14/04/2010
Monde sans dieu, un moindre mal
Remarquez bien, quelle que soit notre colère, et d'abord celle des parents des victimes, il serait malvenu pour la société civile de jeter la première pierre à l'Eglise. Car si la pédophilie s'abrite parfois sous une soutane, elle fait des victimes dans d'autres milieux, sur tous les continents, et probablement depuis les siècles des siècles.
S'il n'y avait que le mal fait à des enfants, ce serait déjà terrible. Mais il y a ce silence. Silence qui constitue depuis deux mille ans toute la force de la politique de l'Eglise. Silence plus bavard que les plus longs sermons. Silence sur les faits et méfaits imposés ou permis pourvu que le dogme soit sauf. A commencer par l'école, et je pense même à celle du diable, à la communale, la laïque. Peut-être ai-je particulièrement souffert de ce silence parce que je n'étais pas catholique? On nous présentait St Louis comme un roi exemplaire rendant la justice sous un chêne, le départ en croisade comme une guerre sainte, le massacre de la St Barthélemy comme un épisode « tragique » de la guerre des religions, l'évangélisation de l'Amérique comme une action civilisatrice dans un monde de sauvages, on se taisait autant qu'il était possible en classe de quatrième sur le rôle contre-révolutionnaire de l'Eglise, pilier de l'ordre monarchique en 1789, quand aux années noires du siècle dernier, motus et bouche cousue sur la collision catholicisme-pétainisme-antisémitisme, sauf une page ou deux dans le manuel d'histoire, maigre feuille de vigne cachant l'infamie, éclairée trop souvent par les propos d'un professeur montrant que parmi les gens d'Eglise, il y avait parfois un Juste.
Combien de discours entendus sur la fonction irremplaçable de la religion en matière de morale ! Du collège à l'université, combien de fois m'a-t-on rappelé que -existence de Dieu ou non- l'amour du prochain nous était enseigné par les Ecritures, transmis par le catéchisme, montré en exemple par les prêtres. On disait et répétait que sans religion, l'homme serait un loup pour l'homme. Jusqu'en terminale où le professeur de philosophie, debout sur l'estrade, levant le bras, évoquant Raskolnikov, nous fixant l'un après l'autre dans les yeux, et là j'oubliais tout, le bac, ma copine, la révolution prolétarienne (c'était les années soixante), toujours le bras en l'air, il se tournait vers l'un d'entre nous, c'était moi.
- - Pourny! Qui, quelle instance, quel pouvoir pouvait encore stopper le geste meurtrier? Qui? La peur d'être vu? La crainte de la police? L'apparition soudaine, au moment crucial, d'un sentiment humain, du sens de la fraternité? La compassion vis-à-vis d'une vieille femme sans défense? La peur? Mais la peur de quoi? De la peine de mort? De la prison? De la justice des hommes? Non. La seule force qui aurait pu encore arrêter son bras, elle n'est pas humaine. C'est la peur du Jugement, du vrai de vrai, du Jugement Dernier, celui de Dieu.
Certes, je me dis par la suite que vu le nombre de crimes dont les hommes s'étaient rendus coupables dans l'histoire, la peur du jugement d'un dieu n'était pas si efficace qu'on avait bien voulu l'enseigner. Néanmoins, je me dis que si cette peur n'existait pas, si l'Enfer n'était qu'un mauvais cauchemar destiné à faire régner l'ordre dans les sociétés humaines, et le Paradis une incitation à aimer son prochain et à faire le bien autour de soi, les hommes par eux-mêmes, dans un monde donc abandonné par les dieux, seraient bien incapables de vivre dans la paix, d'amour et d'eau fraîche. Et puis boum badaboum ! Non seulement la peur du Ciel ne fait pas barrage au crime, mais les représentants du ciel sur la terre sont eux-mêmes des criminels. Pour l'église catholique, moins qu'avant et en cachette. Pour l'islam, ouvertement et sur une échelle génocidaire. La « sainteté » de la guerre justifiant l'opprobre : viols, mariages forcés, crime d' « honneur », apologie du négationnisme et même du nazisme, menace nucléaire... Agir au nom d'un dieu justifie tous les crimes.
Peut-être n'avons-nous pas encore bien appris à vivre dans un monde sans dieu. Après tout, les religions ont semé la zizanie, le mal et le meurtre pendant des millénaires, et la disparition du Grand Horloger n'indique que deux siècles au cadran, il nous faudra encore un peu de temps pour nous faire à l'idée que nous sommes seuls, bien seuls au moins sur cette planète, et que le monde nous appartient, pour le bien comme pour le mal. Mais que les religions mettent un bémol à leurs sermons, qu'elles règlent leurs problèmes existentiels et cessent de nous donner des leçons.
§
11:50 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : dieu, catholicisme, islamisme, crimes
31/03/2010
Sur l'art de se taire
Dans cette promenade que je fais parmi mes livres, il m'arrive d'ouvrir un Jean-François Revel, qui pour moi est un auteur de génie, et visionnaire. La nouvelle censure, sous titré : Un exemple de mise en place de la mentalité totalitaire (1), page 11 :
« ...Ce qui a toujours caractérisé la défense de la Foi, dans toutes les Eglises, est de ne pas répondre aux arguments périlleux pour cette Foi, et, au lieu de cela d'empêcher qu'ils ne parviennent à la conscience des Fidèles. En effet, discuter un argument, c'est en prendre connaissance, y réfléchir, et éventuellement, y succomber (...)
« La technique de la « censure indirecte », que tout croyant commence par exercer pour et en lui-même, consiste d'abord à ignorer délibérément les arguments et les faits présentés par ceux dont les vues sont contraires à la Foi, ensuite à jeter la suspicion sur leurs mobiles, enfin, en dernier recours, à les accuser d'être stériles, destructifs... »
Revel n'a pas été témoin de l'implantation de l'islam en Occident, mais il a vécu les périodes stalinienne et post-stalinienne en France. Ce qu'il nomme « la nouvelle censure », c'est le silence imposé par la nomenclature politique française, à gauche mais pas seulement, sur l'oppression des peuples de l'est de l'Europe sous la botte communiste. Le but, ici, n'est pas d'expliquer les raisons de ce silence, j'ai déjà abordé le sujet dans un précédent article (2). Mais les quelques phrases recopiées plus haut éclairent ce que les libres penseurs vivent aujourd'hui en France. La politique des pouvoirs, gouvernement, partis, medias peut se résumer ainsi :
1/ Ne pas répondre aux arguments périlleux pour la pensée officielle. Si cela est impossible, on étouffe les réactions des gens témoins des atteintes à la démocratie et à la laïcité : pas d'images sur les prières dans l'espace public, on évite les mots « islam » ou « islamisme » dans les reportages sur les attentats ou les guerres interethniques, motus et bouche cousue concernant les femmes battues, les actes antisémites dans les banlieues... la liste est longue ;
2/ Jeter la suspicion sur ceux qui dénoncent, à travers l'islamisation, les atteintes à la laïcité, aux droits et à la dignité de la femme, en les accusant de racisme en usant et abusant de l'amalgame bien connu entre « islam » et « race » ;
3/ Accuser ceux qui dénoncent, de complicité avec l'extrême droite ;
Je vois dans cette démarche -mélange de lâcheté et de perversité- une ressemblance étonnante avec le silence respectueux des intellectuels béats devant les réussites du paradis socialiste, quand les chars écrasaient les révoltes populaires en Allemagne de l'est, en Pologne, en Hongrie, en Tchécoslovaquie, quand les communistes sincères là-bas étaient contraints aux aveux, que les dissidents étaient internés en psychiatrie, que les écrivains fuyaient ou étaient expulsés, que les artistes travaillaient en cachette, qu'un scientifique de renommée mondiale était en résidence surveillée... Et encore, si la politique de l'autruche n'avait été adoptée que par les tenants du communisme en France, mais non : la gauche plongeait sa tête dans le sable, programme commun oblige.
Et gare à ceux qui mettaient en cause la légitimité du socialisme à l'est ! Ils étaient au mieux suspects de quelque chose, d'être de droite ou réactionnaires, au pire fascistes, agents de l'impérialisme ou de la CIA...
Si un jour, les peuples se sont libérés de l'étau totalitaire, ils ne le doivent qu'à eux-mêmes. La gauche française et européenne n'y est pour rien, j'oserais dire : bien au contraire.
Les leçons du passé servent-elles à quelque chose ? Apparemment non, quand on voit avec quelle mollesse nos représentants politiques n'en finissent pas de ne pas en finir avec une loi interdisant la burqa. Les islamistes doivent rire en douce. Qu'elle est c... la démocratie occidentale ! Profitons-en, puisqu'elle nous laisse la parole, et même qu'elle nous la propose ! L'ami Ramadan est sur les plateaux de télé. Des artistes, des intellectuels, des philosophes ou qui se prétendent tels, bref des gens très bien n'ont de cesse de faire l'éloge de la diversité culturelle : pour reprendre le mot de Jean-François Revel, « Censure indirecte », car ces bonnes gens savent bien qu'au nom de cette diversité, un retour en arrière de plusieurs siècles attend l'occident, par la mise en cause de tout ce que les Lumières, les révolutions, les peuples ont réussi à nous transmettre : la démocratie, la liberté, la laïcité.
§
- (1) Robert Laffont, 1977
- (2) Pourquoi taire les crimes du communisme?
20:04 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revel, censure, communisme, islam, gauche, intellectuels
26/03/2010
à lire absolument
Questions à propos de Vichy et Pétain
sur BONDIEUSERIES
20:17 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0)