25/06/2024
Rien ne change
Je me rappelle un temps où, pour ne pas nuire à l’union de la gauche, il était malvenu sur les plateaux de télévision d’évoquer la sortie du livre de Soljenitsyne “L’archipel du goulag”. Aussi beaucoup de socialistes ont gardé le silence car c’était pour la bonne cause : sauvegarder l’unité pour battre la droite.
Depuis une cinquantaine d’années, combien de fois a-t-on entendu cet argument : « Avant tout battre la droite ! » Certes la droite n’a jamais été blanche comme neige, mais au moins a-t-elle rempli un important rôle dans l’histoire : permettre à son adversaire toutes les compromissions, les accords de façade, et les mensonges pas toujours par omission, y compris le plus grave : cacher les crimes du communisme dans le seul but de gagner les élections grâce à l’unité du camp « progressiste ».
Qu’on ne s’étonne pas aujourd’hui de voir des partis politiques inconciliables se rabibocher en une demi-journée. Cette fois, ce n’est pas en cachant les crimes commis au pays des soviets, mais en feignant d’oublier l’antisémitisme d’un parti grâce auquel ici et là on pourra conserver un siège. Rien de nouveau sous le soleil. Pour une grande partie du personnel politique, les convictions sont peu de choses.
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19:03 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : union de la gauche, compromission
30/01/2024
Quel plaisir d’entendre des gens qui savent de quoi ils parlent!
Faut-il la maudire cette société qui tire un trait sur le savoir-faire, l’inventivité, la créativité, l’intelligence, qui sacrifie ceux qui font, qui fabriquent, qui produisent les richesses. Je pense à mon père qui était fraiseur, à la qualité de son travail, travail effectué maintenant par des machines, et loin d’ici. Je pense aussi à Simone Weil qui parlait si bien de la condition ouvrière, et de celle du paysan. Si la vie de ce dernier est laborieuse, elle est aussi conditionnée par les caprices de la nature. Eleveur et agriculteur ne peuvent agir librement, indépendamment du climat, des saisons, de la qualité de la terre, du soin à apporter aux animaux. Il en est ainsi depuis des millénaires. Par rapport au travail en usine, c’est encore un avantage de dépendre des caprices de la nature. Mon père travaillait en alternance quinze jours de jour et quinze de nuit. Quand il était à la maison, il dormait. Quand on le voyait, c’est qu’il se dépêchait d’aller prendre son car. Longtemps son atelier fut installé près des presses, il en devenait sourd. De jour, de nuit, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, il allait prendre son autocar, la gamelle sous le bras. On lui demandait ce qu’il faisait, ses chefs ne lui disaient pas toujours. Et encore, lui était qualifié. On imagine le peu d’intérêt que devaient porter à leur travail ceux dont les gestes étaient répétitifs, chargés de reproduire à l’infini des pièces dont ils ignoraient tout sauf l’endroit où il fallait percer des trous.
« Lorsqu’il met mille fois une pièce en contact avec l’outil d’une machine, il se trouve, avec la fatigue en plus, dans la situation d’un enfant à qui on a ordonné d’enfiler des perles pour le faire tenir tranquille (…) Il en serait autrement si l’ouvrier savait clairement, chaque jour, chaque instant, quelle part ce qu’il est en train de faire a dans la fabrication… » (1)
Quel chemin parcouru depuis ! L’ouvrier aujourd’hui, malheureusement n’a plus ces soucis. On le chasse. Il part, avec quelques sous en poche, laissant sur place son outil de travail. Reclassement, reconversion, baratin. Des millions d’hommes et de femmes restent sur le carreau, et leurs enfants avec. Plus d’usine, plus d’artisans, plus de commerces, plus de gare, plus de bureau de poste, plus d’école. Mais si ! On propose quelque chose, dans l’animation, les associations, la visite des personnes âgées, le gardiennage, les loisirs, et on en trouve des petits boulots, si on en manque, on les invente. Tout est bon pour apaiser la conscience de ceux qui savent. Qui savent qu’il n’y a pas d’autre solution que de jeter à la rue des millions de personnes. Alors, la transmission du savoir-faire, peut-être a-t-elle encore un sens quelque part dans le monde, mais ici, c’est foutu, le travail c’est fini, place à l’ipade et je me fous de savoir comment ça s’écrit, place aux loisirs, au jeu, rien de tel pour occuper le chômeur.
Quand au paysan aujourd’hui, il doit subir d’autres caprices, pires que ceux de dame Nature. Les quotas, la concurrence au-delà des frontières et jusqu’aux antipodes, les prix des semences, les exigences des distributeurs, sans oublier les difficultés croissantes dans sa vie quotidienne liées à la fermeture des commerces, des écoles, à l’exode des services publics.
En plus, il doit s’accommoder de mesures qui nuisent à son travail, mesures imposées par des “je sais tout” qui n’ont jamais pénétré dans un champ sauf pour y faire des dégâts, qui ont l’oreille des officiels et le tiennent pour responsable des problèmes de la planète. Mais depuis quelques jours, grâce à ce mouvement de révolte et à l’accueil favorable que lui font les français, on peut reprendre espoir. Comme ça fait du bien de voir et d’entendre des personnes qui savent de quoi elles parlent, voilà bien longtemps que ce n’était pas arrivé!
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(1) Simone Weil, L’enracinement;
11:30 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paysans, agriculteurs, travail
15/07/2023
sans titre
Nous sommes dans une situation comparable au processus de formation d'un raz-de-marée: la mer d'abord se retire (valeurs et principes laissent un grand vide). Comme une immense république de Weimar, le monde titube. Quand la mer reviendra-t-elle? Ce qu'il adviendra de nous, personne ne peut le dire, comme personne ne pouvait prévoir l'avènement des grandes catastrophes du XX° siècle.
11:10 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0)

