Reich de mille ans.

 

De l’humanité, Hitler et Staline en ont pris la totalité, la famille, les enfants, les sentiments, la pensée. Ils ont fait de l’homme un tyran par rapport à lui-même.

 

 

§

 

Là, cher lecteur, je marque un temps d’arrêt : trou de mémoire. Je me souviens vaguement du réquisitoire. Ricardo et Smith sont accusés d’avoir inspiré le libéralisme économique et ses effets désastreux sur les classes laborieuses, Marx et Engels d’être les initiateurs d’un système politique liberticide. Puis les charges contre Hitler et Staline ont été énumérées. Cela a pris plusieurs jours. On a parlé de millions de victimes innocentes. La cour n’a pas souhaité entendre les accusés. Rien n’a été requis contre eux, le seul mot de « réquisitoire » devenait ridicule. S’ils n’étaient déjà morts, il aurait fallu qu’ils vivent éternellement. Que dans le regard des autres, et jusqu’à la fin des temps, ils puissent évaluer l’ampleur de leurs crimes. Le seul tribunal devant lequel ils auraient pu comparaître, selon le président, c’est l’Humanité.

Puis il s’est levé, et à la fin d’un discours qui marquera les esprits pour les siècles des siècles, il conclut en répétant les trois mots du serment de Buchenwald :

 

« Plus jamais ça ! »

 

« Assez de misère, assez de drames, assez de souffrances, assez de meurtres ! Alors que nous entrons dans le XXI° siècle, il est temps pour nous de clamer à l’issue de ce procès : c’en est fini du totalitarisme ! »

 

Grincement strident au fond de la salle. La porte d’entrée s’ouvre lentement sur un groupe de silhouettes humaines encagoulées. Un homme s’avance.

 

« Coucou, c’est nous ! »

 

Il porte la barbe et sur sa tête enturbannée trône une petite fusée avec une mèche au bout. A son côté, une grande dame vêtue de noir. Son visage est dissimulé derrière une sorte de grille. Elle porte la main sur sa nuque, détache quelque chose par derrière et rabat la capuche. C’est ma fille.

 

J’ai hurlé tellement fort que j’ai réveillé toute la maison. J’étais assis sur le lit, haletant, la porte s’ouvrit brusquement. Mon fils était là, interrogatif. Mon cher enfant! Un beau garçon gentil comme tout, sérieux et appliqué.

 

« Non, non, va te recoucher, j’ai encore fait le même cauchemar, que tu passais le bac, que tu étais recalé sans même passer l’oral. » 

 

§

28/09/2009

Pour mémoire (suite) Les années 1942-43

 

Plus qu’aux analyses, aux longues explications, il est utile de s’en remettre aux textes, lois, décrets, ordonnances promulguées par les responsables de l’Etat français entre 1940 et 1944. Voici donc la suite du dossier concernant cette fois les années 42-43. 

 

§

 

Sixième ordonnance du 7 février 1942

Relative aux mesures contre les Juifs.

(Journal officiel des ordonnances du Gouverneur militaire pour les territoires occupés du 11 février 1942)

 

 En vertu des pleins pouvoirs qui m’ont été accordés par le Führer und Oberster Befehlshaber der Wehrmacht, j’ordonne ce qui suit :

 

§1. Limitation des heures de sortie. Il est interdit aux Juifs d’être hors de leurs logements entre 20 et 6 heures.

§2. Interdiction du changement de résidence. Il est interdit aux Juifs de changer le lieu de leur résidence actuelle.

§3. Dispositions pénales. Celui qui contreviendra aux dispositions de la présente ordonnance sera puni d’emprisonnement et d’amende, ou d’une de ces peines. En outre, le coupable pourra être interné dans un camp de Juifs.

§4. Entrée en vigueur. La présente ordonnance entre en vigueur dès sa publication.

 

Loi du 21 mars 1942

Pour faire face à ses charges exceptionnelles l’U.G.I.F. pourra exercer des prélèvements.

 

  1. Sur le produit des réalisations des administrateurs provisoires de biens juifs.
  2. Sur les titres.
  3. Sur les actions.
  4. Sur les sommes déposées entre les mains de tiers appartenant à des personnes physiques juives.
  5. Sur les créances.
  6. Sur la vente de meubles, d’immeubles, etc.

 

Septième ordonnance du 24 mars 1942

 

Concernant :

  1. Critère de la « personne » juive.
  2. Confiscation des postes de T.S.F. détenus par les Juifs.
  3. Interdiction d’exercer certaines activités économiques ainsi que d’employer des Juifs.
  4. Non paiement de l’indemnité de licenciement à un Juif.

 

Huitième ordonnance du 29 mai 1942

 

 Signe distinctif pour les Juifs

 

  1. Les Juifs doivent se présenter au Commissariat de police pour y recevoir les insignes en forme d’étoile. Chaque Juif recevra trois insignes et devra donner en échange un point de sa carte de textile.
  2. Il est interdit aux Juifs dès l’âge de six ans révolus de paraître en public sans porter l’étoile juive.
  3. L’étoile juive est une étoile à six pointes ayant les dimensions de la paume d’une main et les contours noirs. Elle est en tissu jaune et porte en caractères noirs l’inscription « JUIF ». Elle devra être portée bien visiblement sur le côté gauche de la poitrine solidement cousue sur le vêtement. (1) (2)

 

§

 

PREFECTURE  DE  POLICE

Direction de la Police Municipale

 

Etat-major

1° Bureau B

 

Paris, le 12 juillet 1942.

 

CONSIGNES  POUR  LES  EQUIPES  CHARGEES  DES  ARRESTATIONS

(source : La persécution des Juifs en France et dans les autres pays de l’ouest présentée par la France à Nuremberg, recueil de documents publié sous la direction de Henri Monneray, substitut au Tribunal militaire international, Paris, 1947, p.145 ; cité par Marrus et Paxton, Vichy et les Juifs)

 

1°) Les gardiens et inspecteurs, après avoir vérifié l’identité des Juifs qu’ils ont mission d’arrêter, n’ont pas à discuter les différentes observations qui peuvent être formulées par eux.

 En cas de doute, ils les conduisent de toute façon au Centre, dont l’adresse leur sera donnée par le Commissaire de Voie Publique, et en s’assurant qu’ils ont bien pris les objets indiqués pluis loin ? Seul, le Commissaire de Voie Publique est qualifié pour examiner les situations. Pour les cas douteux, les gardiens mettent sur la fiche la mention « à revoir ».

 

2°) Ils n’ont pas à discuter non plus sur l’état de santé. Tout Juif à arrêter doit être conduit au Centre primaire.

 

3°) Les agents chargés de l’arrestation s’assurent, lorsque tous les occupants du logement sont à emmener, que les compteurs à gaz, de l’électricité et de l’eau sont bien fermés. Les animaux sont confiés au concierge.

 

4°) Lorsque tous les occupants du logement sont emmenés, les clés sont remises au concierge (s’il n’en existe pas, au plus proche voisin) en signalant que ce dernier est considéré comme responsable de la conservation des meubles, objets et effets restés dans le logement ? Dans les deux cas il sera mentionné, comme il sera indiqué plus loin, les nom et adresse de la personne dépositaire des clés.

 

5°) Les Juifs arrêtés devront se munir :

 

a)      de leur carte d’identité d’étranger, de tous autres papiers d’identité et de famille jugés utiles ;

b)      de leur carte d’alimentation, feuilles de tickets et cartes de textile ;

c)      des effets et ustensiles suivants :

 

2 couvertures, 1 paire de chaussures, 2 paires de chaussettes, 2 chemises, 2 caleçons, 1 vêtement de travail (ou usagé), 1 tricot ou pull-over, 1 paire de draps, 1 gamelle, 1 gobelet, 1 bidon (si possible), 1 jeu de couverts pour les repas, 1 nécessaire de toilette (le rasoir est autorisé) ;

 

d)      de deux jours de vivres au moins. Ils peuvent en emporter davantage s’ils le veulent (pas plus d’une valise grandeur moyenne, ne contenant que des provisions de bouche) ;

e)      les couvertures seront portées en bandoulière, les effets et objets de la liste ci-dessus seront placés dans un seul sac ou valise ; soit au total 2 valises ou paquets, dont 1 pour...

 

6°) Les enfants vivant avec la ou les personnes arrêtées seront emmenés en même temps, si aucun membre de la famille ne reste dans le logement. Ils ne doivent pas être confiés aux voisins.

 

7°) Les gardiens et inspecteurs sont responsables de l’exécution. Les opérations doivent être effectuées avec le maximum de rapidité, sans paroles inutiles et sans aucun commentaire.

 

8°) Les gardiens et inspecteurs chargés de l’arrestation rempliront les mentions figurant au dos de chacune des fiches :

 indication de l’arrondissement ou de la circonscription du lieu d’arrestation ;

 « Arrêté par » en indiquant les noms et services de chacun des gardiens et inspecteurs ayant opéré l’arrestation ;

 le nom et l’adresse de la personne à qui les clés auront été remises ;

 au cas de non arrestation seulement de l’individu mentionné sur la fiche, les raisons pour lesquelles elle n’a pu être faite et tous renseignements succins utiles ;

 et selon le tableau ci-après :

 

SERVICE :

 

Agents capteurs :

 

Nom……………………………… Service…………………………………..

Nom……………………………… Service…………………………………..

 

Clés remises à M………………………………………………………………

N°……………. rue…………………………………………………………..

Renseignements en cas de non arrestation :

……………………………………………………………………………….

……………………………………………………………………………….

 

Le Directeur de la Police Municipale

 

Signé : Hennequin (3)

 

§

 

Arrêté du 13 octobre 1942

(Belgique, Nord et Pas-de-Calais)

 

Concernant la déclaration des objets appartenant à des Juifs et gardés actuellement par une tierce personne.

 

  1. Les personnes doivent remettre ces objets à la Kreiskommandantur.
  2. Cet arrêté n’est pas applicable aux administrateurs de biens juifs.

 

Loi du 9 novembre 1942

 

Par mesure de sécurité intérieure, tout étranger juif est astreint à résider sur le territoire de la commune où il a sa résidence habituelle et ne peut en sortir que muni d’un titre de circulation régulier, d’un sauf-conduit, ou d’une carte de circulation temporaire.

 

 

Loi n°1077 du 11 décembre 1942

relative à l’apposition de la mention « JUIF » sur les titres d’identité délivrés aux Israélites français et étrangers.

(source : Journal officiel, 12 décembre 1942, p.4058)

 

Le Chef du Gouvernement,

Vu les actes constitutionnels 12 et 12bis ;

Le conseil de cabinet entendu,

 

Décrétons :

 

Article 1°. Toute personne de race juive aux termes de la loi du 2 juin 1941 est tenue de se présenter dans un délai d’un mois à dater de la promulgation de la présente loi, au commissariat de police de sa résidence ou à défaut à la brigade de gendarmerie pour faire apposer la mention « juif » sur la carte d’identité dont elle est titulaire ou sur le titre en tenant lieu et sur la carte individuelle d’alimentation.

 

Article 2. Les infractions aux dispositions de l’article 1° de la présente loi seront punies d’une peine d’un mois à un an d’emprisonnement et d’une amende de 100 à 10000 F ou de l’une de ces deux peines seulement, sans préjudice du droit pour l’autorité administrative de prononcer l’internement du délinquant.

 Toute fausse déclaration ayant eu pour objet de dissimuler l’appartenance à la race juive sera punie des mêmes peines.

 

Article 3. Le présent décret sera publié au Journal officiel et exécuté comme loi de l’Etat.

 

 Fait à Vichy le 11 décembre 1942.

 

Pierre Laval.

 

§

 

Arrêté du 11 mai 1943

 

 Les contributions volontaires des Juifs à l’U.G.I.F. pourront être prélevées sur leurs comptes bloqués.

 Pour faire face à l’insuffisance des contributions volontaires, les taxations suivantes sont imposées à la communauté.

 Tous les Juifs de 18 ans au moins doivent payer 120 F en zone occupée et 360 F en zone non occupée par an.

 Le paiement de la cotisation sera constaté par l’apposition d’une vignette sur une carte spéciale.

 Les versements peuvent être trimestriels ou semestriels.

 La carte spéciale doit être jointe à la carte d’identité et présentée à toute réquisition.

 

§

 

(1)     Sur le port de l’étoile : malgré les demandes insistantes des autorités allemandes et la complaisance de Darquier de Pellepoix, il ne fut jamais imposé en zone non occupée, même lorsque l’occupation militaire s’étendit à toute la France en novembre 1942. A ce signe ostensible, discriminatoire et humiliant pour les Juifs, le gouvernement de Vichy préféra ordonner, en décembre 1942 l’apposition de la mention « juif » sur les documents d’identité et la carte d’alimentation. Mesure de clémence ? Une mesure en tout cas tout aussi efficace en vue de l’objectif final : la déportation. En outre, des signes inquiétants de solidarité de la population française avec les personnes porteuses de l’étoile se manifestaient en zone nord, surtout quand il s’agissait d’enfants, de voisins, d’anciens combattants…Cela donnait à réfléchir à Vichy, et les Allemands n’insistèrent pas, préférant rester en bonne entente avec la police française… on comprend pourquoi.

 

(2) Sous le titre : L’abondance des Juifs sur les trottoirs parisiens a ouvert les yeux des plus aveugles, le journal collaborationniste « Le Matin » publiait cet article :

 

« Une promenade dominicale… Mais une promenade surprenante, stupéfiante !

 A mesure que vos pas vous conduisent vers l’Hôtel de Ville, par les vieilles rues aux noms qui sentent encore le moyen âge, vous apercevez, de-ci de-là  quelques unes des fameuses étoiles jaunes nouvellement imposées aux Juifs.

 Mais dès que vous pénétrez dans ce qu’on peut appeler le ghetto de Paris, dont l’artère principale est la rue des Rosiers, ces signes distinctifs deviennent plus nombreux. Puis, pour peu que vous persistiez dans vos allées et venues, cela devient une obsession et vous apercevez au bout de peu de temps que vous êtes, vous l’aryen qui ne portez pas l’insigne, l’objet de la curiosité générale.

 Mais quittez ce quartier et gagnez les boulevards. Là, dès les premières heures de l’après-midi, les étoiles apparaissent.

 Seuls ou par petits groupes, les Juifs de Paris se promènent. Ils marchent tous dans la même direction : celle de l’ouest, celle des Champs-Elysées.

 Leur passage devient d’instant en instant plus fréquent. Ils abondent. C’est un véritable pullulement que le vrai parisien contemple avec stupéfaction. »

 

(3)   Les 16 et 17 juillet 1942 eut lieu l’opération dite « Vent printanier » menée par la police française. Des milliers de Juifs parisiens furent arrêtés et internés au Vélodrome d’Hiver et à Drancy dans des conditions inhumaines.

 

Sous le titre « Nos enfants domestiques des Juifs » le journal collaborationniste « Le Pilori » publiait cet article le 23 juillet 1942 :

 

« Une nouvelle stupéfiante nous parvient en dernière heure. A l’instigation de la Croix-rouge française et d’accord avec M. Lamirand, sous-secrétaire d’Etat à la jeunesse, M. Hémon (adjoint de M. de Roscouet, chef du Commissariat au Travail des Jeunes) aurait donné l’ordre formel à divers Centres de Jeunesse de la région parisienne de former des équipes de jeunes gens, d’enfants de quinze ans pour se rendre en uniforme au Palais des Sports (ex Vel’d’Hiv), boulevard de Grenelle, où se trouvent parqués plusieurs milliers de Juifs, afin de procéder au nettoyage de l’immense bâtiment, enlever les ordures des Juifs, traîner les poubelles, transporter sur des civières des malades, s’il y a lieu, colporter les vivres et les ranger, etc., etc.

 Depuis deux jours ce travail honteux a déjà été effectué par quelques centres de Jeunesse. Mais la révolte est venue et aujourd’hui plusieurs chefs refusent de laisser soumettre les jeunes Français qui leur sont confiés à cet odieux servage.

 Il y aura donc du sport au Palais. »

 

 

 Les deux articles cités ci-dessus reflètent l’esprit général de la presse (officielle) de l’époque. Il y a pire. La folie antisémite, protégée par la terreur nazie, s’en donnait à cœur joie, les propos, articles, pamphlets des Céline, Brasillach, Costantini en témoignent. Le rappel de ces ignominies ferait-t-il réfléchir ceux qui, en ce début de siècle, sont tentés de faire à nouveau couler le sang d’innocents ? Certainement pas.

 

 

Mais cela réveillera peut-être ceux –trop nombreux- qui sont fatigués d’entendre ressasser un passé douloureux, ceux-là se feront-ils entendre un jour ? Quand le procès des assassins d’un Ilan Halimi n’est pas rendu public, quand un chef d’Etat prône la destruction de celui d’Israël, quand des enfants de confession juive doivent être accompagnés pour se rendre à l’école, quand des historiens, des hommes politiques ou des hommes d’église réinventent l’histoire à leur façon.

 

 Nous y reviendrons.

 

§

 

 

 

rappel des sources :

 

-  Journaux officiels,

- La persécution des Juifs en France et dans les autres pays de l’ouest présentée par la France à Nuremberg, recueil de documents publié sous la direction de Henri Monneray, substitut au Tribunal militaire international, Paris, 1947,

- Marrus et Paxton.- Vichy et les juifs, Calmann-Lévy 1981,

- Philippe Ganier Raymond.- Une certaine France, l’antisémitisme 40-44.

26/09/2009

Il n'est qu'une erreur et qu'un crime...

 Les premiers à féliciter Ahmadinedjad pour son succès électoral ont été :

le Hezbollah, le Hamas et Hugo Chavez.

 

 Dis-moi qui sont tes amis, je te dirai qui tu es.

 

 Les félicitations ne sont pas venues de la rue. Dans la rue, il n’y a que des jeunes, des femmes, des hommes et des millions de gens avides de liberté.

 

« Il n’est qu’une erreur et qu’un crime : vouloir enfermer la diversité du monde dans des doctrines et des systèmes. C’est une erreur que de détourner d’autres hommes de leur libre jugement, de leur volonté propre, et de leur imposer quelque chose qui n’est pas en eux. Seuls agissent ainsi ceux qui ne respectent pas la liberté, et Montaigne n’a rien haï tant que la « frénésie », le délire furieux des dictateurs de l’esprit qui veulent avec arrogance et vanité imposer au monde leurs « nouveautés » comme la seule et indiscutable vérité, et pour qui le sang de centaines de milliers d’hommes n’est rien, pourvu que leur cause triomphe. »

 

Stefan Zweig