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27/06/2013

Peut-on s'opposer à l'islamisation d'un pays...

 

 ... sans être accusé d’être favorable aux idées de l’extrême droite, aux thèses nationalistes, pire : sans être accusé de racisme ?  

 C’est une question brûlante d’actualité qui est posée à ceux, trop peu nombreux, qui voient dans la propagation de l’idéologie islamiste un danger pour les libertés publiques dans ce pays. Les médias n’hésitent pas à mettre dans le même sac les défenseurs des libertés, disons en gros les laïques, avec les mouvements identitaires et les nationalistes d’extrême droite. Sous leurs allures de bobos parisiens, ils ont compris l’adage selon lequel qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. Montrez le danger qui nous guette, on vous répond que le danger c’est vous. Ces gens qui pourtant ont fait de longues études feignent de confondre islamophobie et racisme. Ils jouent aussi la carte du bon islam à la française à ne pas confondre avec le terrorisme.  

 On n’oublie pas non plus d’expliquer le radicalisme religieux par l’extension de la misère : une analyse vieille comme le monde, relent de marxisme, qui a ceci d’extraordinaire que justement elle prétend tout expliquer, mieux encore : dans des termes compréhensibles par tous et facilement, en quelques mots, placardés sur des calicots devant des milliers de gens manipulés. Je ne vais pas ici défendre le système capitaliste, mais s’il faut le mettre en cause, ce ne sera pas pour rendre l’homme irresponsable de tout. Combien de fois ai-je entendu que les incivilités, la délinquance, les trafics et le crime étaient les conséquences de la détresse humaine, de l’inégalité sociale ! Et nous dans tout cela, les femmes, les hommes, les adolescents, sommes-nous responsables de rien ?  

 A ces idéologues à la noix qui n’ont retenu du marxisme que ce qui les arrange, rappelons que leurs pères spirituels disaient aussi que ce sont les hommes qui font leur propre histoire. D’ailleurs a-t-on besoin du marxisme pour voir les choses en face ? Toutes les libertés ont été conquises, de haute lutte comme on dit, et d’abord par des gens courageux qui ne se retranchaient derrière rien, et surtout pas derrière des semblants de causes à la mode du genre : encenser les stupidités quand elles viennent d’ailleurs, vivre ensemble avec ceux qui vous méprisent, fermer les yeux face à la délinquance, expression naturelle du mal-être des banlieues, quand à l’antisémitisme, allez voir du côté d’Israël, le berceau de la haine. L’islam lui-même qui n’a pour axiomes que des sourates d’une naïveté incroyable ne serait pas à craindre, s’il n’y avait ces nounours qui nous gouvernent. Je vois dans leur posture et dans celle des médias à leur botte, une idéologie dont le bien-fondé est à rechercher dans les tréfonds de la couardise qui sommeille au fond de nous.  

 Et puisqu’il faut bien que je parle de moi, je ne suis messieurs dames ni d’un bloc identitaire, ni d’extrême droite, ni nationaliste, ni raciste. Faut-il être d’extrême droite pour exiger que les élèves des écoles publiques puissent s’ils le désirent, manger du jambon à la cantine ? Commet-on le délit de racisme en refusant que les mêmes enfants soient accompagnés par des femmes voilées lors des sorties pédagogiques ? Fait-on preuve d’un nationalisme exacerbé si l’on refuse que la république finance la construction d’édifices religieux ? 

 Si je ne suis rien de tout cela, j’estime qu’en tant que citoyen de ce pays, j’ai le droit de m’indigner, quand je vois sommeiller ceux qui partagent des pouvoirs, depuis la plus modeste association de quartier jusqu’au sommet de l’état. Quand je les vois feindre d’ignorer que la nation est confrontée à un danger d’un type nouveau : une idéologie politico-religieuse totalitaire qui fait son nid chaque jour un peu plus, menaçant les libertés publiques et la démocratie tout court. 

 

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06/06/2013

Où sont donc passés les défenseurs de la langue française ?

 

 Mon fils me rappelle à l’ordre. Je m’endormais. Il faudra que les jeunes se rendent à l’évidence : l’âge pèse sur le corps. Mais le pire ce sont les neurones, tout là-haut : ils ont une fâcheuse tendance à se faire rares. Dès qu’on a une idée à faire partager, il faut sauter sur le calepin ou le papier qu’on n’a pas sous la main, pas de crayon non plus, ou alors on est au volant, ou les deux mains prises par les sacs des courses, ou dans une file d’attente, ou chez le dentiste à la roulette, bref il y a des situations où le vieillissement de la mémoire vous ferait vous taper la tête contre les murs, mais il ne faut pas, ce serait pire. 

 Bon, où en étais-je…je parlais de mon fils…oui, il remarquait l’apparition du mot « bombasse » dans le dictionnaire. Peu de réactions dans le camp féminin, aucune dans le public lettré de notre pays. Par contre, levée de boucliers quand il est question d’enseigner en anglais dans les universités. La belle langue française est sacrée mais pas dans tous les cas. On peut faire dix fautes par ligne, ne pas savoir conjuguer un verbe et donner par écrit son avis sur tout et n’importe quoi. On peut enseigner le breton à l’ouest, le basque en Aquitaine et le corse dans les îles, cela ne choque personne. D’autant plus que ces langues sont des armes décisives dans la lutte que nous menons contre le chômage des jeunes. Elles leur seront bien utiles pour rendre à la France la place qui est la sienne sur le plan du commerce international. Le jeune  diplômé sachant parler et surtout écrire le breton le basque ou le corse –éventuellement le picard ou le berrichon ancien- se sentira parfaitement à l’aise sur la place Tienanmen de Pékin, d’autant plus à l’aise que les autorités toujours sourcilleuses ne craindront pas la subversion s’il s’aventure à parler en public. 

 Bien inutiles par contre sont les langues anciennes, et je me limiterai au grec et au latin, mettant de côté le linéaire B. Langues dont les insuffisances du vocabulaire rendraient improbable la vente de dentifrice, d’ipades, de crème à bronzer (et pourtant le soleil de Crète…), d’automobiles bourrées d’électronique, bref, sans faire le procès des Socrate, Héraclite d’Ephèse, Epicure et Lucrèce, ces gens étaient sans doute admirables mais savaient peu de chose. Socrate lui-même le reconnaissait qui avouait : la seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien. On en sait dix fois plus aujourd’hui, même en n’allant pas assidûment à l’école. Et oui, le temps passe. Le grec et le latin ne font pas vendre, et n’alimentent pas les conversations. Leur seule utilité, outre la lecture des auteurs anciens, c’est de mieux comprendre, parler et écrire la langue française. Par exemple « bombasse » vient du latin « bombus » qui signifiait : bourdonnement, bruit sourd. D’où l’idée est venue de nommer ainsi un projectile bruyant, auquel la forme arrondie (boulet, ogive) est attachée. La bombe volcanique est renflée en son milieu, la bombe glacée est de forme conique, en pyramide, le petit Robert évoque même le vase sphérique en verre. De fil en aiguille, en ne retenant que la forme, on en vient à la femme, avec ce petit plus dans la terminaison qu’on retrouve dans « pétasse », « connasse », une délicatesse qui, outre les auteurs de la dernière édition du dictionnaire, doit réjouir ceux qui méprisent la moitié de l’humanité. 

 

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26/05/2013

Pluie et froid encore pour quelque temps

 

 Même le temps s’y met. Printemps en panne. Il pleut. La radio s’arrête. J’ai beau appuyer sur « on », ça grésille pendant cinq minutes, puis plus rien. De toute façon, pour ce qu’on y entend ! Côté jardin, le lilas trempé a pris un air penché, les plants de tomates s’étalent sur la terre, un merle fait une courte apparition, l’écureuil s’est absenté, jusqu’à quand je me demande, l’amélioration n’est pas pour demain. Je doute qu’il y en ait une un jour. Non, tout va continuer ainsi, de travers, en gris, en pluie. On ne voit rien venir. 

 Il était bien le temps de notre jeunesse quand même sous la pluie on attendait la révolution. Que dis-je ? On la PREPARAIT. Elle allait venir, elle était là. Avec ses drapeaux rouges, son chant des canuts, bientôt sur la terre plus personne n’irait nu, et leur chasuble d’or les prélats des églises pourraient se la mettre… On était tous sur le Potemkine. Tous les jambons du monde étaient avariés, les matelots des cuirassés de guerre tout en haut des mâts, le regard fixé sur l’infini, appelaient à l’insurrection. Les landaus dévalaient des escaliers gigantesques. C’était une époque où l’on ne s’indignait pas. On avait notre dignité. On se révoltait. Et si dans la liesse des voitures étaient renversées, c’était pour quelque chose, dans une folie révolutionnaire, une pulsion venue des tréfonds, pour se libérer, nous, libérer nos camarades, tout le monde, les ouvriers, les étudiants, les paysans, les femmes. Ah ça, il pouvait pleuvoir, il aurait neigé en mai qu’on aurait été dans la rue pour gueuler notre haine mais c’était une bonne haine, qui venait du cœur, haine de tous les enfermements, des murs de la honte, de l’injustice, des forteresses que depuis les siècles des siècles les hommes dans leur stupidité avaient élevées contre eux-mêmes. Ah il pouvait pleuvoir ! 

 Les révolutionnaires ont pris du ventre. Je n’ai plus qu’un pantalon à ma taille. La moitié de ma penderie est à donner aux pauvres. Oui, ils sont toujours là, ils n’ont pas grossi eux, mais ils sont encore plus nombreux. Ils sont dans l’attente, d’une pièce, d’un vêtement, d’un toit, d’une école, d’un sourire. Ils sont perpétuellement sur le qui-vive, à l’affût, ils n’ont pas de repos. Ils sont en guerre. Certains, plus forts et plus fiers que les autres le sont contre la charité des humanistes d’occasion, la bonne vieille charité qui n’ose plus dire son nom mais qui est restée la même, celle des monarques et des églises, celle qui retarde indéfiniment l’explosion, la jacquerie, la rébellion, l’émeute, la révolution. Nous sommes encore dans l’ère des guerres et des révolutions, mais c’est dans la grisaille et sous la pluie. Les guerres apportent toujours le crime et la désolation, les révolutions portent des cinglés au pouvoir, des primitifs qui voilent les femmes. Il fut un temps, où tout était loin d’aller pour le mieux, mais les filles qui venaient d’Algérie enfilaient des minijupes et montraient leur chevelure. J’y pensais hier au supermarché en voyant ce gros con barbu au visage fermé qui tenait deux fillettes par la main, derrière une femme qui poussait le chariot, entièrement de noir vêtue, on ne voyait que sa face, et je me disais ces fillettes que vont-elles devenir ? Et là-haut les personnes qui ont entre leurs mains la destinée du monde se demandent si la courbe de la croissance va s’inverser dans les mois qui viennent, s’il fera beau à Roland Garros. Je parle, je parle, et l’écureuil n’a toujours pas réapparu. Il fait comme tout le monde, il s’abrite, bien au chaud, il attend le printemps. 

 

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