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08/09/2010

J'écoutais Caroline Fourest

 

 Les restaurants Quick ne proposent plus que de la nourriture halal : Pourquoi s’en offusquer ? Après tout, connaissez-vous une religion, je dis bien UNE qui n’impose pas à ses fidèles des interdits alimentaires ? A leur décharge, on peut expliquer cette attitude –à l’origine- par le souci de préserver la santé de l’humanité. Ainsi depuis des siècles, juifs, chrétiens et musulmans ne mangent pas n’importe quoi, et pas tous les jours que leur dieu fait. De là la tentation de mettre sur le même plan (les athées diront dans le même sac) les religions du Livre. Certes, sur le plan des idées (du dogme diront les athées) les ressemblances sont frappantes. Leur dieu est tout puissant, tellement d’ailleurs qu’il est capable du meilleur et sait fermer les yeux face au pire. Quelle force de caractère faut-il qu’Il ait, pour rester impassible devant le malheur qui a été celui des hommes depuis l’aube de l’humanité : violences, meurtres, viols, misère, injustice, inégalités criantes, séismes, inondations, tsunamis, sécheresse, guerres, et ce qui est un comble –religieuses ! L’Etre suprême reste impassible, ataraxique (1). Serait-il visible, je l’imagine avec sur les lèvres le sourire de Bouddha. Mais il est invisible, et c’est là sa force. L’impénétrabilité du Mystère : cinquante mille victimes suite à un éboulement de terrain, mais s’il y a un survivant, c’est un miracle. C’est bien la preuve qu’il existe. Et plus les hommes souffrent, plus il y a de miracles. Certes, le compte est inégal. Il y a plus de souffrance que de plaisir. D’où les prières, les lieux de cultes, les anges, les révélations, les apparitions, toutes choses qui rassurent, affirment et confirment l’existence d’un Père qui veille sur nous.

 

 Le problème aujourd’hui, est qu’Il a tendance à veiller un peu trop sur nous. Celui des chrétiens a fait plus que veiller, il faudrait dire surveiller, depuis les siècles des siècles. Les hommes des Lumières ont réussi à le contenir, la Révolution a limité ses pouvoirs, l’école publique s’en est débarrassée, l’état l’a mis de côté il y a cent ans. Et voilà que, tel le phénix (2) il renaît de ses cendres… sous sa forme musulmane, et pas qu’un peu. Jusque dans les assiettes !

 

 Répondant à une journaliste qui lui demandait son avis à propos de la décision des établissements Quick de ne plus délivrer que de la nourriture préparée selon les rites musulmans, j’entendais Caroline Fourest évoquer longuement –très longuement- la nourriture cascher (3), on se demande ce que la nourriture cascher vient faire là, à ma connaissance, aucune chaîne de restauration n’impose à ses clients aujourd’hui en France de la viande ou des aliments préparés selon les rites juifs. Mais c’est une idée à la mode, dès qu’on évoque même avec des pincettes les progrès accomplis chaque jour un peu plus par l’islam dans le pays, de nous ressortir tel un guignol à ressort, les aspects réactionnaires de la religion juive, quand ce n’est pas de la chrétienne. Je disais plus haut qu’il était justifié de mettre les trois religions sur le même plan. Au niveau du dogme, oui. Sans discussion possible, toutes trois ont causé beaucoup de tort à l’humanité, n’y revenons pas.

 

 Mais aujourd’hui, pour ne parler que de la France, la république n’est pas menacée par la propagation du judaïsme. Osez regarder du côté de ceux qui, chaque jour un peu plus gagnent du terrain contre la laïcité, mais aussi contre la liberté de conscience des citoyens. Sont-ce les chrétiens et les juifs qui pratiquent par centaines la prière dans l’espace public ? Sont-ce les chrétiens et les juifs qui voilent leurs femmes et pratiquent la polygamie ? Sont-ce les chrétiens et les juifs qui font pression –avec succès- sur les autorités pour édifier des lieux de culte ? Sont-ce les chrétiens et les juifs qui manipulent les jeunes dans les banlieues ? Sont-ce les chrétiens et les juifs qui demandent la séparation hommes-femmes dans les piscines ? Sont-ce les chrétiens et les juifs qui, dans des débats sur les ondes justifient la lapidation pratiquée dans les états théocratiques ? Sont-ce les chrétiens et les juifs qui manifestent à Paris au côté du hamas, en réclamant la destruction de l’état d’Israël ?

 

 Rappelant que les établissements Quick sont une entreprise privée, Caroline Fourest est très réservée et s’abstient de condamner leur décision de distribuer exclusivement de la nourriture halal. Toute entreprise privée aurait donc le droit de mener sa barque comme elle l’entend. Nourriture halal dans les écoles, non, dans les restaurants, oui. Elle rejoint en cela ceux qui disent qu’on aura toujours la possibilité, n’étant pas musulman, d’aller manger ailleurs. Curieux raisonnement de quelqu’un qui par ailleurs refuse le communautarisme. Car pour séparer et diviser les gens, Quick a trouvé –pour des raisons commerciales mais peu importe- la solution radicale. Tiens, un bon moyen de faire revivre le petit commerce : Il y aura un jour dans mon quartier des épiceries, des boucheries halal, et tout ce que ces laïques d’occasion trouveront à dire, c’est que dans le domaine privé, on ne peut rien interdire. En fait le petit commerce ne renaîtra pas, car les grandes surfaces s’y mettront aussi, il y aura bien dans ce pays qui pratique de plus en plus la flexion des genoux, des bonnes âmes pour qualifier de liberticide le maintien du jambon sur les rayons des boucheries, et qui justifieront pour des raisons d’hygiène l’interdiction de la viande de porc. En plus, elle fait grossir, argument de poids…

 

 Mille manières de se voiler la face. Madame Fourest devient très politiquement correcte. Son discours passe très bien sur les radios, interviewers à l’unisson. Tout ça n’est pas très grave. Une pointe d’agressivité cependant en direction des libres penseurs et blasphémateurs qui organisent des apéros-saucisson, en les confondant avec l’extrême droite. Un pratique vieille comme le monde, l’amalgame, car elle sait très bien que ces gens-là, sont trop attachés à la laïcité, donc à la république pour rejoindre la cohorte des nazillons de tous bords.

 

 Un mot justement, à propos de l’extrême droite. Qui la fabrique ? Les libres penseurs ? Les blasphémateurs ? Les anticléricaux ? Les républicains ? Cherchez donc plutôt du côté de ceux qui, au nom de la sacro-sainte diversité culturelle, sont prêts à brader nos libertés, et pas seulement celles de la femme. Quand on voit avec quelle cruauté les intégristes de cette religion répriment les manifestations dans les états qu’ils dirigent, capables de fouetter ou de lapider ceux ou celles qui refusent de se soumettre, on peut dire que nos angelots, ici, dans ce qui est encore une démocratie, pactisent avec le diable. Et les français qui les écoutent, déroutés, pourraient bien par réaction confondre islam et monde arabe, et engraisser la bête immonde.  

 

(1) ataraxie n.f. Quiétude de l’esprit que «rien ne peut troubler», absence de douleur morale (dans les philosophies épicurienne et stoïcienne).  © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001 

(2) phénix  [feniks] n. m.  1. MYTH Oiseau fabuleux qui, après avoir vécu plusieurs siècles, se brûle lui-même sur un bûcher pour renaître de ses cendres. © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001 

(3) casher, cacher, cascher, kascher ou kasher, ère [ka&R] adj. Conforme aux lois du judaïsme concernant les aliments et leur préparation. (Se dit surtout des viandes provenant d’animaux abattus selon les rites du judaïsme et préparées conformément à ces rites.) Viande cashère. ­ Par ext. Boucherie cashère.  © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001

 

03/09/2010

Meutes

 

 Carla Bruni a joint sa voix à ceux qui dans le monde entier ont manifesté leur solidarité avec Sakineh. Ce qui lui a valu d’être insultée par les médias iraniens, inutile ici de reprendre les termes employés, ils sont à la hauteur de la pensée officielle du pouvoir religieux de ce pays, c’est-à-dire au ras des pâquerettes. Le coran… en pire.

 

 Mon propos aujourd’hui est ailleurs. Qu’on me contredise si je me trompe : personne ou presque, ici en France, ne s’est insurgé contre cette infamie. Ou alors en tapinois. Il s’agit tout de même de l’épouse du président. Bon je sais, président de droite, que la gauche et l’extrême du même nom ne se fatigue pas pour défendre la femme du représentant suprême de l’ordre bourgeois à la solde du « capitalisme international et de l’impérialisme israélo anglo-américain » ne m’étonne pas outre mesure. Mais la femme du président est aussi une femme tout court. Insultée par ces barbares, c’est toutes les femmes du monde qui le sont. Au-delà du sort qu’ils aimeraient bien réserver à Sakineh, les ayatollahs se complaisent à traîner dans la boue celles qu’ils considèrent comme les éternelles colporteuses du péché.

 

 Signe des temps, le même jour, on apprend qu’ici sur notre sol, les établissements Quick ne serviront plus que de la viande halal (1). Après avoir martelé sur toutes les chaînes, annoncé à qui voulait l’entendre et à ceux qui ne le voulaient pas : le début du ramadan, des voix s’élèvent ici ou là pour juger la décision de Quick compatible avec les libertés publiques. Le jour où on légalisera le fouet et la lapidation, je suis bien certain qu’il y aura encore des âmes pour y voir un acte de tolérance compatible avec la sainte diversité culturelle. Et les mêmes n’ont pas, le lendemain, de mots assez durs pour condamner le communautarisme ! Quant à ceux qui ont le courage de ne pas accompagner la meute et font part de leur lucidité, ils s’efforcent de le faire dans des termes acceptables pour l’opinion qui, comme je le constate malheureusement chaque jour, ne s’émeut pas outre mesure de voir une idéologie dangereuse gagner du terrain, marquer des points, réussir à imposer ses coutumes, ses préjugés, sa bêtise.

 

 Alors que les fascistes enturbannés salissent l’honneur d’une dame, quelle importance, c’est dans les coutumes d’un peuple aux longues et respectables traditions, cessons de voir le monde à travers le kaléidoscope occidental. Et maintenant mes frères, tournons-nous vers La Mecque et prions.  

                                                                                           §

 

(1) halal [’alal] adj. inv. Didac. Se dit de la viande des animaux abattus selon les rites musulmans. © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001

 

21/08/2010

à Beaussais, en Poitou: la Maison du Protestantisme

  Exposition documentée, « parcours spectacle multimédia » intitulé « Jean Migault, un protestant dans la tourmente », explications détaillées d’une conférencière, visite d’une chapelle romane devenue temple suite au Concordat de 1801 : rien n’est oublié de cette époque d’intolérance quand ceux qui lisaient et s’en tenaient à la Bible étaient persécutés par la soldatesque catholique, dont la hiérarchie établie au Vatican détenait la seule et unique vérité…

 

 Après la révocation de l’Edit de Nantes en 1685, en vertu de la maxime « un roi, une foi, une loi », la chasse aux hérétiques commence, les pasteurs ont quinze jours pour quitter le royaume, d’autres s’exilent vers les pays du « Refuge » : l’Allemagne, l’Angleterre, les Pays-Bas. Pour les autres, la majorité des fidèles, c’est l’époque du « Désert » : dans les bois, les champs, paysans, hommes et femmes se rassemblent et prêchent. Le roi « soleil » envoie ses Dragons, logés de force dans les foyers huguenots, tout leur est permis…

 

 Ressemblance troublante avec une situation vécue en France plus récemment. D’ailleurs l’exposition s’intitule : « Résistances ». On sait la part importante prise par les protestants dans la lutte contre l’envahisseur nazi, et pour le secours qu’ils apportèrent aux enfants juifs.

 

 Pour compléter la visite : à pied, le sentier huguenot ; en voiture, sur 90km « Sur les traces de Jean Migault, maître d’école au XVII° siècle ».