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13/01/2010

Lettre à mon ami

 

 Puisque tu n'as pas disparu et que tu habites encore ma mémoire et mon cœur, j'ai pensé à te faire part de mes réflexions en ruminant cette sentence de Nietzsche (1) :

 

« Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges. »

 

 Pour ma part, j'ai été deux fois convaincu. En religion et en politique. Je ne sais pas si mes convictions religieuses furent si profondes quand j'avais dix ans (environ) quand mes parents m'inscrivirent à l'éducation religieuse de l'Eglise réformée le jeudi après-midi. Certes, j'appris beaucoup à la lecture de la bible, mais je me rappelle surtout l'odeur du chocolat chaud venant de la cuisine, qui nous était servi par l'épouse du pasteur accompagné de tartines, beurre et confiture. J'exagère.

 Le pasteur, Monsieur Belmont, venait me prendre avec sa Dauphine noire, le volant grinçait, il conduisait nerveusement et venait de loin, la grande ville la plus proche, Poissy à dix kilomètres (j'habitais Andrésy), et faisait le « ramassage » du jeudi, nous étions trois enfants dans le canton à suivre l'éducation religieuse de l'Eglise réformée ! Dans ma classe, le mercredi après-midi, les copains se donnaient rendez-vous pour le patronage (catholique) du lendemain. Ils me sollicitaient et ne comprenaient rien à ce que je leur racontais : pasteur, Poissy, goûter, chocolat chaud, tartines, confiture, sans parler de la lecture suivie de la bible, pour eux c'était de l'hébreu. Il y en avait un autre justement qui n'allait pas au patronage, il était juif. Bon, on n'était pas proscrit, mais dans ma vie, j'ai vérifié ça, je n'ai jamais nagé dans le sens du courant. Je n'en garde aucun ressentiment à l'égard de quiconque, et surtout pas la moindre gloriole, car je n'y suis pour rien, le hasard en a décidé, c'est comme ça. J'avais une admiration sans borne pour le pasteur et le chocolat chaud de son épouse, je sais que je vais faire sourire, chaque fois que mes petites filles touillent le chocolat dans leur bol, ce sont des paraboles de Jésus qui me reviennent à l'esprit ! Pour revenir au pasteur, cet homme intègre aurait remué ciel et terre pour transmettre sa foi à un enfant, quand je dis sa foi, c'est au sens large, le respect, l'honnêteté, la fidélité, l'amour du prochain. C'était un homme de confiance plus que de conviction, plus que ses paroles, c'était son art de vivre, sa façon de s'adresser à sa femme, à ses enfants, la vie paisible, harmonieuse de cette famille qui m'enchantaient, m'enjôlaient.

 J'admirais cet homme de foi sincère et bon. Plus qu'aux paraboles de Jésus, je me demande si mon assiduité au catéchisme n'était pas due en réalité à la personnalité de cet homme, en particulier ces grands moments de silence pendant la lecture, et après, sa voix douce et ce qui était nouveau pour moi à l'époque: il prenait le temps d'écouter chacun d'entre nous, ne coupait jamais la parole. De Luther et Calvin je ne savais rien, mais jusqu'à l'âge de 15 ans, je fus un bon lecteur des évangiles, et je reste fidèle aujourd'hui à ... comment dire cela... une certaine morale, certains principes ...voilà, pour tout dire : de l'éducation religieuse qui me fut accordée, j'ai retenu l'éducation, disons plus modestement une certaine forme d'éducation.

 Conviction certes, il en faut pour enseigner le catéchisme. Il faut être convaincu pour convaincre. Mais alors, il faut inventer un autre mot pour qualifier ces gens qui prêchent d'une façon et agissent autrement. Dans les milieux religieux et politiques, je constate que pour beaucoup c'est la règle. La formule de Nietzsche citée plus haut est certes ramassée, mais très pertinente car elle montre du doigt un danger lié à une façon d'être et d'agir qui a toutes les apparences de la sincérité, de l'honnêteté. La force de la conviction est telle que les faits avérés, vérifiés ne pèsent pas lourd face à elle. Je me rappelle les premières réactions des gens autour de moi lors de la traduction des premiers livres de Soljénitsyne (Une journée d'Ivan Denissovitch) : l'incrédulité, la méfiance. Je ne parle pas des dirigeants politiques qui savaient ce qui se passait dans les bagnes soviétiques et qui s'interdisaient de le révéler. Je pense à ces personnes pour qui à l'est de l'Europe une société d'un type nouveau était en train de naître, et pour ces gens plein d'espoir,  pour la plupart ouvriers, fonctionnaires, étudiants, la déportation et la persécution de dissidents politiques était inenvisageable, ils n'en démordaient pas. Et là, on voit le travail de sape exercé par la « conviction » : on ne jugeait pas les révélations du samizdat, de Soljénitsyne, Martchenko, Plioutch, Sakharov ou les autres d'après le contenu de leurs témoignages (d'ailleurs leurs livres étaient tellement brocardés qu'ils étaient peu lus), mais en fonction des conclusions induites par leurs témoignages. Ils remettaient en question le dogme.   

  En politique comme en religion, il y a des doctrines, des préceptes, pire : des dogmes. Ces derniers sont terribles, car ils n'admettent pas le moindre questionnement, le moindre écart de pensée et parfois même, de langage. Les dogmes sont totalitaires. Vous acceptez tout d'un bloc, ou vous partez (en démocratie, car ailleurs, on vous déporte, on vous assassine). Accepter tout d'un bloc, c'est être convaincu. Et il le faut pour convaincre. La force de la conviction est telle que les faits avérés, vérifiés ne pèsent pas lourd face à elle. Je suis tombé dans le piège, et j'y suis resté trop longtemps, aveuglé. Si elle soulève des montagnes, et cela me séduisait, la foi aveugle aussi. Et pendant des années, je n'ai rien vu, rien entendu, car c'est l'esprit qui voit et qui entend. Et l'esprit, mon esprit, considérait le monde non tel qu'il était, mais tel qu'il FALLAIT que je le vois.

 De la religion, Jean-Bernard, je n'ai rien retenu, si ce n'est la rencontre d'un homme admirable et le respect de certains principes. Même ma bible, qu'il m'avait appris à lire, dans la tourmente qui a suivi, je l'ai perdue. De la politique, j'ai souffert et je souffre encore. J'ai perdu les plus belles années de ma vie. J'en tire au moins quelques leçons. Depuis que Georges Brassens a chanté Mourir pour des idées, qu'oserais-je ajouter ? Que la soif du pouvoir des hommes est sans limite ? Ou plutôt, puisqu'il était question de Nietzsche, de tête une autre pensée me revient : qu'après la mort de Dieu, sur son trône encore chaud est venu s'installer -je vais te faire bondir- le socialisme.

 

§

(1) Humain, trop humain

 

 

 

03/12/2009

Le peuple ne vote pas bien

 Il faudra bien qu'un jour on supprime les référendums. Le peuple est inculte. C'est prendre trop de risques. Démocratie, oui, mais il y a des limites ! Rassurez-vous, je ne réclame pas un retour au suffrage censitaire. Mais il nous faut réfléchir à des solutions qui, tout en garantissant les droits et les libertés hérités de notre grande révolution, limiteront l'influence de cette partie de la population (environ 57%) pour qui les votations sont l'occasion de réflexes primaires.

 

 Trouvez-vous normal qu'un citoyen de la France d'en bas pèse le même poids électoralement parlant qu'un diplômé de l'ENA ou d'autres grandes écoles ?

 

 Je suis certain que les 57,5% de Suisses qui ont voté contre l'implantation de minarets sont des ignorants, qu'ils ne savent pas ce qu'ils font, qu'un beau jour Dieu enverra son secours et la victoire, et qu'on verra les hommes embrasser à l'envi l'islamisme (Coran, CX). Ah oui, comme le titrait un journal récemment, c'est vraiment le vote de la honte.  

 

 Assez critiqué, proposons.

 

 Il n'est pas question d'interdire au peuple l'accès aux bureaux de vote, pourquoi pas rétablir la monarchie, non plus !!!

 Pas question d'occuper militairement les bureaux de vote, pour des résultats à 99% positifs, un score toujours sujet au doute sauf dans les pays progressistes (Cuba, Corée du nord, Iran, Chine, Syrie, Soudan...) où les gens sont heureux de vivre, loin des abominables démocraties où règnent le capitalisme et la luxure.

 

Alors, quelle solution ?

 

 Puisqu'on ne peut pas interdire la participation du peuple au référendum, il faut travailler sur la formulation de la question, voici ce que je propose :

 

« Etes-vous favorable à l'édification de minarets à Neuilly, au Vésinet, à Paris sur l'Ile de la Cité, à Versailles face au château, à Deauville près du casino, à Nice sur la Promenade des Anglais, à Mégève au bas des pistes ? »

 

On assisterait alors à un vrai débat, Jean Sarkozy plaidant avec ferveur dans sa belle ville de Neuilly pour un lieu de culte musulman largement ouvert aux populations du 92 et du 93 et Bertrand Delanoë lançant avec l'enthousiasme qu'on lui connaît un concours d'architectes pour l'édification d'un lieu de prière digne de ce nom au cœur de la capitale.

 

 Et je suis bien certain que Bernard Kouchner, qui avait été offusqué par le résultat de la votation en Suisse, appellerait ici à un OUI massif !

 

 Et du même coup, si le oui l'emporte, les Français donneraient aux méchants xénophobes Suisses une belle leçon d'humanisme.

 

§

 

 

 

 

 

01/12/2009

En Suisse, la démocratie a parlé

 

 « Le minaret est un élément architectural des mosquées. Il s'agit généralement d'une tour élevée dépassant tous les autres bâtiments. Son but est de fournir un point élevé au muezzin pour les 5 appels à la prière par jour

 

Trois mots arabes dérivent de la même racine arabe signifiant annoncer :

  • appel à la prière (arabe : أذان ['aδān])
  • muezzin (arabe : مُؤَذِّن [mu'aδδin]) passé par le turc müezzin.
  • minaret (arabe : مِئْذَنة[mi'δana]) »

 

fin de citation (Wikipedia)

 

 Elément architectural de la mosquée, le minaret est avant tout le lieu d'appel à la prière. On nous dit et redit que la présence de minarets dans le paysage serait une affaire strictement religieuse et n'aurait aucune incidence politique.   

 

 Un retour au petit monde de Don Camillo, la présence du clocher au milieu du village n'était pas et n'est toujours pas une affaire strictement religieuse. Certes, l'Eglise a su exploiter la panoplie complète des arguments violents, persécutions, tourments, bûchers pour rassembler ses ouailles et écarter les esprits frondeurs, elle a aussi su s'imposer au centre de la vie publique. L'église au milieu du village, la croix à l'entrée des cimetières et dans les lieux publics, salles de classe, funérariums... Il faut parfois parlementer longtemps pour faire retirer cette croix accrochée, bien visible, au mur de la pièce de recueillement, expérience vécue par une amie. Qu'on ne nous dise pas que l'attitude de l'Eglise n'est pas politique. Ou alors, je n'ai rien compris aux événements de 1789 où il m'a semblé que le clergé et la noblesse... 

 

 Bref, à entendre nos élus politiques, les minarets seraient des constructions strictement religieuses, puisqu'ils ont pour fonction d'appeler à la prière. Après tout, les cloches ont ici la même fonction, avec quelques différences toutefois. Elles n'appellent pas cinq fois par jour à la prière, pour en savoir plus il faut se rendre au culte, la prière ne se fait pas dans la rue, mais à l'abri du regard des autres. Ce qui limite sensiblement l'atteinte à la liberté de circuler, de croire et de penser. Des différences qu'on retrouve dans le domaine vestimentaire. Reconnaître un chrétien dans la rue ? A moins qu'il ou qu'elle porte une croix de grande dimension autour du cou... Les musulmans, nul besoin de questionner, de parler, leur appartenance religieuse est plus manifeste. Dans de grandes métropoles européennes, les prières qui se font en pleine rue rendent la présence des non-croyants gênante sinon inopportune. Oui, l'islam est en expansion. Et alors ? me dira-t-on.

 

 Et alors, si toutes les religions sont de l'opium pour les peuples et sont fondamentalement réactionnaires, parce qu'elles justifient un ordre social et politique conforme à des dogmes millénaires, l'islam n'échappe pas à la règle, mais il en rajoute : il implique la guerre aux non-croyants, aux juifs et aux chrétiens (qualifiés de « croisés »). En outre, il n'accepte pas d'autres lois que la sienne propre. Si pour des raisons tactiques, les porte-parole de cette religion proclament qu'ils s'accommodent de la république et de la démocratie, la pression exercée par les islamistes est ressentie de plus en plus fortement par les populations des pays non musulmans, en particulier quand la laïcité est mise en cause.

 

Il faut replacer la question des minarets dans ce contexte. Et surtout, lire le texte qui avait été soumis à signature avant le référendum en Suisse. Le voici :

 

Initiative populaire "contre la construction de minarets"

 

La récolte des signatures pour l'initiative populaire «contre la construction de minarets» a été lancée le 1er mai 2007. Cette initiative contient une exigence précise: «La construction de minarets est interdite». Cette disposition est ajoutée à l'article 72 existant de la Constitution fédérale. L'art. 72 cst. charge la Confédération et les cantons de la responsabilité de préserver la paix religieuse en Suisse.

 

Le minaret en tant que bâtiment n'a pas de caractère religieux. Il n'est même pas mentionné dans le coran et dans les autres écritures saintes de l'islam.(1) En fait, le minaret est le symbole d'une revendication de pouvoir politico-religieuse qui, au nom d'une dite liberté religieuse, conteste des droits fondamentaux, par exemple l'égalité de tous, aussi des deux sexes, devant la loi. Il symbolise donc une conception contraire à la Constitution et au régime légal suisse.

Celui qui, comme c'est le cas dans l'islam, place la religion au-dessus de l'Etat, donc qui donne aux instructions religieuses une importance plus grande qu'au régime légal institué par l'Etat de droit, se place forcément en contradiction avec la Constitution fédérale. Cette contradiction est impossible à éviter. Le minaret est précisément le symbole extérieur de cette revendication de pouvoir politico-religieuse qui remet en question certains droits fondamentaux garantis par la Constitution (2). L'interdiction des minarets demandée par cette initiative vise à garantir durablement en Suisse la validité illimitée du régime légal et social défini par la Constitution. Les tentatives de milieux islamistes d'imposer en Suisse aussi un système légal fondé sur la sharia sont ainsi stoppées.

Cette initiative ne restreint en revanche pas la liberté de croyance qui est garantie dans la Constitution comme un droit fondamental.

 

 J'ai lu attentivement ce texte, je n'y vois ni racisme ni même xénophobie. Que les extrêmes droites en fassent leur cheval de bataille ne me gêne pas le moins du monde. Je ne suis qu'un démocrate, un libre penseur, et je ne voudrais pas que mes petites filles, cinq fois par jour, entendent les élucubrations d'un rescapé des âges barbares. En même temps, j'espère qu'elles auront les meilleurs rapports avec des personnes venant de tous les horizons. Pour aimer les autres, la religion n'est pas nécessaire. Elle est même nuisible quand elle s'impose par la force.

 

§

 

(1) Le minaret n'a pas été préconisé par Mahomet et date du premier siècle de l'Hégire.(Wikipédia)

(2) Une autre question se pose : construction de minarets avec quel argent ? Le député socialiste d'Evry se demande si l'argent public après tout ne serait pas le bienvenu, ceci pour éviter des financements occultes (genre pays islamistes...) Alors là sans vouloir le jeu de mot, je crois qu'on touche le fond. On voudrait « aménager » la loi de 1905, c'est-à-dire faire payer tout le monde pour éviter la propagation du fondamentalisme. Construire des mosquées pour favoriser l'instauration d'un islam gentil, un islam de France...