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09/09/2013

Rage rentrée

 

 La paix. On veut la paix. Qu’on nous fiche la paix. Que pouvons-nous souhaiter d’autre que la paix ? Quand on sait ce que la guerre coûte en souffrance et en vies humaines. Toutefois, chaque fois qu’une crise, un conflit se déclenche dans le monde, ou pire quand un peuple n’en peut plus de vivre sous le joug d’une dictature sanglante, il est normal que les humains que nous sommes se posent la question de faire cesser le mal. Mais comment ? Par le dialogue ? Mais avec qui ? Il y a encore des démocraties qui perpétuent le crime, avec celles-ci le dialogue reste possible, d’ailleurs elles ont signé des chartes ou des déclarations qui interdisent de porter atteinte aux droits de l’homme, on peut donc en insistant un peu leur faire appliquer le droit. Mais les dictateurs, les dictatures, les régimes totalitaires pour lesquels rien ne vaut qu’un goût immodéré pour le pouvoir total ? Aller parlementer avec ces gens-là ? 

 Le pacifisme est une idée formidable, inséparable de celle de démocratie, de celle des droits humains. Une idée qui prend sa source au siècle des Lumières quand pour la première fois on a pensé en termes universels, quand la maxime de notre action devait pouvoir être érigée en règle. La grande idée c’était : le bonheur pour tous. Et la première condition du bonheur, c’est la sécurité, l’assurance que les hommes les femmes et les enfants pourront vivre et s’épanouir dans une société régie non par la force, mais par le droit. La paix n’est qu’une condition, mais c’est la porte ouverte au bonheur des hommes. 

 Quand il arrive qu’un fou, un tyran, un clan, un fanatique passant outre l’intérêt général, bafouant les lois et les droits de son peuple s’empare du pouvoir et devient une menace pour la vie de millions d’êtres humains, que doit-on faire ? La question s’est posée mille fois sans doute dans l’histoire, et si l’on ne retient que les événements du XX° siècle, peut-être cent fois. Mais si les choses le plus souvent sont restées ainsi, ce n’est pas grâce à l’action du pacifisme, mais simplement parce qu’on a eu peur d’aggraver les choses. On ne peut pas dire que ce fut une honte d’avoir laissé Staline déporter, assassiner, emprisonner des millions de gens. Qu’aurait-il fallu faire ? Rien. Et c’est ce qui se passa. Même quand, après la mort du dictateur, les troupes de ce pays envahirent d’autres pays quand des peuples entiers luttaient pour leur liberté. Rien n’avait été fait non plus quand les dictateurs allemands et italiens s’en prirent à leur opposition, puis aux minorités, puis à l’Europe entière. Si rien ne fut fait ce n’est pas par pacifisme, mais par peur ou par aveuglement, car on sait que nous avons une capacité inouïe de ne pas voir ce que nous ne voulons pas voir. 

 Par contre, un des plus beaux gestes de ce terrible XX° siècle reste celui d’un pacifiste, un vrai celui-là : Jean Jaurès. Il le paya de sa vie. Du côté allemand, un autre eut autant de courage : Karl Liebknecht. Tous deux, l’un en France, l’autre en Allemagne appelèrent leurs députés à ne pas voter les crédits de guerre. Ce fut un échec, la guerre se déclencha avec les conséquences que l’on sait, et pas seulement par ses victimes, mais aussi car la fin de celle-ci loin d’être la paix provoqua une crise qui mena à la seconde guerre mondiale. Mais il serait faux de reprocher l’impuissance de ceux qui en 1914 ont combattu pour stopper la folie guerrière. Ils ont échoué car la propagande attisant les sentiments xénophobes et nationaux a pris le dessus sur la raison. L’ennemi était trop fort, un ennemi qui n’était ni français ni allemand, mais la rapacité de quelques-uns, producteurs de canons. 

 S’il était la seule voie possible en 1914, le pacifisme n’a pas valeur universelle. Je demanderais au militant communiste aujourd’hui pacifiste, s’il est vrai qu’il y a de bonnes guerres et d’autres mauvaises, s’il fallait militer pour la paix en Russie dans les années 17 et suivantes quand les armées blanches menaçaient le pouvoir des soviets. Lénine et Trotski eurent-ils tort de mobiliser l’armée rouge et de combattre ? Je demanderais aux pacifistes d’aujourd’hui si le 6 juin 44 au lieu de débarquer en Europe, les alliés auraient dû parlementer avec les nazis ? Auraient-ils dû laisser faire tout simplement, quand des millions de gens mouraient dans des camps, et que la résistance réclamait l’intervention ? Et pourtant…l’intervention : tant de victimes, tant de destructions. Au militant communiste, je demanderais si l’URSS aurait dû baisser la garde et laisser l’ennemi atteindre Moscou ? 

 Il y a un pacifisme qui m’apparaît trop militant pour être honnête. Je me souviens du temps –quand l’Allemagne était encore partagée– où les pacifistes de l’ouest exigeaient le démantèlement des fusées Pershing américaines…quand à quelques kilomètres de là les fusées soviétiques SS 20 étaient pointées sur l’ouest. Il y avaient donc de mauvaises fusées méchantes et meurtrières et d’autres dont on ne disait rien, probablement parce qu’elles étaient progressistes, armes de conquête d’une société future de bien-être et de paix.  

 Si la guerre est à éviter à tout prix, le pacifisme n’a pas réponse à tout. A se demander si parfois il ne cache pas autre chose, s’il n’est pas une manœuvre politique, autant que peut l’être à l’opposé la posture du va-t’en-guerre. Si solution il y a, elle doit être le résultat d’une réflexion, de concertation, je dirais aussi de franchise, car des intérêts sont en jeu, économiques, financiers, quelquefois aussi religieux, dont on parle trop peu, et là c’est de courage dont nous avons besoin. 

 Franchise et courage sont une seule et même chose. Dans les situations de crise, l’Histoire se rappelle à nous. Que savaient les alliés sur ce qui se passait en Allemagne et en Pologne et plus à l’est, que savaient-ils des horreurs perpétrées par les nazis ? Je veux dire que savaient-ils dans les années 40, 41, 42, 43… quand des millions de gens attendaient l’avancée des armées anglo-américano-soviétiques, quand les prisonniers des camps attendaient et souhaitaient même les bombardements ? Les alliés savaient, même s’ils ne savaient pas Tout, car Tout était impensable, inimaginable. Mais intervenir…où, comment, au prix de combien de vies humaines, des débarquements mal préparés aux conséquences douloureuses ont convaincu les alliés d’attendre. Il s’agissait alors non de pacifisme béat ni de manque de courage, et pourtant pendant ces longues années d’attente, des gens souffraient, d’autres chaque jour étaient exterminés. Il est des moments dans la vie où la rage nous fait fermer les poings et nous taire. 

 C’est peut-être ce qui se passe aujourd’hui, quand tout ce que nous connaissons d’un état en guerre, c’est que cette guerre oppose une dictature à une résistance dont nous savons trop peu de choses, sinon qu’elle est divisée, qu’elle rassemble des combattants aussi peu respectueux des droits humains que le dictateur lui-même. Une situation infiniment plus complexe que celle de la guerre civile espagnole en 1936. L’ennemi déclaré était le fascisme qui menaçait la république, il était facile pour un démocrate de choisir son camp, même si les démocraties auraient pu et dû faire beaucoup plus.  

 Quand il faut choisir entre la peste et le choléra, on est tenté de faire le gros dos et de cultiver son jardin. Ceux qui nous conseillent très fort de le faire ont des arguments à revendre : les révolutions arabes sont des machines à fabriquer de l’islam à tout va. Au point qu’on se demande si des dictatures laïques ne sont pas préférables… Ben Ali, Moubarak revenez, ils sont devenus fous !  

 Laissons-les, qu’ils règlent leurs problèmes eux-mêmes, clament ceux pour qui le monde s’arrête aux frontières de leur terroir. Point de vue égoïste qui –comble de malheur- coïncide avec une prudence qui est simplement celle de la raison. 

 

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09:14 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guerre, crime, pacifisme

08/08/2013

Nauséabond

 

 Si peu de réactions ! Trop peu, c’est cela le plus révoltant. Les propos honteux de ce politicien pour qui Hitler n’en a pas assez tué ne font qu’attiser la haine, alimenter les bas instincts. Les gens du voyage, quelle cible facile ! Ces personnes qui n’ont pas le nez plongé dans le terroir, qui ne sont de nulle part du moins c’est ce qu’on colporte, qui n’habitent ni dans un pavillon en parpaings bien de chez nous, ni dans une tour de béton élevée en quartier « défavorisé », oui ces personnes sont bien gênantes. Cible facile car elles n’ont pas plusieurs millions de co-religionnaires derrière elles, ce qui veut dire aussi : peu d’associations et d’âmes charitables pour les défendre. Qu’un policier verbalise –ou tente de le faire- une femme au visage caché, cela soulève des protestations, des rassemblements et des commentaires à n’en plus finir réclamant la tolérance et condamnant la violence (sic) policière. Mais qu’on accable « ces gens venus de l’est de l’Europe » (c’est le nouveau terme choisi par les médias), qu’on les désigne comme des êtres nuisibles menaçant la paix de nos villages, cela n’indigne personne ou presque. Quand il s’agit des gens du voyage, on oublie tout, la tolérance, les droits de l’homme, le « vivre ensemble », le droit à la différence, bref tout le monde est d’extrême droite !

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27/06/2013

Peut-on s'opposer à l'islamisation d'un pays...

 

 ... sans être accusé d’être favorable aux idées de l’extrême droite, aux thèses nationalistes, pire : sans être accusé de racisme ?  

 C’est une question brûlante d’actualité qui est posée à ceux, trop peu nombreux, qui voient dans la propagation de l’idéologie islamiste un danger pour les libertés publiques dans ce pays. Les médias n’hésitent pas à mettre dans le même sac les défenseurs des libertés, disons en gros les laïques, avec les mouvements identitaires et les nationalistes d’extrême droite. Sous leurs allures de bobos parisiens, ils ont compris l’adage selon lequel qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. Montrez le danger qui nous guette, on vous répond que le danger c’est vous. Ces gens qui pourtant ont fait de longues études feignent de confondre islamophobie et racisme. Ils jouent aussi la carte du bon islam à la française à ne pas confondre avec le terrorisme.  

 On n’oublie pas non plus d’expliquer le radicalisme religieux par l’extension de la misère : une analyse vieille comme le monde, relent de marxisme, qui a ceci d’extraordinaire que justement elle prétend tout expliquer, mieux encore : dans des termes compréhensibles par tous et facilement, en quelques mots, placardés sur des calicots devant des milliers de gens manipulés. Je ne vais pas ici défendre le système capitaliste, mais s’il faut le mettre en cause, ce ne sera pas pour rendre l’homme irresponsable de tout. Combien de fois ai-je entendu que les incivilités, la délinquance, les trafics et le crime étaient les conséquences de la détresse humaine, de l’inégalité sociale ! Et nous dans tout cela, les femmes, les hommes, les adolescents, sommes-nous responsables de rien ?  

 A ces idéologues à la noix qui n’ont retenu du marxisme que ce qui les arrange, rappelons que leurs pères spirituels disaient aussi que ce sont les hommes qui font leur propre histoire. D’ailleurs a-t-on besoin du marxisme pour voir les choses en face ? Toutes les libertés ont été conquises, de haute lutte comme on dit, et d’abord par des gens courageux qui ne se retranchaient derrière rien, et surtout pas derrière des semblants de causes à la mode du genre : encenser les stupidités quand elles viennent d’ailleurs, vivre ensemble avec ceux qui vous méprisent, fermer les yeux face à la délinquance, expression naturelle du mal-être des banlieues, quand à l’antisémitisme, allez voir du côté d’Israël, le berceau de la haine. L’islam lui-même qui n’a pour axiomes que des sourates d’une naïveté incroyable ne serait pas à craindre, s’il n’y avait ces nounours qui nous gouvernent. Je vois dans leur posture et dans celle des médias à leur botte, une idéologie dont le bien-fondé est à rechercher dans les tréfonds de la couardise qui sommeille au fond de nous.  

 Et puisqu’il faut bien que je parle de moi, je ne suis messieurs dames ni d’un bloc identitaire, ni d’extrême droite, ni nationaliste, ni raciste. Faut-il être d’extrême droite pour exiger que les élèves des écoles publiques puissent s’ils le désirent, manger du jambon à la cantine ? Commet-on le délit de racisme en refusant que les mêmes enfants soient accompagnés par des femmes voilées lors des sorties pédagogiques ? Fait-on preuve d’un nationalisme exacerbé si l’on refuse que la république finance la construction d’édifices religieux ? 

 Si je ne suis rien de tout cela, j’estime qu’en tant que citoyen de ce pays, j’ai le droit de m’indigner, quand je vois sommeiller ceux qui partagent des pouvoirs, depuis la plus modeste association de quartier jusqu’au sommet de l’état. Quand je les vois feindre d’ignorer que la nation est confrontée à un danger d’un type nouveau : une idéologie politico-religieuse totalitaire qui fait son nid chaque jour un peu plus, menaçant les libertés publiques et la démocratie tout court. 

 

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