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19/11/2019

Dictatures sympas et démocratie liberticide

 


 Ils hurlent quand une voiture de police renverse un scooter monté par deux jeunes innocents des banlieues « défavorisées ».

 Ils hurlent quand une voiture de police n’a pas touché un scooter monté par deux jeunes innocents des banlieues « défavorisées » qui, pour éviter le contrôle routier, s’écrase quelque part provoquant la mort d’un jeune homme.

 De toute façon, ils hurlent.

 Ils parlent avec mépris du « tout sécuritaire », de « régime policier », de « politique liberticide ».

 Et ce sont les mêmes qui sont nostalgiques de ces édens (dictatures sympas, de gauche) où, il y a à peine trente ans, on ne sanctionnait jamais un délit de fuite, car de là-bas, mes chers camarades, on ne s’enfuyait pas.

 Contre toute attente, depuis l’effondrement du communisme, ces gens n’ont pas fait un millimètre de progrès. Après les terribles révélations sur le système concentrationnaire soviétique, sur la Stasi et autres horreurs, on était en droit d’attendre un retour en force de la raison, une réflexion sur les rapports entre le progrès social et le respect des libertés, sur l’irrationalité d’un système où un seul parti décide de tout… eh bien non. Sur la situation à Cuba et en Corée du nord où le népotisme monarchique maintient les peuples sous la botte, en Chine où les dignitaires du parti et les nouveaux riches se partagent un gâteau résultat du travail de ceux qu’ils appelaient encore hier « les masses laborieuses des villes et des campagnes », pas un mot, pas un geste.

 Je dis « on était en droit d’attendre » un retour de la raison, une réflexion… En réalité : non. D’une doctrine, on ne peut attendre que l’éternelle répétition de ses préceptes (1). Certes la doctrine a ses réformateurs, ses gens « éclairés », ses dissidents même parfois. Il faut bien tenir compte de la réalité des choses, de l’évolution des mœurs, des changements politiques et économiques, ouvrir les portes, les fenêtres et les yeux. Mais c’est très difficile, surtout les yeux. Car, si la foi soulève les montagnes, elle aveugle aussi. Et faute de pouvoir adapter son credo à la vie, à la vraie vie, ce qui est impossible, elle cherche à faire entrer celle-ci dans les tiroirs grinçants du dogme. La vie est d’une richesse infinie, de toutes les couleurs de l’arc en ciel. Le dogme en politique ne connaît que le noir et le blanc. Très proche en cela de son vis-à-vis religieux (2). Noir, blanc, Bien, Mal. Systèmes binaires à l’origine de toutes les dictatures et inquisitions confondues.

 Georges Marchais en son époque, qui ne cessait de dénoncer sur les radios et les télés françaises la main mise du pouvoir sur les médias… passait ses vacances au paradis roumain de Ceausescu (3). Le secrétaire du parti n’y passait que les vacances… Le peuple roumain restait sur place.

 Vous allez me dire : pourquoi s’attarder sur des gens et des idées qui ne récoltent plus qu’entre deux et six pour cent des voix ?

 Mais parce que nous sommes en démocratie. Et qu’en démocratie, tout est permis. Même aux pires ennemis de celle-ci. Et quand la crise survient, économique et sociale, les idées les plus sordides peuvent trouver (retrouver) un écho si elles flattent le peuple. Il se trouve bien dans les classes pauvres des pays de l’est des gens honnêtes mais déçus pour regretter le régime communiste. Plus près de nous, le chômage, la misère et le désespoir sont les meilleurs alliés de démagogues qui nous font avaler des vérités aussi dangereuses qu’elles sont toutes faites.

 L’idée qui a conduit au goulag est encore vivante.


§

 


(1) l’étymologie du mot « doctrine »: à l’origine dérivé du latin docere, instruire, on passe à docile (qui se laisse instruire), et par la dérivation docte, docteur, à doctoral, endoctriner, doctrinal, doctrinaire ;

(2) « dogme » se rattache au verbe grec dokein : avis, croyance. Ses dérivés sont tous péjoratifs, dogmatique, dogmatisme, orthodoxe, sauf son contraire : paradoxe, à côté de la croyance commune ;

(3) Ceausescu (Nicolae) (près de Pitesti, 1918 ­ ?, 1989), homme politique roumain. Il adhéra dès 1933 au parti communiste, dont il devint secrétaire général en 1965. Président du Conseil d’État (chef de l’État) en 1967, il fut réélu en 1974, avec le titre de président de la République. Malgré sa relative indépendance vis-à-vis de Moscou, il mena une politique intérieure marquée par le culte de la personnalité et des aberrations dans les domaines économique et social. Déchu lors de la révolte de déc. 1989, il fut exécuté avec son épouse, Elena, au terme d’un procès sommaire.
© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001

03/05/2018

Idéologie sans frontière.

 


 Non, les casseurs du premier mai ne sont pas des militants d’extrême droite. Les idées que ces derniers défendent sont tellement simplistes qu’elles sont facilement identifiables, donc condamnables. Le plus petit enfant sachant lire sera choqué par un slogan raciste. Pour preuve : dès les premières années de collège on fait visiter des musées et des mémoriaux de la déportation à des classes d’élèves pour les amener à réfléchir et à respecter les autres, quels qu’ils soient.

 Les inscriptions vues sur certains calicots du premier mai appellent à la violence. En même temps, elles ont un point commun : elles condamnent le capitalisme. Des individus du cortège s’en prennent à une agence bancaire, à un restaurant et à une concession automobile entre autres symboles du système qu’ils désignent comme une cible.

 On entendra l’extrême gauche « parlementaire » critiquer du bout des lèvres la violence « d’où qu’elle vienne » comme ils disent, mais son silence sur les slogans hurlés par les casseurs est assourdissant. Car l’extrême gauche qui parle dans toutes les radios et les télés a depuis longtemps choisi son camp : celui de l’opposition systématique à l’économie de marché certes, mais à une société dans laquelle le libéralisme économique est indissolublement lié aux libertés fondamentales, dont celle de manifester le premier mai derrière des banderoles appelant à la violence. Quelle est la frontière idéologique entre un militant anticapitaliste et un manifestant qui attaque une agence bancaire ? Elle est ténue. Un caillou.

 La différence entre le démocrate et le totalitaire, c’est que le premier, même si c’est parfois bruyamment, donne son avis personnel, le second selon ce qu’il faut qu’il pense. L’idée du fasciste qu’il soit de gauche ou de droite (avec cette différence citée plus haut, que les idées de gauche sont plus séduisantes) vient d’ailleurs que de lui-même : programme, charte, manifeste, bureau politique, réunion de cellule, congrès, tendance, fraction, faction, réseau, canal historique…(1)

 Les idées totalitaires ne sont pas le résultat d’une pensée, elles ne peuvent être que colportées. Elles infiltrent d’abord l’homme puis s’étalent sur les bannières.

 


§

 


(1) Je n'oublie pas non plus, comme je l'ai déjà écrit ici, que contrairement aux idées d'extrême droite, l'humanisme revendiqué par la femme ou l'homme de gauche est un moyen peu coûteux d'assurer leur bonne conscience. Vociférer contre le Front national ne constitue pas un programme politique, ils le savent. Mais ça donne un semblant d'existence.

 

29/03/2014

De l'usage de l'extrême droite dans le jeu politique

  

 

 De Hayange à Béziers et de Kiev à Paris, les pro-, les crypto-, les néo- ont fait du fascisme une idée douce amère compatible avec la démocratie, c’est ce qu’ils disent. Plus encore, et là est le nouveau, ils se rendent utiles. Pas aux chômeurs ni aux gens dans le besoin. Non, aux politiciens qui jour après jour n’en peuvent plus de ne pas résoudre la crise. A ce jeu-là, les gauches sont passées maîtresses en la matière. J’inclus le père des peuples en Russie dont les provocations ont réussi à faire manifester des milliers de gens autour de la statue de Lénine. Comment cela aurait-il été possible sans la présence ostensible de bandes néo-nazies parmi les millions de manifestants de Kiev ? Regardez ! Leur dit-il, les voilà les compagnons des nationalistes ukrainiens ! Un argument –mais ce n’en est pas un - qui convainc ici ceux chez qui la Russie fait encore couler des larmes, quand elle fronce les yeux du côté du méchant occident capitaliste… comme si l’empire ne l’était pas devenu, capitaliste ! 

 

Chez nous, le rôle joué par l’extrême droite dans la vie politique, et les progrès de sa popularité se font en plusieurs étapes : 

 

1/ La gauche au pouvoir, coupée du peuple pour lequel elle cache à peine son mépris, fait étalage de son incompétence, piétine toutes les promesses tenues tout en continuant à en faire, s’efforce de diviser le pays, en expulsant des personnes sans défense, en favorisant d’autres, puissants qui mettent en cause les principes de la république, fait son possible pour maintenir haut le degré de délinquance, pour l’élever si possible, en expliquant celle-ci par des raisons essentiellement économiques, donc en excluant qu’un homme est responsable de ce qu’il fait, en banalisant l’impunité même en cas de récidive, en présentant la police et les victimes comme des personnes racistes qui ne supportent pas les jeunes. 

 

2/ L’extrême droite déclame ses propositions –qui sont toutes irrationnelles et seraient catastrophiques en cas de prise du pouvoir- mais qui sonnent juste et répondent mot pour mot aux préoccupations des gens qui n’en peuvent plus du chômage, de l’assistance aux paresseux, des atteintes à la laïcité, de la délinquance impunie, de l’Europe qui –croient-ils- pompe les richesses du pays, des affaires qui impliquent les membres des partis de pouvoir. 

 

3/ L’extrême droite gagne des points aux élections, menaçant même les partis en place et la démocratie. 

 

4/ La gauche, qui ne s’en sort pas avec la crise, le chômage et la désillusion de ceux qui ont cru en elle, la gauche sans argument car elle les a déjà tous consommés, la gauche n’a plus qu’une ressource : appeler au loup. Pour cela elle joue la vierge effarouchée. Halte au fascisme ! Françaises français, citoyens, peuple de gauche, peuple tout entier, unissons-nous pour arrêter cette vague nauséabonde qui rappelle tant de mauvais souvenirs et les heures les plus sombres de notre histoire ! Oh qu’ils sont beaux nos orateurs quand il s’agit pour eux, non de lutter contre le fascisme, mais de sauver leurs sièges. Vous savez que ça rapporte un siège de député, un fauteuil de sénateur ! 

 

enfin 5/ Les égarés de la gauche en perdition rentrent dans les rangs, on oublie tout, les salaires qui stagnent, les pactes avec les patrons, les CD qui n’en finissent pas d’être déterminés, oh bien sûr, ne rêvons pas, rien n’est plus comme avant, Jaurès et Lénine sont morts et bien morts, les deux ou trois pékins qui, de là-haut nous parlent du socialisme, on ne les entend plus, mais ça vaut mieux toutefois que la racaille xénophobe. Et c’est comme cela mon oncle, que le monde va, clopin-clopant, avec nous, sans nous. Sans nous, car comment pourrions-nous choisir entre l’extrême droite et ceux qui l’entretiennent ? 

 

 

 

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