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18/01/2010

La burqa! Dany le rouge fait la fine bouche

 

 

 Dimanche (1), le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant avait déclaré qu'on pouvait « imaginer par exemple que pour entrer dans la nationalité française ou dans un dispositif d'intégration, eh bien on ne porte pas le voile intégral ».

 

 Le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand a lui estimé qu'une loi interdisant le port du voile intégral devrait inclure « une disposition claire et simple : une personne qui porte la burqa ne pourra pas acquérir la nationalité française ».

 

 Et une française qui a la burqa, vous lui enlevez la nationalité française ? a demandé M. Cohn-Bendit sur Europe 1 s'adressant à « ces gens qui sont tellement intelligents ».

 

 M. Cohn-Bendit, dîtes-nous qui a parlé d'enlever à quiconque la nationalité française ? Peu importe après tout, le plus étonnant - mais est-ce vraiment étonnant ?- c'est de constater ce qu'est devenu Dany le rouge. La burqa ! Dany le rouge fait la fine bouche, encore un petit effort, et-si toutefois nos hommes politiques ont ce courage...- la loi interdisant le port de cet accoutrement honteux pour les femmes et pour l'humanité, sera jugée comme liberticide ? Allez, Dany, encore un effort, et tu feras des Frères musulmans les fiers messagers de la libération de la femme, au nom de la sacro-sainte diversité culturelle.

 

« Après tout, elles ont bien le droit de s'habiller comme elles veulent, et si des françaises de souche sont tentées par la chose, pourquoi pas ? On est en république enfin !  »

 

 Fin de citation, c'était au café du commerce. Ne cours plus camarade, le vieux monde n'est plus derrière toi, il t'a rattrapé.

 

 Une partie de la gauche volait déjà au secours des manipulateurs islamistes, maintenant c'est le porte-parole des idées révolutionnaires ou présentées comme telles de mai 68 qui s'interroge : la burqa, après tout... Et attention, cette proposition de loi serait une diversion de la droite. Et alors, admettons ! Qu'est-ce que cela change ? Le port de la burqa devient-il acceptable dès lors que la droite s'y oppose ?

 

 

                                                                  §

 

(1) d'après Orange actualités du 18 01 10

 

 

19:55 Publié dans étrange | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : burqa, cohn-bendit, mai 68

17/01/2010

XX- Un hurlement terrifiant

 

 5° jour : Depuis quelque temps, je ne tiens plus mon journal. Je n'en ai plus le courage. Jennifer ne revient pas, même le soir, même très tard. Les enfants sont aussi tristes que moi. Ingrid a quatorze ans, elle me console, mais c'est pour mieux cacher sa peine. Son petit frère pleure beaucoup et demande sa maman. Je lui dis que Jenny est partie en exploration, je raconte des bobards, qu'elle est allée chercher de la pyrite, car bientôt tous nos briquets et allumettes seront épuisés, il nous faudra faire du feu avec les moyens du bord. Et oui, petit, nous voilà revenus à l'âge de pierre, lui dis-je ! Ce qui le fait rire un moment. Pendant quelques minutes il croit à mes histoires, puis feint d'oublier sa peine, va retrouver ses camarades de jeu, mais je sais que de loin il m'observe.

 

 A propos du feu, le problème sera vite résolu, sans pyrite et sans silex. L'intense lumière de Proxima concentrée à travers un verre de lunettes suffit à enflammer des brindilles sèches. Quand le ciel sera couvert (à ce propos nous n'avons encore aperçu aucun nuage et cela fait vingt jours que nous sommes là) on en reviendra à la bonne vieille méthode de la tige de bois chauffée par friction. Mon voisin -« Renfrogné »- maîtrise parfaitement l'exercice. D'ailleurs il maîtrise tout. Dernière invention en date : la roue ! Mais pas seulement. A quoi servirait une roue, il en faut deux, et puis deux roues sans chariot ? Il a construit celui-ci de ses propres mains. Comme il est seul, avec Ingrid nous sommes venus l'aider pour déposer le châssis sur l'essieu : l'ensemble, châssis et plateau, est constitué de rondins bridés à l'aide de ficelle récupérée ici ou là dans nos réserves, mais surtout de tiges de plantes souples et résistantes qui ressemblent à des fougères ou plutôt à du lin, et qui poussent à profusion autour du camp, en bordure de la forêt. En quittant notre bonne vieille Terre, nous avions autre chose à penser qu'à emporter des clous, des vis, des fers plats, des tiges filetées et des roulements à billes ! Notre char (constitué d'un plateau sans ridelles -pour le moment- il s'agit plutôt d'un tombereau) roule bien, quand deux hommes forts sont accrochés au timon, et surtout parce qu'il est vide... Quand il sera chargé de nos fructueuses récoltes, de gros gibier, de bois pour le feu et de pierres pour l'aménagement du camp, on en reparlera... Pour l'heure, sans une goutte de pluie les travaux agricoles sont un rêve, sans parler du gibier qui ne dépasse pas la taille du lapin ! Quand aux bêtes de trait qui pourraient tracter le véhicule, n'en parlons pas. L'homme a mis des millions d'années pour domestiquer des animaux, nous sommes ici depuis trois semaines, et je doute fort que nous rencontrions sur cette planète des bêtes de la taille d'un bœuf ou d' (1) (2)

 

 26° jour : Nuit blanche. Nous vivons dans la peur. Je crois que personne ici n'a pu s'endormir. Nous avons allumé un grand feu en plein milieu du camp. Toute notre réserve de bois y est passée. Les flammes étaient si hautes qu'on y voyait comme en plein jour. Sur le matin, une équipe a dû aller couper des branches et des arbrisseaux, mais pas trop loin, personne n'ose plus s'aventurer dans la forêt. Les armes de jet que nous avions façonnées pour la chasse ont été réparties dans les familles, principalement des épieux dont les pointes avaient été durcies au feu. Appuyé contre les portes des bicoques, cet arsenal me semble bien maigre pour ne pas dire ridicule, car ce que nous avons entendu hier n'est pas le feulement d'un chat sauvage. La forêt en tremble encore.

 

 Un rugissement dont les vibrations répercutées et amplifiées par la voûte des frondaisons de la futaie, tel une longue plainte s'acheva en barrissement, comme sorti des profondes entrailles d'un dragon du jurassique. Instantanément, la vie s'arrêta dans le village. Clameur d'épouvante. Les enfants pleuraient et se mettaient à hurler quand ils croisaient le regard effaré de leur mère. Notre premier réflexe fut de nous replier dans les cases. Les plus courageux -les plus curieux aussi- ne fermèrent pas leur porte. Mais à perte de vue du côté de la savane, et de l'autre côté vers la forêt, rien, aucune bête ne se manifesta.

 

 J'ai parlé ce matin avec une dame qui habitait à proximité du jardin zoologique de Dresde. Elle était habituée aux feulements des lions et des tigres. Elle me certifie que le hurlement que nous avons entendu hier soir n'est pas celui d'un félin. Il provient selon elle d'un animal doté d'une gorge et d'un thorax plus profonds. Nous en sommes là. Le jour s'est levé. Va-t-on laisser le feu s'éteindre ? Je vois qu'on l'alimente à nouveau. Je suis d'accord. De jour autant que de nuit, les flammes sont rassurantes et constituent un barrage efficace contre les bêtes sauvages.

 

 La journée est bien avancée, le feu va s'éteindre. Nous attendions que Renfrogné en ait terminé avec le tombereau pour aller chercher du bois en forêt. Après avoir sélectionné les haches les plus solides, deux hommes devant au timon, deux derrière pour pousser, plus deux autres armés devant et derrière... ils sont partis. Les suppliques des gamins qui, montés sur le plateau, voulaient les accompagner sont restées sans suite. On devine pourquoi. Depuis ce matin, interdiction à quiconque de s'aventurer en forêt, à commencer par les enfants. En tout, nous sommes douze hommes dans le camp (nous étions dix, deux familles nous ont rejoints après avoir abandonné le village « conquis » dans les conditions que l'on sait). Donc douze en tout, moins les six partis chercher du bois... je prie pour qu'ils reviennent avant la nuit.

 

                                                     §

 

 

  • (1) la suite est illisible: «d'un cheval»? Zhu a été interrompu, il l'explique dans son rapport du 26° jour (note de Phan);
  • (2) détail amusant: Zhu doute qu'il y ait sur Astrée des animaux de la taille d'un bœuf, il oublie un détail intéressant: quand les Naturels s'approchèrent de la case où reposait le cadavre de la jeune fille, il y avait un chaman déguisé en taureau dont les cornes frôlèrent le linteau de l'ouverture! (note de Tchang)

 

 

15/01/2010

Que c'est dur de se dire: "Tu t'es trompé !"

 Ces gens qui n'ont jamais touché la politique ne serait-ce que du bout des doigts posent un œil goguenard sur ceux qui en sont revenus. Pauvres hères. Ils ne savent pas. Ils sont comme ces êtres sains de corps et d'esprit -surtout de corps- qui n'ont jamais goûté l'ivresse et vous susurrent :

 

  • - Ne bois pas, ne fume pas, conseils d'ami pour ta santé.

 

Qu'est-ce qu'il en sait l'ami, peut-être que si je n'avais pas bu je me serais jeté par la fenêtre. La bouteille, c'est mon acharnement thérapeutique à moi. Je veux vivre, et personne ne pourra m'en empêcher. Jusqu'au jour où, sur un papier à en-tête, de ma plus belle écriture, j'inscrirai :

 

  • - S'il vous plaît, je n'en peux plus, mettez fin à mes souffrances, enlevez-moi cette bouteille et brûlez mes cigarettes.

 

Et je répéterai ces mots plusieurs fois, en présence de ma famille et de l'équipe médicale. Et puis je m'endormirai. Et personne ne pleurera, car je l'aurai demandé. Sauf un. Mon pote. Mon Jeff à moi. Lui, sur qui s'acharnent depuis des années les thérapies de tous les terroirs de France, lui il sait.

 

 Eux ne savent pas. Ils sont comme les petits enfants. Pourquoi ceci ? Pourquoi cela ? Ah bon ? La sécurité sociale existe parce qu'il y a eu des grèves ? Quoi, mes parents ? Ah, peut-être...et les congés payés, et les conventions collectives ? aussi ? Mais pourquoi leur en vouloir, la sécu, les congés et autres acquis sociaux leur ont été servis tout chauds, sur un plateau qu'ils finissent à chaque repas, car on les a habitués très tôt à manger de tout.

 

 Ils ne savent pas que Nicolas était un honnête homme. Qu'il a vécu une époque et surtout une guerre que je ne souhaite à personne de vivre même à mon pire ennemi, même à un nostalgique du nazisme. Attention, je dis vivre une guerre en continuant d'être honnête ! Quand il a menti dans sa vie, c'était pour sauver des camarades. Quand il s'est menti à lui-même, c'était parce que la Fin justifiait le pacte germano-soviétique. De son père, il ne m'en dit pas un mot. Mais je crois savoir que c'était Staline. Quand Maurice n'était pas là. Et Maurice n'était pas souvent là, c'était un papa provisoire, le petit chef d'une famille d'accueil, en quelque sorte. Joseph Djougachvili lui, était très loin et très proche, un Père-partout, un Père des peuples. Qui avait beaucoup d'enfants et qui construisait quelque chose avec eux. Jusqu'en Sibérie il construisait quelque chose. Il avait beaucoup d'autorité, mais il en faut car les enfants ne sont pas toujours sages. Et ils aiment l'autorité, ils la réclament à leur façon, pas toujours en le disant. Bref, Nicolas avait un père. Sa femme était au fourneau, il lui parlait fort, de ces grosses voix qui n'admettent pas la contradiction et qui cachent une grande sensibilité et le respect de l'autre. Il lui rapportait sa maigre paie de charpentier. Ils vivaient heureux, au milieu d'amis fidèles et rigolards, car dans cette rue de banlieue il y en avait du beau monde.

 

 Si j'évoque cet homme, c'est que je peux le faire sans verser une larme. Nicolas, il n'a pas su. Il est mort avant. Certes, les patrons étaient encore aux commandes, mais là-bas l'Est tenait encore bon ses promesses. Et ici, le Parti était debout, vigilant.

 Nicolas est mort avant le soulèvement d'un coin du rideau, avant l'effondrement du mur, de l'Union Soviétique, du socialisme. Il est mort avant la fin. Avec lui il a emporté l'espérance, celle d'un peuple, des peuples, du mouvement ouvrier, de l'humanité entière. Je suis content pour lui. Il n'aurait pas mérité cela. Mais les autres, ses camarades ? Pensez : pour la première fois dans l'histoire, d'un bout à l'autre du monde, des hommes et des femmes qui ne se connaissaient ni d'Eve ni d'Adam regardaient dans la même direction, s'inventaient le même avenir. Et du jour aux lendemains, plus rien. Des secrétaires généraux qui bégaient, qui ne s'expliquent pas. Devant, le dragon capitaliste crache le feu. Derrière, un Parti exsangue, pire, mille fois pire, un Parti qui ne nous avait rien dit . Qui avait caché des faits réels, des malversations, des privilèges, des camps, des crimes. Derrière, il n'y a plus rien. Notre dépit à nous, il est à la mesure de l'espérance qui était la nôtre. Le mouvement ouvrier a été sabordé par ses propres capitaines. A l'Est par des usurpateurs, des bureaucrates sans foi ni loi qui ont défiguré puis trahi la plus belle révolution de tous les temps. A l'Ouest par des fils du peuple qui ont renié jusqu'à leurs origines, qui ont voté les crédits de guerre en 1914, qui ont montré du doigt les socialistes quand les fascistes d'Allemagne fourbissaient leurs armes, qui ont suggéré dans les usines, lors d'un grand mouvement social inspiré par l'Université, que les étudiants étaient des gosses de riches. Des fils du peuple qui qui qui qui qui qui....

 

 Oui c'est dur de se dire : « tu t'es trompé ». Le plus difficile n'est pas de regarder les choses en face, mais de se regarder soi-même. Combien de militants en ont eu le courage ? Tous sont à plaindre, et ceux-là sont des héros. Même si l'Amérique n'est pour rien dans l'échec du communisme -elle n'est intervenue ni en 1953 en Allemagne de l'est, ni en 1956 en Hongrie et Pologne, ni en 1968 en Tchécoslovaquie- on peut comprendre la haine de ces gens à son égard. Haine de l'Amérique, flambeau de l'Occident capitaliste triomphant.

 

 Plus difficile à admettre est cet acharnement à critiquer systématiquement la société occidentale, à l'accuser de tous les maux, à l'affubler de tous les mots les plus dégradants : un monde où règnent privilèges, corruption, mensonge, prostitution, misères matérielle et morale. Bref, la société dans laquelle nous vivons se résume à une bouteille de Bourbon tenue par une femme dévêtue, représentés sur un énorme panneau publicitaire sous lequel gît un homme sans domicile fixe. Alcool, luxure, déchéance. Condamnation sans appel qui ressemble étrangement à celle proférée contre la démocratie par ses pires ennemis extérieurs. Etrange cette sympathie affichée pour des hommes, des mouvements, des états -quels qu'ils soient- pourvu qu'ils combattent l'Occident. Dangereuse attitude qui risque de coûter cher à tous les démocrates, mais aussi à ceux qui entretiennent ces amitiés. Car ne l'oublions pas, en démocratie les femmes et les hommes vivent, respirent, circulent, professent, critiquent, manifestent, arrêtent le travail, votent, dessinent la caricature de leur président à la une d'un journal librement diffusé, volent et tuent aussi, et des avocats sont là pour les défendre jusque sur des ondes publiques qui ne connaissent de limites que celles de la fiabilité électronique des satellites de communication.

 

 Comme c'est désolant de voir ces fils, ces petits-fils des pionniers du socialisme s'acoquiner aux doctrines et mouvements les plus réactionnaires, quand ce n'est pas pour se faire les avocats des états qui protègent des criminels. Si j'osais, je demanderais :

 

« Franchement, les yeux dans les yeux, qui parmi vous, toi Olivier, toi Raoul, toi Quentin, toi Alain, lorsque le 11 septembre 2001 les tours du World Trade Center se sont écroulées sous les coups des terroristes, qui parmi vous n'a pas pensé :  c'est bien fait  ? Qui ? ».

 

Mais je n'ose. Peut-être méditent-ils aussi ? Peut-être pensent-ils leurs plaies ? Le mal totalitaire est encore purulent. Il faudra du temps.

 

 

§