15/12/2019
S’opposer oui, mais dans quel but ?
Il vous est sans doute arrivé, par curiosité parce que vous vous intéressez à la vie politique, de jeter un œil sur les titres des gazettes qui défendent des points de vue extrêmes. Enflammés, les titres de leur une mettent violemment en cause le pouvoir, les pouvoirs, gouvernement, force publique, médias et jusqu’aux institutions républicaines. Jusque là rien d’étonnant, surtout en des moments où le peuple lui-même est en souffrance. Car ces gens, outre le fait d’être radicaux, sont de grands séducteurs. Ils ont perpétuellement quelque chose à préparer : un rassemblement, une manifestation, une pétition à faire signer, un parti à construire. Et pour atteindre ces objectifs, il leur faut des fidèles. Dans leurs commentaires de l’actualité politique, ils sont nécessairement amenés à forcer le trait. En temps normal, quand règne la paix sociale, ils rencontrent peu de succès. Mais quand le ciel social se couvre de gros nuages lourds, les gens –d’abord ceux à qui la société ne fait jamais de cadeaux- tendent l’oreille. Et ce qu’ils entendent suscite la colère. Comme celle-ci n’est jamais bonne conseillère, des gens habituellement calmes et réfléchis se laissent entraîner à croire que le saccage et le pillage de magasins, la profanation d’un monument symbolique de la victoire sur le nazisme, le développement des trafics en tout genre, le déferlement des violences dans les banlieues, et jusqu’à l’effondrement d’un pont, c’est à la fin des fins le pouvoir en place qui en est responsable. On se demande même si ce crachin détestable qui tombe depuis quelques jours, le gouvernement lui-même n’y est pas pour quelque chose.
Mais là non.
Car dans ces gazettes, même en tournant les pages dans tous les sens, il n’y a pas la moindre trace de prévisions météo. Encore que. Quand le sujet du temps (qu’il fait) est abordé, c’est toujours avec le sous-entendu que la banquise étant en train de fondre, le réchauffement est général, le climat change. Allez savoir si le crachin détestable n’est pas la conséquence d’une suite tout à fait logique de phénomènes dont l’origine pourrait bien être cette complaisance du pouvoir en place vis-à-vis des lobbies capitalistes du pétrole, du charbon et compagnie ? Si on ne vous annonce pas le temps qu’il fera demain, on ne manque pas d’alarmer le peuple sur les catastrophes à venir si…si…si…
Et là se justifient les rassemblements, les manifs, les pétitions, peut-être même aussi les violences, car la vraie, la seule violence condamnable n’est-elle pas celle de la force publique aux ordres des méchants qui nous gouvernent ? La boucle est bouclée. Nous sommes au cœur du dogme. Rien à redire. Pas de questions. Tout est politique. Le grand soir approche. Tout sera réglé.
Pas tout à fait cependant. Une explication fait défaut dans ces gazettes. A force de lire que tout va de mal en pis, on se prend à espérer jusqu’à la dernière page. Une lumière, peut-être le bout du tunnel ? Mais non rien. Il y a certes des articles bien écrits, argumentés. Mais jamais, jamais vous entendez, jamais on ne vous dresse un tableau de la société que ces gens appellent de leurs vœux. C’est dommage, car les humains que nous sommes, toujours prêt à croire tout ce qu’on nous raconte, seraient j’en suis certain, bien empressés de la préparer pour nos enfants !
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18:42 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société future, opposition systématique
30/11/2019
Hommage
Treize français sont morts au Mali.
Ces hommes avaient l’âge de mes fils. Ils étaient un peu comme eux, engagés à fond dans la vie, enthousiastes, ne calculant pas leur peine. Mais le destin a voulu que ces hommes là se trouvent un jour en mission dans un pays en guerre, mission dangereuse car dirigée contre un ennemi qui ne recule devant rien pour semer la terreur.
Ils auront droit à tous les hommages, celui du président, ceux de tous les français.
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Est-ce le moment de mettre en doute la légitimité de l’intervention militaire française dans cette région du monde ? Non, car on ajoute ainsi à la peine des familles le sentiment que tout compte fait le sacrifice des soldats engagés n’aura servi à rien. "Vous voyez bien, le terrorisme a encore eu le dernier mot..." Honteux ! Coup de poignard dans le dos porté depuis Paris par des politiciens qui n’ont qu’un but, séduire, conquérir de nouveaux électeurs parmi des gens qui de bonne foi n’aspirent qu’à la paix.
Dire que ce combat là-bas n'a d'autre issue que le retrait des troupes revient à accorder aux terroristes cette arme qui leur manque encore : le découragement, et finalement : le renoncement de l’adversaire. Ils pourront ainsi s’emparer des états qu’ils convoitent, en faire des bases de départ pour des attaques contre la France et d’autres démocraties.
Il est extrêmement difficile de convaincre certains pacifistes que face au terrorisme islamiste les mots, le dialogue sont impossibles. Car ces défenseurs de la paix à tout prix ne sont pas toujours des défenseurs de la démocratie à tout prix, il peut leur arriver de partager certains points de vue pas très favorables à la culture occidentale, ses valeurs, ses lumières et ses libertés. Ils défilaient il y a peu derrière des écriteaux, des chants et des slogans peu compatibles avec la tradition laïque et républicaine.
Aux pacifistes on serait en droit de demander, eux qui sont partout et toujours pour le retrait de toutes les troupes : que se serait-il passé en 1940 et 1941 si les pacifistes américains avaient été suffisamment influents pour convaincre Roosevelt de ne pas s’engager dans la guerre ?
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09:11 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : treize, soldats, mali, démocratie, terrorisme
19/11/2019
Dictatures sympas et démocratie liberticide
Ils hurlent quand une voiture de police renverse un scooter monté par deux jeunes innocents des banlieues « défavorisées ».
Ils hurlent quand une voiture de police n’a pas touché un scooter monté par deux jeunes innocents des banlieues « défavorisées » qui, pour éviter le contrôle routier, s’écrase quelque part provoquant la mort d’un jeune homme.
De toute façon, ils hurlent.
Ils parlent avec mépris du « tout sécuritaire », de « régime policier », de « politique liberticide ».
Et ce sont les mêmes qui sont nostalgiques de ces édens (dictatures sympas, de gauche) où, il y a à peine trente ans, on ne sanctionnait jamais un délit de fuite, car de là-bas, mes chers camarades, on ne s’enfuyait pas.
Contre toute attente, depuis l’effondrement du communisme, ces gens n’ont pas fait un millimètre de progrès. Après les terribles révélations sur le système concentrationnaire soviétique, sur la Stasi et autres horreurs, on était en droit d’attendre un retour en force de la raison, une réflexion sur les rapports entre le progrès social et le respect des libertés, sur l’irrationalité d’un système où un seul parti décide de tout… eh bien non. Sur la situation à Cuba et en Corée du nord où le népotisme monarchique maintient les peuples sous la botte, en Chine où les dignitaires du parti et les nouveaux riches se partagent un gâteau résultat du travail de ceux qu’ils appelaient encore hier « les masses laborieuses des villes et des campagnes », pas un mot, pas un geste.
Je dis « on était en droit d’attendre » un retour de la raison, une réflexion… En réalité : non. D’une doctrine, on ne peut attendre que l’éternelle répétition de ses préceptes (1). Certes la doctrine a ses réformateurs, ses gens « éclairés », ses dissidents même parfois. Il faut bien tenir compte de la réalité des choses, de l’évolution des mœurs, des changements politiques et économiques, ouvrir les portes, les fenêtres et les yeux. Mais c’est très difficile, surtout les yeux. Car, si la foi soulève les montagnes, elle aveugle aussi. Et faute de pouvoir adapter son credo à la vie, à la vraie vie, ce qui est impossible, elle cherche à faire entrer celle-ci dans les tiroirs grinçants du dogme. La vie est d’une richesse infinie, de toutes les couleurs de l’arc en ciel. Le dogme en politique ne connaît que le noir et le blanc. Très proche en cela de son vis-à-vis religieux (2). Noir, blanc, Bien, Mal. Systèmes binaires à l’origine de toutes les dictatures et inquisitions confondues.
Georges Marchais en son époque, qui ne cessait de dénoncer sur les radios et les télés françaises la main mise du pouvoir sur les médias… passait ses vacances au paradis roumain de Ceausescu (3). Le secrétaire du parti n’y passait que les vacances… Le peuple roumain restait sur place.
Vous allez me dire : pourquoi s’attarder sur des gens et des idées qui ne récoltent plus qu’entre deux et six pour cent des voix ?
Mais parce que nous sommes en démocratie. Et qu’en démocratie, tout est permis. Même aux pires ennemis de celle-ci. Et quand la crise survient, économique et sociale, les idées les plus sordides peuvent trouver (retrouver) un écho si elles flattent le peuple. Il se trouve bien dans les classes pauvres des pays de l’est des gens honnêtes mais déçus pour regretter le régime communiste. Plus près de nous, le chômage, la misère et le désespoir sont les meilleurs alliés de démagogues qui nous font avaler des vérités aussi dangereuses qu’elles sont toutes faites.
L’idée qui a conduit au goulag est encore vivante.
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(1) l’étymologie du mot « doctrine »: à l’origine dérivé du latin docere, instruire, on passe à docile (qui se laisse instruire), et par la dérivation docte, docteur, à doctoral, endoctriner, doctrinal, doctrinaire ;
(2) « dogme » se rattache au verbe grec dokein : avis, croyance. Ses dérivés sont tous péjoratifs, dogmatique, dogmatisme, orthodoxe, sauf son contraire : paradoxe, à côté de la croyance commune ;
(3) Ceausescu (Nicolae) (près de Pitesti, 1918 ?, 1989), homme politique roumain. Il adhéra dès 1933 au parti communiste, dont il devint secrétaire général en 1965. Président du Conseil d’État (chef de l’État) en 1967, il fut réélu en 1974, avec le titre de président de la République. Malgré sa relative indépendance vis-à-vis de Moscou, il mena une politique intérieure marquée par le culte de la personnalité et des aberrations dans les domaines économique et social. Déchu lors de la révolte de déc. 1989, il fut exécuté avec son épouse, Elena, au terme d’un procès sommaire.
© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001
18:59 Publié dans Totalitarisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : démocratie, dictature, ostalgie